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flatterie

Sterne, dans son Voyage sentimental, raconte qu'il voulut, une soirée, essayer jusqu'où on pouvait louer quelqu'un sans cesser de lui plaire. Il fit l'épreuve sur trois personnes qui n'étaient pas sans mérite ; il commença par les écouter, ce qui est une flatterie très agréable ; ensuite il en redemanda ; et enfin il les reconnus supérieurs comme ils voulaient l'être, sans restriction, disant par exemple au diplomate : "J'ai entendu souvent parler de politique extérieure ; mais je ne soupçonnais même pas cette solidité de doctrine, cette profondeur de vues, cette connaissance des hommes que vous venez de me montrer." Naturellement ces éloges furent savourés ; il essaya de les forcer ; mais plus il exagérait, plus l'autre y trouvait de plaisir. Le flatteur reçut en échange quelques compliments qu'il n'attendait point, qu'il s'efforça de mépriser, mais qui trouvèrent tout de même asile au plus profond de son coeur. Bref, pour avoir été trois fois flatteur dans cette soirée, et impudemment flatteur, il se fit trois amis, trois vrais et fidèles amis, qui ne l'oublièrent jamais et lui rendirent mille services sans qu'il le demandât. Voilà de ces terribles histoires, dont le sel est bien anglais ; cette froide plaisanterie glace comme une douche, et laisse une trace brûlante. Leurs clowns grands et petits sont comme leurs épices ; quand on en a goûté, tout le reste paraît fade.

Auteur: Alain

Info: Propos I, la Pléiade, nrf Gallimard 1956<15 novembre 1907 p.23>

[ malentendu ]

 

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non-voyant

Je vois la lumière, les couleurs et les formes, mais aucun détail. Ça me permet de choisir les couleurs de mes vêtements et de les accorder. C'est simple car j'adore le noir et le blanc. Je me coiffe toute seule aussi, mais si je veux me maquiller, je dois demander à quelqu'un. Je pense que ce sont les détails qui rendent beau ce qu'on voit avec les yeux. C'est pour ça que, pour moi, ce qui est beau ne se voit pas. C'est plus une impression d'ensemble, ce qui se dégage de quelqu'un... En général, quand je trouve quelqu'un laid, les voyants aussi le trouvent laid. Le contraire n'est pas toujours vrai. Il m'arrive de trouver une personne belle parce qu'elle est gentille, agréable, intéressante, et d'apprendre par les voyants qu'elle est moche ! Tout ça est très relatif, finalement...
(...)
La plus belle chose que je connaisse, c'est la musique. Là, je n'ai pas besoin d'avis pour savoir ! Je joue du piano, j'espère devenir professeur ou concertiste. Quand les notes sont parfaitement accordées, que les deux mains sont en harmonie, c'est le summum de la beauté. Voilà, en fait, c'est ça la beauté : l'harmonie, sous toutes ses formes. Et on n'a pas forcément besoin de voir pour y accéder. La seule chose qui me manque vraiment, c'est de pouvoir croiser un regard. Ça, ça doit être magnifique...

Auteur: Nadia

Info: 18 ans, in Aveugle de Sophie Calle, Actes Sud 2011, à la question : qu'est-ce que la beauté pour vous

[ témoignage ]

 

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intradusible

Uhljeb (croate) : partisan pistonné, apparatchik stipendié

Le néologisme croate uhljeb (dérivé de hljeb, le pain) a eu un succès fulgurant, même à l’échelle internationale. Teinté d’une couche ironique d’argotle mot dépeint le phénomène du népotisme et du copinage politique. 

Uhljeb désigne une personne dépourvue de compétences professionnelles dotée d’un poste dans l’administration locale ou celle d’État, ou bien dans une entreprise publique. “D’ailleurs, pour obtenir un poste d’uhljeb, on n’a besoin ni de compétences ni d’expérience, mais plutôt d’affiliation politique à un parti, quand ce n’est pas du copinage ou des liens de parenté avec les responsables”, explique-t-on sur le site uhljeb.info, consacré à ce phénomène.

L’uhljeb est un opportuniste, loyal à son parti, ses chefs ou son entreprise tant qu’ils lui assurent son existence moyennant un salaire bien confortable et les privilèges qui vont avec. 

Ce mot est en train d’entrer dans le patrimoine mondial linguistique au même titre que pizza, omerta ou perestroïka”, se vante Novi List. Ce n’est pas la peine de le traduire en anglais, ironise le quotidien de Rijeka qui explique : A Londres, Atlanta ou Sydney il n’existe pas d’équivalent pour quelqu’un qui entre dans l’administration grâce à un parti politique et bénéficie d’un salaire confortable jusqu’à la retraite, tout en quittant son travail à midi sous prétexte d’une réunion urgente ou d’un déjeuner d’affaires.”

Les journaux croates organisent régulièrement des élections de l’uhljeb de l’année.

Auteur: Internet

Info: https://www.courrierinternational.com/ 26 déc. 2016

[ magouille ] [ pantouflage ] [ favoritisme ] [ définition ] [ emploi fictif ] [ sinécure ]

 
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Ajouté à la BD par miguel

vieillarde

...un appartement au deuxième étage sans ascenseur qui sentait presque comme ma grand-mère, autrement dit qui sentait la vieille lavande des coffres, pour aller lui rendre visite il fallait descendre quelques marches, on traversait une espèce de petit tunnel, on arrivait dans une cour avec un bac à laver le linge dont l'un des pieds avait été remplacé par une brique, un vélo appuyé contre le mur, les pneus à plat, qui n'appartenait à personne et deux petits immeubles à la peinture écaillée, on choisissait celui de droite et on montant dans le noir jusqu'à un palier où un sourire enveloppé de lavande, plus petit que moi, nous attendait dans le salon désignant une paire de souliers cirés dans un coin, et le sourire si léger qu'il entrait et sortait par la fenêtre comme ces petites graines avec des poils m'appelant

- Gamin

et moi mourant d'envie qu'il me frôle, encore aujourd'hui, par moments, bon ça suffit les mièvreries, mes parents ne m'ont pas emmené à l'hôpital pour que je lui fasse mes adieux et effectivement à quoi bon si chaque printemps elle entre par la fenêtre, je la distingue immédiatement au milieu des autres graines car c'est la seule qui sourit, elle se pose sur le guéridon, elle se pose sur le cadre du tableau, elle sort entre les rideaux, revient, ressort, ne revient plus, disparait au-dehors...

Auteur: Lobo Antunes António

Info: La dernière porte avant la nuit

[ enfance ] [ omniprésence ] [ souvenir ] [ nostalgie ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

christianisme

On y connaît que l’objet principal des Jésuites n’est pas proprement de corrompre les mœurs des chrétiens, ni aussi de les réformer ; mais de s’attirer tout le monde par une conduite accommodante. Qu’ainsi comme il y a des personnes de toutes sortes d’humeur, ils ont été obligés d’avoir des maximes de toute façon pour les satisfaire ; et parce qu’ils ont été par là engagés d’avoir des opinions contraires pour contenter tant d’humeurs contraires, il a fallu qu’ils aient changé la véritable règle des mœurs, qui est l’Evangile et la tradition, parce qu’elle conserve partout un même esprit, et qu’ils y aient substitué une autre qui fût souple, diverse, maniable à tout sens, et capable de toutes sortes de formes, et c’est ce qu’ils appellent la doctrine de la probabilité.

Cette doctrine consiste en ce point, qu’une opinion peut être suivie en sûreté de conscience, lorsqu’elle est soutenue par quatre docteurs graves, ou par trois, ou par deux, ou même par un seul, et qu’un docteur, étant consulté, peut donner un conseil tenu pour probable par d’autres, encore qu’ils croie certainement qu’il soit faux, quamvis ipse doctor ejusmodi sententiam speculative falsam esse certo sibi persuadet, comme dit Layman, jésuite, et qu’ainsi pouvant conseiller les deux opinions opposées, il agira prudemment de donner celle qui sera la plus agréable à celui qui le consulte : Si haec illi favorabilior seu exoptatior sit. 

Auteur: Nicole Pierre

Info: Avertissement sur les " Provinciales " de Blaise Pascal, éditions Gallimard, 1987, page 32

[ critique ] [ démagogie ] [ casuistique ] [ relativisme ] [ laxisme ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

vingtième siècle

La logique du capitalisme contemporain qui est en cause. Il y a un phénomène mondial caractéristique de cette époque, les bidonvilles. Comme le souligne Mike Davis, sociologue urbain critique, on tend à occulter l'envers de la réussite économique de la Chine, de Singapour, de la Corée du Sud : l'explosion des bidonvilles. D'après certaines estimations, plus d'un milliard d'êtres humains vivraient aujourd'hui dans des bidonvilles.
Leurs habitants sont en passe de devenir le groupe social le plus important à l'échelle mondiale. On pense spontanément aux favelas, mais il ne s'agit pas seulement de cela. La plus grande région de bidonvilles se situe en Afrique centrale, entre Lagos et la Côte d'Ivoire : 70 millions de personnes y vivent dans des bidonvilles. Ces habitants ressemblent à l'"homo sacer" d'Agamben : des exclus de l'ordre civil public, mais plus ou moins intégrés à l'économie, par le travail au noir, les trafics... Pour reprendre des termes marxiens, peut-être s'agit-il là d'un nouveau prolétariat proto-révolutionnaire. Il y a là de larges groupes, des foules immenses qui n'ont pas d'ancrage dans une tradition, auxquels manque une hiérarchie héritée pour organiser leur espace social. Ce sont précisément des exclus véritables. La visée de l'État n'est plus même de les contrôler, mais seulement de les isoler. Cette logique de nouvel apartheid commence à gagner nos sociétés. On ne peut probablement pas l'appréhender en termes de "classes" au sens marxien.

Auteur: Zizek Slavoj

Info: La logique du capitalisme conduit à la limitation des libertés, l'Humanité 4 janvier 2006

[ misère ] [ surpopulation ]

 

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femmes-hommes

USA 2002, guichet d'United Airlines à l'aéroport de Denver. Un vol - complet - de la compagnie vient d'être annulé. Une hôtesse se trouve face à une file de passagers mécontents afin de réserver à chacun une place sur un vol de remplacement. Un passager furieux se taille un chemin jusqu'au guichet, jette son ticket sur le comptoir et dit:
- Je DOIS être de ce vol et il me faut un billet en 1ère classe!
- Je suis désolée, Monsieur. Je serais heureuse de vous aider tout à l'heure mais je dois d'abord m'occuper de ces personnes, soyez sûr que tout ira bien. Le passager furieux, hurle de manière à ce que tout le monde derrière lui entende bien :
- EST-CE QUE VOUS SAVEZ QUI JE SUIS ?
Sans aucune hésitation, l'hôtesse saisit son micro pour les annonces publiques, souriante :
- Puis-je avoir votre attention s'il vous plaît ? Sa voix résonne dans tout le terminal.
- Nous avons au guichet un passager qui NE SAIT PAS QUI IL EST... Si vous êtes en mesure d'aider cette personne à trouver son identité nous vous prions de bien vouloir vous annoncer au guichet, merci. Toute la file d'attente éclate de rire, le passager lâche à l'hôtesse, montrant les dents et crachant:
- J'T'ENCULE! Elle lui rétorque en souriant :
- Je suis désolée, Monsieur, mais pour cela aussi il faut faire la queue.....

Auteur: Internet

Info:

[ réparties ]

 

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évolution

Vous habitez donc là. Appartement ou maison, arrangé comme ceci ou comme cela, vraisemblablement antico-moderne, avec la lampe habituelle de confection japonaise, en tout cas il y a une salle de bains commune, la vue quotidienne d’ustensiles pour les oins différents de deux corps, un de femme, un d’homme. Il vous arrive d’y être pris de nostalgie. Aucun d’entre vous n’a personne de plus proche, non, pas même en souvenir ; pas même en espérance. Peut-on être plus unis que vous l’êtes ? On ne peut pas. Mais parfois, vous avez donc une nostalgie. De quoi ? Vous en avez le frisson. Quel frisson ? Vous voilà vivant, plein d’amour, les années infinies et éphémères, un vrai couple, tendre, sans le montrer aux invités, car vous l’êtes vraiment, un vrai couple aux corps morts d’amour qui ne se recherchent plus que rarement. Après un voyage peut-être, une séparation de la durée d’un congrès, il arrive qu’en plein jour, peu après l’arrivée, avant de défaire les valises et de raconter le minimum, vous avez une étreinte. Qu’ont à y voir les autres ? Cela rafraîchit, mais ne mérite pas un aveu. Vous avez de nouveau, comme autrefois, une journée où les heures ne comptent pas, en robe de chambre et avec les disques. Puis de nouveau la douce disparition de toute curiosité de part et d’autre, inexprimée, à peine indiquée, camouflée seulement derrière les exigences de la journée.

Auteur: Frisch Max

Info: Dans "Le désert des miroirs", page 147

[ quotidien ] [ vie à deux ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

mimétisme

Imiter pour induire l'amitié chez le singe

Si nous considérons l'imitation comme le plus haut type de flatterie, cela semble aussi être le cas des singes.

Des singes capucins accordent souvent leur amitié à ceux qui les ont imités indique une nouvelle étude. Lors d'une série d'expériences sociales avec ces animaux, une espèce de singe très sociables, les chercheurs ont découvert qu'ils préféraient nettement les personnes qui imitaient immédiatement leurs actions à ceux qui se comportaient de manière similaire mais pas en même temps.

Annika Paukner, du National Institutes of Health Animal Center à Poolesville dans le Maryland, et ses collègues ont trouvé que les singes prenaient plus de temps à regarder ces personnes, passaient plus de temps près d'eux et interagissaient aussi plus avec eux lors d'échange de jetons pour de la nourriture. Les chercheurs confirment aussi par des expériences suivies dans le temps que c'est bien le fait d'imiter qui permet de gagner l'amitié des capucins et pas simplement de leur montrer plus de familiarité ou d'attention. Comme l'imitation est associée depuis longtemps à un comportement coopératif entre les hommes, et qu'elle donne l'occasion de se lier aux autres et de communiquer sa similitude ou son affinité, la découverte d'un lien entre imitation et comportement amical chez un primate non-humain suggère que l'imitation pourrait être un moyen sous-jacent d'induire un comportement social chez tous les primates.

Auteur: Internet

Info: 17 aout 2009

[ rapports humains ] [ homme-animal ] [ socialisation ]

 

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renversement

Le chamanisme est un mode d'action qui implique un mode de connaissance, ou plutôt un certain idéal de connaissance. A certains égards, cet idéal est diamétralement opposé à l'épistémologie objectiviste encouragée par la modernité occidentale. Le telos* de cette dernière est fourni par la catégorie de l'objet : connaître, c'est objectiver en distinguant ce qui est intrinsèque à l'objet et ce qui appartient au contraire au sujet connaissant, projeté inévitablement et illégitimement sur l'objet. Connaître, c'est donc désubjectiver, rendre explicite la part du sujet présente dans l'objet pour la réduire à un minimum idéal (et/ou l'amplifier en vue d'obtenir des effets critiques spectaculaires). Les sujets, tout comme les objets, sont considérés comme les résultats d'un processus d'objectivation : le sujet se constitue ou se reconnaît dans l'objet qu'il produit, et se connaît objectivement lorsqu'il parvient à se voir "de l'extérieur" comme une chose. Notre jeu épistémologique est donc l'objectivation ; ce qui n'a pas été objectivé reste simplement abstrait ou irréel. La forme de l'Autre est la chose.

Le chamanisme amérindien est guidé par l'idéal inverse : connaître, c'est "personnifier", prendre le point de vue de ce qu'il faut connaître ou plutôt de celui qu'il faut connaître. Il s'agit de connaître, selon l'expression de Guimaraes Rosa, "le qui des choses", sans lequel il ne serait pas possible de répondre intelligemment à la question du "pourquoi". La forme de l'Autre est la personne.

Auteur: Viveiros de Castro Eduardo

Info: Métaphysique cannibale. *objet ou but ultime

[ mystique dématérialisante ] [ inversion ] [ secondéïtés révélées ] [ subjectivisme ]

 

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Ajouté à la BD par miguel