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écrivain-sur-écrivain

Je n'ai jamais ni rencontré cet homme ni eu de relation directe avec lui. C'est seulement lorsqu'il est mort que j'ai compris qu'il était de moi la personne la plus proche, celle qui m'était la plus chère et la plus nécessaire. Je suis écrivain et, comme tous les écrivains, vaniteux et jaloux. Du moins, en ce qui me concerne, je suis un écrivain de la sorte. Il ne m'est pourtant jamais venu à l'esprit de me comparer à lui, jamais. Tout ce qu'il produisait (ce qu'il produisait de bon et de vrai) était tel que plus il écrivait, mieux je m'en portais. J'envie l'art, l'esprit aussi, mais en fait de cœur, je n'éprouve que de la joie. Je considérais qu'il était un ami, que je ne manquerai pas de le rencontrer et qu'il ne tenait qu'à moi que l'occasion se présente. Et soudain, au déjeuner, j'étais en retard et déjeunais seul ce jour-là, je lus qu'il était mort. Je sentis qu'un point d'appui venait de lâcher. Je restais confus un instant avant de comprendre à quel point il m'était cher. Je le pleurai et je le pleure encore. 

Auteur: Tolstoï Léon

Info: à propos de Dostoïevski, cité par Andreï Zonine dans La Vie de Léon Tolstoï

[ regrets ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

égoïsme

La bonté est un caprice de notre tempérament: nous n'avons pas le droit de rendre les autres victimes de nos caprices, même par humanité ou par tendresse. Les bienfaits sont quelque chose qu'on nous inflige: c'est pourquoi, froidement, je les exècre.

Si je ne fais pas de bien, par souci moral, je n'exige pas non plus qu'on m'en fasse. Si je tombe malade, ce qui m'ennuie le plus c'est que j'oblige quelqu'un à me soigner, chose que je répugnerais moi-même à faire pour un autre. Je ne suis jamais allé voir un ami malade. Et chaque fois que j'étais malade, je subissais chaque visite comme une gêne, une insulte, une violation injustifiable de mon intimité profonde. Je n'aime pas qu'on me fasse des cadeaux; on semble ainsi m'obliger à en faire à mon tour - aux mêmes gens ou à d'autres, peu importe (...)

Je m'estime heureux de n'avoir plus de famille. Ainsi ne suis-je pas contraint d'aimer qui que ce soit. Je n'ai de regrets que littérairement (...)

Je n'ai jamais aimé personne. Ce que j'ai le plus aimé, ce sont mes sensations.

Auteur: Pessoa Fernando (Alv. de Campos)

Info:

[ figure de la belle âme ] [ solipsisme ] [ autofiction ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

existence

Plus je pénètre la vie d'Emilia, plus celle-ci m’apparaît, du début à la fin, comme un enchaînement de pertes, de disparitions, de quêtes vaines. Elle a consacré des années à pourchasser des néants; des personnes qui n'existaient plus, à se souvenir de faits qui ne s'étaient jamais produits. Et si nous étions tous ainsi ? Notre vie ne se réduit-elle pas à malmener l'histoire pour y laisser un signe de notre passage, une misérable fumée, une petite lueur, tout en sachant que même la trace la plus profonde est un oiseau emporté par le vent ? Un être humain équivaut à un autre, il est possible que nous soyons tous morts sans nous en rendre compte, ou que nous ne soyons pas encore nés et que nous l'ignorions, avais-je dit à Emilia l'une des dernière fois où je l'avais vue. Nous venons au monde à notre insu, à cause d'une somme de hasards, et nous partons n'importe où, très probablement nulle part. Si tu n'avais pas aimé Simon, tu en aurais aimé un autre. Tu l'aurais fait avec joie et sans culpabilité, car on n'aime pas ce que l'on ne connait pas.

Auteur: Eloy Martinez Tomas

Info: Purgatoire

[ dérisoire ]

 

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auto-description

Sais-tu ce que je répondrais à quelqu'un qui me demanderait une description de moi-même, en vitesse ? Ceci :

? ? ! !

Parce que ma vie est de fait un perpétuel point d'interrogation : ma soif de livres, mes observations des gens, tout cela tend à satisfaire un grand et immense désir de savoir, de comprendre, de trouver une réponse à un million de questions. Et peu à peu, des réponses se révèlent, beaucoup de choses sont expliquées, et surtout, beaucoup de choses sont nommées et décrites, en ce cas mon anxiété s'estompe. Je deviens alors une personne expansive, qui applaudit les innombrables surprises que le monde réserve, et qui passe d'une extase à l'autre. J'ai l'habitude d'observer, de fouiller, d'écouter et de chercher, d'être curieuse et en attente. Mais j'ai aussi comme un réflexe d'être surprise, une habitude d'émerveillement et de satisfaction chaque fois que je tombe sur quelque chose de remarquable. Ma première tendance pourrait faire de moi une philosophe, une cynique ou peut-être une humoriste. Mais la seconde en détruit toutes les fondations délicates, et je découvre chaque jour que je ne suis finalement... qu'une femme !  

Auteur: Nin Anaïs

Info: The Early Diary of Anaïs Nin, Vol. 2 : 1920-1923

[ autoportrait ]

 
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Ajouté à la BD par miguel

pandémie

Les épidémies meurtrières touchent avant tout les enfants et les jeunes adultes. A la date de 1418, on lit dans le Journal d’un bourgeois de Paris : "Cette épidémie de peste était au dire des vieilles gens la plus cruelle qui eût sévi depuis trois siècles... Sur quatre ou cinq cents morts, il n’y avait pas douze vieillards, ce n’était pour ainsi dire que des enfants et des jeunes gens." Il s’ensuit qu’un déséquilibre se manifeste alors entre les classes d’âge au bénéfice de la vieillesse. A Périgueux, après 1350 et surtout après 1400, sur 465 personnes dont l’âge au décès est connu, 217 soit 46 % ont plus de soixante ans, et l’âge indiqué est sous-estimé de cinq ans environ.

Pour survivre, les familles se regroupent, ce qui favorise les personnes âgées qui antérieurement restaient seules en raison de la prépondérance de la famille conjugale. Toutefois, certaines femmes connaissent une situation tragique, telles ces pauvres veuves de marins de Perros-Guirec dont les époux ont péri en mer en 1451. Et, plus que l’affection qui unit, la présence de parents âgés chez leurs enfants développe les conflits de génération.

Auteur: Verdon Jean

Info: Les Françaises pendant la guerre de Cent Ans : Début du XIVe siècle-milieu du XVe siècle

[ coriaces barbons ] [ vieux durs à cuire ] [ historique ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

sciences

Si les gens devaient apprendre à concevoir le monde d'une nouvelle façon, sans la vieille notion de "force", cela modifierait non seulement leur imagination physique, mais probablement aussi leur moralité politique. Cette dernière proposition serait tout à fait illogique, mais reste néanmoins possible. Dans la théorie de Newton du système solaire, le soleil apparaît comme un monarque sous les commandements duquel les planètes doivent obéir. Dans le monde d'Einstein il y a plus d'individualisme et moins de gouvernement que chez Newton. Il y a aussi moins d'agitation : nous avons vu que la paresse est la loi fondamentale de l'univers d'Einstein. Aujourd'hui le mot "dynamique" signifie, dans le langage médiatique, "énergique et vigoureux"; mais s'il signifiait "qui illustre les principes de la dynamique", il faudrait alors l'appliquer à ces gens des climats chauds, assis sous les bananiers dans l'attente que le fruit leur tombe dans la bouche. Je souhaiterai à l'avenir que les journalistes, quand ils parlent d'une "personnalité dynamique", indiquent une personne qui fait ce qui dérange le moins sur le moment, sans calcul sur les conséquences. Si je peux contribuer à ce résultat, je n'aurai pas écrit en vain.

Auteur: Russel Bertrand

Info: Abc of Relativity

[ langage ] [ relatif ] [ historique ]

 

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fondu-enchaîné

Ici, la forêt s'étendait plus loin ; mais plus on avançait, plus les arbres étaient rudimentaires, pour finir par ne plus ressembler du tout à des arbres. Bientôt ils devinrent approximatifs, à peine une vague idée de ce que doit être un arbre : un tronc gris-brun en bas, et, en haut, un barbouillage verdâtre tenant lieu de feuilles. Peut-être que l'autre mère ne s'intéressait-elle pas beaucoup aux arbres ; ou alors, elle ne s'était pas donné la peine de façonner correctement cette partie de la propriété parce que personne ne s'était jamais aventuré aussi loin. Coraline continua à marcher. Alors la brume apparut. Ce n'était pas une brume humide, comme la brume ou le brouillard normaux. Et elle n'était ni tiède ni froide. En fait, Coraline avait la sensation d'avancer dans le néant. "Je suis une exploratrice, songea-t-elle. Et il faut que je m'en aille d'ici par tous les moyens. Alors je continue à avancer." Autour d'elle il n'y avait plus qu'un vaste rien du tout, comme une feuille de papier vierge ou une très, très grande pièce vide toute blanche. Ni température, ni odeur, ni texture, ni goût - rien.

Auteur: Gaiman Neil

Info: Coraline

[ rêve ] [ onirisme ] [ littérature ]

 

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question

Le langage évolue en parallèle au développement de certaines castes spécialisées. Ces jours, comme j'interagis avec des pros du marketing Internet, je suis mis au courant de tout un vocabulaire d'émergence récente, principalement anglophone (FB pixel, re-targeting...) qui accompagne entre autres la mise en oeuvre du déferlement des publicités ciblées sur les reseaux sociaux. Je me surprends à apprécier ces termes comme des êtres vivants : certains resteront très éphémères, d'autres seront plus durables sur le devant de la scène linguistique, plus ou moins présents en fonction des lieux, des groupes sociaux, emplois...

Le langage a cette plasticité, il avance et s'adapte de concert avec les outils de l'homme, certains vocables jouant parfois même le rôle - lors de violentes fluctuations, personnelles ou communautaires - d'incertaines et fugaces bouées sémantiques. L'esprit a parfois besoin du réconfort de tels repères, salvateurs, même secoués au loin sur la crête de l'inexorable vague du temps. 

A l'instar des incroyables constructions que la vie biologique nous présente, je me laisse aller à une pensée optimiste : la malléabilité linguistique pourrait-elle être plus riche que la flexibilité du vivant ?

Auteur: Mg

Info: 18 novembre 2020

[ alphabet adn ] [ mémétique ]

 
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interroger

L'organisation intellectuelle de mon travail est conséquence de la routine et de cet ennui de savoir que tant d'autres choses qui ont été écrites sur les paysans sont plus intéressantes que tout ce que les politologues ont écrit sur eux... Si vous passez tout votre temps à lire les sciences politiques courantes, vous allez simplement les reproduire. Rien d'autre ne peut découler de cet endroit particulier. Il me semble que tout ce qui se passe d'intéressant en science politique est importé d'un endroit exotique hors science politique et il m'arrive d'aller dans des endroits exotiques différents de ceux des autres personnes. Et, de temps en temps, je tombe sur quelque chose qui m'aide à comprendre. ... Le truc, c'est de savoir comment arriver à avoir un oeil quasi-extérieur et voir d'un œil neuf toutes les choses que votre discipline considère comme allant de soi. Donc une des choses que vous pouvez faire, bien sûr, c'est de renverser toute hypothèse que votre discipline enseigne et voir comment elle se présente à l'envers. Et de manière générale c'est tout aussi plausible que la façon dont on vous l'enseigne et c'est une bonne façon de commencer.

Auteur: Scott James C.

Info: West and Plender, 2014

[ mettre en question ]

 

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déclaration d'amour

Si tu m'attends, je reviendrai,
Mais attends-moi très fort.
Attends, quand la pluie jaune
Apporte la tristesse,
Attends quand la neige tournoie,
Attends quand triomphe l'été
Attends quand le passé s'oublie
Et qu'on n'attend plus les autres.
Attends quand des pays lointains
Il ne viendra plus de courrier,
Attends, lorsque seront lassés
Ceux qui avec toi attendaient.
Si tu m'attends, je reviendrai.
Ne leur pardonne pas, à ceux
Qui vont trouver les mots pour dire
Qu'est venu le temps de l'oubli.
Et s'ils croient, mon fils et ma mère,
S'ils croient, que je ne suis plus,
Si les amis las de m'attendre
Viennent s'asseoir auprès du feu,
Et s'ils portent un toast funèbre
A la mémoire de mon âme...
Attends. Attends et avec eux
refuse de lever ton verre.

Si tu m'attends, je reviendrai
En dépit de toutes les morts.
Et qui ne m'a pas attendu
Peut bien dire : " C'est de la veine ".
Ceux qui ne m'ont pas attendu
D'où le comprendraient-ils, comment
En plein milieu du feu,
Ton attente
M'a sauvé.
Comment j'ai survécu, seuls toi et moi
Nous le saurons,
C'est bien simple, tu auras su m'attendre,
Comme personne.

Auteur: Simonov Konstantin Mikhailovitch

Info: Les vivants et les morts, 1941

[ espérance ] [ expectative ]

 

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