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compétition

Se droguer pour exceller
Des étudiants prendraient des médicaments pour améliorer leur rendement scolaire. Le sujet, de plus en plus d'actualité, a fait l'objet d'un article du professeur Claude Rouillard, du Département de psychiatrie et de neurosciences, dans L'état du Québec 2012. Selon lui, le phénomène est réel, même si les statistiques fiables sur son ampleur sont assez rares. "Le pourcentage d'étudiants qui consommeraient de tels médicaments est probablement très variable d'une université à l'autre et d'une discipline à l'autre", explique-t-il.
Les substances en question sont le méthylphénidate, mieux connu sous le nom de Ritalin, et ses dérivés, ainsi que d'autres produits proches de l'amphétamine. Ces psychostimulants servent à traiter le trouble de déficit de l'attention, chez l'enfant comme chez l'adulte. Des étudiants utiliseraient ces produits dans le but d'augmenter leur concentration, d'améliorer leur mémoire et de renforcer leur capacité à rester éveillés, et ce, principalement en période d'examens. Selon Claude Rouillard, il s'agit d'un phénomène social. "Nous vivons dans une société qui valorise la performance à tout prix, dit-il. Tous les moyens sont donc bons pour être parmi les meilleurs. On croit également à tort que toute pilule est censée être un remède miracle sans effet secondaire."
Une lutte efficace contre ce phénomène commence par une information précise et de qualité. "Il faut savoir que des doses trop fortes peuvent causer plusieurs effets secondaires et affecter la concentration, soutient ce dernier. Des utilisateurs prétendent que ces psychostimulants améliorent de beaucoup leur performance scolaire. Pour moi, cette amélioration se situe approximativement entre 10 et 20 %. Avec une bonne alimentation, un sommeil de qualité et de l'exercice physique, on peut obtenir le même résultat."

Auteur: Internet

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[ études ]

 

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métamorphose

La période de la basse Antiquité et du haut Moyen Age, décisive pour la tradition de la culture livresque occidentale, est marquée par plusieurs phénomènes contradictoires.
Nous sommes, à l'origine, dans une époque de déconstruction, voire de destruction, qui voit la disparition des plus grandes bibliothèques et collections de livres et, avec elle, d'une grande partie de la culture de l'Antiquité classique. (...)
Cet effacement de la civilisation livresque ancienne s'est produit alors même qu'un nouveau paradigme émerge et s'impose, celui du christianisme. Originaires souvent d'Orient, les cadres de l'Eglise sont formés selon le cursus d'études traditionnel, dont ils conserveront le modèle à la fois comme projet et comme méthode. En Occident, d'abord dans les territoires byzantins, en Italie, puis en Gaule, non seulement les élites de l'Eglise catholique, à commencer par les évêques, sont des lettrés, membres des plus grandes familles, mais ils se substituent aux pouvoir traditionnels en voie de désagrégation. Même si les destructions de livres sont massives, le modèle de l'Eglise articulera ainsi la foi chrétienne avec la tradition de la culture antique, tandis que le pouvoir politique se pense lui-même comme fondamentalement chrétien. Lorsque Charlemagne et ses proches conseillers et collaborateurs procèdent à la renovation imperii de 800, ils affirment que l'héritage de l'Antiquité est désormais relevé par l'Occident, et qu'il s'accompagne d'une renaissance intellectuelle portée par l'écrit et par le livre. La société chrétienne s'organise ainsi autour du double pouvoir de l'empereur et du pape. (...)
Partout, des monarchies se mettent en place, liées à l'Eglise catholique, partout, le maillage de la hiérarchie ecclésiastique progresse, partout, des maisons religieuses s'établissent. Désormais, l'avenir du monde occidental sera lié au christianisme et se jouera, aussi dans les livres et dans les bibliothèques.

Auteur: Barbier Frédéric

Info: Histoire des bibliothèques: D'Alexandrie aux bibliothèques virtuelles. Conclusion : un changement de climat

[ évolution ] [ littérature ] [ religion ]

 
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prémonition

Même phénomène dans les hallucinations télépathiques, et, par exemple, dans ce songe raconté par un ami de M. Romanes, membre de la Société royale de Londres : "J’eus, dit-il, un rêve très intense qui me fit une grande impression, si bien que j’en parlai à ma femme à mon réveil ; je craignais que nous ne reçussions de mauvaises nouvelles sous peu. Je m’imaginai que j’étais assis dans le salon, près d’une table, en train de lire, quand une vieille dame parut tout à coup, assise de l’autre côté, près de la table. Elle ne parla ni ne remua, mais me regarda fixement, et je la regardai de même pendant vingt minutes au moins. Je fus très frappé de son aspect : elle avait des cheveux blancs, des sourcils très noirs et un regard pénétrant. Je ne la reconnus pas du tout et je pensai que c’était une étrangère. Mon attention fut attirée du côté de la porte, qui s’ouvrit et ma tante entra, et, voyant cette vieille dame et moi qui nous regardions l’un l’autre, elle s’écria fort surprise, et sur un ton de reproche : - "John ! ne sais-tu donc pas qui c’est ?" - et sans me laisser le temps de répondre, me dit : - "Mais c’est ta grand’mère !" - Là-dessus, l’esprit qui était venu me visiter se leva de sa chaise et disparut. A ce moment-là, je m’éveillai. L’impression fut telle que je pris un carnet et notai ce rêve étrange, persuadé que c’était un présage de mauvaises nouvelles… Un soir, je reçus une lettre de mon père, m’annonçant la mort subite de ma grand’mère, qui a eu lieu la nuit même de mon rêve et à la même heure, dix heures et demie."

Auteur: Paulhan Frédéric

Info: Les hallucinations véridiques et la suggestion mentale, Revue des Deux Mondes tome 114, 1892, p. 93

[ songe ] [ témoignage ]

 

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effet de discours

Enfant d’une Europe disparue, où dans ma campagne reculée le savoir relevait encore de la démarche paysanne, j’ai découvert l’ordre du monde en apprenant la lecture comme cérémonial de l’assemblage des lettres, respect des préséances par la majesté des majuscules et les subtilités de la ponctuation. De la vie mystérieuse des mots m’est resté le sens de la distance ouvragée entre des corps – corps du lecteur-scribe et corps des signes écrits – un sentiment d’être confronté au mystère d’une équerre invisible, et pour tout dire, cette sorte de pudeur qui s’exprime par le respect de l’étiquette, vieux vocable récupéré par les spécialistes du sport pour désigner les normes imposées sur un parcours de golf...

Cependant, cette conscience sauvage dans le rapport au lire-écrire, encore précieuse aux talmudistes comme aux interprètes du Coran, ou enfermée dans nos bagages philosophiques (voir le dialogue platonicien, Le Sophiste, où il est question de la société des lettres et des mots), a quelque chose d’inavouable pour la vision industrielle, toute en surface, de la communication humaine. [...]

On ne saurait en effet interroger la conception gestionnaire de la parole et, par voie de conséquence, mettre en doute l’idée selon laquelle les phénomènes scripturaires, catalogués en fonction de critères de performance, se réduisent à l’efficacité informationnelle. Ainsi croit-on (oui, il s’agit d’une croyance) que la rationalité scientifique, non pas dans ses effets de réalité tant célébrés à travers la technique, mais de par sa place mythique échafaudée à l’Ouest depuis un demi-millénaire, a scellé le destin de l’humanité. [...]

L’éducation occidentale élimine la tentation de faire de l’écriture une scène, une réalisation qui sollicite en vous l’identification à un "autrui" comme s’il s’agissait d’un lien à soi-même par l’intermédiaire d’un tiers terme.

Auteur: Legendre Pierre

Info: Dans "Leçons X, Dogma : Instituer l'animal humain", Librairie Arthème Fayard, 2017, pages 9-10

[ énoncé ] [ énonciateur ] [ parlotte technologique ] [ performatif ]

 
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mécanisation

Sous une forme ou une autre, les mesures de distanciation sociale et physique risquent de persister après la fin de la pandémie elle-même, ce qui justifie la décision de nombreuses entreprises issues de différentes industries d'accélérer l'automatisation. Au bout d'un certain temps, les préoccupations persistantes au sujet du chômage technologique s'estomperont à mesure que les sociétés mettront l'accent sur la nécessité de restructurer le lieu de travail de manière à réduire au minimum les contacts humains rapprochés. En effet, les technologies d'automatisation sont particulièrement bien adaptées à un monde dans lequel les êtres humains ne peuvent pas être trop près les uns des autres ou sont prêts à réduire leurs interactions. Notre crainte persistante et peut-être durable d'être infecté par un virus (celui de la COVID-19 ou autre) va donc accélérer la marche implacable de l'automatisation, en particulier dans les domaines les plus sensibles à celle-ci. En 2016, deux universitaires de l'université d'Oxford sont arrivés à la conclusion que jusqu'à 86 % des emplois dans les restaurants, 75 % des emplois dans le commerce de détail et 59 % des emplois dans le secteur du divertissement pourraient être automatisés d'ici 2035. Ces trois industries sont parmi les plus durement touchées par la pandémie et c’est dans celles-ci que l'automatisation, pour des raisons d'hygiène et de propreté, sera une nécessité qui, à son tour, accélérera encore la transition vers plus de technologie et plus de numérique. Un autre phénomène est appelé à soutenir l'expansion de l'automatisation : celui où la "distanciation économique" pourrait suivre la distanciation sociale. À mesure que les pays se tournent vers l'intérieur et que les entreprises mondiales raccourcissent leurs chaînes d'approvisionnement super-efficaces mais très fragiles, l'automatisation et les robots qui permettent une production plus locale, tout en maintenant les coûts à un faible niveau, seront très demandés.

Auteur: Schwab Klaus

Info: Covid-19 la grande réinitialisation

[ crise sanitaire prétexte ] [ homme-machine ]

 
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obstination

Ceux qui font carrière dans le spectacle de masse, pratiquent ce principe fondamental de la pédagogie, ils répètent et re répètent les mêmes choses jusqu'à laisser une trace forte dans un inconscient collectif. Un peu comme d'autres enseignent aux groupes. On présente un stimulus, un raisonnement, une musique... et on l'imprime au forceps, en le rabâchant et le ressassant - ce que les marketeurs musicaux américains appellent "heavy rotation".
Pour maximiser l'attention et donc les ventes, on usera aussi d'effets qui ont déjà montrés leur efficacité. Des effets "pas trop rugueux" pour les oreilles, rassurants, avec juste une petite épice en plus pour attirer l'attention. Nous sommes ici au plus près du talent - étymologiquement une monnaie.
Tout ceci à l'opposé absolu du génie, vu ici comme la singularité profonde d'un être, qui serait parvenu à la transmettre au grand nombre via son art - sa discipline.
Sous cet angle, c'est comme si le marché nous disait : L'art de qualité est foncièrement de droite.
A moins que ce ne soit le pognon (la droite) qui abrutisse les masses en les confortant dans la facilité pour des besoins de rendement.
La culture actuelle semble aller dans cette direction, pilotée par les audimats
Tout ceci est à voir, mais une chose est sûre. L'avènement de la technologie et de son efficacité, couplés avec un monde toujours plus encombré et complexe (la Suisse en est l'exemple frappant) nous promettent un avenir où l'humain dans sa singularité et sa complexité sera toujours plus sous contrainte dans une société constamment plus régulée.
Perso ça me fout les boules, surtout à contempler la résignation générale devant ce phénomène. Du coup j'autorise mes mômes - dès désormais et à partir de dorénavant - à me traiter de sale con.
Comment leur conserver un peu d'espace, territorial... mental ?

Auteur: Mg

Info: 22 mars 2014

[ redite ] [ standardisation ] [ création ] [ visionnaire ]

 

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décadence

En deux décennies, la culture porno a fait remonter ses codes, ses comportements et banalisé son sadisme dans le grand-public. La totale liberté voulue par les "pouvoirs publics" pour l’industrie porno, conjuguée aux "progrès" technologiques, a aussi permis aux pratiques les plus délirantes de faire désormais partie du paysage mental "normal" des jeunes d’aujourd’hui, au moment où ils construisent leur modèle sexuel. L’âge du premier baiser est ainsi devenu celui de la première fellation, et des psychologues sont maintenant appelés à la rescousse dans des écoles pour des cas de fellations collectives. Les viols d’enfants par d’autres enfants font même leur apparition. Malgré tout, le porno reste "cool" dans nos sociétés occidentales "libérées", et tout politicien qui prétend vouloir en questionner les nuisances est dénoncé comme un puritain coincé ou un dangereux censeur par les medias pornocrates de la gauche libérale dominante. Cette culture porno s’inscrit désormais dans un phénomène d'obscénité généralisée qui touche d’autres supports que le sexe. On peut ainsi parler de pornographie pour la musique lorsqu’elle se résume, comme dans les rave party d’Ibiza ou d’ailleurs, à une simple pulsation dont la seule fonction est de permettre de "jouir en tas", selon la formule de Philippe Muray. De même, cette culture porno fait également écho à la montée en puissance de cette pornographie de la mort à laquelle on assiste dans nos sociétés où les cadavres, les décapitations et autres boucheries de masse sont montrés désormais en boucle sur tous les écrans possibles, ce qui conduit l’auteur de La Cité perverse à noter ingénument qu’il a dû "se passer quelque chose dans le monde", car ce qu’on cachait hier, le sexe et les cadavres, aujourd’hui "on les montre. Cela s’exhibe". On pourrait même conjecturer qu’il existe finalement une forme de continuité entre l’industrie porno, Daesh et ses snuff-movies.

Auteur: Internet

Info: In La frontière, le Système et le porno, sur entrefilets.com, nov.2016

[ web ] [ hardcore ]

 

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nature modèle

Les organismes naturels, presque sans exception, présentent, lorsqu'on les observe de près, une fonctionnalité vraiment admirable de toutes leurs parties par rapport au tout, fonctionnalité qui n'est cependant pas le résultat d'un calcul humain, mais d'un processus naturel. De la même manière, nous pouvons observer dans de nombreuses institutions sociales une fonctionnalité frappante par rapport à l’ensemble. Mais à y regarder de plus près, ils ne s'avèrent toujours pas être le résultat d'une intention visant ce but, c'est-à-dire le résultat d'un accord des membres de la société ou d'une législation positive. Eux aussi se présentent à nous plutôt comme des produits " naturels " (dans un certain sens), comme des résultats involontaires du développement historique. Il suffit, par exemple, de penser au phénomène de l'argent, une institution qui sert dans une large mesure au bien-être de la société, et qui pourtant, dans la plupart des pays, n'est en aucun cas le résultat d'un accord visant à sa création. en tant qu'institution sociale ou de législation positive, mais il est le produit involontaire du développement historique. Il suffit de penser au droit, au langage, à l'origine des marchés, à l'origine des communautés et des États, etc. Or, si les phénomènes sociaux et les organismes naturels présentent des analogies quant à leur nature, leur origine et leur fonction, il est clair d'emblée que ce fait ne peut rester sans influence sur la méthode de recherche dans le domaine des sciences sociales en général et de l'économie en particulier...   

Or, si l'État, la société, l'économie, etc., sont conçus comme des organismes ou comme des structures qui leur sont analogues, l'idée de suivre des directions de recherche dans le domaine des phénomènes sociaux similaires à celles suivies dans le domaine de la nature organique s'impose facilement. L'analogie ci-dessus conduit à l'idée de sciences sociales théoriques analogues à celles qui sont le résultat de recherches théoriques dans le domaine du monde physico-organique, à la conception d'une anatomie et d'une physiologie des " organismes sociaux " d'État, de société, d'économie, etc. 


Auteur: Menger Carl

Info: Enquêtes sur les méthodes des sciences sociales

[ émergence organique ]

 

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principe de précaution

Un point semble acquis depuis que la canicule, en août dernier, a fait les ravages que l’on sait : notre société doit se doter de toute urgence d’outils susceptibles d’anticiper les situations à risque, de les repérer, de les renifler, de les identifier si possible avant même qu’elles ne se connaissent elles-mêmes. 

L’idéal serait d’écraser le serpent dans l’œuf avant que l’œuf ne soit pondu. Avant que le serpent ne songe à le pondre. Avant que le serpent n’existe. Avant la Genèse, en somme. Avant le monde, cet amas infernal d’aléas de toutes sortes, de dangers toujours nouveaux, toujours en devenir et toujours surprenants, et qui ne veulent pas dire leur nom avant de se manifester dans toute leur ampleur dévastatrice. [...] On a fait sévèrement grief au gouvernement de ne pas avoir reconnu le risque alors qu’il était encore incertain. Et aux autorités sanitaires d’avoir fait montre, les premiers jours, d’un déficit flagrant de réactivité par rapport à un phénomène encore relativement invisible. Mais aussi aux municipalités et aux conseils généraux, qui auraient pu trouver sans grande difficulté les moyens et les énergies nécessaires pour organiser des actions préventives et anticipatrices de prophylaxie et de contraception si seulement ils avaient pensé à penser à la canicule avant que tout le monde y pense. Mais ils n’ont pas pensé à y penser. D’où les dysfonctionnements dont on les accuse et dont ils essaient tant bien que mal, plutôt mal que bien, de se disculper.

Mais on ne les y reprendra plus. Ils vont travailler désormais sur toutes les menaces et suspensions. Sur les prochaines canicules, bien entendu, et sur les inondations, sur les orages, sur les incendies, sur les ouragans, sur les tremblements de terre, sur les tempêtes de grêle, sur les marées noires. Sur les épidémies en projet et sur les intentions de pandémies. Sur le vent, sur la pluie, sur la neige. Sur les déluges et sur les crues. Sur les giboulées de feu, les inondations de vent, les fournaises de neige. Sur le cyanure qu’un dingue injectera un de ces jours dans les yaourts des supermarchés. Ou dans les petits pots de bébé.

Auteur: Muray Philippe

Info: Dans "Exorcismes spirituels, tome 4", Les Belles Lettres, Paris, 2010, page 1720

[ sécurité ] [ absurde ] [ pouvoir prophétique ] [ peur ]

 

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enfant-roi

Nous vivons, pour la première fois, dans une société où l'immense majorité des enfants qui viennent au monde sont des enfants désirés. Cela entraîne un renversement radical : jadis, la famille "faisait des enfants", aujourd'hui, c'est l'enfant qui fait la famille. En venant combler notre désir, l'enfant a changé de statut et est devenu notre maître : nous ne pouvons rien lui refuser, au risque de devenir de "mauvais parents"...

Ce phénomène a été enrôlé par le libéralisme marchand : la société de consommation met, en effet, à notre disposition une infinité de gadgets que nous n'avons qu'à acheter pour satisfaire les caprices de notre progéniture.

Cette conjonction entre un phénomène démographique et l'émergence du caprice mondialisé, dans une économie qui fait de la pulsion d'achat la matrice du comportement humain, ébranle les configurations traditionnelles du système scolaire.

Pour avoir enseigné récemment en CM2 après une interruption de plusieurs années, je n'ai pas tant été frappé par la baisse du niveau que par l'extraordinaire difficulté à contenir une classe qui s'apparente à une cocotte-minute.

Dans l'ensemble, les élèves ne sont pas violents ou agressifs, mais ils ne tiennent pas en place. Le professeur doit passer son temps à tenter de construire ou de rétablir un cadre structurant. Il est souvent acculé à pratiquer une "pédagogie de garçon de café", courant de l'un à l'autre pour répéter individuellement une consigne pourtant donnée collectivement, calmant les uns, remettant les autres au travail.

Il est vampirisé par une demande permanente d'interlocution individuée. Il s'épuise à faire baisser la tension pour obtenir l'attention. Dans le monde du zapping et de la communication "en temps réel", avec une surenchère permanente des effets qui sollicite la réaction pulsionnelle immédiate, il devient de plus en plus difficile de "faire l'école". Beaucoup de collègues buttent au quotidien sur l'impossibilité de procéder à ce que Gabriel Madinier définissait comme l'expression même de l'intelligence, "l'inversion de la dispersion".

Dès lors que certains parents n'élèvent plus leurs enfants dans le souci du collectif, mais en vue de leur épanouissement personnel, faut-il déplorer que la culture ne soit plus une valeur partagée.

Auteur: Meirieu Philippe

Info:

[ consumérisme ]

 

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