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dépotoir

Par moments, elle suspend sa lecture et laisse ses yeux dériver au-dessus de la décharge. Les sacs lui apparaissent alors tels des livres échoués. Des histoires, des témoignages fragmentés, des instants contenant ce qui a été mangé, bu, porté, désiré, jeté après usage. Il y a en eux des portions pourrissantes de vies ordinaires qui achèvent de se désagréger et sur lesquelles on marche. Là aussi, on trouve des mots. Ceux des journaux, des lettres, des cartes postales, des affiches, des carnets, toute une existence de vocables utiles ou désuets, oubliés, méprisés, servant à emballer les épluchures, les rognures d'ongles, les poils et les cheveux, des des mots déchirés, froissés, à moitié brûlés.

Auteur: Zukerman David

Info: San Perdido

[ décharge en plein air ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

mûrir

Devenir femme, c'est affronter le couteau. C'est apprendre à supporter le tranchant de la lame et les blessures. Apprendre à saigner. Et malgré les cicatrices, faire en sorte de rester belle et d'avoir les genoux assez solides pour passer la serpillière dans la cuisine tous les samedis. Ou bien on se perd, on bien on se trouve. Ces vérités peuvent s'affronter à l'infini. Et qu'est-ce que l'infini, sinon un serment confus ? Un cercle brisé. Une portion de ciel fuchsia. Si l'on redescend sur terre, l'infini prend la forme d'une succession de collines verdoyantes. Un coin de campagne dans l'Ohio où tous les serpents dans les hautes herbes de la prairie savent comment les anges perdent leurs ailes.

Auteur: McDaniel Tiffany

Info: Betty, incipit

[ grandir ] [ horizon ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

anorexie

En fait, si vous me donnez deux portions de petits pois que vous mélangez à un grand bol de riz, qu'on me laisse le temps dont j'ai envie, qu'on me donne une tasse de café que je boirai en compagnie d'une amie, il n'est pas impossible que je mange tous les petits pois. Je risque de les manger un à un et d'y prendre plaisir. Peut-être vais-je mettre un peu de moutarde sur chaque petit pois, ou de la mayonnaise ou Dieu sait quoi, ce que je trouve sur la table...
Si on me donne du safran, je m'en servirai peut-être, ou du basilic, ou du cumin. Mais servez-moi la moitié de ces petits pois sur une assiette et je n'y toucherai sans doute pas. C'est la stricte vérité.

Auteur: Bruch Hilde

Info: Conversations avec des anorexiques

[ appétit ] [ maladie ]

 

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Dostoïevsky

Quand je pense à Stravoguine, par exemple, je pense à quelque monstre divin dressé sur un sommet, et qui nous jette ses entrailles lacérées. Dans Les Possédés la terre tremble : ce n'est pas la catastrophe qui s'abat sur l'individu imaginatif, mais un cataclysme dans lequel une vaste portion de l'humanité est ensevelie, effacée à jamais. Stravoguine était Dostoïevsky, et Dostoïevsky était la somme de toutes ces contradictions qui paralysent un homme ou le conduisent jusqu'aux sommets. Il n'y avait pas de monde trop bas qu'il n'y entra, pas d'endroit trop haut qu'il craignit d'y monter. Il parcourait toute la gamme, des abîmes jusqu'aux étoiles. Dommage que nous n'ayons plus jamais l'occasion de voir un homme placé au coeur du mystère, qui, par les éclairs qu'il jette, illuminerait pour nous la profondeur et l'immensité des ténèbres.

Auteur: Miller Henry

Info: Tropique du cancer

[ littérature ]

 

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mitage humain

Jusqu'à la fin des années 1960, l'architecture s'est progressivement déconnectée des lieux, instaurant un divorce entre le lieu et ce qu'on y construit. Or entre le sol - le substrat - et la spiritualité, l'occupation humaine d'une portion de l'étendue terrestre produit des liens aux lieux et, ce faisant, des milieux, rapports du vivant à son environnement. La recherche d'un nouvel ordonnancement de ces liens au lieu constitue aujourd'hui, notamment en architecture, une voie d'innovation. La mésologie dont l'objet est précisément la recherche d'une certaine cosmicité (une réinsertion de l'objet dans l'histoire et dans le territoire) vient en appui au projet architectural : "Que peut-on se permettre en ce lieu? Quelles sont les prises, les affordances? Où est le lien entre le bâti et son contenant?" Ce sont les questions que se pose Hugues Rolland, architecte.

Auteur: Berque Augustin

Info: Le lien au lieu

[ inadéquation architecturale ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

écologie

Je suis de la génération surgelés-plastique. Quand j’étais petite, tout ce que je consommais était en portion individuelle rectangulaire entourée de trois couches de plastique. Je suis si vieille que j'ai même un vague souvenir du moment où le pot familial de Danette a été remplacé par des portions individuelles. Je fais partie de ces gamines et gamins qui ont mis plusieurs années à comprendre que le lait de la bouteille venait d’un animal ou que le coton poussait sur une plante. Du fond de ma chambre à la moquette synthétique violette, la nature me paraissait tellement loin de moi (le mystère indicible de ces enfants qui parlaient de leur "maison de campagne"), un environnement tellement lointain que j’étais incapable de concevoir le moindre lien entre mon quotidien et cette nature que je voyais à la télé.

Auteur: Lecoq Titiou

Info: http://www.slate.fr/story/167504/nature-protection-environnement-perception-enfants-ecologie

[ rupture ] [ industriel ] [ prise de conscience ] [ enfance ] [ déconnexion ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

fabrication sérielle

Nous avons, dans ces derniers temps, beaucoup travaillé et étudié la grande invention de la civilisation : la division du travail ; seulement nous lui donnons un faux nom. A vrai dire, ce n'est pas le travail qui est divisé, ce sont les hommes ; divisés en portions d'hommes, en petits fragments, en miettes vivantes, de telle sorte que la parcelle d'intelligence qu'on leur laisse est insuffisante pour former une épingle ou un clou, et s'épuise à former la pointe d'une épingle ou la tête d'un clou. Fabriquer un grand nombre d'épingles en un jour est évidemment une chose bonne et désirable, mais si nous pouvions seulement voir avec quel sable cristallisé ou à la loupe pour pouvoir discerner ce qu'il est -nous comprendrions quel déchet il renferme ! Et le grand cri qui sort de nos villes manufacturières, dominant le souffle de la fournaise, vient vraiment de ceci : -que nous fabriquons de tout, excepté des hommes.

Auteur: Ruskin John

Info: La Nature du gothique, Pierre de Venise, trad. Mathilde Crémieux, Librairie Aillaud, 1907

[ à la chaîne ] [ ère industrielle ] [ critique ] [ productivisme compétitif ] [ déshumanisation ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

priméité

Les équations de la dynamique expriment complètement les lois de la méthode historique appliquées à la matière, mais l'application de ces équations implique une connaissance parfaite de toutes les données. Or, la plus petite portion de matière que nous puissions soumettre à l'expérience est constituée de millions d'atomes, dont aucun ne nous est jamais perceptible individuellement. Nous ne pouvons donc pas déterminer le mouvement réel de n'importe laquelle de ces particules ; nous sommes donc obligés d'abandonner la méthode historique stricte et d'adopter la méthode statistique pour traiter les grands groupes d'atomes... Ainsi, la science atomique nous enseigne que nos expériences ne peuvent jamais nous donner plus que des informations statistiques et qu'aucune loi dérivée ne peut prétendre à une précision absolue. Mais lorsque nous passons de la contemplation de nos expériences à celle des atomes eux-mêmes, nous quittons un monde de hasard et de changement pour entrer dans une région où tout est certain et immuable. 


Auteur: Maxwell James Clerk

Info:

[ mathématisée ] [ science dure ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

élites

Le décret de bonheur prend l'apparence absolutiste de la pure philanthropie. Il suggère qu'au moins quelques personnes savent ce qu'est le bonheur mais veulent prévenir par le "rationnement" le collapsus qui surviendrait nécessairement si tous savaient la même chose. Prévenir le collapsus est la présupposition implicite, par la rhétorique, des économies planifiées des Etats. Ceux qui détiennent le savoir expérimentent déjà, au nom de tous les autres, ce qui résulte de leur savoir : ils vivent dans des enclaves au coeur de la collectivité et masquent les fenêtres de leurs limousines pour que personne ne puisse voir s'ils ne seraient pas, par hasard, déjà heureux. Ils distribuent à tous, avec une belle progressivité dans l'accoutumance du bonheur, un peu de ce qu'ils ont déjà expérimenté. La formation des files d'attente là où ont lieu les distributions permet de conclure au succès de la procédure — mais aussi d'imaginer les ruées et les affrontements qui surviendraient obligatoirement si ceux qui prétendent connaître le bonheur augmentaient les portions de leurs distributions dans la mesure de leur connaissance des besoins de ce qui rend heureux.

Auteur: Blumenberg Hans

Info: Le souci traverse le fleuve

[ justification ] [ pouvoir ] [ conservation ]

 

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repas

Une affiche manuscrite punaisée au mur proposait plus d'une demi douzaine de plats de nouilles, à la mode chinoise ou japonaise. Aux fines et brunes sobas de sarrasin, Otani préférait en général les épaisses pâtes udon blanches, qu'il commandait avec la populaire garniture de poitrine de poulet et de fines tranches d'oignons de printemps. Pourtant, lorsque la servante vint prendre sa commande, il demanda, presque sans réfléchir, des kitsuneudon, ou "nouilles de renard" [...] Quelques minutes plus tard, la serveuse lui apporta un énorme bol fumant et Otani prit une paire de baguettes dans un bocal disposé sur la table. Il considéra d'un air satisfait la généreuse portion de nouilles baignant dans un potage à l'odeur appétissante, surmonté d'une petite montagne de morceaux de fromage de soja frits. Il en saisit un entre ses baguettes et le mâchonna d'un air songeur, appréciant sa texture légèrement élastique mais frappé une fois encore par le fait que le tôfu n'avait pratiquement aucun goût. Il était d'autant plus étrange que les renards aient été censés l'apprécier au point qu'on ait accolé leur nom au plat.

Auteur: Melville James

Info: Haiku pour Hanae

[ Asie ] [ restaurant ]

 

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Ajouté à la BD par miguel