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anthropocentrisme

Connaitre l'univers, c'est l'inventer. Certes, cette proposition hardie peut déconcerter à une époque comme la nôtre, qui a été le témoin d'une si prodigieuse accumulation de connaissances scientifiques; la remarquable théorie mathématique que la science contemporaine propose pour expliquer l'univers semble même la démentir d'entrée de jeu. Et pourtant, une étude attentive de ces modèles cosmologiques que sont le Timée de Platon et le modèle Big Bang standard montre à l'évidence que cette connaissance que nous appelons "scientifique" se fonde en dernière instance sur des propositions irréductibles et indémontrables, pures inventions de l'esprit humain, retenues seulement en faisant appel à cet argument opératoire : "ça fonctionne". Devant cet état de fait, la spéculation philosophique semble n'avoir trouvé que deux issues : ou bien elle postule le saut vers le non-rationnel, en posant l'"axiome qui justifie tous les axiomes", ou bien elle constate ses propres limites, mais, ce faisant, elle risque de tomber dans l'absurde, car, poussée inlassablement par un appétit de comprendre, par une nostalgie de l'absolu, elle ne peut qu'essayer sans cesse de ré-inventer l'univers, tout en ayant une conscience lucide des limites indépassables inhérentes à cette démarche.

Auteur: Brisson Luc

Info: Inventer l'univers. Le Problème de la connaissance et les modèles cosmologiques

[ logique ] [ horizon ] [ langage ]

 

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esthétisme

Les Grecs, dans la première phase de leur recherche de la vérité mathématique, à l'époque de Platon et peu après, ne s'étaient nullement bornés aux propositions qui avaient un rapport visible avec les phénomènes de la nature ; mais ils avaient suivi beaucoup de belles voies de recherche concernant diverses sortes de figures, pour l'amour de leur seule beauté ; comme par exemple dans leur doctrine des sections coniques, dont ils avaient découvert toutes les principales propriétés. Mais il est curieux de remarquer que ces recherches, poursuivies au début comme de simples questions de curiosité et de gratification intellectuelle, seraient destinées, deux mille ans plus tard, à jouer un rôle très important dans l'établissement du système des mouvements célestes qui a succédé au système platonicien des cycles et des épicycles. Si les propriétés des sections coniques n'avaient pas été démontrées par les Grecs et rendues ainsi familières aux mathématiciens des âges suivants, Kepler n'aurait probablement pas été en mesure de découvrir ces lois concernant les orbites et les mouvements des planètes qui ont été l'occasion de la plus grande révolution qui ait jamais eu lieu dans l'histoire de la science.

Auteur: Whewell William

Info: History of Scientific Ideas, Bk. 9, chap. 14, sect. 3.

[ géométrie ] [ diachronique ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

unicité

Il n’y a rien de plus précieux à penser que la réalité ; or, celle-ci ne fait qu’une avec sa propre identité ; donc la parole philosophique qui rend le mieux la réalité est celle qui exprime le mieux son identité : à savoir la tautologie. Par ce syllogisme je ne prétends évidemment pas établir que le discours philosophique se réduit au discours tautologique. La brièveté même de la tautologie interdit de le penser […] comme elle interdit de toute façon de parler de "discours tautologique", - sinon toute la philosophie du monde se résumerait à la formule selon laquelle A est A (je ne suis d’ailleurs pas très loin de le penser, mais cela est une autre affaire.) Je veux seulement suggérer que le discours philosophique le plus fort est d’inspiration tautologique et que tout discours philosophique tenu à partir de l’inspiration contraire, c’est-à-dire de l’intuition dualiste, est plus faible. On pourrait ainsi imaginer un arbre généalogique des philosophes scindé dès le début en deux branches rivales et inconciliables : celle qui commence avec Parménide, pour la lignée légitime, et celle qui commence avec Platon, pour la lignée bâtarde.

Auteur: Rosset Clément

Info: "Le démon de l'identité" in L'école du réel, page 346

[ historique ] [ matérialisme-idéalisme ]

 
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Ajouté à la BD par miguel

lecture

Vers le milieu de la nuit, j'ai pris Mrs Dalloway, le livre de chevet de la première Esther. Si j'en juge par l'état de ses pages, il a dû être lu très souvent. Par elle. Puis par moi. Ouvert, refermé, emporté, porté contre le cœur. Avec ses partitions, cet exemplaire est la seule trace que j'aie de ma grand-mère maternelle. Les passages qu'elle a soulignés me sont parvenus intacts, malgré la texture défraîchie des feuillets. Et cette femme que je connais seulement par les photos que l'on a conservées d'elle, cette femme si belle, m'est devenue intime au point d'avoir l'impression, parfois, que c'est elle qui pense en moi. Il suffit que j'ouvre le livre au hasard: les mots qu'elle a aimés, ceux qu'elle a notés dans la marge d'une écriture élégante ont fini par ne s'adresser qu'à moi, qui les recueille et m'y blottis tour à tour. De ces mots, je suis sûre. De l'amour qu'elle avait pour eux aussi. Celui que je leur porte me prouve qu'elle m'aurait aimée, elle, sans qu'il soit besoin de lui plaire, de lui obéir aveuglément, de capituler devant elle au point de tuer tout désir.

Auteur: Roland Nicole

Info: Les veilleurs de chagrin

[ complicité transgénérationnelle ] [ bouquin patiné ] [ annotations ] [ dialogue platonique ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

philosophie antique

On englobe parfois Platon dans le rationalisme, ce qui est abusif, malgré l’allure en fait trop rationalisante de sa dialectique, ou sa manière de penser trop géométrique : mais ce qui chez Platon s’oppose de la façon la plus patente au rationalisme proprement dit, c’est sa doctrine de l’œil de l’âme. Cet œil, enseigne-t-il, est enseveli dans un marais, il doit donc en sortir et s’élever à la vision des choses réelles, à savoir les archétypes ; Platon sous-entend sans doute une régénération initiatique, car, dit-il, les yeux de l’âme ne sont pas assez forts chez l’homme ordinaire pour supporter la vision du divin ; c’est du reste cet arrière-plan mystérique qui peut fournir une explication du caractère quelque peu enjoué des dialogues platoniciens, car il semble bien s’agir là d’un exotérisme dialectique intentionnel destiné à adapter des connaissances sacrales à une publication devenue souhaitable à cette époque. Quoi qu’il en fût, toutes les spéculations de Platon ou de Socrate convergent sur une vision qui transcende la perception des apparences et qui s’ouvre sur l’essence des choses ; et celle-ci est l’"Idée", elle confère aux choses toute leur perfection, laquelle coïncide avec la beauté.

Auteur: Schuon Frithjof

Info: Dans "Logique et transcendance", éditions Sulliver, 2007, page 49

[ ésotérisme ] [ surplomb métaphysique ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

femmes-hommes

Définir l’anima comme étant le facteur éros nous contraint alors en permanence à prétendre que l’excitation sexuelle est un message de l’âme et ne peut être repoussée – car qui repousserait l’appel de son âme ? Nous sommes donc contraints de prétendre que les relations humaines mouvementées de même que les enthousiasmes délirants nous sont inspirés par l’anima, alors qu’en réalité, ils sont moins le fait de la moiteur de l’âme permettant la réflexion, que celui de la capture de l’âme par éros. Car ici, il nous faut admettre que si l’anima n’est pas l’éros, sa première inclination va cependant vers l’amour. Il est vrai qu’elle séduit : être allumé, enflammé, illuminé. Il est vrai qu’elle fait des avances, afin de faire se transformer la réflexion pure en connexion. Il est vrai qu’elle possède une gamme incroyable d’images voluptueuses afin de s’attirer l’éros, et ceci dans le but de ce que Platon appelait "génération" ou constitution de l’âme. Toutefois, bien que l’amour soit essentiel à l’âme, fait sur lequel insiste la théologie et que confirme la psychothérapie, et bien que l’âme soit ce par quoi nous recevions l’amour, il n’en est pas moins vrai que l’âme n’est pas l’amour.

Auteur: Hillman James

Info: Dans "Anima et animus", page 131

[ passion ] [ simultanéité trompeuse ] [ amalgame ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

islam

H. Corbin fait l'hypothèse suivante : pour que la coupure galilléenne ait lieu, n'a-t-il pas fallu d'abord, en Occident, une autre coupure, dont Galilée, au fond, ne ferait rien d'autre qu'achever le programme ?

Cette rupture antérieure H. Corbin la découvre dans le triomphe (il dit "la crue") de l’averroïsme. Lorsqu’Averroès rend inutiles les Âmes célestes ou le destin singulier des âmes terrestres, lorsqu’il prépare l’évanouissement des anges, du monde intermédiaire de l’Imagination, il rend possible un monde purement matériel, phénoménal, et renvoie le monde nouménal dans la pureté inconnaissable du suprasensible. Tout cela n’est chez lui qu’en puissance. Mais n’est-il pas vrai que la lecture averroïste d’Aristote, sa réfutation d’Avicenne, la solution qu’il propose au conflit de la foi et du savoir, et peut-être, surtout, la caricature que l’Occident en connaît sous le nom de "double vérité" sont nécessaires à l’aventure de la science moderne, au moins autant que le platonisme florentin ?

Si l’on admet cette hypothèse, l’avicennisme iranien, dont Sohravardî est le grand réformateur, apparaît comme l’élément de pensée dont la grande mutation commencée avec Averroès n’a cessé de nous éloigner. Il acquiert la dignité du grand Autre de notre culture moderne, de fondation refusée et oubliée.

Auteur: Jambet Christian

Info: In, Le Livre de la sagesse orientale de Shihâbôddîn Yahyâ Sohravardî, p. 46

[ christianisme ] [ historique ]

 

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grèce antique

Les œuvres d'Homère, de Platon et d'Euclide étaient écrites à la main sur des rouleaux faits ordinairement de roseaux de papyrus. De ces originaux, des copies furent établies, toujours à la main, sur papyrus et plus tard sur parchemin (vélin). Aucun de ces matériaux n'est indestructible. Ce qui survécut fut, en dehors de quelques exceptions, ce qui avait été jugé digne d'être copié et recopié pendant des siècles d'histoire grecque, puis pendant des siècles plus nombreux encore d'histoire byzantine, au cours desquels les valeurs et les mœurs s'étaient plus d'une fois transformées, souvent de façon radicale.
Il n'est pas difficile de montrer combien peu a survécu à ce processus de filtrage. Nous connaissons les noms de quelque cent cinquante auteurs grecs de tragédies, mais, en dehors de quelques fragments cités ça et là par des auteurs et anthologistes grecs ou romains de basse époque, il ne nous reste les pièces que de trois auteurs, des Athéniens du cinquième siècle avant J-C. Mais ce n'est pas tout. Eschyle a écrit quatre-vingt-deux pièces, nous n'en avons que sept complètes ; Sophocle en aurait écrit cent vingt-trois, dont il ne reste que sept ; et nous pouvons lire dix-huit ou dix-neuf des quatre-vingt-douze œuvres d'Euripide.

Auteur: Finley Moses I.

Info: Le monde d'Ulysse

[ lecture ] [ évolution ] [ conservation ]

 
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philosophie antique

Platon dit que les universels et les concepts sont, et qu’ils sont plus véritablement que tout autre chose. La question est de savoir si cela se fonde sur une compréhension appropriée de Platon. Je ne puis que vous rappeler quelques points : le mot eidos signifie primitivement le contour d’une chose, la forme que l’on ne peut voir qu’avec l’œil de l’esprit, le caractère d’une chose. Plus tard, cela a été appelé l’essence. Cependant, si l’on dit essence, il faut considérer le fait suivant : le mot essence, tel qu’on l’a utilisé plus tard, a été compris comme le possible, par opposition à l’effectif ou à l’existant, tandis que Platon entend certainement par là quelque chose qui existe plus véritablement que les choses sensibles. Mais en même temps, eidos désigne une classe de choses. Genos est employé chez Platon comme un synonyme d’eidos et, avant de signifier une distinction logique, ce mot signifie l’origine, la famille, la race d’un être. […] Par conséquent, à cause de l’incomplétude de tout être individuel, l’eidos signifie également la complétude, et par conséquent, le but de cette aspiration.

Ce sont là les trois significations de eidos chez Platon : la forme, la classe et le but des aspirations.

Auteur: Strauss Léo

Info: Dans "Sur le Banquet de Platon", trad. Olivier Sedeyn, éditions de l'éclat, Paris-Tel Aviv, 2006, pages 266-267

[ défini ]

 

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christianisme

Les idées ne sont pas, selon cette conception [de l’Église d’Orient], des raisons éternelles des créatures contenues dans l’Etre même de Dieu, des déterminations de l’essence à laquelle les choses créées se réfèrent comme à leur cause exemplaire, selon la pensée de saint Augustin [...]. Dans la pensée des Pères grecs les idées divines ont un caractère plus dynamique, intentionnel. Elles n’ont pas leur place dans l’essence mais dans "ce qui est après l’essence", dans les énergies divines : car les idées s’identifient avec la volonté ou les volontés qui déterminent les modes différents selon lesquels les êtres créés participent aux énergies créatrices. [...] Si les idées divines ne sont pas l’essence même de Dieu, si elles sont, pour ainsi dire, séparées de l’essence par la volonté, alors non seulement l’acte de création, mais la pensée de Dieu n’est pas non plus une détermination nécessaire de la nature, le contenu intelligible de l’Etre divin. Alors l’univers créé ne se présentera pas, comme dans la pensée platonicienne ou platonisante, sous l’aspect pâle et chétif d’une mauvaise réplique de Dieu, mais il apparaîtra comme un être absolument nouveau, comme la création nouvellement sortie des mains du Dieu de la Genèse "qui vit que cela était bon" [...].

Auteur: Lossky Vladimir Nikolaïevitch

Info: "Essai sur la théologie mystique de l'Eglise d'Orient", éditions du Cerf, 2005, page 89

[ orient-occident ] [ archétypes ]

 
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