Citation
Catégorie
Tag – étiquette
Auteur
Info



nb max de mots
nb min de mots
trier par
Dictionnaire analogique intriqué pour extraits. Recherche mots ou phrases tous azimuts. Aussi outil de précision sémantique et de réflexion communautaire. Voir la rubrique mode d'emploi. Jetez un oeil à la colonne "chaînes". ATTENTION, faire une REINITIALISATION après  une recherche complexe. Et utilisez le nuage de corrélats !!!!..... Lire la suite >>
Résultat(s): 27
Temps de recherche: 0.0321s

langage

En effet, celui-ci est un édifice vaste et complexe caractérisé, au travers des structures grammaticales et syntaxiques qui le constituent, par une puissante imprégnation logique intrinsèque. Cette logique qui reflète le monde selon les modalités spécifiques des structures de notre cognition, les interactions que nous entretenons avec lui, et la matrice intersubjective qui constitue les rapports que nous entretenons avec nos semblables, les exprime autant qu'elle contribue à les architecturer. En la langue sont déposés les cadres schématiques de l'induction et de la causalité qui s'y sont sédimentés peu à peu au fil de l'éveil historique de la conscience humaine: ils s'y tiennent en état de veille constante, prêts à s'activer dès que la nécessité de leur concours est requise. C'est cette disponibilité hautement inflammable des structures logiques de la langue qui conduit parfois à leur activation fantomatique, sous des impulsions inconscientes dues à des conjonctions de sens inattendues ou à la nécessité impérative de donner un sens, par exemple, à l'intensité d'une détresse, donnant l'impression que quelque chose ou "quelqu'un" parle.

Auteur: Farago Pierre

Info: Au sujet du diable

[ imaginaire ] [ possession ] [ aliénation ]

 
Commentaires: 4
Ajouté à la BD par Coli Masson

distraction

Ce qui est propre à la photographie et proprement fascinant en elle tient au fait qu’elle réunit deux des principales activités d’aujourd’hui : la reproduction et l’acquisition. A quoi il faut ajouter le fait que ce qu’on acquiert ainsi [...] ne coûte que le prix des ustensiles nécessaires à cette acquisition, puisque ce que le photographe acquiert (en l’occurrence la vue) se tient gratuitement à sa disposition, ce qui constitue dans notre monde marchand une fabuleuse exception. Ce n’est bien sûr pas un hasard si "appuyer sur le déclencheur" se dit en anglais "to shoot" (tirer) comme si le sujet de la photo était un gibier. Ce qui est fascinant dans la photographie, c’est, en fin de compte, qu’elle est à la fois une acquisition et quelque chose de funny, c’est-à-dire un loisir qui convient aux analphabètes du loisir parce qu’il prend ouvertement l’apparence d’une occupation et souvent même d’un travail, bref, parce qu’il se présente comme un hobby. Le hobby appartient lui aussi à la problématique du fantomatique puisqu’il est un délassement qui joue au travail ou un travail exécuté dans le but de se délasser du travail.

Auteur: Anders Günther Stern

Info: Dans "L'obsolescence de l'homme", trad. de l'allemand par Christophe David, éditions Ivrea, Paris, 2002, page 207

[ critique ] [ possession ] [ effigie ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par Coli Masson

chialer

Voici par exemple cette femme qui vient me consulter et qui avec son flot de larmes ne fait qu’embrouiller la situation. Voilà qui est terriblement négatif et fou, parce qu’elle m’ennuie à mourir, et je commence à lire mon journal. Cela, je l’ai vraiment fait. Une femme avait littéralement inondé mon bureau, elle avait apporté six mouchoirs, et je lui ai dit : "Ah, vous apportez ces parapluies psychiques pour vous mettre à l’abri du flot." Et elle pleura sans s’arrêter pendant presque une heure. Et pendant qu’elle pleurait à chaudes larmes pendant trois longs quarts d’heure, je lisais mon journal et fumais un cigare, mais une éclaircie survint, on put parler pendant un petit quart d’heure – et puis ça a repris de plus belle. Une autre patiente peut aussi d’entrée de jeu sortir de sa manche une grande scène dramatique, et j’ignore complètement de quoi elle parle : elle est seulement folle, totalement identifiée à ses émotions. Donc, c’est un grand pas en avant quand les gens peuvent enfin dire : "Je suis dans tel et tel état, pardonnez-moi, sapristi." Voilà qui est humain, voilà le premier cercle magique contre les forces de destruction les plus absolues, ou contre manipura.

Auteur: Jung Carl Gustav

Info: Dans "Analyse des visions", conférence du 30 novembre 1932

[ témoignage ] [ psychanalyste ] [ mépris ] [ possession ] [ envahissement ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par Coli Masson

aveuglement

Kant fut le premier à attirer l'attention sur le paradoxe de notre raisonnement concernant la morale: quand nous rencontrons quelqu'un de vraiment mauvais, nous ne pouvons éviter l'impression qu'en commettant des actes horribles, il ne fait que se conformer à la nécessité inscrite dans sa nature, qu'il n'est pas en son pouvoir d'agir différemment.

Le paradoxe réside en ceci: nonobstant cette impression (et en apparente contradiction avec elle) nous le tenons pour entièrement responsable de ses actes, comme si sa "nature mauvaise" elle-même était un accident de son "libre-arbitre"...

Cette "responsabilité inconsciente" fait déjà signe vers le sujet de l'inconscient, ce "je" qui "doit advenir" selon la formule énoncée par Freud: "Wo es war soll ich werden".

Pour que ce sujet "responsable" puisse advenir, il aura dû vaincre l'hypothèse que les mauvais coups du sort NE SONT PAS le résultat de la malchance ou de la malveillance de "l'autre", petit autre ou grand Autre...

L'inconscient est un savoir sans sujet, ce qui "arrive" au sujet résulte massivement d'un automatisme de répétition insensé, acéphale, venant du point précis où le sujet refuse de savoir, "ne veut rien en savoir", livré qu'il est à sa passion de l'ignorance, "ça sait rien et ça jouit"...

Nul n'échappe à cette passion de l'ignorance, raison pour laquelle, dans l'enseignement de Lacan, l'ignorance est l'une des trois passions du parlêtre (avec l'amour et la haine).

Auteur: Dubuis Santini Christian

Info: publication facebook du 18.03.2021

[ possession ] [ futur antérieur ] [ performativité ] [ triade ]

 
Commentaires: 6
Ajouté à la BD par Coli Masson

transhumanisme masqué

"Sapiens" de Yuval Noah Harari a été vendu à plus de huit millions d’exemplaires, les bouquins qui s’en sont suivis, sans atteindre encore ces sommets, s’en approchent (déjà quatre millions pour Homo deus...) Encensé par Bill Gates, Mark Zuckerberg, Barack Obama, Carlos Ghosn, Damien Hirst, etc. Harari est aujourd’hui adoubé comme un maître-penseur, et comment s’étonner dès lors qu’il ait été convié avec le statut de "guest star" au Forum économique de Davos?

Ses ouvrages se présentent à la fois comme une entreprise de vulgarisation portant sur l’histoire de notre espèce et comme une méditation sur le sens de cette histoire. La volonté pédagogique du prof de l’université de Jérusalem se double ainsi de considérations qui, sous couvert de science, ne font que déplier un métarécit pseudo-savant qui permettrait de justifier de façon éhontée une allégeance sans borne à l’idéologie de l’époque (ce qui explique son formidable succès), tout en faisant preuve à chaque page d’un illettrisme consternant doublé d'une stupidité effarante...

L’œuvre trousse en quelques chapitres l’histoire de l’univers telle qu’elle n’a plus de secrets pour lui, comme s’il avait assisté en personne au déroulement des opérations, de l’explosion originelle à l’apparition de l'Homo sapiens, et il n’hésite pas, bien sûr, à prédire notre avenir, faisant état d’une scission de l’humanité en deux groupes: les laissés pour compte d’un côté.et les ..."dieux" (promis à l’immortalité) de l’autre, ces derniers parvenant aux félicités de la richesse et la célébrité pour avoir été fondus dans le moule des "nouvelles technologies" numériques, et parmi tous les poncifs du discours dominant, avoir pigé toute l’histoire de l’évolution biologique à partir de la seule notion ...d’algorithme.

Avec pour capitonner ce tissu d’âneries fantastiques, l’inévitable refrain sur la tolérance, la passementerie pseudo-humaniste qui permet à l’auteur (et à ses lecteurs) de se situer à coup sûr du côté du Bien, les autorisant ainsi à l’évocation de l’eugénisme comme si cela ne soulevait plus de problème...

Peut-être que pour certains ces propos paraîtront exagérés, surtout à notre époque désenchantée où "la science" semble encore en mesure de faire "rêver les gens"... En admettant que ce soit l’une de ses prérogatives — ce dont il est permis de douter — que dire des étudiants en histoire, qu’un professeur est censé instruire, que ce dernier s’autorise de son statut pour raconter à ce point n’importe quoi...

Auteur: Dubuis Santini Christian

Info: Publication facebook du 28.11.2020

[ critique ] [ possession par le discours ] [ discours scientifique ]

 
Commentaires: 3
Ajouté à la BD par Coli Masson

nazisme

Plus d’art. En peinture, nous voyons renaître le tableau de genre, le chromo patriotique. Les sciences découronnées de leurs meilleurs techniciens ne nous offrent plus rien. Les grands chimistes allemands, les grands médecins, surtout les psychiatres étaient israélites. On a brûlé sur les bûchers d’Hitler des ouvrages de haute érudition qui représentaient des années de travail, quelquefois toute une vie de labeur.

Certains de ces ouvrages, qui valent des millions de francs, comme celui du professeur Jedassohn, ne seront plus réédités. C’est une perte pour toute l’humanité. On a détruit l’Institut d’Hirschfeld et ses collections. On a saccagé les maisons d’édition qui imprimaient les ouvrages des auteurs juifs. 

‘‘J’avais chez moi’’, m’a dit un de mes amis berlinois, ‘‘quelques livres qui m’eussent fait passer pour suspect à la moindre perquisition. Des Einstein, une traduction de Barbusse, le Michel-Ange de Romain Rolland, trois Stefan Zweig, un Freud, j’en oublie… Il fallait m’en défaire. J’en fis de petits paquets que j’allais abandonner la nuit, loin de chez moi. Je mis un mois à disperser ma pauvre bibliothèque. Je n’étais pas le seul. On trouvait souvent, dans les taillis des jardins publics, des livres "maudits", dont leur possesseur se défaisait comme d’une peste’’.

Tous les concierges sont de la police, tous les garçons de café, de restaurant, d’hôtel aussi. Et la bonne moitié des chauffeurs de taxi.

Pour remplacer les ouvrages détruits ou poursuivis par la censure, les polygraphes se sont mis au travail. On sort des romans  à l’eau de rose où les bons nazis se conduisent en héros, des aventures policières où le traître est toujours un Juif quand il n’est pas un Français ou un communiste.

Un Français, fixé à Berlin, voulut me faire comprendre par analogie la situation :

- Imagine qu’en France, on n’autorise comme peintres et sculpteurs que les sociétaires des Artistes Français, comme littérateurs  les Veillées des Chaumières, comme théâtre que les répertoires des patronages et comme film la Margoton du bataillon. Tu vois un peu les dégâts.

- Et avec ça, demandais-je- les Allemands sont heureux ?

- Les Allemands, d’abord, ne sont jamais heureux. Mais il peuvent être plus ou moins satisfaits. Or, c’est un fait qu'on trouve une foule de mécontents. Soixante à soixante dix pour cent de la population, peut-être… Seulement…

Mon interlocuteur suspendit un instant son effet : 

- Seulement, ajouta-t-il, le plus mécontent des Allemands, le plus tiède, le moins enthousiaste, considère encore le Führer Hitler comme un fétiche, comme une mascotte, comme le porte-bonheur de son pays.



 

Auteur: Scize Pierre

Info: 1936 en Allemagne, après l'avènement d'Adolf Hitler

[ antisémitisme ] [ possession idéologique ] [ beaux arts ] [ nationalisme ] [ comparaison ] [ dictateur ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par Coli Masson

conversation

- Comment, ne croyez-vous donc pas en Dieu ?

- Au contraire, je n’ai rien contre Dieu. Bien sûr, Dieu n’est qu’une hypothèse... mais... je reconnais qu’il est nécessaire à l’ordre... à l’ordre universel, et ainsi de suite... et s’il n’existait pas, il faudrait l’inventer, ajouta Kolia qui commençait à rougir. Il s’imagina soudain qu’Aliocha allait penser qu’il cherchait à étaler son savoir et à montrer qu’il était un "grand". "Mais je ne veux pas du tout étaler mon savoir devant lui", songea-t-il avec indignation. Et tout à coup il se sentit terriblement vexé.

- J’avoue que je déteste me lancer dans toutes ces controverses, trancha-t-il, on peut bien aimer l’humanité sans croire en Dieu, qu’en pensez-vous ? Voltaire, lui, ne croyait-il pas en Dieu, et pourtant il aimait l’humanité ? (Encore, encore ! pensa-t-il.)

- Voltaire croyait en Dieu, mais mal, je crois, et je crois qu’il aimait mal l’humanité, répondit doucement Aliocha d’un ton réservé et absolument naturel, comme s’il parlait à un égal par l’âge ou même à quelqu’un de plus âgé que lui. Ce qui frappa Kolia, ce fut précisément ce manque d’assurance d’Aliocha quant à son opinion sur Voltaire et qu’il lui laissât, eût-on dit, à lui, le petit Kolia, le soin de trancher la question.

- Avez-vous donc lu Voltaire ? conclut Aliocha.

- Non, pas précisément... Quoique j’aie lu Candide dans la traduction russe... dans une vieille traduction, vilaine, ridicule... (Encore, encore !)

- Et vous avez compris ?

- Oh oui, tout... c’est-à-dire... pourquoi croyez-vous donc que je n’aie pas tout compris ? Il y a naturellement beaucoup de grivoiseries... Je suis, bien sûr, capable de comprendre que c’est un roman philosophique et qu’il a été écrit pour illustrer une thèse... Kolia s’embrouilla cette fois définitivement. Je suis socialiste, Karamazov, je suis un incorrigible socialiste, dit-il en coupant court, sans rime ni raison.

- Socialiste ? Aliocha se mit à rire. Mais quand donc en avez-vous eu le temps ? Vous n’avez encore que treize ans, je crois.

Kolia eut un haut-le-corps.

- Premièrement, pas treize, mais quatorze dans quinze jours, répondit-il en s’empourprant, et deuxièmement, je ne comprends absolument pas ce que mon âge vient faire là-dedans. Ce qui importe, ce sont mes convictions et non pas l’âge que j’ai, n’est-ce pas vrai ?

- Quand vous serez plus grand, vous verrez vous-même quelle importance l’âge a pour les convictions. Il m’a semblé, aussi, que ce que vous dites n’est pas de vous, répondit Aliocha modestement et avec calme, mais Kolia l’interrompit avec feu.

- Voyons, vous cherchez l’obéissance et le mysticisme. Convenez que la religion chrétienne, par exemple, n’a servi qu’à permettre aux riches et aux grands de ce monde de maintenir les classes inférieures dans l’asservissement, n’est-ce pas ?

- Ah, je sais où vous avez lu cela, et quelqu’un a sûrement dû vous endoctriner ! s’exclama Aliocha.

- Je vous en prie, pourquoi donc l’aurais-je nécessairement lu ? Et absolument personne ne m’a endoctriné. Je suis aussi capable moi-même... Et, si vous voulez, je ne suis pas contre le Christ. C’était une personnalité parfaitement humaine, et s’il vivait de nos jours, il se joindrait résolument aux révolutionnaires et jouerait peut-être un rôle en vue... C’est même sûr.

- Où, mais où avez-vous pêché tout cela ? Quel est l’imbécile avec qui vous frayez ? s’exclama Aliocha. 

[...]

- Dites, Karamazov, vous me méprisez énormément ? trancha tout à coup Kolia, et il se redressa de toute sa taille devant Aliocha comme pour se mettre en garde. Ayez l’obligeance de parler sans détour.

- Je vous méprise ? fit Aliocha en le regardant avec surprise. Mais pourquoi donc ? Cela me fait seulement de la peine de voir qu’une aussi charmante nature que la vôtre et qui n’a pas encore commencé à vivre est déjà faussée par toutes ces grossières sornettes.

Auteur: Dostoïevski Fédor Mikhaïlovitch

Info: Dans "Les Frères Karamazov", volume 2, traduction d'Elisabeth Guertik, le Cercle du bibliophile, pages 290 à 293

[ représentant socratique ] [ déstabilisation ] [ possession par l'idéologie ] [ exemplarité ] [ enseignement ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par Coli Masson