vieillesse
Le pessimiste peut se comparer à l'homme qui observe avec crainte et tristesse que son calendrier mural, dont il déchire quotidiennement une feuille, s'amincit de jour en jour. En revanche, celui qui s'attaque activement aux problèmes de la vie ressemble à l'homme qui détache chaque feuille successive de son calendrier et la classe soigneusement avec les précédentes, après avoir écrit quelques notes personnelles au dos. Il peut réfléchir avec fierté et joie à toutes les richesses ainsi consignées, à toute cette vie qu'il a déjà vécue pleinement. Qu'importe pour lui s'il constate les marques de l'âge ? A-t-il des raisons d'envier les jeunes qu'il rencontre, ou d'être nostalgique de sa propre jeunesse perdue ? Quelles raisons a-t-il pour cela ? A cause des possibilités qui s'offrent à un jeune, pour l'avenir qui lui est réservé ?
"Non, merci", pensera-t-il. Au lieu de possibilités, j'ai les réalités de mon passé, non seulement la réalité du travail et de l'amours accomplis, mais aussi des souffrances courageusement endurées. Ces souffrances sont même les choses dont je suis le plus fier, bien que ce soient des choses qui ne puissent inspirer l'envie.
Auteur:
Frankl Viktor Emil
Années: 1905 - 1997
Epoque – Courant religieux: industriel
Sexe: H
Profession et précisions: universitaire, neurologue et psychiatre, déporté, créateur de la logothérapie, prenant en compte le besoin de "sens" et la dimension spirituelle de la personne
Continent – Pays: Europe - Autriche
Info:
Découvrir un sens à sa vie
[
bilan
]
[
transmutation
]
[
positiver
]
déni
Je critique la manière dont les sociétés contemporaines envisagent la tristesse à la manière d'un objet de management. On n'a jamais autant parlé de fragilité, de vulnérabilité, mais on ne nous a par ailleurs jamais autant enjoints d'être actifs, réconciliés avec la vie, productifs. L'injonction au "travail de deuil" est révélatrice : comme s'il fallait conjurer la perte par une activité de tous les instants. Parce qu'elle reconnaît la perte, la consolation, c'est l'antirésilience. Elle s'oppose à l'idée selon laquelle n'importe quel trauma pourrait être dépassé par le retour de l'organisme à ses propriétés initiales. L'impératif de la résilience est une restauration du passé, comme si rien n'avait changé après le deuil ou le chagrin. Comme si le choc de la perte n'était pas un événement qui transforme le sujet... L'inconsolé, lui, est constitué par sa perte ; il reconnaît que quelque chose a disparu et que cette chose lui manque. Il a conscience qu'il ne retrouvera pas l'ordre ancien et qu'il ne doit pas chercher à le retrouver. C'est parce que nous acceptons d'être constitués par nos pertes passées que nous pouvons nous ouvrir à l'avenir.
Auteur:
Foessel Michaël
Années: 1974
Epoque – Courant religieux: Récent et Libéralisme économique
Sexe: H
Profession et précisions: philosophe
Continent – Pays: Europe - France
Info:
Entretien avec Juliette Cerf pour Télérama, "L'homme ? Un être à consoler sans modération"
[
positiver
]
[
endeuillement correct
]