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épidémie

Bientôt éclata un effroyable fléau, un mal abominable qui dévastait tout. Il emportait chaque jour d'innombrables victimes, et attaquait brusquement chacun dans son logis. L'une après l'autre, à la suite, il envahissait les maisons du vulgaire tremblant. Alors, pris d'horreur, tous de s'enfuir, d'éviter la contagion, de jeter indignement à la voirie leurs parents : comme si, avec le moribond atteint de la peste, on pouvait aussi mettre à la porte la mort elle-même. Et par toute la ville, dans les rues, gisaient, non plus des corps, mais des cadavres innombrables de malheureux, qui imploraient la pitié des passants en contemplant mutuellement leur infortune. Personne ne se retournait, si ce n'est pour s'enrichir par la cruauté. Personne ne s'empressait, a la pensée qu'un malheur semblable le menaçait. Personne ne faisait pour autrui ce qu'il eût voulu qu'on fît pour lui. C'en est au point que l'on croit la fin du monde arrivée.

Auteur: Saint Ponce

Info: biographie de Saint Cyprien, l'hypothèse privilégiée aujourd'hui étant celle d'une épidémie de variole à Carthage

[ historique ] [ maladie ] [ panique ]

 

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portrait

Il semblait que le père de Léone eût été un respectable petit bourgeois qui la battait chaque fois qu’elle sortait avec un admirateur ; mais, si elle sortait, c’était uniquement parce que sa plus grande joie était d’être assise à la terrasse d’une petite pâtisserie et de plonger sa cuillère dans une glace tout en jetant sur les passants des regards "distingués". Bien que l’on ne pût vraiment affirmer qu’elle n’était pas sensuelle, il faudrait dire, dans la mesure où on en a le droit, qu’elle se montrait, dans ce domaine comme dans les autres, plutôt paresseuse et peu encline au travail. Chaque excitation, dans son interminable corps, mettait un temps infini à atteindre le cerveau, et il arrivait qu’au milieu de la journée, sans aucune raison, ses yeux commençaient à fondre, alors que, pendant la nuit, ils étaient restés fixés sans bouger sur un point du plafond comme pour y observer une mouche. 

Auteur: Musil Robert

Info: Dans "L'homme sans qualités", tome 1, trad. Philippe Jaccottet, éditions du Seuil, 1957, page 36

[ jeune femme ] [ flegmatique ] [ frigide ] [ femme-par-homme ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

techno parade

J’ai donc vu passer ce chaos. C’est une immense bouillie funèbre. C’est un écrabouillement systématique. C’est l’esprit de système en soi quand il ne reste plus que le système devenu sound. C’est une saturation en marche. C’est un point de non-retour en mouvement. C’est le néant sur le chemin de la guerre. Le bruit est comme un incendie qui écorche tout sur son passage, ravine les immeubles et les passants. […] D’où jaillissent tous ces glapissements, ces gueulantes de crocodiles malades ? Qu’est-ce qu’essaie de dire cette méchanceté, cette véhémence sans précédent, cette exhibition piétinante ? Je me fous éperdument, bien entendu, de savoir si tout ça broie du hardcore, de la jungle, du trip-hop ou d’autres merdes. C’est une haine, une bêtise en cascade qui vous charcutent jusqu’aux poumons. Ce n’est pas de la régression tribale, comme diraient les réactionnaires, c’est de la progression néolithique. Le Neandertal est devant nous. On entend battre le ventre des cavernes.

Auteur: Muray Philippe

Info: Dans "Exorcismes spirituels, tome 3", Les Belles Lettres, Paris, 2002, page 204

[ musique électro ] [ rave party ] [ diatribe ] [ détestation ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

mégapole

Une heure de voiture, le long d'une périphérie sans limites, composée entièrement de petits baraquements, de boutiques entassées, d'ombres de banians sur des maisonnettes indiennes aux arêtes émoussées et vermoulues comme de vieux meubles, suintantes de lumière, carrefours encombrés de passants aux pieds nus, habillés comme dans la Bible, tramways rouge et jaune à galerie ; petits immeubles modernes, immédiatement vieillis par l'humidité des tropiques, au milieu de jardins fangeux et de bâtisses de bois, bleu clair, vert d'eau ou simplement attaqués par le climat humide ou le soleil, avec des allées et venues continuelles et un océan de lumière, comme si partout, dans cette ville de six millions d'habitants, on célébrait une fête ; et puis le centre, sinistre et neuf, la Malabar Hill, avec ses petits immeubles résidentiels, dignes du quartier des Parioli, entre les vieux bungalows et le quai interminable, avec une série de cercles de lumière qui s'infiltrait à perte de vue dans l'eau...

Auteur: Pasolini Pier Paolo

Info: L'Odeur de l'Inde, p. 17

[ banlieue ] [ asie ]

 

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cinéma

Il y a plusieurs années, j'ai eu l'occasion de voir une courte séquence cinématographique qui présentait une petite fille. Vêtue d'une jolie robe, elle remontait en sautillant une rue étroite pavée de galets. Les passants souriaient tendrement en la regardant. L'image granuleuse en noir et blanc tendait à accentuer la gaieté de la scène, et la légèreté de la musique estivale conférait un sentiment de bien-être. L'attention du public était totalement concentrée sur l'enfant.
Et puis le film a été présenté de nouveau. Identique, mais avec une musique différente : une musique sinistre. Les spectateurs ont retenu leur souffle. Tous venaient de remarquer pour la première fois un homme au visage lugubre qui, à l'extrémité de la sombre allée, fumait une cigarette en observant la petite fille.
Le public avait beau connaître la fin, je peux vous dire qu'il y a eu dans la salle de profonds soupirs de soulagement quand la fillette a fini par rejoindre sa mère.
Même film, musique différente.

Auteur: Rachel Abbott

Info: Le piège du silence

[ éclairage sonore ] [ relativité ]

 

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Ajouté à la BD par Le sous-projectionniste

télécommunication

La simplification des mouvements utiles avait apporté du reste, dans le monde scientifique, beaucoup de calme et d’ordre. Aucun bruit au dehors, des villes silencieuses avec de très rares passants et sans canalisations apparentes, tout se faisant par impression à distance, sans nulle difficulté.

Il n’était pas jusqu’au plaisir ancien du théâtre que l’on ne pratiquât à domicile, sans se déranger, par simple suggestion collective. On avait même remplacé, dans la plupart des cas, les représentations par de simples impressions de représentation donnant l’illusion du plaisir et du succès.

Les informations, les nouvelles, les découvertes importantes, les recommandations collectives, en vue de tel ou tel besoin, tout cela se faisait également par suggestion, sans perte de temps, sans déplacement intermédiaire désormais inutile et sans objet.

Le seul défaut de ce groupement social excessif fut de détruire, petit à petit, toute initiative individuelle, toute volonté, toute activité indépendante, et, en supprimant les individualités, de développer progressivement, sans que personne y prît garde, la toute-puissance absolue du Grand Laboratoire Central.

Auteur: Pawlowski Gaston de

Info: Voyage au pays de la quatrième dimension, Flatland éditeur, 2023, page 247

[ dématérialisation ] [ réseau virtuel ] [ conséquences ] [ science-fiction ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

portrait

Mais la plus aimable convive était la jeune duchesse de D…, dont l’esprit alerte et clair, jamais inquiet ni troublé, contrastait si étrangement avec l’incurable mélancolie de ses beaux yeux, le pessimisme de ses lèvres, l’infinie et noble lassitude de ses mains. Cette puissante amante de la vie sous toutes ses formes, bonté, littérature, théâtre, action, amitié, mordait sans les flétrir, comme une fleur dédaignée, ses belles lèvres rouges, dont un sourire désenchanté relevait faiblement les coins. Ses yeux semblaient promettre un esprit à jamais chaviré sur les eaux malades du regret. Combien de fois, dans la rue, au théâtre, des passants songeurs avaient allumé leur rêve à ces astres changeants ! Maintenant la duchesse, qui se souvenait d’un vaudeville ou combinait une toilette, n’en continuait pas moins à étirer tristement ses nobles phalanges résignées et pensives, et promenait autour d’elle des regards désespérés et profonds qui noyaient les convives impressionnables sous les torrents de leur mélancolie. Sa conversation exquise se parait négligemment des élégances fanées et si charmantes d’un scepticisme déjà ancien. 

Auteur: Proust Marcel

Info: Un dîner en ville

[ contrastes ] [ femme captivante ]

 
Mis dans la chaine

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Ajouté à la BD par Coli Masson

littérature

Les feuilles d'automne, portées par le vent chaud, montaient jusqu'au balcon, traînant, derrière les volets, comme le pas d'un inconnu; une persienne battait de temps à autre. C'était le sirocco d'automne. A cette heure, le ciel doit être bas, se mit à penser Leonardo; les trottoirs pleins de gens marchant lentement, mains dans les poches, ouvrant la bouche devant les miroirs des boutiques, pour se regarder la langue ou simplement pour bâiller; l'avocat De Marchi doit être assis à une table de la Brasserie, qu'il ne quittera pas avant minuit; les cafés remplis d'hommes, comme des casernes; les jeunes gens, réunis par groupes de dix ou vingt, ont dû commencer à échanger de ces bourrades qui envoient les plus maigres cogner contre le mur; sur les étals des marchés de quartier, éclairés au gaz, sont apparues de longues files de poissons, froids comme des couteaux, et des gamins pieds nus insultent les minuscules passants à chapeaux mous qui n'ont pas voulu acquérir ces grands poissons couleur de métal. Oui, c'était le Sud. Et ce vent, qui faisait claquer les persiennes, arrivait d'Afrique.

Auteur: Brancati Vitaliano

Info: Les années perdues

[ méditerranée ] [ ville ]

 

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pressentiment

Et peu importe que ce matin-là Hélène ait vu ou non, parmi la foule hurlante, les Juifs accroupis, à quatre pattes, forcés de nettoyer les trottoirs sous le regard amusé des passants. Peu importe qu'elle ait ou non assisté à ces scènes ignobles où on leur fit brouter de l’herbe. Sa mort traduit seulement ce qu'elle ressentit, le grand malheur, la réalité hideuse, son dégoût pour un monde qu'elle vit se déployer dans sa nudité meurtrière. Car au fond, le crime était déjà là, dans les petits drapeaux, dans les sourires des jeunes filles, dans tout ce printemps perverti. Et jusque dans les rires, dans cette ferveur déchaînée, Hélène Kuhner dut sentir la haine et la jouissance. Elle a dû entrevoir - en un raptus terrifiant -, derrière ces milliers de silhouettes, de visages, des millions de forçats. Et elle a deviné, derrière la liesse effrayante, la carrière de granit de Mauthausen. Alors, elle s'est vue mourir. Dans le sourire des jeunes filles de Vienne, le 12 mars 1938, au milieu des cris de la foule, dans l’odeur fraîche des myosotis, au cœur de cette allégresse bizarre, de toute cette ferveur, elle dut éprouver un noir chagrin.

Auteur: Vuillard Eric

Info: L'ordre du jour

[ prescience ] [ entre deux guerres ] [ prémonition ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

anecdote

Bonaparte gravit le Saint-Bernard, monté sur un mulet, revêtu de cette capote grise qu'il a toujours portée, conduit par un guide du pays, montrant dans les passages difficiles la distraction d'un esprit occupé ailleurs, entretenant les officiers répandus sur la route, et puis, par intervalles, interrogeant le conducteur qui l'accompagnait, se faisant conter sa vie, ses plaisirs, ses peines, comme un voyageur oisif qui n'a pas mieux à faire. Ce conducteur, qui était tout jeune, lui exposa naïvement les particularités de son obscure existence, et surtout le chagrin qu'il éprouvait de ne pouvoir, faute d'un peu d'aisance, épouser l'une des filles de cette vallée. Le premier consul, tantôt l'écoutant, tantôt questionnant les passants dont la montagne était remplie, parvint à l'hospice où les bons religieux le reçurent avec empressement. A peine descendu de sa monture, il écrivit un billet qu'il confia à son guide, en lui recommandant de le remettre exactement à l'administrateur de l'armée, resté de l'autre côté du Saint-Bernard. Le soir, le jeune homme, retourné à Saint-Pierre, apprit avec surprise quel puissant voyageur il avait conduit le matin, et sut que le général Bonaparte lui faisait donner un champ, une maison, les moyens de se marier enfin, et de réaliser tous les rêves de sa modeste ambition.

Auteur: Thiers Adolphe

Info: Consulat et Empire

[ cadeau ]

 

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Ajouté à la BD par miguel