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embobiner
Glenn Burns travaillait pour Chib Calloway depuis maintenant quatre ans et demi, et s'il y avait deux choses de sûres, pour lui, c'était que, primo, son boss était dans le pétrin, et que, deuxio, vu les circonstances et tout bien pesé, lui, il aurait fait nettement mieux. Avec tout le respect qui lui était dû, Chib n'avait pas la moindre vision à long terme, il était nul en relations humaines et passait son temps à résoudre des problèmes en cascade, ballotté entre les crises successives. Et sur ce chapitre, Glenn en connaissait un rayon : il avait potassé des traités de management, à ses heures perdues. Une de ses leçons préférées, c'était justement "ne pas hésiter à coucher avec l'ennemi." Non pas qu'il se soit jamais retrouvé au pieu avec Ransome, évidemment, mais il lui avait bel et bien susurré à l'oreille quelques menues douceurs, histoire d'accélérer la chute de Chib - tout en la rendant indolore pour lui-même, s'entend.
Auteur:
Rankin Ian
Années: 1960 - 20??
Epoque – Courant religieux: Récent et Libéralisme économique
Sexe: H
Profession et précisions: écrivain
Continent – Pays: Europe - Ecosse
Info:
Portes Ouvertes
[
rapports humains
]
[
tactique
]
perdition
Ainsi, par la bénédiction du hasard, aucun enseignement ne manquait à Lucien sur la pente du précipice où il devait tomber. D'Arthez avait mis le poète dans la noble voie du travail en réveillant le sentiment sous lequel disparaissent les obstacles. Lousteau lui-même avait essayé de l'éloigner par une pensée égoïste, en lui dépeignant le journalisme et la littérature sous leur vrai jour. Lucien n'avait pas voulu croire à tant de corruptions cachées ; mais il entendait enfin des journalistes criant de leur mal, il les voyait à l'œuvre, éventrant leur nourrice pour prédire l'avenir. Il avait pendant cette soirée vu les choses comme elles sont. Au lieu d'être saisi d'horreur à l'aspect du cœur même de cette corruption parisienne si bien qualifiée par Blucher, il jouissait avec ivresse de cette société spirituelle. Ces hommes extraordinaires sous l'armure damasquinée de leurs vices et le casque brillant de leur froide analyse, il les trouvait supérieurs aux hommes graves et sérieux du Cénacle.
Auteur:
Balzac Honoré de
Années: 1799 - 1850
Epoque – Courant religieux: industriel
Sexe: H
Profession et précisions: écrivain
Continent – Pays: Europe - France
Info:
Illusions perdues
[
carrefour
]
[
dilemme
]
[
croisée des chemins
]
[
déniaisement
]
chair-esprit
Orion se tenait de ce côté de la Terre, du côté des repères des hommes et du temps que nous déclinons en minutes, en heures et en jours. De l'autre, s'étendait le pays des Elfes, avec sa façon si particulière de ne pas le compter. Il appela sa mère à deux reprises et tendit l'oreille, puis recommença... mais pas un cri ni un murmure ne s'échappa du pays enchanté. Mesurant alors l'ampleur de ce gouffre qui la séparait de lui, il se rendit compte qu'il était bien trop vaste, bien trop sombre, infranchissable, à l'image de ces fossés incommensurables qui semblent nous séparer d'un jour passé, ou qui se dressent entre la vie diurne et les rêves, entre les gens qui labourent la terre et les héros des chansons, entre les vivants et ceux qu'ils pleurent. Et la barrière aérienne scintillait, comme si un élément aussi fragile était capable de séparer les années perdues de cette heure fugitive que nous appelons Instant...
Auteur:
Lord Dunsany Edward John Moreton
Années: 1878 - 1957
Epoque – Courant religieux: industriel
Sexe: H
Profession et précisions: écrivain de fantasy
Continent – Pays: Europe - Irlande
Info:
La fille du roi des elfes
[
réalité
]
[
onirisme
]
extraits littéraires
Pour autant que le passé est transmis comme tradition, il fait autorité. Pour autant que l'autorité se présente historiquement, elle devient tradition. Walter Benjamin savait que la rupture de la tradition et la perte de l'autorité survenues à son époque étaient irréparables, et il concluait qu'il lui fallait découvrir un style nouveau de rapport au passé. En cela, il devint maître le jour où il découvrit qu'à la transmissibilité du passé, s'était substituée sa "citabilité", à son autorité cette force inquiétante de s'installer par bribes dans le présent et de l'arracher à cette 'fausse paix' qu'il devait à une complaisance béate. "Les citations, dans mon travail, sont comme des voleurs de grands chemins qui surgissent en armes et dépouillent le promeneur de ses convictions" (Schriften, I, 571). Cette découverte de la fonction moderne de la citation selon Benjamin ... était née ... d'un désespoir relatif au présent et d'un désir de détruire le présent. Par conséquent, la force de la citation "n'est pas de conserver, mais de purifier, d'arracher du contexte, de détruire" (Schriften, II, 192).
Auteur:
Arendt Hannah
Années: 1906 - 1975
Epoque – Courant religieux: Récent et Libéralisme économique
Sexe: F
Profession et précisions: philosophe et femme de lettre
Continent – Pays: Europe - Allemagne
Info:
Walter Benjamin 1892-1940, pp. 82-83. Force de la citation quand toute tradition et autorité sont perdues
[
idées
]
[
réflexion transgénérationnelle
]
[
citation s'appliquant à ce logiciel
]
[
philosophie
]
dialogue numérique
J'ai lu les messages d'Ivan encore et encore, en pensant à ce qu'ils signifiaient. J'avais honte, mais pourquoi ? Pourquoi était-il plus honorable de relire et d'interpréter un roman comme Illusions perdues que de relire et d'interpréter un quelconque courriel d'Ivan ? Était-ce parce qu'Ivan n'était pas un aussi bon écrivain que Balzac ? (Mais je pensais qu'Ivan était un bon écrivain.) Était-ce parce que les romans de Balzac avaient été lus et analysés par des centaines de professeurs, de sorte que lire et interpréter Balzac revenait à participer à une conversation avec tous ces professeurs, et était donc une activité plus élevée et plus significative que la lecture d'un courriel que j'étais seul à voir ? Mais le fait que le courriel m'ait été adressé spécifiquement, en réponse à des choses que j'avais dites, en faisait littéralement une conversation, ce qui n'était pas le cas des romans de Balzac, écrits pour un public général, dans le but ultime de générer des profits pour l'industrie de l'imprimerie ; ce que je faisais n'était-il donc pas, d'une certaine manière, plus authentique et plus humain ?
Auteur:
Batuman Elif
Années: 1977 -
Epoque – Courant religieux: Récent et Libéralisme économique
Sexe: F
Profession et précisions: écrivaine, journaliste
Continent – Pays: Amérique du nord - Usa - Turquie
Info:
L'Idiote
[
question
]
[
intimité
]
[
privé-public
]
détachement
Dans l'art de perdre, il n'est pas dur de passer maître.
Tant de choses semblent si pleines d'envie
d'être perdues que leur perte n'est pas un désastre.
Perds chaque jour quelque chose.
L'affolement de perdre tes clés, accepte-le,
et l'heure gâchée qui suit.
Dans l'art de perdre, il n'est pas dur de passer maître.
Puis entraîne-toi, va plus vite,
Il faut étendre tes pertes: aux endroits, aux noms,
aux lieux où tu fis le projet d'aller.
Rien là qui soit un désastre.
J'ai perdu la montre de ma mère.
La dernière ou l'avant-dernière de trois maisons aimées: partie!
Dans l'art de perdre, il n'est pas dur de passer maître.
J'ai perdu deux villes, de jolies villes.
Et, plus vastes, des royaumes que j'avais,
deux rivières, tout un pays.
Ils me manquent, mais il n'y eut pas là de désastre.
Même en te perdant (la voix qui plaisante, un geste que j'aime), je n'aurai pas menti.
A l'évidence, oui, dans l'art de perdre, il n'est pas trop dur d'être maître, même si il y a là
comme (écris-le !), comme un désastre.
Auteur:
Bishop Elizabeth
Années: 1911 - 1979
Epoque – Courant religieux: récent et libéralisme économique
Sexe: F
Profession et précisions: poétesse et femme de lettres
Continent – Pays: Amérique du nord - Usa
Info:
"Un art"
[
allègement
]
[
deuil
]
[
destruction
]
littérature
Les feuilles d'automne, portées par le vent chaud, montaient jusqu'au balcon, traînant, derrière les volets, comme le pas d'un inconnu; une persienne battait de temps à autre. C'était le sirocco d'automne. A cette heure, le ciel doit être bas, se mit à penser Leonardo; les trottoirs pleins de gens marchant lentement, mains dans les poches, ouvrant la bouche devant les miroirs des boutiques, pour se regarder la langue ou simplement pour bâiller; l'avocat De Marchi doit être assis à une table de la Brasserie, qu'il ne quittera pas avant minuit; les cafés remplis d'hommes, comme des casernes; les jeunes gens, réunis par groupes de dix ou vingt, ont dû commencer à échanger de ces bourrades qui envoient les plus maigres cogner contre le mur; sur les étals des marchés de quartier, éclairés au gaz, sont apparues de longues files de poissons, froids comme des couteaux, et des gamins pieds nus insultent les minuscules passants à chapeaux mous qui n'ont pas voulu acquérir ces grands poissons couleur de métal. Oui, c'était le Sud. Et ce vent, qui faisait claquer les persiennes, arrivait d'Afrique.
Auteur:
Brancati Vitaliano
Années: 1907 - 1954
Epoque – Courant religieux: industriel
Sexe: H
Profession et précisions: écrivain
Continent – Pays: Europe - Italie
Info:
Les années perdues
[
méditerranée
]
[
ville
]
passion
Les grands esprits ne s'occupent qu'à vaincre les difficultés qui leur sont propres, et qu'ils trouvent dans le pli de leur humeur. Et seuls, par cela même, ils sont de bon secours. J'ai à sauver une certaine manière d'aimer, de haïr, de désirer, tout à fait animale, et qui m'est aussi adhérente que la couleur de mes yeux. J'ai à la sauver, non pas à la tuer. Dans l'avarice, qui est la moins généreuse des passions, il y a l'esprit d'ordre, qui est universel ; il y a le respect du travail, qui est universel ; la haine des heures perdues et des folles prodigalités, qui est universelle. Ces pensées, car ce sont des pensées, sauveront très bien l'avare s'il ose seulement être lui-même, et savoir ce qu'il veut. Autant à dire de l'ambitieux, s'il est vraiment ambitieux ; car il voudra une louange qui vaille, et ainsi honorera l'esprit libre, les différences, les résistances. Et l'amour ne cesse de se sauver par aimer encore mieux ce qu'il aime. D'où Descartes disait qu'il n'y a point de passions dont on ne puisse faire bon usage.
Auteur:
Alain
Années: 1907 - 1994
Epoque – Courant religieux: industriel
Sexe: H
Profession et précisions: indianiste et musicologue
Continent – Pays: Europe - France
Info:
Propos I, Bibliothèque de la Pléiade, nrf Gallimard 1956 <15 avril 1930 p.928>
habitudes
La routine est le seul style de vie à ma portée. Par routine, j’entends un petit répertoire d’activités tranquilles, les unes agréables les autres obligatoires. Le secret, pour leur conférer l’apparence du bonheur, est de rendre les contraintes plaisantes et d’éviter que les plaisirs ne deviennent contraignants — car si on a tout à gagner à joindre le plaisir aux premières, on perd beaucoup à mettre de l’obligation dans les seconds. En somme, la routine à laquelle je me plie ressemble à cette sagesse petite-bourgeoise prônée par Montaigne visant une existence "sans miracle ni extravagance". Rien n’égale en charme, à mes yeux, le train paisible de l’amour, de l’écriture, de la lecture et autres agréments, auquel je me laisse aller sans réserve ni vergogne. — Mais alors, me dira-t-on, que faites-vous de l’aventure ? De la lutte ? Hélas ! L’une demande une curiosité et l’autre une vitalité que je n’ai pas. Les chasseurs de nouveaux horizons me rasent. Les rebelles me lassent. La vraie vie est ailleurs ? Qu’ils y aillent. Mon utopie est ici, entre la plage, ma chambre, ma bibliothèque. Et c’est un territoire que je défendrai manu militari.
Auteur:
Schiffter Frédéric
Années: 1956
Epoque – Courant religieux: Récent et Libéralisme économique
Sexe: H
Profession et précisions: philosophe, écrivain
Continent – Pays: Europe - France
Info:
Journées perdues
[
éloge
]
[
familiarité des jours
]
[
simplicité
]
homme-par-femme
Il est photographe, à ses heures perdues. Bambi hoche la tête d'un air complice. La discussion s'engage comme ça, autour de la photographie et de la peau de Bambi qui prend si bien la lumière. Or Bambi le sait parfaitement, le plâtras dont elle est enduite ne laisse pas passer la lumière, ni même la peau ; son visage cache son visage et là où elle est, il fait noir, il n'y a rien à voir. L'homme, de type méridional, fait le mystérieux quant à ses origines, dit qu'il a beaucoup voyagé pour les affaires. Bambi boit ses paroles, en goûte l'odeur aigre sans reculer. Elle a dans ses regards quelque chose de pressant, comme une urgence. Comme si elle avait besoin d'argent, par exemple. Sauf qu'elle s'en fout de l'argent. Elle a juste besoin de tuer l'angoisse, besoin de se retrouver, de reprendre le dessus. Là elle étouffe, là elle ne se reconnaît plus. Si elle met minable ce mec, tout ira mieux. Quelques verres plus tard, il veut lui montrer son studio photo. Bambi n'hésite pas, elle n'attendait que ça. De son portefeuille, il sort plus de pièces que de billets et donne le compte juste, la voiture n'est pas loin...
Auteur:
Mulder Caroline de
Années: 1976 -
Epoque – Courant religieux: Récent et Libéralisme économique
Sexe: F
Profession et précisions: écrivaine, enseignante
Continent – Pays: Europe - Belgique
Info:
Manger Bambi
[
proie
]
[
gibier
]