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épidémies

On ne surestimera jamais assez l'importance de la sédentarité et de la concentration démographique qu'elle a entraînée. Cela signifie que presque toutes les maladies infectieuses dues à des micro-organismes spécifiquement adaptés à Homo sapiens ne sont apparues qu'au cours des derniers dix millénaires et nombre d'entre elles depuis seulement cinq mille ans. Elles constituent donc un "effet civilisationnel", au sens fort du terme. Ces maladies historiquement inédites — choléra, variole, oreillons, rougeole, grippe, varicelle et peut-être paludisme — n'ont émergé qu'avec les débuts de l'urbanisation et, comme nous allons le voir, de l'agriculture. Jusqu'à très récemment, dans leur ensemble, elles constituaient la principale cause de mortalité humaine. Cela ne signifie pas que les populations d'avant la sédentarité ne possédaient pas leurs propres parasites et maladies ; simplement, il ne s'agissait pas de pathologies d'origine démographique, mais plutôt de maladies caractérisées par une longue période de latence et/ou par des réservoirs non humains : typhoïde, dysenterie amibienne, herpès, trachome, lèpre, schistosomiase et filariose.

Auteur: Scott James C.

Info: Homo Domesticus. Chapitre 3. Zoonoses : la tempête épidémiologique parfaite

[ historique ] [ pandémies ]

 

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homme-animal

Au début de l'éthologie en France nous avons rapidement découvert que l'expression "animal-machine" de Descartes et Malebranche était un énorme contresens. Dès l'instant où l'on a observé des animaux en milieu spontané, on s'est rendu compte qu'ils possédaient un monde mental. Les animaux peuvent traiter des tas d'informations et s'en servir pour résoudre des problèmes, ce qui est la définition de l'intelligence. En milieu naturel, on a ainsi observé des singes effeuiller une branche, la traîner sur plusieurs kilomètres, l'introduire délicatement dans une termitière, attendre que les termites grimpent dessus, puis la sortir doucement pour manger les insectes. A cette époque, nous avons accumulé des centaines d'exemples de ce type, prouvant que chaque animal pouvait avoir un développement personnel en fonction du contexte, de l'état de sa mère et de celui de sa société. Je me suis alors dit qu'on mourra de honte d'avoir mis ces êtres qui pensent dans des cages dans le seul but de nous amuser, comme on meurt de honte d'avoir toléré l'esclavage ou les génocides.

Auteur: Cyrulnik Boris

Info:

[ bêtise anthropocentrée ]

 

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démotivation générale

J'appartiens à une génération qui, ayant reçu en héritage l'incrédulité à l'égard de la foi chrétienne, a créé en son sein une égale incrédulité à l'égard de toutes les autres croyances. Nos pères possédaient encore un élan capable de faire crédit, et qu'ils transféraient du christianisme à d'autres formes d'illusion. Certains d'entre eux s'enthousiasmaient pour l'égalité sociale, d'autres n'étaient passionnés que de beauté, ou encore croyaient en la science et les progrès qu'elle apportait ; d'autres enfin, plus attachés au christianisme, allaient chercher, au fond de l'Orient et de l'Occident, de nouvelles formes religieuses pour distraire leur conscience - sans elles totalement creuse - de l'acte de vivre. […]

Nous avons perdu cette religion qui était la nôtre, et toutes les autres du même coup.

Chacun s'est ainsi retrouvé livré à lui-même, seul avec le désespoir de se sentir vivre. Un bateau semble fait pour naviguer ; mais son but véritable, ce n'est pas de naviguer : c'est d'arriver au port. Nous voilà tous en train de naviguer, sans la moindre idée du port auquel nous devrions arriver.

Auteur: Pessoa Fernando (Alv. de Campos)

Info: Le livre de l'intranquillité, Texte n° 306

[ perdus ]

 

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thérapies

Dans l'Europe du XVI°s, les gens, y compris les médecins diplômés et les guérisseurs populaires, croyaient en général que les cadavres possédaient des pouvoirs de guérison puissants. Cela conduisait à une pratique qui paraît maintenant bizarre voire révoltante, mais qui était bien connue à l'époque de Meister Frantz : c'était l'ingestion, le port ou l'usage médical de parties de corps humain pour soigner les maladies ou les blessures. (...) Boire le sang, "la plus noble des humeurs", était considéré (comme ) un remède très puissant ; les usages étaient nombreux, dont dissoudre des caillots sanguins, protéger des humeurs douloureuses ou de la toux, prévenir les convulsions, libérer des menstruations bloquées ou même guérir les flatulences. Comme les écoles de médecine croyaient que le sang était produit en continu par le foie, son approvisionnement était en théorie illimité, diminuant ainsi toute inquiétude sur les saignées fréquentes, ou phlébotomies, destinées à restaurer l'équilibre entre les humeurs. L'âge et la virilité déterminant la puissance du fluide, le sang des jeunes criminels exécutés d'un coup, dont la force vive n'avait pas eu le temps de s'échapper, était très prisé. Les épileptiques, voulant boire le sang frais et chaud des "pauvres pécheurs" [exécutés], s'alignaient souvent près de l'échafaud après une décapitation - une scène choquante pour nous mais banale pour Frantz Schmidt et ses contemporains.

Auteur: Harrington Joel F.

Info: L'honneur du bourreau, pp. 250-251

[ superstitions ] [ santé ] [ historique ]

 

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bienséance

Selon [Richard] Sennett, ce qu’il y a de meilleur dans la tradition culturelle de l’Occident trouve son origine dans les conventions qui, jadis, réglaient les relations impersonnelles des gens en public. Ces conventions, qu’on trouve aujourd’hui contraignantes, artificielles et incompatibles avec la spontanéité affective, créaient des barrières de politesse entre les gens, établissaient des limites aux manifestations publiques de l’affectivité, mais encourageaient le cosmopolitisme et la courtoisie. A Londres ou à Paris, au XVIIIe siècle, la sociabilité n’était pas fonction de l’intimité. "Des étrangers pouvaient faire connaissance dans une rue ou dans un jardin et s’adresser la parole sans aucune gêne." Ils possédaient en commun un fonds de "signes publics" qui permettaient à des gens qui n’appartenaient pas au même milieu de s’entretenir poliment et de coopérer, sans devoir, pour autant, dévoiler leurs secrets les plus intimes. Mais cette réserve disparut au XIXe siècle : on se mit à croire que le comportement public d’un individu révélait sa personnalité intérieure. Le culte romantique de la sincérité et de l’authenticité arracha les masques que l’on portait en public, mina la distinction entre vie publique et vie privée. On se mit à considérer le domaine public comme un miroir de soi ; on perdit la capacité de distanciation, et donc de nouer des relations sur le mode du jeu, car le jeu présuppose un certain détachement par rapport à soi-même. 

Auteur: Lasch Christopher

Info: Dans "La culture du narcissisme", trad. Michel L. Landa, éd. Flammarion, Paris, 2018, pages 56-57

[ avantages ] [ dédramatisation ] [ bonnes manières ] [ lubrifiant social ]

 

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nantis

Ce soir-là, sans y être préparé, je venais de pénétrer dans un territoire jusqu'alors inconnu qui me hanterait des années durant : celui des grands bourgeois. Ce maigre adjectif fait toute la différence, croyez-moi. Ce n'est pas une question d'argent. C'est une ques tion d'attitude. Ici, l'argent ne comptait pas : il n'était pas un moyen, encore moins un but. C'était presque un gros mot. Ils étaient riches, mais ils s'en fichaient complètement. D'ailleurs ils se fichaient d'à peu près tout. Ce n'était pas un principe réfléchi – ce qui aurait fait d'eux des snobs –, mais un état naturel. Tout ce qui jusqu'ici avait pour moi représenté l'ordre, l'apparence, le respect des conventions, volait subitement en éclats. Les petits-bourgeois – et mes parents en étaient, c'est certain – obéissaient à des règles. Les grands bourgeois n'en avaient aucune. Ils faisaient tout simplement ce qui leur plaisait au moment où cela leur plaisait. Ils n'avaient pas peur de déranger, cette idée ne les effleurait même pas. Comment auraient-ils pu déranger ? Ils étaient chez eux partout, en toutes circonstances. Ils ne voulaient rien puisqu'ils avaient déjà tout, Ils n'avaient rien à prouver, rien à gagner. Il leur suffisait simplement de laisser s'écouler le long fleuve de leur vie de la façon la plus paisible qui soit, en observant d'un air vague et détaché le peuple primitif qui s'agitait le long des rives qu'ils traversaient. Ils possédaient le monde.

Auteur: Roux François

Info: Le Bonheur National Brut

[ fortunés ] [ privilégiés ]

 

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fric

On peut dire que l'argent est un instrument neutre qui n'a comme tel un effet ni positif ni négatif. Il constitue un simple substitut du troc : une marchandise spécialement conçue pour l'échange. Une image tout à fait différente émerge cependant au plan historique. A l'origine, les sociétés féodales étaient dominées par la caste des guerriers qui s'appropriait les terres par la force. Ils sont ce que Hegel nomme les "Maîtres". En face d'eux se tient la majorité de la population, les "esclaves" devenus "serfs" par la suite. Les uns travaillent, les autres règnent sur eux. Pour pouvoir faire circuler les produits issus de cette division du travail, il fallait les marchands. Ils vont de pays en pays, vendent leurs marchandises et vivent de leur profit. Pour ce commerce, on a besoin de l'argent comme instrument de la circulation. Au moyen âge et surtout pendant la renaissance, les régnants font une découverte surprenante. Ils n'ont plus besoin de la violence comme base de leur règne. L'argent rend le même service. Avec lui, on peut amener quelqu'un à travailler pour soi, sans autre violence. La révolution française et sa nouvelle redistribution du pouvoir n'a rien changé à cela. Les aristocrates ont vite compris qu'il pouvaient renoncer à leurs privilèges seigneuriaux s'ils possédaient suffisamment d'argent. L'épée ou le sabre ne sont plus nécessaires, on peut arranger tout cela de la même manière avec de l'argent. Aristote avait reconnu cet aspect de l'argent comme l'héritier de la violence sociale. L'argent reflète le rapport de domination et remplace l'instrument de la violence.

Auteur: Jorion Paul

Info:

[ influence ] [ historique ] [ arme ]

 

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maniaque

<SBR> Victoire!
<Shion-ht> ?
<SBR> J'ai remporté seul un dur combat contre une multinationale, tu devrais être fière de moi!
<Shion-ht> je sais pas pourquoi mais venant de toi, je sens déjà la connerie arriver...
<SBR> Roooh, tout de suite. Bon, j'explique. Y'a quelques temps, j'ai vu une émission sur des gens qui abusaient du service consommateur pour se faire rembourser leurs achats (même s'ils n'avaient trouvé aucun défaut au produit)
<SBR> Un jour, aux toilettes, j'arrivais à la fin du rouleau et là, c'est le drame, il ne restait plus que 3feuilles, hors j'utilise SYSTÉMATIQUEMENT un nombre PAIR de morceaux et sur le paquet, il est écrit "400feuilles".
<SBR> J'ai donc déroulé entièrement chaque rouleau restant et j'ai compté les feuilles une par une et sur les 4rouleaux restant, 2 possédaient un nombre de feuilles inférieur à 400!
<SBR> Je dois avouer que je me suis senti outré, comment une société aussi renommée pouvait oser me voler de la sorte?! J'ai donc écrit une lettre au service consommateur à laquelle j'ai joint les 2 outrageux rouleaux en les somment de recompter le nombre de feuilles.
<SBR> Ce matin, j'ai reçu un colis contenant un paquet de 24rouleaux ainsi qu'une lettre d'excuses de leur part! "Malgré tous les efforts que nous fournissons pour respecter nos engagements, il peut exceptionnellement arriver qu'un défaut se glisse dans l'un de nos produits, nous tenons sincèrement à nous en excuser blablabla"
<SBR> Tu ne peux point imaginer la fierté qui m'a envahi lors de la réception du colis :D
<SBR> Je vais encadrer la lettre et la mettre dans ma vitrine à trophées

Auteur: Internet

Info:

[ économie ] [ dialogue-web ]

 

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création

Ne venez surtout pas me parler de dons naturels, de talents innés ! On peut citer dans tous les domaines de grands hommes qui étaient peu doués. Mais la grandeur leur est venue, ils se sont faits "génies" (comme on dit), grâce à certaines qualités dont personne n’aime à trahir l’absence quand il en est conscient ; ils possédaient tous cette solide conscience artisanale qui commence par apprendre à parfaire les parties avant de se risquer à un grand travail d’ensemble ; ils prenaient leur temps parce qu’ils trouvaient plus de plaisir à la bonne facture du détail, de l’accessoire, qu’à l’effet produit par un tout éblouissant. Il est facile, par exemple, d’indiquer à quelqu’un la recette pour devenir bon nouvelliste, mais l’exécution en suppose des qualités sur lesquelles on passe en général en disant : "je n’ai pas assez de talent". Que l’on fasse donc cent projets de nouvelles et davantage, aucun ne dépassant deux pages, mais d’une précision telle que chaque mot y soit nécessaire ; que l’on note chaque jour quelques anecdotes jusqu’à savoir en trouver la forme la plus saisissante, la plus efficace, que l’on ne se lasse pas de collectionner et de brosser des caractères et des types d’humanité, que l’on ne manque surtout pas la moindre occasion de raconter et d’écouter raconter, l’oeil et l’oreille attentifs à l’effet produit sur les autres, que l’on voyage comme un paysagiste, comme un dessinateur de costumes, que l’on extraie d’une science après l’autre tout ce qui, bien exposé, produit un effet d’art, que l’on réfléchisse enfin aux motifs des actions humaines, ne dédaigne aucune indication qui puisse en instruire, et soit jour et nuit à collectionner les choses de ce genre. On laissera passer une bonne dizaine d’années en multipliant ces exercices, et ce que l’on créera alors en atelier pourra se montrer aussi au grand jour de la rue. 

Auteur: Nietzsche Friedrich

Info: Humain, trop humain. Aphorisme 163

[ labeur ] [ souffle ] [ abnégation ] [ prédation ]

 
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discours confus

"Loin de Moscou ― c'est un livre ― un livre ― comme on dit ― un livre ― je veux dire un livre ― où on ― où ils, c'est à dire dans ce livre ― l'auteur nous raconte ― nous raconte ou plutôt nous décrit ― ce qui est arrivé ― nous raconte ― la vie, quoi, là-bas, le travail... comment ça s'est passé là-bas ― loin de Moscou, c'est ça ― très loin de Moscou n'est-ce pas? et l'auteur raconte ― décrit ce qu'ils ont fait ― comment ils ont travaillé... pas vrai ! ― bien travaillé, les camarades, ou pas tellement bien que ça... certain, c'est à dire, ben, y en avait qui travaillaient pas si bien que ça... mais après ils ont compris qu'il le fallait... parce que... ils travaillaient pour eux... là-bas, dans ces contrées... dans ces contrées... loin de Moscou... loin de la capitale de l'Union soviétique... parce qu'il n'y avait plus de capitalistes... qui extorquaient... qui exploitaient... les ouvriers et il fallait améliorer... comment qu'on appelle ça... ah oui, c'est ça, les normes parce que les travailleurs... travaillent pour le peuple alors à la fin ils ont compris... ils ont pris des... comment dire des initiatives là-bas... ils ont pris des engagements sovié... socialistes seulement ça a été dur parce qu'il fallait expliquer aux gens qui ne comprenaient pas... et les curés qui leur disaient qu'ils iraient en enfer s'ils travaillaient...et il y avait aussi des Koulaks... des saboteurs dans ce pays-là, loin de Moscou, loin de la capitale de l'Union des Républiques Socialistes Soviétiques..."

Le sous-lieutenant Prouza se remit enfin de sa stupeur. Il savait que les soldats ne possédaient pas comme lui le don de la rhétorique, mais il ne soupçonnait pas un telle carence de moyens d'expression ― et en plus, il avait l'impression que l'adjudant ne connaissait pas grand-chose au livre. Il se demandait même ce que les curés venaient faire là-dedans.

Auteur: Skvorecký Josef

Info: L'Escadron blindé : chronique de la période des cultes

[ paroles embrouillées ]

 

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