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idéologies

Le parallélisme entre ces trois "anti" [antisémitisme, antiprotestantisme, anticléricalisme] est tel que, lorsqu’on prend la peine de les analyser, on est surpris de découvrir, chez tous les trois, les mêmes éléments, les mêmes facteurs ou les mêmes griefs, qu’il est aisé de classer sous les mêmes chefs ou les mêmes rubriques. […]

Essayons de les classer. Ce sont :


  1. Les antipathies religieuses ou irréligieuses, les passions sectaires, l’intolérance des croyances d’autrui, la prétention d’user de l’autorité de la loi et de la puissance publique contre ceux qui ne pensent point comme nous ;

  2. Les antipathies de races ou les préjugés nationaux ; un nationalisme jaloux, qui accuse les divers groupes confessionnels de dénaturer l’esprit français, de compromettre l’unité nationale ou l’unité morale du pays ;

  3. Les rivalités et les rancunes économiques ; la concurrence vitale et la lutte pour la richesse ; le désir d’évincer des concurrents gênants ; l’accusation réciproque de tenir trop de place dans le pays et d’accaparer une trop grande part de la fortune nationale ;

  4. Les antipathies et les rancunes politiques ; la passion du pouvoir et l’ambition d’en écarter des adversaires détestés ; l’accusation réciproque de tendre au monopole des emplois publics et de préparer l’asservissement du pays et de l’Etat.


[…] chez la plupart de leurs adeptes, l’antisémitisme, l’antiprotestantisme, l’anticléricalisme se couvrent, également, de mobiles désintéressés et de passions nobles. Par là s’expliquent leur vogue auprès de tant d’esprits simples et leur ascendant sur tant d’âmes droites.

Auteur: Leroy-Beaulieu Anatole

Info: " Les doctrines de haine ", éditions Payot et Rivages, Paris, 2022, page 79

[ ressemblances ] [ points communs ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

obsession

Soit préjugé de l'éducation, soit prévention invétérée de l'habitude -
Soit entêtement politique, soit fanatisme religieux -
Soit instinct, soit expérience de ce que valent les choses du monde, — Popocambou, depuis qu'il étoit parvenu au pouvoir, n'avoit rien vu qui lui parût préférable à cette pantoufle.
Il y pensoit le jour. Il y pensoit la nuit. Il y pensoit le soir. Il y pensoit le matin.
Il se tournoit sur le côté gauche. Il se tournoit sur le côté droit. Il se couchoit sur le ventre. Il se couchoit sur le dos. Il ne rêvoit que de cette pantoufle.
Il est vrai que cette pantoufle n'étoit point à dédaigner. On auroit fait bien du chemin sans rencontrer une pareille pantoufle.
C'étoit une pantoufle fourrée,
C'étoit une pantoufle ouatée,
C'étoit une pantoufle satinée,
C'étoit une pantoufle raffinée, C'étoit une pantoufle perfectionnée, C'étoit une pantoufle d'hiver, c'étoit une pantoufle d'été;
C'étoit une pantoufle élégante, une pantoufle svelte, une pantoufle de bonne mine, une pantoufle distinguée;
C'étoit une pantoufle bien conditionnée, une pantoufle qui n'étoit ni trop large ni trop étroite, une pantoufle solide, une pantoufle élastique, une pantoufle moelleuse, une pantoufle confortable, une pantoufle essentielle ;
C'étoit une pantoufle qui ne faisoit pas le plus petit pli;
C'étoit une pantoufle naïve, une pantoufle naturelle, une pantoufle sans manières et sans prétentions, une pantoufle qui ne se donnoit ni les airs éventés du brodequin, ni les airs avantageux du cothurne, et que vous auriez reconnue de cinquante pas pour une honnête pantoufle.

Auteur: Nodier Charles

Info: In "Histoire du Roi de Bohème et de ses sept châteaux", éd. Plasma, p. 99-101

[ louange ] [ énumération ] [ fétichisme ]

 
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mouvement idéologique

Il est un autre parti, ou si l’on aime mieux, une autre doctrine, qui s’allie souvent au socialisme et qui, aux esprits libres, inspire plus de répugnance encore, parti tout négatif, fait de préjugés invétérés, d’autoritarisme jacobin et de haines sectaires, le tout recouvert d’un menteur vernis de libéralisme et paré d’une pédantesque défroque scientifique. On sent que nous voulons parler de l’anticléricalisme.

S’il n’avait d’autre but que de défendre, contre des prétentions surannées, la souveraineté de l’Etat et l’indépendance de la société civile, nous ne serions pas des derniers à combattre, avec lui, les adversaires attardés de la liberté politique ou de la liberté de penser. Mais, à cela, ne se bornent pas, aujourd’hui, chez la plupart de ses adeptes, les efforts de l’anticléricalisme. Pour la plupart d’entre eux, "clérical" est devenu synonyme de catholique ; tout homme fidèle à la vieille Eglise est un adversaire secret ou déclaré, qui doit être tenu en suspicion, et qui mérite d’être écarté de toute fonction publique. Au lieu d’un instrument d’émancipation, l’anticléricalisme s’est ainsi montré un agent de discorde et d’oppression. Bien plus, l’anticléricalisme, chez nombre de ses fervents, emporté, à son tour, par un zèle fanatique, en vient à s’attaquer, par-delà le clergé et par-delà l’Eglise, à tout vestige de l’idée chrétienne, à toute trace du sentiment religieux, à la notion même de Dieu, comme à de périlleuses et d’immorales superstitions, que l’Etat doit s’efforcer de déraciner. L’anticléricalisme finit ainsi par devenir une sorte de cléricalisme retourné, animé, lui aussi, d’un esprit de secte, intolérant des croyances d’autrui et jaloux, à son tour, d’employer contre elles l’autorité publique et l’ascendant du pouvoir.

Auteur: Leroy-Beaulieu Anatole

Info: " Les doctrines de haine ", éditions Payot et Rivages, Paris, 2022, page 65

[ description ] [ contradiction ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

récupération politique

Après l’orgie, on y est maintenant, et c’est tout simple : c’est le contraire de l’orgie et c’est le contraire de la liberté. C’est l’apparition de nouvelles lois, de nouvelles régulations, de nouvelles normes plus étonnantes les unes que les autres et qui poussent à toute allure comme des plantes monstrueuses, comme une végétation des premiers âges. La liberté n’a pas duré longtemps, mais le nouveau régime de persécution qui se met en place emploie encore le langage de la libération. Il ne l’emploiera pas longtemps, d’ailleurs, juste le temps qu’il faudra pour être devenu irréversible. On reconstruit en toute hâte, avec des matériaux un peu frustes il faut le reconnaître, mais c’est parce qu’ils ont été redessinés et retravaillés sur logiciel, les échafauds, les gibets, les pals, les estrapades, les bûchers que l’on avait détruits pendant l’orgie, et personne n’a l’air de s’en étonner ou de s’en inquiéter. Les torturés, d’ailleurs, ne seront pas les mêmes qu’avant, alors tout va bien. Après l’orgie, ce qu’il y a encore de plus libéré ce sont les lois, c’est la loi et le désir de loi, mais basés sur des valeurs que notre temps impose comme des évidences de toujours ou des lois d’essence alors qu’il ne s’agit, comme à chaque époque, que de préjugés. Les anciens régimes autoritaires mettaient au-dessus de tout la nation, la race ou le peuple ; les nouveaux propagandistes des nouveaux totalitarismes diffus, non dirigés, non conscients d’eux-mêmes, mais tout aussi totalitaires que les précédents, mettent en avant la parité, l’égalité égalitaire, la nécessité de conquérir tous les jours de nouveaux droits particuliers, et c’est tout cela dont l’ère de la liberté a accouché. Elle accouche tout simplement d’un nouveau désir de servitude.

Auteur: Muray Philippe

Info: Moderne contre moderne

[ dictature masquée ] [ asservissement volontaire ]

 

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science-fiction

Le scepticisme scientifique est le pain quotidien du Dr Steven Novella. En tant que président de la New England Skeptics' Society, sa mission est de promouvoir la science et la pensée critique. Novella met en lumière des preuves sur une série de sujets complexes sur son blog et son podcast 'The Skeptics Guide to the Universe'.

Dans son dernier livre, The Skeptics' Guide to the Future, Novella, neurologue à Yale, regarde l'avenir avec un œil critique, tentant de prévoir l'avenir de manière réaliste plutôt que de se laisser prendre au battage médiatique qui accompagne généralement le futurisme. Parmi la panoplie de sujets qu’il aborde figure la notion de réalité neuronale, qui serait l’expression ultime de la réalité virtuelle.

"Avec la réalité neuronale, vous n'avez pas besoin de porter des lunettes, ni de vous soucier de problèmes de sécurité ou de déconnexion entre les mondes physique et virtuel", écrit-il. "La réalité neuronale utilise une interface cerveau-machine pour introduire directement le monde virtuel dans votre esprit."

Il n’y aurait pas de casque encombrant ni de contrôleurs portables.

"Cela remplacerait complètement vos entrées sensorielles et autres sorties motrices par un monde virtuel, pendant que vous, par exemple, êtes allongé en toute sécurité dans votre lit", a-t-il décrit. 

Cette réalité neuronale semble trop futuriste pour être possible. Mais Novella dit que cela arrivera certainement. "Il n'y a aucune raison de penser que cette technologie n'est pas possible ; la seule question est de savoir combien de temps cela prendra et quelle sera la qualité de la technologie."

On pourrait imaginer que cette technologie soit d'abord utilisée dans un esprit compassionnel. Les personnes souffrant du syndrome d'enfermement (locked in) pourraient être les premières à l'utiliser, suivies par les tétraplégiques. Ensuite, les personnes âgées et les infirmes pourraient vivre leurs derniers jours dans des mondes fantastiques à l'intérieur de leur esprit. Toutefois, à terme, la réalité neuronale pourrait devenir dystopique, ou utopique, selon le point de vue que l'on adopte.

"Il ne fait aucun doute qu'il pourra être séduisant de vivre dans un monde virtuel où l'on peut littéralement disposer de pouvoirs quasi divins", commente Novella.

À terme, presque tout le monde pourrait décider de "prendre la pilule bleue"* et de vivre dans une réalité neuronale.

Comme le note Novella, cela pourrait être la réponse au paradoxe de Fermi, qui attire l'attention sur l'absence de preuves de l'existence d'une vie extraterrestre intelligente, alors qu'elle devrait être courante dans notre univers. 

Peut-être que des extraterrestres sont installés en toute sécurité sous terre, encadrés soignés et protégés par des robots, et qu'ils se contentent de vivre dans leur propre esprit.

Auteur: Internet

Info: https://www.realclearwire.com, Ross Pomeroy. *Pilule rouge et pilule bleue représentent un choix entre la volonté d’apprendre une vérité potentiellement troublante ou qui change la vie en prenant la pilule rouge ou en restant dans l’expérience satisfaite de la réalité ordinaire avec la pilule bleue. Les termes proviennent du film The Matrix de 1999.   Le concept de pilules rouges et bleues a depuis été largement utilisé comme métaphore politique, en particulier parmi les libertaires de droite et les conservateurs aux États-Unis, où "prendre la pilule rouge" ou être "pilule rouge" signifie prendre conscience des préjugés politiques inhérents. dans la société, y compris dans les médias grand public, et finalement devenir un penseur indépendant ; tandis que "prendre la pilule bleue" ou être "la pilule bleue" signifie accepter sans aucun doute ces prétendus préjugés.

[ monde humain consensuel ] [ terre cerveau anthropique ] [ pur esprit ]

 

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Ajouté à la BD par Le sous-projectionniste

dictateur

Mes parents avaient des opinions très arrêtées sur Adolf Hitler. Pour avoir tous deux vécu la guerre - outre que le frère de mon père a été tué dans les convois de l'Atlantique -, ils pensaient qu'il était l'incarnation du Mal. Mais je me rappelle m'être demandé, alors que je n'étais pourtant encore qu'un enfant, comment, si Hitler était le Démon dans un corps d'homme, il avait pu obtenir de tant de personnes qu'elles obéissent à ses ordres. C'est d'une certaine façon une question à laquelle je n'ai cessé de penser depuis, et c'est à elle que je tâche de répondre dans cet ouvrage.
Adolf Hitler était, à première vue, le dirigeant le plus improbable pour un État sophistiqué au coeur de l'Europe. Il était incapable d'entretenir des relations amicales normales ou d'accepter un débat intellectuel : rempli de haine et de préjugés, dépourvu de toute aptitude à aimer, c'était avant tout un homme "seul". Il était, indubitablement, "en tant qu'être humain, lamentable". Et pourtant, il joua un rôle déterminant dans trois des décisions les plus dévastatrices jamais prises : celle d'envahir la Pologne - qui conduisit à la Seconde Guerre mondiale -, celle d'envahir l'Union soviétique et enfin celle d'assassiner les Juifs.
Cependant Hitler ne fut pas à lui seul l'auteur de toute cette horreur, et à côté de ses nombreuses insuffisances personnelles, il possédait à n'en point douter de grands pouvoirs de persuasion. "Toute ma vie, dit-il en 1942 en une formule marquante, se résume dans mes efforts incessants pour persuader autrui." Et j'ai pour ma part rencontré bien des personnes ayant vécu cette période qui m'ont confirmé ce jugement. Quand je les pressais de me dire ce qu'elles trouvaient de si convaincant dans une personnalité tellement étrange, elles me citaient une myriade d'éléments tels que les circonstances de l'époque, leurs peurs, leurs espoirs, etc. Mais elles étaient également nombreuses à évoquer simplement le puissant attrait qu'Hitler exerçait sur elles - un phénomène qui fut bien souvent imputé à son "charisme".
Mais qu'est-ce exactement que le "charisme" ? Le terme provient d'une racine grecque signifiant une grâce ou une faveur octroyée par une divinité, mais le "charisme", dans l'acception que nous donnons aujourd'hui à ce mot, n'est pas un don "divin", il est "axiologiquement neutre" - bons et méchants peuvent le posséder à la même enseigne. La signification originaire implique également que le charisme est une qualité absolue qui existe - ou n'existe pas - dans un individu spécifique. Mais la séduction charismatique d'Hitler n'était pas universelle. Elle n'existait que dans l'espace entre lui et les sentiments de son auditoire. Quand deux personnes rencontraient Hitler en même temps, il pouvait arriver que l'une le trouve charismatique, mais que la seconde le prenne pour un fou.
Notre compréhension moderne du concept de "charisme" commence avec les travaux du sociologue allemand Max Weber qui écrivit des pages célèbres sur la "domination charismatique" au tournant du siècle dernier. Sans doute le fit-il bien avant qu'Hitler ne devienne chancelier du Reich, mais ses réflexions sont toujours très pertinentes pour quiconque s'intéresse à l'étude du nazisme en général et d'Hitler en particulier. Là où la contribution de Weber est capitale, c'est en ce qu'il examine la "domination charismatique" comme un type particulier d'exercice du pouvoir - plutôt que comme une qualité personnelle qu'une pop-star peut posséder au même titre qu'un homme politique. Pour Weber, le chef "charismatique" doit posséder un fort élément "missionnaire" et il est plus proche d'une figure quasi religieuse que d'un homme d'État démocratique ordinaire. Les partisans d'un tel chef recherchent autre chose qu'une amélioration matérielle de leur sort - bénéficier d'impôts moins élevés ou d'un meilleur système de santé -, car ils poursuivent un but plus général, presque spirituel, de rédemption et de salut. Il est difficile, dans des structures bureaucratiques normales, de voir émerger un chef "charismatique", poussé en avant par le sens qu'il a de sa destinée personnelle. Hitler, selon cette définition, est l'archétype du "chef charismatique".

Auteur: Rees Laurence

Info: Adolf Hitler, la séduction du diable

[ charme ] [ autorité ]

 

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mutation économique

Cormac McCarthy a intitulé un des ses romans No Country for Old Men, qu’on pourrait traduire par : pas de place ici pour les hommes à l’ancienne. Le remplacement des hommes à l’ancienne par les nouveaux consommateurs s’est opéré partout dans ce qu’on appelle le monde "développé", à des moments et à des vitesses variables. En Europe, une bonne partie de l’Italie est demeurée longtemps en marge du mouvement. La "modernisation", dans les décennies qui ont suivi la Seconde Guerre mondiale, n’en a été que plus spectaculaire. Pasolini a été témoin de l’entrée brusque et massive du petit peuple italien dans l’univers de la consommation – événement qui a aussi signifié sa destruction en tant que peuple. Au début des années 1960, Pasolini a tourné L’Evangile selon saint Matthieu dans des villages du sud de l’Italie. Il avait le sentiment que les personnes qui vivaient là étaient très semblables à celles qui vivaient en Palestine il y a deux millénaires. Dix ans plus tard, il s’est rendu compte qu’un tel tournage n’aurait plus été possible : les visages des habitants de ces villages étaient devenus des visages de personnes qui regardaient la télévision. Pasolini a été bouleversé par ce basculement anthropologique. Pour lui, "le fossé entre l’univers de la consommation et le monde paléo-industriel est encore plus profond et total que le fossé entre le monde paléo-industriel et le monde préindustriel". Pasolini qualifie donc de paléo-industriel le monde qui va de la révolution industrielle à l’entrée dans la société de consommation. Pour exprimer la même idée que Pasolini en d’autres termes : il y a moins de distance entre le paysan des Travaux et les Jours et l’ouvrier de Germinal qu’entre l’ouvrier de Germinal et le consommateur contemporain. Pasolini nous aide ainsi à percevoir, à prendre conscience de ce fossé gigantesque, ordinairement négligé, précisément parce qu’il est si gigantesque que la pensée peine à l’enjamber.

[...]

Pasolini a vécu l’avènement du consumérisme comme une catastrophe anthropologique. Le consumérisme allant de pair avec le règne de ce qu’on appelle le capitalisme, il a une critique virulente du capitalisme. Pour cette raison, il a été classé et s’est classé lui-même résolument à gauche. Pour autant, la locution "homme de gauche" me semble, concernant Pasolini, inappropriée. Kundera a remarqué que ce qui "unit les gens de gauche de tous les temps et de toutes les tendances", c’est l’idée de la Grande Marche en avant qui, malgré tous les obstacles, nous achemine vers la fraternité, l’égalité, la justice, le bonheur universel : "La dictature du prolétariat ou la démocratie ? Le refus de la société de consommation ou l’augmentation de la production ? La guillotine ou l’abolition de la peine de mort ? Ça n’a aucune importance. Ce qui fait d’un homme de gauche un homme de gauche ce n’est pas telle ou telle théorie, mais sa capacité à intégrer n’importe quelle théorie dans le kitsch appelé Grande Marche." Pasolini n’était pas de ceux qui refusaient la société de consommation parce qu’à son époque, la Grande Marche supposait le rejet de la société de consommation ; il refusait la société de consommation parce qu’il la trouvait monstrueuse – refus qui, dans la période qui va de l’après-guerre aux années 1970, le plaçait à gauche.

Les guerres mondiales ont beaucoup détruit. Mais ces destructions étaient somme toute peu de chose en comparaison des ravages perpétrés, après 1945, par trois décennies de modernisation intensive des modes de vie, des modes de production, des villes, des campagnes, des âmes, de tout. Nulle trace, chez Pasolini, d’une quelconque idéalisation du passé. Mais s’il estimait la révolution nécessaire, ce n’était pas pour se débarrasser du "vieux monde" comme d’une immondice, c’était pour amener ce qui, dans le passé, était déjà là, mais à l’état entravé, opprimé, à son épanouissement, à sa pleine fécondité. Pour Pasolini, la société de consommation avait ceci de terrifiant que, au contraire de celles qui l’avaient précédée, elle ne se contentait pas d’entraver ou d’opprimer, mais détruisait. Elle prétendait libérer, et répandait la dévastation.

De son vivant, Pasolini a été en butte à nombre d’attaques venues de la gauche "progressiste". Un billet le résume, adressé par un lecteur de ses chroniques dans l’hebdomadaire Tempo : "Pier Paolo, tu es un réactionnaire et un conservateur." À quoi Pasolini répond : "Toi, tu es de gauche, d’extrême gauche, plus à gauche entre tous, et pourtant tu es un fasciste : tu es fasciste parce que tu es bête, autoritaire, incapable d’observer la réalité, esclave de quelques principes qui te semblent si inébranlablement justes qu’ils sont devenus une foi (horrible chose, lorsqu’elle ne s’accompagne pas de la charité : autrement dit, d’un rapport concret, vivant et réaliste avec l’histoire)." Après la mort de Pasolini, la gauche a préféré l’oublier, ou l’embaumer, et adhérer à la société de consommation. On a vu se mettre en place, entre droite et gauche, ce que Jean-Claude Michéa appelle un régime d’alternance unique, où les camps prétendument opposés rivalisent en furie modernisatrice. On comprend que dans ce contexte, Pasolini soit passé de mode. Mais c’est précisément pour cela qu’il a quelque chose à nous dire.

Auteur: Rey Olivier

Info: https://linactuelle.fr/index.php/2019/02/08/olivier-rey-pasolini-consumerisme/

[ préjugé politique ] [ mondialisation ] [ TV ] [ abrutissement ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

bêtise bipolaire

Il ne fait aucun doute que les IA sont biaisées. Mais beaucoup déclarent que ces problématiques de l'IA existent parce que nous humains sommes imparfaits, plus que les machines. "Les machines sont-elles condamnées à hériter des préjugés humains ?", titrent les journaux. "Les préjugés humains sont un énorme problème pour l'IA. Voilà comment on va arranger ça." Mais ces récits perpétuent une dangereuse erreur algorithmique qu'il faut éviter.

Oui, les humains sont subjectifs. Oui, malgré les efforts conscients et inconscients de ne pas l'être, nous faisons de la discrimination, nous stéréotypons et portons toutes sortes de jugements de valeur sur les gens, les produits et la politique. Mais nos préjugés ne sont pas correctement mesurés ou modélisés par les machines. Non, les tendances machine sont dues à la logique même de la collecte des données : le système binaire.

Le système binaire est la chaîne de 0 et 1 à la base de tous les systèmes informatiques. Cette méthode mathématique permet de réduire et de calculer efficacement les grands nombres et, deuxièmement, elle permet la conversion de l'alphabet et de la ponctuation en ASCII (American Standard Code for Information Interchange).

Mais ne vous laissez pas berner : Ces 0 et 1 ne signifient pas que la machine comprend le monde et les langages comme nous le faisons : "La plupart d'entre nous, la plupart du temps, suivons des instructions qui nous sont données par ordinateur plutôt que l'inverse ", explique l'historien des technologies George Dyson. Afin de pouvoir communiquer avec les ordinateurs, nous sommes ajustés et orientés vers leur logique, et non vers la nôtre.

Le système binaire réduit tout à des 0 et des 1 insignifiants, quand la vie et l'intelligence font fonctionner XY en tandem. lui rend la lecture et le traitement des données quantitatives plus pratiques, plus efficaces et plus rentables pour les machines. Mais c'est au détriment des nuances, de la richesse, du contexte, des dimensions et de la dynamique de nos langues, cultures, valeurs et expériences.

Il ne faut pas accabler ici les développeurs de la Silicon Valley pour ce système binaire biaisé - mais plutôt Aristote.

Le parti pris binaire d'Aristote
Si vous pensez à Aristote, vous pensez probablement au philosophe grec antique comme à un des pères fondateurs de la démocratie, et non comme l'ancêtre de siècles de logique mécanique et de méthodes scientifiques erronées. C'est cependant sa théorie du "dualisme", selon laquelle quelque chose est soit vrai soit faux, logique ou illogique, qui nous a mis dans cette situation délicate en premier lieu.

Vers 350 av. J.-C., Aristote voulut réduire et structurer la complexité du monde. Pour ce faire, il fit des emprunts à la Table des Opposés de Pythagore, dans laquelle deux éléments sont comparés :

fini, infini... impair, pair... un, beaucoup... droite, gauche... repos, mouvement... droit, tordu... etc.

Mais au lieu d'appliquer ce dualisme à la géométrie neutre comme l'avait fait Pythagore, Aristote l'appliqua aux personnes, aux animaux et à la société. Ce faisant, il conçut un patriarcat hiérarchique social polarisé clivant, enraciné dans ses valeurs internes et ses préjugés : Les objets qu'il ordonnait avoir plus de valeur devinrent des 1, et ceux de moindre importance des 0. En ce qui concerne les femmes, par exemple, il écrivit : "La relation de l'homme à la femme est par nature une relation de supérieur à inférieur et de souverain à gouverné."

Hélas, le système de classification hiérarchique d'Aristote a été implémenté dans l'IA, la pondérant en faveur d'hommes comme lui. Le système même sur lequel toute la technologie moderne est construite contient les artefacts du sexisme d'il y a 2 000 ans.

1 = vrai = rationnel = droit = masculin
0 = faux = émotionnel = gauche = féminin
Si Aristote avait créé la démocratie - et la démocratie est censée être une véritable représentation - femmes et gens de couleur auraient dû avoir un accès égal à l'éducation, avoir voix au chapitre dans les forums et avoir le droit de vote en 350 av. JC. Il n'aurait pas été nécessaire de se battre jusqu'en 1920 pour que le vote féminin soit ratifié aux Etats-Unis. Il n'y aurait pas eu d'esclavage et pas besoin du mouvement pour les droits civiques. Tout le monde aurait été classé et considéré comme égal dès le départ.

Le classement biaisé d'Aristote est maintenant verrouillé et renforcé par plus de 15 millions d'ingénieurs.
Aristote aurait dû lire les notes de son prédécesseur, Socrate. Selon les souvenirs de Platon, Socrate considérait les oracles féminins de Delphes comme "un guide essentiel du développement personnel et de l'état". De plus, dans le Symposium de Platon, Socrate se souvient de l'époque où il était l'élève de Diotima de Mantinea, une femme philosophe dont il tenait en haute estime l'intelligence. Dans le livre V, Socrate est crédité d'avoir suggéré que les femmes sont également qualifiées pour diriger et gouverner : "Il n'y a pas de pratique des gouverneurs d'une ville qui appartient à une femme parce qu'elle est une femme, ou à un homme parce qu'il est un homme."

Mais au lieu que les idées de Socrate sur l'égalité enracinent les idées occidentales sur l'intelligence, nous nous sommes retrouvés avec la logique d'Aristote et son classement biaisé sans être conscients de ses origines binaires et anti-démocratiques.

Mais ne blâmons pas seulement Aristote. Deux autres coquins ont contribué à ces problèmes sociaux et scientifiques : Descartes et Leibniz.

Descartes - philosophe français du XVIIe siècle qui a inventé l'expression "je pense, donc je suis" -, a implanté l'idée qu'un sujet n'a ni matière ni valeur autre que ce que le visiteur attribue et déduit. (S'il avait dit "Nous pensons, donc nous sommes", cela aurait mieux reflété comment nous sommes symbiotiquement informés par les perceptions les uns et des autres.)

En outre, Descartes a proposé une plus grande séparation de l'esprit du corps et des émotions dans son traité de 1641, Méditations sur la Première Philosophie. Il a soutenu que nos esprits sont dans le domaine du spirituel tandis que nos corps et nos émotions sont dans le domaine du physique, et que les deux royaumes ne peuvent pas s'influencer mutuellement. Ce qui a causé des problèmes en IA parce que maintenant nous empilons des unités d'émotions sur des couches de classification binaires d'une manière artificielle et non intégrée. Encore du binaire.

La logique déductive-inductive de Descartes, qu'il explora dans son discours sur la méthode de 1637, fut créée parce qu'il était désabusé par les méthodes non systématiques des scientifiques de son temps. Il fit valoir que les mathématiques ont été construites sur une "base solide", et a donc cherché à établir un nouveau système de vérité fondée sur Aristote 1 = vrai = valide, et 0 = faux = invalide. La différence étant qu'il a mis les lignes de la logique syllogistique d'Aristote au sein d'une structure arborescente. Structures arborescentes qui sont maintenant utilisées dans les réseaux neuronaux récurrents du NLP (Natural Language Processing)

Vint ensuite Leibniz, le philosophe et avocat allemand inventa le calcul indépendamment de son contemporain, Newton. Il créa le système binaire entre 1697 et 1701 afin d'obtenir des verdicts "oui/non" plus rapides et ainsi réduire les grands nombres en unités plus faciles à gérer de 0 et 1.

Contrairement aux autres, Leibniz était sinophile. En 1703, le prêtre jésuite Bouvet lui avait envoyé une copie du Yi King (le Livre des Changements), artefact culturel chinois dont l'origine remonte à 5.000 ans. Il était fasciné par les similitudes apparentes entre les lignes horizontales et les intervalles des hexagrammes du Yi King et les 0 et 1 des lignes verticales de son système binaire. Il interpréta faussement ces intervalles comme étant du vide (donc zéro) croyant (à tort) que les hexagrammes confirmaient que son système binaire était la bonne base pour un système logique universel.

Leibniz fit trois autres erreurs majeures. Tout d'abord, il a fit pivoter les hexagrammes de leurs positions horizontales naturelles vers les positions verticales pour les faire correspondre à ses lignes binaires. Deuxièmement, il les sépara du contexte des symboles chinois et des chiffres correspondants. Troisièmement, puisqu'il n'était pas chinois et qu'il ne comprenait pas l'héritage philosophique ou la langue, il supposa que les hexagrammes représentaient les nombres 0 et 1 lorsqu'ils représentent des énergies négatives et positives, Yin Yang, homme et femme. Erreurs qui signifient que Leibniz perdit beaucoup d'informations et de connaissances venant des codes du Yi King et de la vraie signification de ses hexagrammes.

Au lieu de créer un système universel cohérent, le système binaire de Leibniz renforça les modèles de pensée occidentale de Descartes amplifiant la base biaisée d'Aristote, nous verrouillant davantage, nous et les machines que nous avons créées, vers une logique non naturelle.

Le système binaire dans l'informatique moderne
Les classifications binaires d'Aristote sont donc maintenant évidentes dans tous les systèmes de données d'aujourd'hui, servant, préservant, propageant et amplifiant les biais partout dans les couches d'apprentissage machine.

Exemples de biais binaires dans les front-end utilisateur et le traitement des données :

glissement à droite = 1, glissement à gauche = 0
cliquer sur "like" sur Facebook = 1, pas cliquer sur like = 0
nos émotions complexes étant attribuées grossièrement comme positives = 1, négatives = 0 dans les cadres du NPL
convertir des paires d'objets comparés et leurs caractéristiques en 0 ou 1, par exemple pomme = 1, orange = 0, ou lisse = 1, bosselé = 0
lignes et colonnes pleines de 0 et de 1 dans des graphes géants "big data"
Mais le problème de la logique binaire est qu'elle ne permet pas de comprendre et de modéliser pourquoi et comment les gens ont choisi une option plutôt qu'une autre. Les machines enregistrent simplement que les gens ont fait un choix, et qu'il y a un résultat

Les machines sont donc étalonnées à partir de ces biais binaires, pas à partir des nôtres. Bien sûr, nous sommes remplis de nos propres défauts et faiblesses très humains, mais les cadres conceptuels informatiques existants sont incapables de corriger ces erreurs (et les ingénieurs n'écrivent que du code qui correspond aux limites de l'ancienne logique).

Heureusement, il existe une alternative. Les philosophies occidentales d'Aristote, de Descartes et de Leibniz sont opposées aux philosophies orientales, elles fondées sur l'équilibre naturel, la cohérence et l'intégration. Le concept chinois de Yin Yang, par exemple, met l'accent sur la dynamique égale et symbiotique du masculin et du féminin en nous et dans l'univers. Ces idées décrites dans le Yi King, que Leibniz n'a pas reconnues.

La nature rejette également le binaire. Des milliards d'années avant que le parti pris d'Aristote ne s'imprime dans la logique informatique occidentale, la nature codifiait l'intelligence comme la coexistence entrelacée de la femme X et de l'homme Y dans notre ADN. De plus, la recherche quantique a montré que les particules peuvent avoir des états de superposition enchevêtrés où elles sont à la fois 0 et 1 en même temps, tout comme le Yin Yang. La nature ne fonctionne pas en binaire, pas même avec les pigeons. Alors pourquoi le faisons-nous en informatique ?

Nous ne classons et ne qualifions pas nécessairement le monde qui nous entoure avec les préjugés hiérarchiques binaires d'Aristote. Mais la façon dont les données sont recueillies est noir (0) et blanc (1), avec des nuances de gris fournies par des pourcentages de ces données, alors que la nature et les philosophies orientales montrent que nos perceptions ne sont que vagues de couleurs mélangées ou arc-en-ciel.

Tant que nous n'aurons pas conçu des modes de catégorisation non binaires et plus holistiques en IA, les ordinateurs ne seront pas en mesure de modéliser l'image animée en technicolor de notre intelligence. Ce n'est qu'alors que les machines représenteront nos divers langages, raisonnements, valeurs, cultures, qualités et comportements humains.

Auteur: Twain Liu

Info: https://qz.com/1515889/aristotles-binary-philosophies-created-todays-ai-bias/?utm_source=facebook&utm_medium=partner-share&utm_campaign=partner-bbc

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hiérarchie cosmique

Les hypercivilisations et l’hypothèse des extraterrestres primitifs

De plus en plus de spécialistes admettent que la vie est partout dans l’Univers et que trois-quatre milliards d’années de conditions favorables, durables sur une planète, assurent l’émergence et le développement d’êtres intelligents et éventuellement la naissance d’une "civilisation technologique", capable de construire des vaisseaux spatiaux, pour voyager vers d’autres planètes habitables.

Ces conditions, bien que rares, se retrouvent en de nombreux endroits dans l’immensité de l’univers. Sur cette base, l’hypothèse extraterrestre est devenue le moyen le plus facile d’expliquer le phénomène OVNI.

D’un autre côté, des ufologues prestigieux, dont le Dr J. Allen Hynek ou Jacques Vallée, ont remis en question cette explication. Avec les sceptiques purs et durs, ils ont mentionné, entre autres, que les distances entre les civilisations sont trop grandes pour de tels voyages cosmiques.

Mais, comme je l’ai soutenu dans mon récent livre "UFOs over Romania", si nous adoptons une approche appropriée, nous découvrirons que les distances les plus importantes entre les civilisations cosmiques ne sont pas celles de l’espace mais celles du temps.

J’ai estimé que, dans l’histoire de notre Galaxie, un certain nombre de civilisations technologiques ont pu voir le jour, dont quelques centaines ont survécu aux maladies infantiles (auxquelles nous sommes confrontés sur Terre) et existent toujours.

Mais ces civilisations ne sont pas apparues simultanément. Par exemple, en juillet 2015, on a annoncé la découverte, à 1 400 années-lumière de la Terre, de l’exoplanète Kepler 452b.

Elle est similaire à la Terre et orbite dans la zone habitable d’une étoile semblable au Soleil. Ce système solaire est plus vieux d’un milliard d’années que le nôtre. Cela signifie que la vie et une éventuelle civilisation technologique pourraient y être apparues un milliard d’années plus tôt que sur Terre.

Plus généralement, les premières civilisations technologiques dans la Voie lactée pourraient apparaître il y a un milliard d’années, ou même avant.

Par conséquent, nous comprenons que les civilisations possibles dans le Cosmos sont très éloignées les unes des autres non seulement dans l’espace, mais aussi dans le temps. Dans notre Galaxie, ces quelques centaines de civilisations survivantes, estimées ci-dessus, sont apparues, très probablement, une fois tous les quelques millions d’années. Par conséquent, dans la Voie lactée, il n’existe aucune civilisation proche de notre niveau.

Qu’adviendra-t-il de notre civilisation (si elle survit) dans des millions (ou des milliards) d’années ? Il est impossible de l’imaginer. Nous n’oublions pas que nous ne sommes pas en mesure de prévoir notre avenir, même dans une perspective de quelques centaines d’années seulement. À quoi ressembleraient les habitants d’une civilisation qui nous aurait devancés de plusieurs millions d’années ?

Peut-être sont-ils devenus immortels, peut-être le temps et l’espace ne comptent-ils pas pour eux, peut-être se sont-ils déplacés dans une réalité virtuelle omniprésente, dans d’autres dimensions, etc. Mais la véritable réponse est très certainement encore plus complexe et défie notre logique et notre imagination. Nous pouvons toutefois accepter qu’ils se soient transformés en quelque chose d’autre, au-delà de notre compréhension, en quelque chose que nous pouvons nommer une "hypercivilisation".

Si quelqu’un considère que nous avons été trop optimistes et que les êtres intelligents sont beaucoup plus rares, nous devrions ajouter que notre Voie lactée n’est qu’une des 150 milliards de galaxies de l’Univers, plus ou moins semblables, accessibles à nos instruments. Et nous avons de fortes raisons de croire qu’il existe aussi d’autres Univers, peut-être des Univers "parallèles", peut-être d’autres états de la matière, ou des parties d’un "Multivers", etc.

La scolarisation et la science-fiction, mais pas seulement, ont fixé nos esprits sur des schémas ignorant complètement la possibilité d’hypercivilisations. Par conséquent, nous sommes confrontés à deux "hypothèses extraterrestres" : la première est ce que nous pourrions appeler "l’hypothèse des extraterrestres primitifs", l’autre celle des hypercivilisations.

L' "hypothèse des extraterrestres primitifs" suppose que toutes les civilisations cosmiques sont plus ou moins au même niveau d’évolution. Elle nourrit donc de fausses idées préconçues telles que : des voyages cosmiques très longs et difficiles, le désir d’atterrir sur la pelouse de la Maison Blanche, l’égalité des droits, la conversation, l’invasion, l’intervention, l’aide et ainsi de suite.

Cette vision primitive est totalement invraisemblable. Si les hypercivilisations existent (et elles existent, avec une probabilité de 99,999999%) elles ont exploité, dans les moindres détails, notre Galaxie, il y a des millions d’années, donc elles connaissent, depuis longtemps, notre existence. Ce raisonnement a conduit Enrico Fermi, quand il a dit, en 1950 : "ils devraient être ici ; où sont-ils ?"

Mais ni lui, ni beaucoup d’autres, n’ont envisagé que des représentants d’hypercivilisations pourraient être ici, parmi nous, mais pourraient avoir une apparence si différente de nos attentes que nous ne pourrions pas les reconnaître. Ce qui nous empêche de les voir, c’est aussi un ensemble de préjugés répandus et profondément enracinés, comme ceux qui suivent.

L’idée préconçue de l’égalité des droits. Une différence de plusieurs millions d’années, voire de centaines de millions, est aussi énorme qu’entre nous et un lézard ou même une fourmi.

S’ils sont là (comme c’est très probable), ils peuvent nous examiner, suivre notre évolution, voire nous contacter sous une forme ou une autre, mais ils ne se mettront jamais au même niveau que nous.

L’idée préconçue de la conversation. En 1959 déjà, Giuseppe Cocconi et Philip Morrison affirmaient que si la différence entre deux civilisations est de plusieurs millions d’années, la probabilité qu’elles puissent échanger des idées est nulle. Nous interagissons parfois avec un lézard ; mais il ne s’agira jamais d’une conversation, disaient-ils.

Le provincialisme temporel (terme utilisé par le Dr J. Allen Hynek). Il affirme qu’en opposition avec les siècles sombres précédents, les trois-quatre cents dernières années nous ont finalement amenés à la lumière de la vérité réelle et de la science.

Dans cette lumière, nous pouvons maintenant décider quels faits peuvent être acceptés et lesquels ne seront jamais possibles. Si, il y a environ cent ans, nous avons commencé à utiliser la radio, certains pensent qu’elle restera à jamais le meilleur moyen de communication.

Si Einstein a postulé il y a cent ans que la vitesse de la lumière est une limite, aucune autre loi physique ne sera découverte jusqu’à la fin des temps pour éviter cette limite, etc.

Comme exemple particulier, nous avons la préconception SETI. Selon elle, même si les signaux radio mettent des milliers d’années à passer d’un monde habité à l’autre, les civilisations cosmiques considéreront que la signalisation par ondes radio sera, pour toujours, le moyen de contact le plus approprié et que nous devons dépenser de l’argent pour les rechercher.

L’idée préconçue de l’invasion. Pour beaucoup de gens, il devrait être normal que si une civilisation cosmique arrive sur Terre, elle tente de nous conquérir par la force. Mais les hypercivilisations savaient probablement, il y a des millions d’années, que nous étions là ; elles pouvaient donc nous envahir à tout moment et, dans un certain sens, elles nous envahissent probablement déjà, depuis des millions d’années. Certains "artefacts déplacés" pourraient en être un indice.

L’idée préconçue d’une intervention et d’une aide. Certains espèrent que les extraterrestres nous aideront (ou du moins certains "élus") à surmonter les catastrophes futures. Mais même nous, si nous découvrons un terrain de valeur, qui a échappé à l’intrusion humaine, nous essayons de le déclarer réserve, ne permettant qu’une intervention très limitée, pour des raisons scientifiques. Cette attitude semble se renforcer avec le temps.

Une hypercivilisation observant la Terre et la civilisation technologique humaine devrait agir de manière similaire, en évitant d’interférer dans notre évolution, mais en prélevant des échantillons, en faisant quelques expériences, en ayant des contacts très limités (pas du tout officiellement ou entre égaux) avec seulement quelques individus, sélectionnés selon leurs critères et non les nôtres.

Par conséquent, aucune installation, aucune destruction, d’une part, et aucun contact officiel, aucune conversation ou aide substantielle, d’autre part, ne sont à attendre des civilisations cosmiques hautement avancées, même si elles sont ici maintenant.

La différence entre une hypercivilisation et nous pourrait être aussi grande que celle entre nous et les fourmis. Les entomologistes qui se proposeraient d’étudier la vie d’une fourmilière essaieraient de perturber, le moins possible, sa vie. Ils pourront bien sûr faire des expériences, en examinant ou en modifiant certaines fourmis, voire en les emmenant dans des laboratoires éloignés, en essayant de créer de nouvelles "races", etc.

Ils essaieront certainement de découvrir, autant que possible, la vie de la fourmilière, mais ne présenteront pas de "références" à la reine des fourmis.

Si les entomologistes disposent de la technologie nécessaire, ils créeront quelques fourmis robots, les enverront dans la fourmilière et observeront depuis un endroit sûr, par exemple "sur l’écran de l’ordinateur", les données qu’elles transmettent. Et si une fourmi robot se perdait dans cette mission, l’incident alourdirait un peu les coûts de la recherche, sans être une tragédie.

Nous pouvons spéculer qu’une hypercivilisation pourrait tenter de réaliser, en utilisant du matériel génétique provenant de la Terre, de nouvelles races, avec un cerveau plus grand, une intelligence supérieure, adaptées à certaines tâches spéciales, etc. Par conséquent, de nombreuses "races" décrites par les prétendus abductés (les gris, les grands blonds, etc.) peuvent être de telles races humaines artificielles ou même des bio-robots dérivés de l’espèce humaine.

Ils peuvent être "produits" par exemple dans des réserves ou des bases situées quelque part en dehors de la Terre. De la même manière, nous créons de nouvelles variétés de blé à partir des variétés traditionnelles. Parfois, la variété de blé parfaite devient stérile ou exposée à de nouvelles maladies.

À ce moment-là, les agronomes tentent de trouver des gènes appropriés dans le pool représenté par les espèces primitives de blé, afin d’améliorer la variété "parfaite".

Et si les humains sur Terre étaient le "réservoir sauvage" de gènes, aptes à améliorer des races artificielles ailleurs ? Dans ce cas, il n’y aura pas de problème de compatibilité entre les visiteurs et nous, comme dans certaines histoires d’enlèvement et d’hybridation par des ovnis, mais aussi, par exemple, dans la note biblique : "En ces jours-là, les êtres divins et les filles humaines avaient des relations sexuelles et donnaient naissance à des enfants".

"Ce sont les anciens héros" (Genèse, 6, 4). Certains supposent même qu’il existe une intervention extérieure permanente dans l’évolution de la race humaine afin de l’améliorer.

Mais il est évident que la comparaison ci-dessus – de l’humanité avec une fourmilière – est légèrement forcée, car l’humanité est, néanmoins, une future hypercivilisation potentielle. L’apparition d’une civilisation technologique pourrait être un événement très rare dans notre Galaxie, ne se produisant probablement qu’une fois en plusieurs millions d’années. Il est donc normal que nous intéressions les intelligences supérieures. Mais que peuvent-elles attendre de nous ?

Une hypercivilisation se comportera de manière insaisissable et ne nous donnera pas ses connaissances et ses technologies ; plus encore, elle nous l’interdira. Ce n’est pas seulement à cause de l’agressivité et de la xénophobie humaines, qui font de toute nouvelle technologie de nouvelles armes, ni seulement pour éviter un "choc culturel", qui pourrait virtuellement détruire toutes nos structures sociales, économiques, politiques, militaires, scientifiques, religieuses et culturelles.

Je peux spéculer qu’ils ont aussi d’autres raisons pour cela. Les hypercivilisations pourraient attendre (et peut-être même récolter maintenant) nos idées originales, nos points de vue, nos créations (dans l’art, la science, la philosophie, l’éthique, etc.), qui sont le résultat de millions d’années de notre évolution indépendante. Et toute cette récolte attendue pourrait être détruite par un contact prématuré.

Certaines histoires anciennes, apparemment absurdes, peuvent être une indication d’une telle attitude : la punition pour la pomme de l’arbre interdit de la connaissance, l’enchaînement de Prométhée, ou les anges déchus (du livre d’Enoch), jetés dans une fosse pleine de feu, parce qu’ils ont enseigné aux terriens certaines compétences.

De nombreuses personnes enlevées ou contactées ont parlé des boules de lumière éthérées comme de "dépôts de connaissance et d’intelligence", enregistrant "tout dans l’Univers", entre autres, la vie de tous les individus (ou des plus intéressants). Nous avons quelques indices à ce sujet lorsque nous parlons du "livre de la vie", des "archives akashiques", de l' "inconscient collectif", ou même du "champ morphogénétique", etc.

Cette "super-mémoire" pourrait être écrite sur un support "spirituel", ou sur quelque chose autour de nous que nous ne sommes pas encore capables d’imaginer. Parfois, certaines personnes, sous certaines conditions, pourraient avoir accès à cet entrepôt de données.

C’est ainsi que l’on peut expliquer : le channelling, la "xénoglossie", les "walk-ins", la "réincarnation", les fantômes, etc. Dans une telle réalité virtuelle, le temps est différent. Nous pouvons voyager dans le passé, vivre des événements, sans changer le passé réel, ou nous pouvons voir des scénarios du futur (parfois apocalyptiques), sans accepter la fatalité.

Bien sûr, tout ce qui précède n’est pas une preuve que les hypercivilisations sont l’explication de tout ce qui est étrange et notamment des ovnis. Ce n’est qu’une hypothèse, mais – je pense – une hypothèse qui ne peut être facilement écartée.

 

Auteur: Farcaş Daniel D.

Info: Hypercivilisations and the primitive extraterrestrial hypothesis, openminds 19 july 2017

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