Citation
Catégorie
Tag – étiquette
Auteur
Info



nb max de mots
nb min de mots
trier par
Dictionnaire analogique intriqué pour extraits. Recherche mots ou phrases tous azimuts. Aussi outil de précision sémantique et de réflexion communautaire. Voir la rubrique mode d'emploi. Jetez un oeil à la colonne "chaînes". ATTENTION, faire une REINITIALISATION après  une recherche complexe. Et utilisez le nuage de corrélats !!!!..... Lire la suite >>
Résultat(s): 2283
Temps de recherche: 0.044s

déréalisation

Quand dose de rappel rime avec casque de réalité virtuelle. Pour la première fois, le centre installé au Multiplex à Dijon (Côte-d'Or) a ouvert des créneaux de vaccination dédiés aux enfants ce mercredi 12 janvier. Avec un équipement spécifique pour l'occasion : un casque de réalité virtuelle.

Les enfants qui se sont inscrits pour recevoir leur vaccin contre le Covid-19 sont donc pris en charge par les personnels soignants et enfilent l'outil juste avant que la terrible aiguille qui peut parfois leur faire peur ne vienne les piquer. "Ils ont un paysage apaisant qui leur permet de se concentrer sur autre chose. Ça permet de focaliser et attirer l'attention des enfants sur autre chose pour les vacciner sans leur fait mal", décrit Bruno Cabrita, responsable du centre et médecin chef du SDIS 21.

Pour l'heure, les équipes médicales du Multiplex disposent d'un seul casque prêté par l'association Rêve d'enfants malades, le Lions Club Dijon Doyen et le club Ferrari France. Le dispositif est expérimenté pour la première fois ce mercredi et le sera lors des prochaines sessions de vaccination réservée à nos petites têtes, à commencer par ce samedi 15 janvier.

Ce mercredi, ce sont alors 20 enfants qui ont pu enfiler le casque de réalité virtuelle au moment de se faire vacciner. Et le bilan est positif. "On est plutôt bluffé et étonné. On s'attendait à ce que ça marcherait, mais pas aussi bien. Ça a un effet dans l'image", analyse Bruno Cabrita.

Une fois le casque retiré, les enfants sont invités à donner leur avis sur le dispositif en lui attribuant une note sur 10. Pour Matthias*, c'est un bon 8/10. "Ça s'est bien passé, j'étais moins stressé", salue-t-il. "Le fait qu'il ne voit pas l'aiguille ça enlève du stress et ça le rassure je pense", ajoute sa mère. Du côté des autres enfants vaccinés ce mercredi, les notes sont toujours comprises entre 9 et 10. 

Après chaque utilisation, le casque est désinfecté par les personnels du Multiplex. D'une autonomie de 7 heures, l'équipement permet donc d'apaiser les enfants au moment d'un geste de santé auquel ils seront confrontés toute leur vie. "En vivant comme ça l'une des premières injections, ils voient que finalement la peur de l'aiguille n'est pas forcément fondée puisqu'avec le casque cela ne fait pas mal", explique le médecin chef du SDIS 21.

Si l'heure est encore à l'expérimentation des casques, Bruno Cabrita imagine pouvoir développer le dispositif à d'autres centres de vaccination de la région. "Si ça fonctionne, on pourrait avoir d'autres casques", conclut-il.

Auteur: Internet

Info: 16 janvier 2022, https://france3-regions.francetvinfo.fr/bourgogne-franche-comte/cote-d-or/dijon/casques-de-realite-virtuelle-sur-la-tete-les-enfants-vivent-mieux-la-vaccination-a-dijon-2414740.html

[ échappatoire ] [ acceptation de la contrainte ] [ moyens technologiques ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par Coli Masson

sport

Tennis suisse, 3 jours, trois chroniques (III)

Mes coqs ce matin : FEDERERRRRRRR...... WAWRINKAAAAAA.... FEDERERRRRRRR......

WAWRINKAAAAAA....

Ho ! Ca va la crête ? Le tennis, c'est pas fait pour les quasi dindes...

Faut dire qu'il y a peu nous sommes allés les voir, le duo d'enfer, avec mon fiston, grâce à un camarade qui nous a filé deux billet à l'oeil. Oui oui, nous avons pu matter le double de la coupe Davis à Palexpo. Peuchère mes mémères, c'est pas tous les jours qu'on va contempler le no 1 mondial à la Race (Stan) associé au best ever. Deux CHuisses ! Ho, c'est rare, fils, déguste, tu pourras en parler à tes petits enfants. Hop Schwitz, Forza Swizzerra, Rock & Rolle cocorico... Et pour un preque vieil autochtone intégriste retrouver VaudWrinka associé à celui qui à su Fédérer l'admiration mondiale c'est pas dla daube. Des cimes qu'on reverra pas, ni nos descendants, ni leurs descendants à eux.

Après-midi sympa au-delà de la défaite. Car ils l'ont perdu ce match-là, aussi curieux que cela puisse paraitre. Perte sans dommage puisque nos deux Héros (faites gaffe de ne pas prononcer ces trois mots à la suisse allemande) ont rétabli la chose le lendemain. Au final un week-end tennistique intéressant. Stan un peu déstabilisé par son nouveau statut, Rodge toujours aussi stable, regardant impuissant les Kazaks bombarder son compère affaibli... Et puis nous voilà finalement qualifiés en demi-finale contre l'Italie,

Et là, les remords. Parce que dans ma diatribe précédente j'ai osé mettre en doute le maitre, rayer la statue chromée. Un peu comme si j'avais violé Heidi au Lauberhorn... ou devant les deux chambres réunies. Tous ces regards sévères... réprobateurs. Repentance qui m'a poussé vers l'examen de conscience. Parce que ces gnières, finalement, s'ils ont succès et pognon, ils l'ont mérité. En tout cas plus que d'autres : héritiers, chefs de services bombardés et autres gagnants des multiples loteries de la vie. Ils se sont farcis des vies de chiens. Pensez : 5 heures de tennis, muscu etc. quasi tous les jours durant 20 ans sans débander. Sans parler des voyages incessants, chambres d'hôtels et autres obligations brise-burne routinières sous forme de journalistes fouineurs, admirateurs encombrants, midinettes pleines d'espoir... Un pensum.

Et il y a Stan, un type lambda du gros-de-Vaud qu'on aurait jamais idée d'attaquer, passé par l'école anthroposophe, celle qui vous délivre plutôt des pacifiques. Ce qui est peut-être la cause de son éclosion différée, allez savoir ?

Mais je m'égare... Je voudrai juste qu'ils la ramènent une fois, cette coupe Davis. Dans le futur, j'ai comme l'impression que ce sera plus dur.

Auteur: Mg

Info: avril 2014

[ helvète ]

 

Commentaires: 0

enfance

Puis je pensai à ma grand-mère. Elle croyait aux fantômes, souvent ils lui rendaient visite. La maison se trouvait dans un vieux verger au bout du village. Elle racontait ses visions tranquillement comme quelque chose de naturel. Les fantômes venaient tant le jour que la nuit, entraient simplement par la porte et la surprenaient dans ses activités quotidiennes à la ferme ou dans sa cuisine. Ils avaient l’air humain, mais étaient faits dans une substance plus légère, souvent ils ressemblaient à quelqu’un de la famille. Tout le monde croyait à ses histoires. Moi aussi. […]

"Il est passé par là, s’est arrêté ici, a ouvert le tiroir, a fait sonner les cuillères, mais n’a rien dérangé." J’adorais son sens du concret Ces événements avaient toujours leur temps et leur endroit propres. "Il était six heures, je venais de me réveiller, je m’étais assise sur le lit. Mais il est venu de l’alcôve, pas du couloir." Ces témoignages étaient totalement désintéressés, ne voulaient rien prouver ni rien promettre. J’y crois encore. Jamais depuis ce temps-là je ne fus confronté à des signes si simples et si directs. Face à l’extraordinaire, son seul compromis était de ponctuer ses récits de "qu’est-ce que j’ai eu peur" spontanés et rhétoriques. Car on ne voyait aucune peur. Ça sonnait plutôt comme "qu’est-ce que j’ai été surprise", "oh là là". Venant du passé, sa famille et ses amis ne faisaient rien d’autre que de lui rendre visite. Ils s’attardaient un peu à la fenêtre ou à côté du buffet blanc, puis repartaient, laissant derrière eux la porte entrouverte qu’il fallait refermer à cause des courants d’air. […]

Puis un jour, ma grand-mère décéda. Je me réveillai dans la pièce voisine de la sienne, et les tantes qui la veillaient me dirent : "Tu n’as plus ta grand-mère." Je l’aimais et cela me rendit triste. Elle était maintenant allongée, droite, le visage grave et sévère. J’étais près d’elle et regardais. Dans le silence de la matinée, j’entendais mes tantes s’affairer quelque part derrière moi, une matinée ordinaire de plus dans une maison à la campagne, et je sentis que cette mort, que peut-être même la mort, était quelque chose de, comment dire, un peu surfait. Je sentais que ma grand-mère n’était absente qu’un peu, quelle s’était discrètement faufilée hors de cette chambre et de ce monde pour aller dans un endroit pas très loin, quelle avait seulement rejoint ceux qui lui rendaient visite et que, si elle le voulait, elle viendrait comme eux avant. C’est-à-dire que je savais qu’elle était vivante. Seulement, elle n’avait pas pu prendre avec elle la silhouette qui reposait maintenant dans son lit. Elle n’en avait certainement pas besoin.

Auteur: Stasiuk Andrzej

Info: Dukla

[ grand-maman ] [ surnaturel ] [ mémé ] [ mamie ]

 
Commentaires: 7
Ajouté à la BD par miguel

ars conjectandi

Pour s'orienter dans ce monde de symptômes mouvants le médecin doit disposer de toutes les ressources d'une intelligence aussi polymorphe que son adversaire protéiforme: il doit faire preuve d'autant de polytropie que le héros d'Homère aux mille tours. Parallèlement, un aspect essentiel de la pratique médicale est d'agir vite et sûrement: la médecine, dit un aphorisme, est un art de mesure fugitive (oligokairos) et les occasions d'intervenir sont toujours ponctuelles (oxus). Il n'est pas question de traiter à midi ce qui doit être traité le matin. Comme le chasseur à l'affût, le médecin doit guetter le moment précis où son intervention sera décisive. Mais il ne peut saisir l'occasion d'attraper Kairos par les cheveux que s'il est suffisamment lesté de tout le savoir acquis par l'expérience pour avoir deviné et pressenti le temps où surgira l'Instant propice. Car si la maladie est une puissance douée de métamorphose elle est aussi traversée par un rythme propre. Il vient un moment dans son évolution où se produit une transformation décisive, où soudainement le cours des choses tourne et se renverse : c'est la crise, ce sont les jours dits critiques, c'est le point fugitif où la téchnè du médecin, ce chétif, peut triompher des puissances hostiles de la maladie. Afin d'orienter son action, le savoir médical dispose d'un mode de connaissance approprié. La prognose est le pronostic qui combine trois opérations intellectuelles: réfléchir sur les cas présents; les comparer aux cas passés qui offrent des circonstances analogues; en tirer des conclusions qui permettent de prévoir comment la maladie va évoluer. Mais ce n'est pas seulement par sa capacité d'avoir prise sur le temps que le médecin offre un aspect providentiel, qu'il est, comme dit Pindare, epikairotatos, à la manière du pilote tenant le gouvernail sur la mer démontée ; il n'atteint le but visé conjecture (tekmairesthai) sa route en s'aidant de tous les signes que sa polytropie lui permet de reconnaître, de comparer et d'utiliser au mieux. Il faut, dit le Traité de l'Ancienne Médecine, viser une sorte de mesure (stochazesthai métrou tinos) car, dans ce domaine, il n'y a ni nombre ni poids qui permettraient d'atteindre la vérité exacte (akribès). Le seul critère admis est le correct (orthon) : "Ce qui est possible, le médecin l'entreprend; ce qui ne l'est pas, il l'abandonne; s'il lui échappe quelque bévue, il est capable de la réparer. " Comme le marin, assez habile pour éviter à chaque fois la catastrophe que son art incertain l'oblige à frôler - car on ne saurait, dit Platon, connaître le secret de la colère ou de la bienveillance des vents -, le médecin est condamné à se frayer un chemin en le conjecturant à coup d'opinions (doxais).

Auteur: Detienne Marcel

Info: Les ruses de l'intelligence, la mètis des Grecs, écrit avec Jean-Pierre Vernant

[ métaphore ] [ méta-rationnel ] [ analyse immédiate ] [ diagnostic ] [ holisme ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par Coli Masson

raisonnements

Tous les biais cognitifs simples dans une seule infographie.
Le cerveau humain est capable de choses incroyables, mais il est aussi souvent extrêmement imparfait.
La science a montré que nous avons tendance à faire toutes sortes d'erreurs mentales, appelées "contraintes cognitives", qui peuvent affecter notre pensée et nos actions. Ces biais, comme le souligne Jeff Desjardinsde Visual Capitalist, peuvent nous amener à extrapoler des informations provenant de mauvaises sources, à chercher à confirmer les croyances existantes ou à ne pas nous souvenir d'événements comme ils se sont réellement passés!
Tout ceci fait bien sûr partie de l'être humain, mais ces biais cognitifs peuvent également avoir un effet profond sur nos efforts, nos investissements et notre vie en général. Pour cette raison, cette infographie de DesignHacks.co est particulièrement pratique. Elle montre et regroupe les 188 biais de confirmation connus existants.
QU'EST-CE QU'UN BIAS COGNITIF?
Les humains ont tendance à penser de certaines manières qui peuvent conduire à des écarts systématiques d'une prise de jugement rationnel.
Ces tendances proviennent habituellement de :
- Raccourcis de traitement de l'information
- Capacité de traitement limitée du cerveau
- Motivations émotionnelles et morales
- Distorsions dans le stockage et la récupération des souvenirs
- Influence sociale
Les biais cognitifs ont été étudiés durant des décennies par des universitaires dans les domaines de la science cognitive, de la psychologie sociale et de l'économie comportementale, mais ils sont particulièrement pertinents dans le monde de l'information. Ils influencent la façon dont nous pensons et agissons, et de tels raccourcis mentaux irrationnels peuvent conduire vers toutes sortes de problèmes dans l'entrepreneuriat, l'investissement ou la gestion.
EXEMPLES DE BIAS COGNITIFS
Voici quatre exemples de la façon dont ces types de biais peuvent affecter les gens dans le monde des affaires:
- Biais de familiarité: un investisseur met son argent dans "ce qu'il connait", plutôt que de rechercher les avantages évidents d'une diversification de portefeuille. Juste parce qu'un certain type d'industrie ou de sécurité est familier n'en fait pas une sélection logique.
- Le biais de l'auto-attribution: un entrepreneur attribue excessivement le succès de sa société à lui-même, plutôt qu'à d'autres facteurs (équipe, chance, tendances de l'industrie). Quand les choses ne vont pas, il blâme ces facteurs externes pour avoir stoppé sa progression.
- Ancrage de partialité : un employé lors d'une négociation de salaire dépend trop du premier chiffre mentionné dans les négociations plutôt qu'examiner de façon rationnelle une gamme d'options.
- Le biais de survie: l'esprit d'entreprise semble facile, car il y a tant d'entrepreneurs prospères. C'est pourtant bien un biais cognitif: les entrepreneurs prospères sont les meilleurs, ceux qui ont survécu, alors que les millions qui ont échoué sont parti pour faire d'autres choses.

Auteur: Internet

Info: Zero Hedge, 29 sept 2017

[ réflexion ] [ réfléchir ]

 

Commentaires: 0

question

J'ai la faiblesse de croire que les langages, codages parlés, écrits, enregistrés, analysés, précisés, etc... sont, si biens gérés, des moyens aux possibilités quasi illimitées. La science-fiction en est un exemple.

Il est une interrogation qui se précise avec le temps dans mes méninges, énigme que je voudrais éclaircir un peu.

Le langage écrit humain produit cette sorte de miracle qui permet de communiquer d'esprit à esprit avec tous les hommes, où et quand qu'ils soient situés dans le passé ou le présent. 

On y voit certes de suite une limitation anthropocentrée ; pas de littérature des dauphins ou des fourmis à ma connaissance.  

Ca c'est pour la planète. Mais voyons plus loin.

Il y aurait-t'il un bornage sémantique (ou d'un autre ordre ?) qui "empêche" que nous puissions bénéficier d'une littérature extraterrestre, récits d'une autre dimension, ou autre. Parce que les quelques machins sur lesquels j'ai pu poser la pupille annonçant une telle origine m'ont toujours paru bien peu convainquants.

Posée ainsi cette problématique indique soit qu'il n'existe pas d'autre espèce dans notre genre (avec langage écrit externe traduisible vers nos idiomes) ce qui m'étonnerai fort. Soit que conceptuellement nos langages et leurs traductions des uns vers les autres ne sont pas adaptés pour accueillir des "témoignages littéraires" d'une autre planète-espèce-dimension, voire même d'une civilisation de plus grande ampleur. Ce qui m'étonnerait aussi.

Partons de l'idée que de telles espèces-civilisations sont à un niveau de développement insuffisamment développé pour se rencontrer.

Soit. Mais quid des autres civilisation avancées ? Ils doit bien y avoir parmi elles de petits plaisantins, tricksters locaux, pour s'essayer à franchir ce genre de lignes. Un étudiant qui consacrerait l'équivalent d'un doctorat avec une thématique du genre : "l'interactions sémiotiques entre races à sang chaud de type mammifère de niveau D." 

Rien de pareil à se mettre sous la dent à ma connaissance.

Limitation personnelle ? Déficit d'information ?

Certains initiés nous parlent de niveaux vibratoires "étanches", voire de mondes consensuels incompatibles. La civilisation humaine serait donc "isolée" de par ses  propres conceptualisations qui, partagées via le langage, seraient à l'origine d'un monde "syntonisé" admis par le grand nombre des humains et donc inaccessible à un monde-univers mental de source exotique. Les idées-langages partagées, issues de nos incarnations de bipèdes dépoilés, verrouilleraient en quelque sorte notre horizon. 

La réponse à cette question ne montrera le bout de son nez que par une vraie rencontre. Celle avec une civilisation d'un autre ordre, exogène, et probablement plus avancée. Qui fera elle un effort en ce sens.

Certains prétendent que de telles rencontres sont déjà en cours...  Et vous ?

Auteur: Mg

Info: 2 août 2020

[ communication ] [ xénolinguistique ] [ question ] [ réalité consensuelle ] [ secondéité médium ]

 
Mis dans la chaine
Commentaires: 1
Ajouté à la BD par miguel

inversion des valeurs

La vraie raison de l’euthanasie, en réalité, c’est que nous ne supportons plus les vieux, nous ne voulons même pas savoir qu’ils existent, c’est pour ça que nous les parquons dans des endroits spécialisés, hors de la vue des autres humains. La quasi-totalité des gens aujourd’hui considèrent que la valeur d’un être humain décroît au fur et à mesure que son âge augmente ; que la vie d’un jeune homme, et plus encore d’un enfant, a largement plus de valeur que celle d’une très vieille personne ; je suppose que vous serez également d’accord avec moi là-dessus ?

— Oui, tout à fait.

— Eh bien ça, c’est un retournement complet, une mutation anthropologique radicale. Bien sûr, du fait que le pourcentage de vieillards dans la population ne cesse d’augmenter, c’est assez malencontreux. Mais il y a autre chose, de beaucoup plus grave… 

Dans toutes les civilisations antérieures, dit-il finalement, ce qui déterminait l’estime, voire l’admiration qu’on pouvait porter à un homme, ce qui permettait de juger de sa valeur, c’était la manière dont il s’était effectivement comporté tout au long de sa vie ; même l’honorabilité bourgeoise n’était accordée que de confiance, à titre provisoire ; il fallait ensuite, par toute une vie d’honnêteté, la mériter. En accordant plus de valeur à la vie d’un enfant – alors que nous ne savons nullement ce qu’il va devenir, s’il sera intelligent ou stupide, un génie, un criminel ou un saint – nous dénions toute valeur à nos actions réelles. Nos actes héroïques ou généreux, tout ce que nous avons réussi à accomplir, nos réalisations, nos œuvres, rien de tout cela n’a plus le moindre prix aux yeux du monde – et, très vite, n’en a pas davantage à nos propres yeux. Nous ôtons ainsi toute motivation et tout sens à la vie ; c’est, très exactement, ce que l’on appelle le nihilisme. Dévaluer le passé et le présent au profit du devenir, dévaluer le réel pour lui préférer une virtualité située dans un futur vague, ce sont des symptômes du nihilisme européen bien plus décisifs que tous ceux que Nietzsche a pu relever – enfin maintenant il faudrait parler du nihilisme occidental, voire du nihilisme moderne, je ne suis pas du tout certain que les pays asiatiques soient épargnés à moyen terme. Il est vrai que Nietzsche ne pouvait pas repérer le phénomène, il ne s’est manifesté que largement après sa mort. Alors non, en effet, je ne suis pas chrétien ; j’ai même tendance à considérer que c’est avec le christianisme que ça a commencé, cette tendance à se résigner au monde présent, aussi insupportable soit-il, dans l’attente d’un sauveur et d’un avenir hypothétique ; le péché originel du christianisme, à mes yeux, c’est l’espérance.

Auteur: Houellebecq Michel

Info: Anéantir, p.453

[ assurances-vie ]

 
Commentaires: 3
Ajouté à la BD par Bandini

immanence

Rien n'est aléatoire, et ne le sera jamais, qu'il s'agisse d'une longue suite de jours d'un azur parfait qui commencent et se terminent dans une pénombre dorée, des actes politiques les plus chaotiques en apparence, de l'essor d'une grande ville, de la structure cristalline d'un joyau qui n'a jamais vu la lumière, des répartitions de la fortune, de l'heure à laquelle le laitier se lève, de la position de l'électron ou de l'apparition d'un hiver glacial surprenant qui se répète. Même les électrons, censés être les parangons de l'imprévisibilité, sont des petites créatures apprivoisées et obséquieuses qui se déplacent à la vitesse de la lumière, allant précisément là où elles sont censées aller. Ils émettent de faibles sifflements qui, lorsqu'ils sont appréhendés dans des combinaisons variées, sont aussi agréables que le vent qui traverse une forêt, et ils font exactement ce qu'on leur dit. De cela, on est certain.

Et pourtant, il existe une merveilleuse anarchie, en ce sens que le laitier choisit le moment où il se lève, le rat choisit le trou dans lequel il va plonger lorsque le métro dévalera la voie depuis Borough Hall, et le flocon de neige tombera comme il veut. Comment est-ce possible ? Si rien n'est aléatoire et que tout est prédéterminé, comment le libre arbitre peut-il exister ? La réponse à cette question est simple. Rien n'est prédéterminé, tout est déterminé, ou était déterminé, ou sera déterminé. Peu importe, tout s'est passé en même temps, en moins d'un instant, et le temps fut inventé parce que nous ne pouvons pas comprendre d'un seul coup d'œil l'énorme toile détaillée qui nous a été donnée - alors nous la suivons, de façon linéaire, morceau par morceau. Cependant, le temps peut être facilement maitrisé, non pas en chassant la lumière, mais en prenant suffisamment de recul pour le voir dans son intégralité. L'univers est immobile et complet. Tout ce qui a été est, tout ce qui sera est, et ainsi de suite, dans toutes les combinaisons possibles. Alors qu'en le percevant nous nous imaginons qu'il est en mouvement et non terminé, il est tout à fait achevé et d'une étonnante beauté. En fin de compte, ou plutôt, comme les choses sont réellement, tout événement, aussi petit soit-il, est intimement et sensiblement lié à tous les autres. Toutes les rivières coulent à pleins flots vers la mer ; ceux qui sont séparés sont réunis ; les perdus sont rachetés ; les morts reviennent à la vie ; les jours au parfait azur qui  débutèrent pour se terminer pareillement dans une pénombre dorée continuent, immobiles et accessibles ; et, lorsque tout est perçu de manière à faire fi du temps, la justice devient apparente non pas comme quelque chose qui sera, mais comme quelque chose qui est.

Auteur: Helprin Mark

Info: Winter's Tale. Trad Mg

[ présent perpétuel ] [ maintenant éternel ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par miguel

injonction contradictoire

Vous avez pu entendre Madame Pankow vous parler de quelqu’un qui est loin d’être né de la dernière pluie, à savoir Monsieur G. Bateson, anthropologue et ethnographe, qui a apporté quelque chose qui nous fait réfléchir un peu plus loin que le bout de notre nez, concernant l’action thérapeutique. Il essaye de formuler quelque chose qui est au principe de la genèse du trouble psychotique, dans quelque chose qui s’établit entre la mère et l’enfant, et qui n’est pas simplement l’effet de tension, de rétention, de défense, de ratification, de frustration, au sens élémentaire que je précise, de relation inter-humaine, comme si c’était quelque chose qui se passait au bout d’un élastique, [mais quelque chose] qui essaye de mettre dès le principe la notion de la communication en tant qu’elle est centrée, non pas simplement sur un contact, sur un rapport, sur un entourage, mais sur une signification, de la mettre au principe de ce qui s’est passé d’originairement discordant, déchirant, dans ce qui lie l’enfant dans ses relations avec la mère, et quand il désigne, quand il dénote comme étant l’élément discordant essentiel de cette relation, le fait que la communication se soit présentée sous une forme de double relation, comme vous l’a très bien dit hier soir Madame Pankow en vous disant que dans le message qui est celui où l’enfant a déchiffré le comportement de sa mère, dans le même message il y a deux éléments qui ne sont pas définis l’un par rapport à l’autre, en ce sens simplement que l’un se présente comme la défense du sujet par rapport à ce que veut dire l’autre, ce qui est la notion commune que nous avons dans ce qui se passe au niveau du mécanisme de la défense que vous analysez.

[...] Il s’agit de quelque chose qui concerne l’autre, et qui est reçu par l’autre de telle façon que, s’il répond sur un point, il sait de ce fait même qu’il va se trouver coincé dans l’autre. Comme nous l’a dit hier Madame Pankow, si je réponds à la déclaration d’amour que me fait ma mère, je vais provoquer son retrait, et si je ne l’entends pas comme telle, c’est-à-dire si je ne lui réponds pas, je vais la perdre.

Vous voyez donc que nous voilà introduits dans cette dialectique du double sens, en ceci déjà qu’il intéresse un élément tiers. Ce n’est pas l’un derrière l’autre — c’est-à-dire quelque chose qui est au-delà du sens, un sens qui aurait ce privilège d’être le plus authentique — ces deux messages simultanés dans la même émission, si l’on peut dire, de signification qui créent dans le sujet une position telle qu’il est en impasse. Ceci vous prouve que même en Amérique on est en énorme progrès.

Auteur: Lacan Jacques

Info: Leçon du 8 janvier 1958

[ double bind ] [ parole ] [ impossibilité logique ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par Coli Masson

homme-animal

Nous avons l'honneur de solliciter votre bienveillance envers cet individu : Elle communique au moyen du langage des signes et utilise un vocabulaire de plus de 1000 mots. Elle comprend aussi l'anglais parlé, et mène souvent des conversations "bilingues", dans lesquelles elle répond par signes aux questions qui lui sont posées en anglais. Elle apprend les lettres de l'alphabet, elle sait lire certains mots imprimés, parmi lesquels son propre nom. Elle a obtenu des scores entre 85 et 95 au test d'intelligence de Stanford-Binet. Elle fait preuve d'une évidente conscience d'elle-même, dans ses comportements spontanés devant un miroir, lorsqu'elle prend des poses ou lorsqu'elle examine ses dents, ou bien lorsqu'elle utilise, à bon escient, un langage autodescriptif. Elle ment pour éviter les conséquences auxquelles l'exposent ses propres écarts de conduite, et elle anticipe les réactions des autres à ses propres actes. Elle s'adonne à des jeux imaginaires, tantôt seule, tantôt en groupe. Elle a déjà réalisé des peintures et des dessins figuratifs. Elle se souvient d'événements passés de sa vie, et est capable d'en parler. Elle comprend des termes relatifs au temps et sait les employer à bon escient, comme par exemple "avant", "après", "plus tard" et "hier". Elle rit de ses propres blagues et de celles des autres. Elle gémit si elle est blessée ou si on la laisse seule, et elle hurle lorsqu'elle est effrayée ou en colère. Elle parle de ses sentiments, en tuilisant des mots tels que "contente", "triste", "peur", "s'amuser", "envie", "déception", "dingue", et, très souvent, "amour". Elle pleure les proches qu'elle a perdus - un chat bien-aimé qui est mort, un ami qui est parti. Elle peut parler de ce qui se passe quand quelqu'un meurt, mais elle devient agitée et mal à l'aise quand on l'interroge sur sa propre mort ou sur la mort de ses compagnons. Elle se montre d'une adorable gentillesse avec les chatons et autres petits animaux. Il lui est même arrivé d'exprimer de la sympathie pour d'autres êtres qu'elle ne voyait que sur des photos. Cet individu peut-il revendiquer des droits moraux élémentaires ? D'après la description qui précède, il paraît difficile d'imaginer un quelconque argument rationnel pour lui dénier ses droits. Elle possède la conscience d'elle-même, a des émotions, elle est intelligente, communicative, elle a ses propres souvenirs et ses propres objectifs, et elle est certainement capable de souffrir profondément. Il n'y a aucune raison de remettre en cause cet accord concernant son statut moral si j'ajoute une information supplémentaire : à savoir, qu'elle ne fait pas partie de l'espèce humaine. La personne que je viens de décrire - et elle n'est rien moins qu'une personne pour ceux qui l'ont déjà approchée - s'appelle Koko, et il s'agit d'un gorille de plaine âgé de vingt ans. Pour que soit reconnue la personnalité des gorilles.

Auteur: Patterson Francine

Info: écrit avec Gordon Wendy

[ racisme ] [ éthique ]

 

Commentaires: 0