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intraduisible

Kingtsui/kingtsukoroï : mots japonais qui désignent l'art ancestral qui consiste à réparer une poterie cassée avec de l'or. Ainsi restauré l'objet prend toute sa valeur d'avoir été brisé. Orné de sa cicatrice il raconte son histoire et nous enseigne qu'un accident peut devenir le début de quelque chose de plus beau. Le kintsugi s’inscrit dans la pensée japonaise du wabi sabi (wabi : humilité face aux phénomènes naturels ; sabi : ce que l’on ressent face au travail du temps ou des hommes) invitant à reconnaître la beauté qui réside dans les choses simples, imparfaites et atypiques. En acceptant de s’ouvrir au wabi sabi, on va à contre-courant des modèles standardisés et artificiels modernes. Le wabi-sabi invite au contraire à la contemplation et au détachement par rapport à la perfection. Il souligne le caractère irréversible du temps qui passe et l’aspect éphémère de toute chose, et appelle à apprécier l’humble beauté des choses simples, patinées par les années et les épreuves.

Auteur: Santini Céline

Info: Kintsugi : L'art de la résilience

[ résilience ] [ artisanat ]

 

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école

Je l’avoue volontiers : toute petite, déjà, je n’aimais pas trop les activités sportives… Mais il se trouve que j’étais toujours la plus grande (j’ai arrêté de grandir à l’âge de 12 ans), et qu’en plus de grimper volontiers à de très hauts arbres pour attraper des insectes, j’aimais battre la campagne. Résultat : j’avais une force physique plutôt démesurée. Et à chaque compétition sportive, pour mon plus grand malheur, c’est moi qu’on envoyait défendre "nos" couleurs. Saut en longueur et en hauteur, 100 mètres, basket, j’ai tout fait. Bien entendu, vivant à Hokkaidô, au nord du Japon, j’ai également été vivement encouragée à représenter mon école en patinage de vitesse. On louait mes aptitudes physiques alors que je voulais qu’une chose : qu’on me félicite pour mes dessins ou mes rédactions. Est-ce par haine viscérale de tout classement fondé sur les capacités physiques ou par dégoût de la tension propre à toute compétition ? Toujours est-il qu’à compter du collège, j’ai pris mes distances avec le sport.

Auteur: Yamazaki Mari

Info:

[ intérêt commun ] [ enfant poussé ] [ question ] [ capitalisme sociologique ] [ libération individuelle ]

 

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introspection

Il est vraiment étrange que, moi qui me moque du patinage comme de je ne sais quoi, à peine je ferme les yeux, je vois une immense patinoire.

Et avec quelle ardeur je patine!

Après quelque temps, grâce à mon étonnante vitesse qui ne baisse jamais, je m'éloigne petit à petit des centres de patinage, les groupes de moins en moins nombreux s'échelonnent et se perdent. J'avance seul sur la rivière glacée qui me porte à travers le pays.

Ce n'est pas que je cherche des distractions dans le paysage. Non. Je ne me plais qu'à avancer dans l'étendue silencieuse, bordée de terres dures et noires, sans jamais me retourner, et, si souvent et si longtemps que je l'aie fait, je ne me souviens pas d'avoir jamais été fatigué, tant la glace est légère à mes patins rapides.

Au fond je suis un sportif, le sportif au lit. Comprenez-moi bien, à peine ai-je les yeux fermés que me voilà en action.

(...)

Auteur: Michaux Henri

Info: La Nuit remue

[ songes ] [ glissades ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

événements urbains

Transformer les Parisiens en patinants hallucinés sur des plans de glace fabriqués à coups d’eau glycolée n’a rien de plus sorcier que d’en faire des baigneurs virtuels dans le béton des berges de la Seine ou des participants hébétés de Nuits Blanches. Dans tous les cas, il ne s’agit jamais que d’orchestrer du mieux possible un travail du deuil heureux, celui de la réalité citadine de naguère, avec ses aventures non programmées (et d’ailleurs plus ou moins agréables) et de fugitifs moments de socialité qui ne s’appelaient pas ainsi parce que personne ne savait encore qu’il s’agissait de cela. Plus la ville disparaît de manière irrémédiable, et plus elle se couvre de petits théâtres de consolation où l’on peut faire tout ce que l’on n’avait encore jamais fait : disposer son transat en bordure d’atoll, pique-niquer sur un trottoir comme si c’était de l’herbe, skier sur le parvis de la Défense, bronzer sur des rives inexistantes sous des soleils conceptuels, aller là-bas vivre ensemble au pays qui te ressemble, etc. ; sans quitter notre ordinateur, nos parts de marché, nos maladies de science-fiction et notre stock d’anxiolytiques.

Auteur: Muray Philippe

Info: Dans "Exorcismes spirituels, tome 4", Les Belles Lettres, Paris, 2010, pages 1565-1566

[ déréalisation ] [ échappatoires imaginaires ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

lecture

Vers le milieu de la nuit, j'ai pris Mrs Dalloway, le livre de chevet de la première Esther. Si j'en juge par l'état de ses pages, il a dû être lu très souvent. Par elle. Puis par moi. Ouvert, refermé, emporté, porté contre le cœur. Avec ses partitions, cet exemplaire est la seule trace que j'aie de ma grand-mère maternelle. Les passages qu'elle a soulignés me sont parvenus intacts, malgré la texture défraîchie des feuillets. Et cette femme que je connais seulement par les photos que l'on a conservées d'elle, cette femme si belle, m'est devenue intime au point d'avoir l'impression, parfois, que c'est elle qui pense en moi. Il suffit que j'ouvre le livre au hasard: les mots qu'elle a aimés, ceux qu'elle a notés dans la marge d'une écriture élégante ont fini par ne s'adresser qu'à moi, qui les recueille et m'y blottis tour à tour. De ces mots, je suis sûre. De l'amour qu'elle avait pour eux aussi. Celui que je leur porte me prouve qu'elle m'aurait aimée, elle, sans qu'il soit besoin de lui plaire, de lui obéir aveuglément, de capituler devant elle au point de tuer tout désir.

Auteur: Roland Nicole

Info: Les veilleurs de chagrin

[ complicité transgénérationnelle ] [ bouquin patiné ] [ annotations ] [ dialogue platonique ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

inventaire

hôpitaux et prisons
c’est ce qu’il y a de pire
asiles de fous
c’est ce qu’il y a de pire
maisons closes
c’est ce qu’il y a de pire
allées boueuses des taudis
c’est ce qu’il y a de pire
lectures de poèmes
concerts de rock
galas en faveur des invalides
c’est ce qu’il y a de pire
obsèques
mariages
c’est ce qu’il y a de pire
défilés
patinoires
partouzes
c’est ce qu’il y a de pire
minuit
trois heures du matin
six heures moins le quart dans l’après-midi
c’est ce qu’il y a de pire
flotter dans le ciel
ouvrir le feu sur les patrouilles de police
c’est ce qu’il y a de meilleur

songer à l’Inde
tomber sur un distributeur de pop corns
regarder le taureau foncer sur le toréador
c’est ce qu’il y a de meilleur

voir trente-six chandelles
un vieux chien se grattant
des cacahuètes dans un sachet de papier
cristal c’est ce qu’il y a de meilleur

atomiser des cafards
enfiler des chaussettes propres
chier sans suppositoire
c’est ce qu’il y a de meilleur

se retrouver attaché à un poteau d’exécution
jeter du pain aux mouettes
couper des tomates en tranches
c’est ce qu’il y a de meilleur

mes mains mortes
mon cœur mort
silence
c’est l’adagio des rochers
et le monde qui s’enflamme
c’est ce qu’il y a de meilleur
pour moi.

Auteur: Bukowski Charles

Info: Dans "L'amour est un chien de l'enfer", pages 135-136, "le pire et le meilleur"

[ situations ] [ contraste ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

santé marchandisée

En termes d'une approche scientifique qui veut mesurer toujours plus précisément les phénomènes dans une réalité-monde où JAMAIS une situation ou un objet ne se retrouvent à l'identique - du à l'hyper-complexité et l'intrication de tous les paramètres - le rationalisme tel que nous le connaissons, à savoir qu'une démonstration doit pouvoir être reproductible, se cognera avec toujours plus d'insistance contre le mur des ses limites. Les tergiversations scientifiques autour du Covid 19 semblent montrer quelque chose de ce genre. Un virus (déjà les scientifiques ont grand peine à s'accorder sur le fait qu'il soit vivant ou pas), même plus stable que la moyenne, qui s'attaquerait de manière similaire - statistiquement s'entend - à des populations fort diverses, ça parait un peu aventuré (et les paramètres avancés ici sont très simplifiés puisque le virus mute lui-même). Tout le travail des labos et de Big Pharma & consorts n'a d'autre but que nous convaincre qu'un tel rationalisme existe et que des solutions - chères et c'est normal, faut bien payer la recherche et les actionnaires ma bonne dame - seront incontournables. La vision mécaniste du corps humain tient encore bien la rampe, alors que les travaux sur l'effet placebo continuent de patiner dans la choucroute. Lisez "l'univers bactériel" de Lynn Margulis bon sang.

Auteur: Mg

Info: 30 mai 2020

[ mercantilisme médical ] [ consumérisme sanitaire ]

 
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être humain

En un certain sens, les humains, ceux de sexe masculin en tout cas, étaient comparables à des véhicules d'occasion. On pouvait reconnaître le modèle et évaluer le kilométrage. Un observateur averti était capable de dire si les amortisseurs étaient encore bons, si l'embrayage patinait, si les cylindres étaient usés. Les hommes étaient comme des poids lourds : les vieux comme de vieux camions et les jeunes comme des camions neufs. Mais il y en avait aussi qui ressemblaient plutôt à des mobylettes ou à des scooters des mers.
Les femmes, elles, à supposer qu'on puisse les comparer à des véhicules, étaient comme des voitures. Une femme jeune et jolie était une décapotable aux lignes fluides, mais si elle pratiquait avec trop d'ardeur la circulation nocturne, la carrosserie ne résistait pas : elle se couvrait de bosselures, la peinture s'écaillait, les béquets rouillaient. Un jour ou l'autre, pendant une marche arrière, un feu arrière se brisait et cela ne valait pas le coup de le changer. Il y avait aussi des voitures féminines qui ne vieillissaient jamais et restaient intemporelles année après année, tout au long de l'histoire de l'automobile. On les bichonnait avec amour et leurs formes suscitaient encore l'intérêt alors que les camions les plus robustes étaient partis à la casse depuis longtemps. Les héroïques mères de familles nombreuses, quant à elles, étaient des autobus parfaitement fiables, toujours à l'heure, qui ne laissaient jamais personne sur le bas-côté.

Auteur: Paasilinna Arto

Info: La cavale du géomètre, p.19, Éd. Folio n°3393

[ voiture ] [ véhicule ] [ automobile ]

 

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littérature

Un gros champignon poussa ce matin au fin fond de la plaine, sur le bord du ruisseau que jalonnent les goupillons des saules.
C'est un pêcheur à la ligne. Coiffé d'une ombelle de paille, il s'est assis, dès l'aube, dos tourné à la plaine, et, penché sur l'eau où flageolent les reflets des hêtres, attentivement, il pêche ces reflets.
Vers patron-minette, sont arrivés des moissonneurs pour couper l'herbe sous les pieds des épis. Après eux, des vaches, égrenant le choc clair de leurs clarines, traînaient à la remorque leurs pâtres.
Midi ; des troupes défilèrent. Puis des sages, marchant à pas comptés, ont, avec leurs cannes, tracé des figures dans le sable de la route.
Peu avant l'Angelus, le soleil a lancé jusqu'au bout de l'horizon l'ombre unique des couples. Et tant d'autres, chacun chantant sa complainte chacunière.
A regret, la nuit. Le pêcheur ne bouge pas, épie toujours les faucheux qui patinent sur l'eau. Il ne prend rien et ne se lasse pas de ne rien prendre. Soit, cet homme est un sot, il importe que je lui fasse remarquer : "Champignon insolite, champignon mesquin, vous avez perdu votre journée : tandis que vous tachiez à saisir quelques goujons, vous renonciez au diorama de cette plaine, à la pantomime du Passant en 36 tableaux : couples, pâtres, troupes et sages paisibles. Pauvre sot, que ne vous retourniez-vous ?"
L'homme ne daigne point relever la tête :
"Tout cela dit-il, et bien des choses qui vous ont échappé, je le guettai dans ce miroir où, solitaire, je pêche des reflets."
Mais chut ! Ça mord... Voici la lune qui rôde autour de l'hameçon.

Auteur: Veber Pierre

Info: Mercure de France, février 1894

[ nature ]

 

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perception

Le motif de la forme surgit bien entendu au cours d'une discussion sur l'individualité des "objets réels". Schrödinger donne l'exemple d'un presse-papier métallique en forme de chien danois, qu'il a dû abandonner en Autriche en 1938 et qu'il a seulement récupéré en 1947 en Irlande. "Je suis tout-à-fait sûr que c'est le même chien, affirme-t-il (...) mais pourquoi en suis-je si sûr ?". Ce ne peut être, répond Schrödinger, qu'en raison de la permanence de sa forme qui le rend re-connaissable. L'assimilation du principe d'individuation à la forme est cependant associée à une difficulté majeure que Schrödinger effleure à peine dans le passage sur le chien danois, mais sur laquelle nous serons forcés de revenir à propos du cas des particules élémentaires. Une forme ne définit jamais, en première instance, qu'une espèce : par exemple, celle des chiens danois métalliques de même "modèle". Sur le seul critère de sa forme, le chien danois retrouvé par Schrödinger pourrait parfaitement ne pas être le même exemplaire que celui qu'il a laissé en Autriche neuf ans auparavant, mais un autre exemplaire du même "type". La solution bien connue à ce problème consiste à apposer sur la forme une détermination ultimement individuante, une "haeccéité" selon le vocabulaire de Duns Scot. Telle rayure, tel défaut, telle patine reconnaissable entre toutes, pourraient suffire à faire identifier un exemplaire de chien danois parmi beaucoup d'autres copies. Ce n'est pourtant pas cette issue que choisit Schrödinger, et nous pouvons deviner pourquoi, par référence au problème physique dont il cherche la solution : aucune détermination additionnelle par rapport à la forme générale ne peut être invoquée pour distinguer un proton d'un autre proton, un électron d'un autre électron.

Auteur: Bitbol Michel

Info: "Esquisses, forme et totalité (Schrödinger et le concept d'objet)", in "Erwin Schrödinger, philosophy and the birth of quantum mechanics", éd. Frontières, p.58

[ philosophie ] [ singularité matérielle ] [ microcosme-macrocosme ] [ choix d'un argument ] [ apparences ] [ analogies ] [ précision ]

 
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Ajouté à la BD par Benslama