Citation
Catégorie
Tag – étiquette
Auteur
Info



nb max de mots
nb min de mots
trier par
Dictionnaire analogique intriqué pour extraits. Recherche mots ou phrases tous azimuts. Aussi outil de précision sémantique et de réflexion communautaire. Voir la rubrique mode d'emploi. Jetez un oeil à la colonne "chaînes". ATTENTION, faire une REINITIALISATION après  une recherche complexe. Et utilisez le nuage de corrélats !!!!..... Lire la suite >>
Résultat(s): 47
Temps de recherche: 0.044s

révolution française

[...] ... Les députés du tiers arrivaient à Versailles avec les plus fortes préventions contre la cour. Les méchants propos de Paris ne manquant jamais de se répandre dans les provinces, ils croyaient que le Roi se permettait les plaisirs de la table jusqu'à des excès honteux ; ils étaient persuadés que la Reine épuisait les trésors de l'Etat pour satisfaire au luxe le plus déraisonnable : presque tous voulurent visiter le Petit Trianon. L'extrême simplicité de cette maison de plaisance ne répondant pas à leurs idées, quelques-uns insistèrent pour qu'on leur fît voir jusqu'aux moindres cabinets, disant qu'on leur cachait les pièces richement meublées. Enfin, ils en indiquèrent une qui, selon eux, devait être partout ornée de diamants, avec des colonnes torses, mélangées de saphirs et de rubis. La Reine ne pouvait revenir de ces folles idées et en entretint le Roi qui, à la description que ces députés avaient faite de cette chambre aux gardiens de Trianon, jugea qu'ils cherchaient la décoration de diamants de composition, qui avait été faite sous le règne de Louis XV, pour le théâtre de Fontainebleau.

Auteur: Campan Madame

Info: Mémoires de madame Campan, première femme de chambre de Marie-Antoinette

[ rumeurs ] [ racontars ] [ calomnie ]

 

Commentaires: 0

révélateur

Positano guérit de tout, vous ouvre l’esprit sur les douleurs passées, vous éclaire sur les présentes, et vous préserve souvent de tomber dans l’erreur. C’est curieux, mais parfois j’ai l’impression que cette conque protégée à l’arrière par les bastions des montagnes oblige, comme un " miroir de vérité ", à se regarder bien en face, avec devant soi cette grande mer presque toujours limpide et calme, qui, elle aussi, pousse à la révision de ce que nous sommes. C’est pour ça que les couples de vingt ans arrivent là en croyant être heureux et en quelques semaines se séparent, ou qu’au contraire des gens restés seuls depuis des années et des années trouvent ici un compagnon. Des hommes persuadés d’être des mâles à cent pour cent se découvrent amoureux d’un garçon. Oui, pour les problèmes moraux c’est la même chose, ici, on ne peut échapper à l’impulsion de la vérité. Lorenzo appelle Positano le tombeau de l’amour et il a raison, mais bien souvent la vérité ne peut éclore qu’en passant à travers la mort absolue de ce que l’on était auparavant, ou croyait être.

Auteur: Sapienza Goliarda

Info: Rendez-vous à Positano

[ identité ]

 

Commentaires: 0

océanique

Dans cette île, nous n'avons jamais beaucoup aimé la mer, persuadés qu'elle nous a amené tous nos malheurs. Je ne suis donc allée qu'une ou deux fois m'y baigner, cet été là, mais j'ai longtemps imaginé ses grondements durant le jour et les soirs sa plainte hagarde roulant dans l'épaisseur de la nuit. J'aimais marcher le long de la dentelle des algues sur le sable et sentir la mer me lécher les pieds. J'aimais la mer comme la danse, j'aimais le risque physique et le plaisir. J'aimais ses mystères d'écume, de sel et d'eau. Les yeux grands ouverts je rêvais de son désordre fantasque et violent tout au loin. De sa poésie si amère. De son ventre d'eau pleine de toutes sortes d'animaux vivants et morts, de vieilles carcasses à la dérive, de sables mouvants et fins, d'algues de toutes les couleurs, de coraux étranges. L'idée de la vie et de la mort dans ce ventre d'eau du monde devenait un songe bienfaisant qui m'enchantait. Et quand le songe ne trouvait plus où s'arrêter, je le laissais filer au-dessus de l'eau, m'enivrant d'air et de sel.

Auteur: Lahens Yanick

Info: Dans la maison du père

[ amniotique ]

 

Commentaires: 0

culpabilité teutonne

Il y a en effet en Allemagne un nombre non négligeable d'antinazis sincères qui sont plus déçus, plus apatrides et plus vaincus que les sympathisants nazis ne l'ont jamais été. Déçus parce que la libération n'a pas été aussi complète qu'ils se l'étaient imaginé, apatrides parce qu'ils ne veulent se solidariser ni avec le mécontentement allemand – dans la composition duquel ils croient reconnaître un peu trop de nazisme camouflé – ni avec la politique alliée – dont ils contemplent avec consternation l'indulgence envers les anciens nazis – et enfin vaincus parce que, d'un côté, ils se demandent si, en tant qu'Allemands, ils peuvent avoir une part quelconque à la victoire finale des alliés et, de l'autre, ils ne sont pas absolument persuadés qu'en tant qu'antinazis ils n'ont pas une part de responsabilité dans la défaite allemande. Ils se sont condamnés à une passivité totale parce que l'activité impliquait la collaboration avec des individus douteux qu'ils ont appris à haïr pendant douze années d'oppression.

Ces gens-là sont les plus belles ruines de l'Allemagne mais, pour l'instant, elles sont aussi inhabitables que toutes ces maisons démolies entre Hasselbrook et Landwehr qui dégagent une odeur âcre et amère d'incendies éteints dans le crépuscule humide de cet automne.

Auteur: Dagerman Stig

Info: Automne allemand, p. 40

[ après-guerre ] [ ww2 ] [ psycho-sociologie ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par miguel

intolérance

L'Histoire : Arrêtons-nous sur la religion. Vous avez dit être sensible à l'idée d'une religion sans Église. En quoi l'Église est-elle une invention répréhensible ?
Paul Veyne : C'est un parti totalitariste.
L'Histoire : Mais il y a bien des prêtres dans la religion antique ?
Paul Veyne : Oui, mais chaque prêtre dispose de son propre temple, c'est la libre entreprise si vous voulez, on ouvre un temple comme on ouvre une épicerie, les clients suivent ou pas. Les religions antiques ne sont pas totalitaires, les dieux de tout le monde sont vrais, les dieux étrangers sont ou bien les mêmes dieux que les nôtres, sous un autre nom, ou bien d'autres dieux qu'on ne connaissait pas et c'est intéressant, c'est peut-être une bonne recette, comme vous importeriez des plantes utiles, vous respectez les dieux du pays pour vous mettre bien avec les puissances locales.
Rien à voir avec les religions de salut qui veulent faire votre bien malgré vous - et par-dessus le marché, il faudrait les remercier ! Vous me direz que les stoïciens ou les épicuriens étaient persuadés qu'eux seuls avaient raison ; certes, mais l'idée qu'un jour tout le monde pût ou dût être du même avis qu'eux ne leur avait même pas traversé l'esprit.

Auteur: Veyne Paul

Info: Sexe et pouvoir à Rome, Quand Rome dominait le monde

[ dogme ] [ fanatisme ]

 

Commentaires: 0

théorie du complot

On trouve toutes sortes de conspirationnistes : les plus malsains sont les décérébrés dont les quelques neurones résiduels croient à des complots de type judéo-maçonnique, comme en France les sympathisants antisémites de l’extrême-droite qui se nourrissent des écrits d’Alain Soral, Thierry Meyssan ou Emmanuel Ratier. Les plus comiques sont les tenants d’un complot à tendance judéo-britannique, comme l’antisémite américain Lyndon Larouche, ou son affilié européen, Jacques Cheminade, candidat à l’élection présidentielle en 1995, 2012 et 2017, qui défendait à une époque le sympathique projet d’aller coloniser la planète Mars. Ceux qui croient à un complot nazéiforme sont probablement les plus bêtes ; ils se multiplient en Grande-Bretagne, tel Boris Johnson ou Nigel Farage qui croient que l’Union européenne est un projet d’essence hitlérienne, et font d’autres regrettables émules en Grèce ou en Italie. Les plus nombreux, comme Caroll Quigley, sont persuadés qu’une oligarchie mondiale dirige les événements géopolitiques dans le seul intérêt de s’enrichir toujours plus au détriment des populations qu’ils manipulent.
En un sens, les crétins antisémites qui véhiculent cette ignoble peste brune d’un autre temps, les paranoïaques pathologiques et les conspirationnistes délirants n’ont pas entièrement tort : un modèle à peu près unique de gouvernement économique domine plus ou moins la planète.
Toutefois, ce pouvoir n’est pas de nature complotiste.

Auteur: Bouchard Jean-François

Info: Dans "L'éternelle truanderie capitaliste", page 58

[ interprétation paranoïaque ] [ peur ] [ envie ] [ ignorance ] [ élites ]

 
Mis dans la chaine

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par Coli Masson

rapports humains

Si on posait le problème psychologique : comment faire pour que les gens de notre époque, les chrétiens, les humanitaires, les gens simplement bons accomplissent les plus horribles forfaits sans se sentir coupables, une seule solution serait possible : il faudrait créer ce qui existe actuellement. Il faudrait que ces gens fussent gouverneurs, officiers, directeurs, c'est-à-dire qu'ils fussent d'abord persuadés qu'il est une chose appelée service de l'État, qui permet de traiter les êtres comme des objets, sans aucun rapport humain et fraternel, et deuxièmement que ces gens au service de l'État fussent solidaires, de telle sorte que la responsabilité des conséquences de leurs actes ne retombe sur personne séparément. En dehors de ces conditions, il n'est pas possible, à notre époque, que s'accomplissent des forfaits comme j'en ai vus aujourd'hui. Tout vient de ce que les gens s'imaginent qu'il existe des circonstances dans lesquelles on peut traiter sans amour ses semblables : or ces circonstances n'existent pas. Avec les choses on peut se comporter sans amour : on peut couper des arbres, faire des briques, forger sans amour ; mais avec des êtres humains on ne peut se comporter sans amour, […] parce que l'amour réciproque des êtres humains est la loi fondamentale de la vie. […] Si tu ne sens pas d'amour pour les hommes, alors reste tranquille, pensait Nekhlioudov, occupe-toi de toi-même, d'objets, de ce que tu voudras, excepté des hommes.

Auteur: Tolstoï Léon

Info: Résurrection, Deuxième partie, Chapitre XL

[ sociologie ] [ déresponsabilisation ] [ inhumanité ]

 

Commentaires: 0

absoluité

Il n’y a de puissance que dans la conviction. Un raisonnement n’est fort, un poème n’est divin, une peinture n’est belle, que parce que l’esprit ou l’oeil qui en juge est convaincu d’une certaine vérité cachée dans ce raisonnement, ce poème, ce tableau.

Un petit nombre de soldats, persuadés de l’habileté de leur général, peuvent enfanter des miracles. Trente-cinq mille Grecs suivent Alexandre à la conquête du monde ; Lacédémone se confie en Lycurgue, et Lacédémone devient la plus sage des cités ; Babylone se présume faite pour les grandeurs, et les grandeurs se prostituent à sa foi mondaine ; un oracle donne la terre aux Romains, et les Romains obtiennent la terre ; Colomb, seul de tout un monde, s’obstine à croire à un nouvel univers, et un nouvel univers sort des flots. L’amitié, le patriotisme, l’amour, tous les sentiments nobles, sont aussi une espèce de foi.

C’est parce qu’ils ont cru que les Codrus, les Pylade, les Régulus, les Arrie, ont fait des prodiges. Et voilà pourquoi ces coeurs qui ne croient rien, qui traitent d’illusions les attachements de l’âme, et de folie les belles actions, qui regardent en pitié l’imagination et la tendresse du génie, voilà pourquoi ces coeurs n’achèveront jamais rien de grand, de généreux : ils n’ont de foi que dans la matière et dans la mort, et ils sont déjà insensibles comme l’une, et glacés comme l’autre.

Auteur: Chateaubriand François-René de

Info: Génie du christianisme

[ dépassement ] [ irrationnel ] [ crédo ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par Coli Masson

sorcier

Bien souvent, les maux qui affligent le client d'un chaman sont imaginaires ou de type psychosomatique. J'ai vu plusieurs fois des gens quasiment à l'article de la mort, ayant abdiqué toute volonté de vivre tant ils étaient persuadés que rien ne saurait les délivrer de leur ensorcellement, et dont j'aurais pourtant parié qu'ils étaient en parfaite santé, vu l'absence apparente de tout symptôme préoccupant. Entraînés par l'un de leurs proches chez un uwishin renommé dont ils gagnaient la demeure avec une peine infinie, ils s'en revenaient quelques jours plus tard d'un pas vif et la mine florissante, délivrés d'un tourment qui n'avait sans doute jamais eu de base organique. Parce qu'ils apaisent l'angoisse de ceux qui les consultent, parce qu'ils les délivrent de l'aliénation terrible du face-à-face avec la douleur et l'inconnu, les chamans arrivent même à provoquer un mieux-être temporaire chez des gens réellement malades, toute détérioration postérieure de leur état apparaissant moins comme le signe d'un échec que comme l'indice d'un nouvel ensorcellement sans rapport avec le premier. Contrairement à ce que pense avec une certaine naïveté les missionnaires catholiques qui imputent le présent mercantilisme des chamans jivaros à une navrante dégradation des valeurs antiques, il semble bien que le réconfort apporté par la cure soit proportionnel à son prix. Chacun sait ici que la guérison est d'autant plus rapide qu'elle a coûté plus cher, les chamans ayant compris ce que les psychanalystes ont découvert tardivement, à savoir qu'il faut littéralement "payer de sa personne" pour faire d'une situation de dépendance la condition de son propre salut.

Auteur: Descola Philippe

Info: Les Lances du crépuscule

[ soigner ] [ médecine ] [ mage ] [ tribu ]

 

Commentaires: 0

forces dissolvantes

[…] il est trop évident que l’usage principal de la psychanalyse, qui est son application thérapeutique, ne peut être qu’extrêmement dangereux pour ceux qui s’y soumettent, et même pour ceux qui l’exercent, car ces choses sont de celles qu’on ne manie jamais impunément ; il ne serait pas exagéré d’y voir un des moyens spécialement mis en œuvre pour accroître le plus possible le déséquilibre du monde moderne et conduire celui-ci vers la dissolution finale. Ceux qui pratiquent ces méthodes sont, nous n’en doutons pas, bien persuadés au contraire de la bienfaisance de leurs résultats ; mais c’est justement grâce à cette illusion que leur diffusion est rendue possible, et c’est là qu’on peut voir toute la différence qui existe entre les intentions de ces "praticiens" et la volonté qui préside à l’œuvre dont ils ne sont que des collaborateurs aveugles. En réalité, la psychanalyse ne peut avoir pour effet que d’amener à la surface, en le rendant clairement conscient, tout le contenu de ces "bas-fonds" de l’être qui forment ce qu’on appelle proprement le "subconscient" ; cet être, d’ailleurs, est déjà psychiquement faible par hypothèse, puisque, s’il en était autrement, il n’éprouverait aucunement le besoin de recourir à un traitement de cette sorte ; il est donc d’autant moins capable de résister à cette "subversion", et il risque fort de sombrer irrémédiablement dans ce chaos de forces ténébreuses imprudemment déchaînées ; si cependant il parvient malgré tout à y échapper, il en gardera du moins, pendant toute sa vie, une empreinte qui sera en lui comme une "souillure" ineffaçable.

Auteur: Guénon René

Info: Dans "Le règne de la quantité" page 226

[ méfaits ] [ ombre ] [ négativité ] [ anti-psychanalyse ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par Coli Masson