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paradoxe

On dit l'Amérique jeune, mais elle semble au contraire très ancienne, épuisée, dégénérée, grabataire, terriblement paulinienne, avec ses notions judéo-chrétiennes éculées de bien et de mal, son kitsch atroce, ses pulsions colonialistes et universalisantes, son racisme, sa junk food, sa répression sexuelle, sa politique étrangère criminelle. L'Amérique semble moribonde face au petit Eskimo éblouissant de vitalité, établissant des rapports authentiques avec son milieu naturel. Qui ne rêverait pas d'être un Eskimo, insensible au monothéisme, insensible à la morale sexuelle, insensible à la guerre, occupé de chasse et de chamanisme ?

Auteur: Thiellement Pacôme

Info: Economie Eskimo, p.56

[ double jeu ] [ Etats-Unis ] [ dénigrés ]

 

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Ajouté à la BD par Bandini

christianisme

Les Pharisiens sont superstitieux en ce que la Loi est pour eux un absolu, qui ne tolère aucun examen spirituel. La lutte contre la superstition aura donc constitué l’une des deux missions spirituelles du Christ, dans l’annonce de l’Évangile. L’Église nouvelle se forme dans un nouveau rapport à la loi, dans une nouvelle conception vivifiante et non superstitieuse des préceptes. C’est là, on le sait, une des lignes de force de la prédication paulinienne, et le fondement de l’idée d’un Nouveau Testament. Le devenir chrétien suppose donc, au premier chef, une sortie de la superstition.

Auteur: Thirouin Laurent

Info: "Pascal ou le défaut de la méthode", Honoré Champion Editeur, Paris, 2023, page 298

[ piété ] [ raisonnable ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

sacrifice

Le motif paulinien* de la kénose** sert à exprimer que le Dieu chrétien, en s’incarnant, a créé en lui du vide, qu’il s’est vidé de lui-même. La thèse de Paul a une résonance anthropologique forte : il n’y a pas d’incarnation, donc de corps, sans kénose, sans "évidement" de soi, et donc sans la perte de ce qui ferait totalité. L’incarnation est un renoncement au "tout" et, d’une certaine manière, elle est mise en cause de l’Un. C’est pourquoi la pensée trinitaire est tributaire de la doctrine de l’incarnation, avec ce montage spéculatif complexe qui consistera à définir l’Un sous la figure du Trois. La kénose paulinienne conduit donc à penser qu’un Dieu ne prend corps, n’entre dans le langage, qu’à la condition de n’être pas tout.

Auteur: Causse Jean-Daniel

Info: Dans "Lacan et le christianisme", page 17. *Relatif à Saint-Paul. **La kénose reprend l'idée évangélique du grain qui tombe en terre pour germer.

[ incomplétude ] [ monade ] [ tsimtsoum ] [ théologie ] [ microbiome ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

christianisme-protestantisme

En 1504, il [Erasme] avait publié pour la première fois un traité destiné à éclairer ceux qui, "faisant consister la religion en cérémonies et en observances judaïques de choses matérielles, négligeaient la véritable piété". C’était l’Enchiridion Militis Christiani, livre hardi qui contenait en substance tout le programme des réformes souhaitées par Érasme. […] Dans l’été de 1518, Érasme chargeait Froben de le publier à nouveau et composait pour cette réédition une longue préface dédiée à un abbé alsacien, Paul Volz. C’était un manifeste. Avec prudence, à son ordinaire, mais avec décision, Érasme y conduisait une opération fort adroite. Il couvrait Luther, tout à la fois, de son autorité et de sa modération. Il se gardait de nommer le fougueux Augustin ; mais dans un passage semé d’allusions, il s’instituait l’avocat d’une liberté de critique qu’il revendiquait et pour lui et, visiblement, pour Luther. "De même, voilà quelqu’un qui nous avertit : mieux vaut se fier à de bonnes actions qu’aux grâces octroyées par le pape. Veut-il dire qu’il condamne absolument ces grâces ? Non, mais qu’il leur préfère les voies que l’enseignement du Christ indique comme plus certaines." Traduction assez libre des opinions de Luther ; mais la manœuvre était pleine d’adresse. "Cet homme est de mes hommes, semblait dire l’humaniste en désignant le moine. C’est une tête chaude, sans doute ; mais écoutez : je vais vous présenter, à ma mode, ses griefs et ses objections ; quand il parlera par ma bouche, vous direz tout d’une voix : il a raison. Au reste, ses critiques, préface d’un programme complet de réforme et de rénovation. Ce programme, dès 1504, je l’ai présenté à la chrétienté. Je le lui présente à nouveau, en 1518, dans cette édition revue et corrigée de l’Enchiridion." Tactique habile, intelligente et souple. Elle montre jusqu’à l’évidence qu’en 1518, Érasme connaissait encore bien mal Luther.

Qui l’aurait pu d’ailleurs avertir de son erreur ? Un seul homme, Luther, en rendant publics des griefs qu’il n’avait confiés qu’à des amis choisis, dans des lettres privées. Mais cette révélation brutale, encore qu’elle fût fort dans son tempérament, Luther pour cent raisons ne pouvait la faire. C’eût été la rupture. Or Luther ne pouvait pas rompre avec Érasme. Seul, il n’aurait peut-être pas hésité à le faire. Il n’était pas, il n’était plus seul. Des hommes l’entouraient, des amis, des partisans, dévots à lui mais dévots à Érasme, incapables de jeter l’anathème sur l’un pour demeurer fidèles à l’autre. Des hommes l’entouraient, qui pesaient sur lui, l’amenaient doucement à faire le geste nécessaire, celui qu’il accomplit le 28 mars 1519 lorsqu’il rédigea, à l’adresse d’Érasme, une lettre, la première, pleine d’humilité et de soumission extérieure, très orgueilleuse au fond et très brutale : une mise en demeure ; avec ou contre moi ?

Mais Érasme non plus n’était pas libre. Pas libre de dire, sinon de voir, que Luther n’était pas un de ses tenants ; pas libre de dénoncer les fautes qu’il lui voyait commettre : énormes cependant, de son point de vue à lui. C’est que tout de suite, avec leur flair grossier, ses ennemis, entre lui et Luther, avaient noué un lien direct. Luther, un suivant ; qui sait, un prête-nom d’Érasme ? L’humaniste avait dû comprendre que dès lors, toute condamnation de Luther serait sa condamnation à lui ; un coup mortel porté à la cause même de la réforme humaniste, à sa cause... A tout prix, il fallait empêcher les moines haineux de rejeter Luther comme hérétique. A tout prix, il fallait protéger Luther, intercéder pour lui auprès des princes, des prélats, des grands esprits ; faire l’opinion et la rendre intangible. A tout prix enfin, il fallait peser sur Luther, obtenir de lui qu’il usât de prudence sans se laisser pousser à l’irréparable. Besogne énorme. Érasme s’y attela virilement, habilement. Ainsi s’établit entre deux hommes munis de viatiques empruntés, l’un à cette antiquité païenne dont Érasme se nourrissait avec délices et qui l’aidait sans doute à comprendre Jésus ; l’autre, à la doctrine paulinienne et à la tradition augustinienne — ainsi s’établit entre Luther, uniquement et passionnément chrétien, et Érasme, adepte infiniment intelligent d’une philosophie du Christ toute saturée de sagesse humaine, une sorte de compromis qui permettait l’action. Ainsi, dans l’opinion des lettrés, naquit ce préjugé si fort qu’il vit toujours : Luther ? le fils spirituel et l’émule d’Érasme — le réalisateur de ses velléités réformatrices.

Une équivoque. Une première équivoque.

Auteur: Febvre Lucien

Info: Un destin : Martin Luther, PUF, 1968, pages 85-86

[ affiliation ] [ malentendu ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson