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autonomisation

Le mot d'esthétique ne renvoie pas à une théorie de la sensibilité, du goût et du plaisir des amateurs d'art. Il renvoie proprement au mode d'être spécifique de ce qui appartient à l'art, au mode d'être de ses objets. Dans le régime esthétique des arts, les choses de l'art sont identifiées par leur appartenance à un régime spécifique du sensible. Ce sensible, soustrait à ses connexions ordinaires, est habité par une puissance hétérogène, la puissance d'une pensée devenue étrangère à elle-même : produit identique à du non-produit, savoir transformé en non-savoir, "logos" identique à un pathos, intention de l'inintentionnel, etc.

Auteur: Rancière Jacques

Info: In "Le partage du sensible", éd. La Fabrique, p. 31

[ contraires ] [ beaux-arts ]

 

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Ajouté à la BD par Benslama

fanatisme politique

Sebastian et moi avons été les témoins étonnés de deux discours enthousiasmants : la vigueur du nazisme dans les années 1930, la générosité du communisme après 1945. Dans notre expérience d’enfants initiés par la guerre et le côtoiement de la mort, nous avions déjà compris que deux langages gouvernaient le monde mental des hommes. L’un qui montait vers le ciel en fabriquant des images esthétiques ou hideuses, entourées de mots qui donnaient la fièvre : "Héroïsme… victoire du peuple… pureté… mille ans de bonheur… lendemains qui chantent."

Ces mots brûlants nous éloignaient du réel 3. Sebastian (11 ans en 1918) et moi (8 ans en 1945) préférions les mots qui donnent un plaisir discret, celui des explorateurs qui, en découvrant le monde, dégustent le réel.


Auteur: Cyrulnik Boris

Info: Le laboureur et les mangeurs de vent

[ illusion ] [ idéologies ] [ gauche-droite ] [ extrêmes ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

atroce

Ce ne fut pas pour apaiser leur douleur, ni même pour se concilier leurs victimes, que les soldats allemands organisèrent la musique dans les camps de la mort.
Ce fut pour augmenter l'obéissance et les souder tous dans la fusion non personnelle, non privée, qu'engendre toute musique.
Ce fut par plaisir, plaisir esthétique et jouissance sadique, éprouvés à l'audition d'airs aimés et à la vision d'un ballet d'humiliation dansé par la troupe de ceux qui portaient les péchés de ceux qui les humiliaient.
Ce fut une musique rituelle.
Primo Levi a mis à nu la plus ancienne fonction assignée à la musique. La musique, écrit-il, étant ressentie comme un "maléfice". Elle était une "hypnose du rythme continu qui annihile la pensée et endort la douleur".

Auteur: Quignard Pascal

Info: La haine de la musique

[ beaux-arts ] [ camp de concentration ]

 

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rédempteurs

Un homme qui cultive son jardin, comme le voulait Voltaire. Celui qui est reconnaissant que sur la terre il y ait de la musique. Celui qui découvre avec plaisir une étymologie. Deux employés qui dans un café du Sud jouent un silencieux jeu d'échecs. Le céramiste qui prémédite une couleur et une forme. Un typographe qui compose bien cette page, qui peut-être ne lui plaît pas. Une femme et un homme qui lisent les tercets finaux d'un certain chant. Celui qui caresse un animal endormi. Celui qui justifie ou veut justifier un mal qu'on lui a fait. Celui qui est reconnaissant que sur terre il y ait un Stevenson. Celui qui préfère que les autres aient raison. Ces personnes, qui s'ignorent, sont en train de sauver le monde.

Auteur: Borges Jorge Luis

Info: Le Chiffre, La Cifra, 1981

[ poème ] [ éthique ] [ esthétique ]

 

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poèmes

La poésie est un produit de luxe de la vie intellectuelle, "une noble inutilité", ainsi que l’a dit si bien Madame de Staël. Elle n’apporte pas à la multitude le gain palpable qui attire les intérêts égoïstes. Elle flatte en nous seulement le sens esthétique. Mais une condition d’intérêt et de plaisir est qu’avant tout la poésie soit comprise, qu’elle parle à la conscience de tous. Aussi ne peut-elle pas choisir des sujets trop particuliers dans le domaine scientifique parce qu’elle resterait incomprise de la grande majorité du peuple. Au contraire, elle doit nous représenter les sentiments et les passions qui sont communs à tous. Les hommes se distinguent entre eux par la puissance de leur raison, mais les mouvements de leur cœur ne changent pas de l’un à l’autre.

Auteur: Maiorescu Titu

Info: Critice, traduit du roumain par Nicolae Iorga

[ simplicité ] [ littérature ] [ définis ]

 

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Ajouté à la BD par Le sous-projectionniste

mère-fille

Maman adorait faire des achats. Elle n'avait pas beaucoup d'argent, mais elle se cramponnait à ce menu plaisir. Une boîte à musique avec un carrousel et une poupée occidentale avec son ombrelle, qu'une ancienne camarade de classe avait achetée pour elle au magasin d'export en gros ; un vase arraché de haute lutte à la sortie de la verrerie où l'on bradait les pièces défectueuses ; un vieux poste de radio aphone rapporté d'une brocante... Elle était comme une hirondelle qui construit son nid en rapportant des petites choses dans son bec. Toutes ces babioles inutiles étaient disposées bien en évidence dans la maison, tandis que les objets usuels, qui ne procuraient aucun plaisir esthétique, étaient soigneusement cachés. Nous vivions reclus dans une boîte de conserve hermétiquement fermée, nous avions repoussé le temps à l'extérieur, si bien que cette période de ma vie s'est écoulée avec une lenteur toute particulière.

Auteur: Yueran Zhang

Info: Le clou

[ foyer ] [ refuge ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

garde-fou

Je suis convaincu qu'imaginer l'autre est un puissant antidote au fanatisme et à la haine. Je crois que les livres qui nous font imaginer l'autre nous rendent plus résistants aux stratagèmes du diable, y compris de notre diable intérieur, le Méphisto du coeur. Ainsi, Günter Grass et Heinrich Böll, Ingeborg Bachmann et Uwe Johnson, et en particulier mon cher ami Siegfried Lenz, m'ont ouvert la porte de l'Allemagne. Ces auteurs ainsi que nombre d'amis allemands très chers, m'ont fait briser mes tabous et m'ont ouvert l'esprit, et finalement le coeur. Ils m'ont fait briser mes tabous et m'ont ouvert l'esprit, et finalement le coeur. Ils m'ont fait redécouvrir les pouvoirs curatifs de la littérature. Imaginer l'autre n'est pas seulement un outil esthétique. C'est à mon sens également un impératif moral essentiel. Et, enfin imaginer l'autre, si vous me promettez de ne pas répéter ce petit secret professionnel-, imaginer l'autre est un aussi un grand plaisir humain.

Auteur: Oz Amos Klausner

Info: le Guardian, traduit dans le CI n°779, p.58

[ pacifisme ] [ littérature ] [ contrepoison ]

 

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pulsion créatrice

Que l'esthétique des Classiques ait été une esthétique du plaisir ne doit pas porter à croire que ce dernier ne trouverait pas place hors d'elle. En vérité, aucune esthétique ne s'exempte d'un principe de plaisir (qu'il soit ou non apparenté à celui de Freud, dont au demeurant il va falloir parler). Pourvu qu'on prenne soin de distinguer la satisfaction, et plus encore le contentement, la réplétion et la détente, du plaisir de désir, de l'intensité qui se recherche et se relance, on ne pourra pas ne pas discerner ce dernier, quelque dissimulé qu'il puisse être sous des théories techniques, signifiantes, politiques ou philosophiques. On ne parlerait plus d'art si on ne parlait d'un certain attrait, celui de l'artiste pour son art, celui du spectateur pour ce même art dans l'oeuvre, et plus subtilement mais sans doute plus véritablement celui que l'oeuvre prend à elle-même, qui la tire et qui l'ouvre, qui la tend au-delà de son achèvement, et qui est le plus proprement ce plaisir infini, non conclusif, auquel tendent le désir de l'artiste et le nôtre grâce au sien.

Auteur: Nancy Jean-Luc

Info: In "Le plaisir au dessin", éd. Galilée, p. 48-49

[ mouvement perpétuel ] [ libido ] [ quête ]

 

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Ajouté à la BD par Benslama

joie du nouveau

Merlin n'était intéressé que par la réalité, par le roman de la réalité comme il disait, il dévorait goulûment les livres de sciences naturelles, il lisait toute la presse spécialisée qui lui tombait sous la main, mais non au nom de quelque idéal moral ou esthétique élevé ; la vérité, but final de toute connaissance ou soif de connaissance, en tant que notion philosophique, ne signifiait rien pour lui ; un jour que la conversation portait sur ces questions, il développa qu'à ses yeux le mensonge n'était nullement immoral, seulement sot : la réalité non encore découverte est un terrain tellement plus riche que ce que notre petite imagination est capable de combiner à partir du matériau déjà connu, que tout simplement cela ne vaut pas la peine de mentir ou de fantasmer, ni même de spéculer. Nous ne sommes pas nés pour comprendre le monde mais pour le découvrir et pour en révéler les tenants et les aboutissants. Et cela demande de se lancer, d'aller près des choses, de les prendre en main, de les tester, de les expérimenter, autant que nous le permet notre vie corporelle limitée dans le temps et dans l'espace.

Auteur: Karinthy Frigyes

Info: Reportage céleste de notre envoyé spécial au paradis

[ dépaysement plaisir ] [ curiosité ] [ méta-moteur ]

 

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Ajouté à la BD par Le sous-projectionniste

rapidité

La vitesse tue la forme. D'un paysage vu à cinq cents à l'heure, que reste t-il ? Rien ; les premiers et les seconds plans sont supprimés ; au delà du 300éme de seconde, les appareils photographiques eux-mêmes défaillent. Notre oeil ne prend pas plaisir à la trajectoire d'un obus puisqu'il ne la voit plus. Le mouvement ne "déplace pas les lignes", il les anéantit. La terre perd sa variété ; en avion, il n'y a plus, sous nos pieds, de peupliers ou de châtaigniers ; il y a l'arbre... La vitesse pour les Orientaux, équivaut à la démocratie. La très grande vitesse ressemble au communisme en ce qu'elle tue l'individuel. Elle appelle et exige l'anonymat. Nous parvenons au règne du symbole. La vitesse habitue l'esprit, par la succession infinie des images, à des nouvelles synthèses. Le sociologue s'en réjouira peut-être, mais non l'artiste. L'artiste est un aristocrate , (même quand il croit faire de l'art pour le peuple) il travaille lentement. La vitesse tue la couleur : le gyroscope, quand il tourne au plus vite, fait du gris ! Regardons la peinture moderne : gris, vert-de-gris, gris-noir, Barque, Picasso, Juan Gris, Derain, Vlaminck : couleurs de torpilleur, de trains de blindé, de châssis.

Auteur: Morand Paul

Info: éloge du repos (1937, 125 p., éditions Arléa) p.118, 119

[ vélocité néfaste ] [ progrès ] [ modernité ] [ esthétique ] [ transition nocive ]

 
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