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guerre

Dans la tranchée allemande bien creusée au fond de laquelle il y a maintenant quinze centimètres de boue, les hommes frémissent, assourdis, le visage contracté. En regardant bien on voit que la boue dans laquelle plongent leurs bottes frémit, elle aussi, remuée par les ébranlements du sol. C'est le tonnerre allemand qui est déchaîné, mais cependant ces hommes sont courbés sous l'angoisse, leur cerveau comme brûlé car nul ne saurait déchaîner impunément un tel tonnerre. Parfois ils sont jetés contre la paroi de leur tranchée par le souffle d'un obus de 420 passant au-dessus de leur tête, énorme train de ferraille roulant dans les airs, et ils sentent sous leurs pieds le roulement de mille trains souterrains.
Trois heures de l'après-midi. Bruit et souffrance, on a le cerveau brûlé et en même temps on a froid, car le temps s'est couvert et la neige commence à tomber. Ceux d'en face doivent à peine s'en apercevoir, l'ouate silencieuse qui descend du ciel se volatilise à la fureur des explosions bien avant de toucher le sol, mais ici elle arrive jusqu'aux hommes à travers le passage des obus. La neige après le froid, après la pluie. Les troupes d'assaut occupent les tranchées de première ligne depuis maintenant neuf jours. Plusieurs fois les généraux commandants de corps d'armée ont demandé s'ils pouvaient relever ces troupes mais chaque fois la réponse a été : " Non, l'attaque va être déclenchée très probablement demain matin ". D'un matin à l'autre, d'un matin à l'autre, terrible attente. A peine est-il besoin de parler de la souffrance physique: pieds dans la boue, froid, nourriture froide, beaucoup de malades du ventre. A l'assaut en caleçon brenneux, camarade, voilà un sujet de plaisanterie parmi les Stosstruppen !

Auteur: Blond Georges

Info: Verdun

[ hiver ]

 

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topologie

Un lignée (lineate) est une Magnitude plus que longue. Une nouvelle forme de doctrine a forcé notre auteur à souvent utiliser de nouveaux mots, surtout pour séparer, que les lois logiques et les règles d'une division soient plus parfaite par dichotomie, c'est-à-dire en deux sortes, pour être tenues et observées. C'est pourquoi une Magnitude a été divisée en deux sortes, à savoir une Ligne et une Lignée (lineate) : Et une lignée est fait le genre d'une surface et un corps. Jusqu'à présent, une ligne, qui est la première et la plus simple de toutes les grandeurs, a été décrite : Maintenant, suivez une lignée (Lineate), l'autre type de grandeur opposée comme vous voyez à une ligne, suivez ensuite dans l'ordre. Lineatum est donc un Lineate, ou Lineamentum, ou Lineamentum, un Lineament, (comme par l'autorité de notre auteur lui-même, le savant Bernhard Salignacus, qui était son élève, l'a corrigé) est cette grandeur dans laquelle il existe des lignes : Ou qui est faite de lignes, ou qui est plus que longue : Par conséquent, les lignes peuvent être tracées sur une surface, qui est le griffonnage appropriée ou des parcelles de lignes ; elles peuvent aussi être tracées dans un corps, comme le Diamètre dans un Prisma : l'axe dans une sphère ; et généralement toutes les lignes tombent d’en-haut : Et c'est pour cela que Proclus fait des lignes simples, d'autres pleines. Ainsi, les lignes de Conicall, comme l'ellipse, l'hyperbole et la parabole, sont appelées lignes pleines parce qu'elles proviennent de la coupe d'un corps. 2. A un Linéate appartiennent un Angle et une Figure. Les affections communes d'une magnitude devaient être délimitées, coupées, mesurées conjointement et prescrites : Puis pour qu'une ligne soit correcte, tordue, retouchée,

Auteur: Petrus Ramus Pierre de La Ramée

Info: la voie de la géométrie

[ historique ]

 

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autisme d'asperger

Sur la question du regard : j’ai noté dans mes interactions pédagogiques avec Raphaël que lorsque je sollicite le sujet en lui, ce qui constitue le socle fondamental de ma pédagogie, il réagit, faiblement mais réellement et me regarde en me répondant. Son regard alors est lointain et fragile, peu assuré et perdu, mais bien présent. Lors d’épisodes de crise durant lesquels il se met subitement à émettre des écholalies, voire crie ou se frappe violemment, il se détourne de moi, vers la droite quand je suis à sa gauche ; je me déplace alors pour revenir lui faire face, et il se détourne du côté opposé. Lorsque je fais mine alors de jouer sur l’instrument durant ces épisodes pour lui donner l’exemple et le ramener au tiers-point indispensable de notre relation constitué par la discipline que je lui enseigne, il saisit ma main pour m’empêcher de jouer, comme s’il me disait de l’attendre durant ces moments où il est comme "capturé" par cette instance aliénante qui l’empêche d’être là. Je cherche alors par tous les moyens à capter son regard en me positionnant face à lui et en lui parlant doucement, et à des reprises chaque semaine plus nombreuses je parviens à le rapatrier dans l’échange intersubjectif. L’échange pédagogique que j’ai avec lui devient alors pratiquement normal et semblable à celui que j’ai avec mes autres élèves. Il m’a même formulé lors d’une de nos dernières séances la demande suivante, en me regardant dans les yeux de son propre chef, et de manière focalisée : "Je voudrais entendre un morceau". C’était la toute première phrase entière que j’entendais dans sa bouche depuis que je le connais, commencée avec le pronom personnel de la première personne du sujet.

Auteur: Farago Pierre

Info: Une proposition pour l'autisme, page 39

[ musique ] [ observations ] [ progression ]

 

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émerveillement

Lorsque je partis pour la Lune, j'étais un pilote d'essai, un ingénieur et un scientifique tout aussi pragmatique que n'importe lequel de mes collègues. [...] À maintes reprises, ma vie a reposé sur la validité de certains principes scientifiques et sur la fiabilité des technologies fondées sur ces mêmes principes. [...]

Mais pendant Apollo 14, mon expérience comporta un autre aspect qui est entré en contradiction avec mon attitude d'"ingénieur pragmatique". Le tout commença avec cette expérience étonnante qui consiste à voir la planète Terre flotter dans l’immensité de l’espace.

La première chose qui me vint à l’esprit lorsque je regardais la Terre fut son incroyable beauté. Les photos les plus spectaculaires sont très en deçà de la réalité. C’était un spectacle majestueux que ce magnifique joyau bleu et blanc sur un ciel de velours noir. Avec quelle paix, quelle harmonie merveilleuses elle semblait s’insérer dans le processus évolutionnaire qui sous-tend l'univers! J'eus alors une expérience paroxystique; la présence du divin devint presque palpable et je sus que la vie dans l’univers était autre chose qu'un accident du hasard. Ce savoir me vint directement, d’une façon noétique. Il n'avait rien à voir avec le raisonnement discursif ou l’abstraction logique. C’était une cognition expérientielle. C’était une connaissance acquise à travers une prise de conscience subjective et personnelle, mais qui était – et qui est toujours – tout aussi réelle que les données objectives sur lesquelles reposent, disons, le programme de pilotage ou le système de communication. Manifestement, l’univers avait un sens et une direction. Ce n’était pas perceptible par les organes sensoriels, mais c’était là quand même, une dimension invisible derrière la création visible, qui lui donne un dessein intelligent et qui donne un but à la vie.

Auteur: Mitchell Edgar

Info: “From Outer Space to Inner Space...,” ed. J. White (Putnam’s, 1976).

[ vue de l'espace ]

 

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notion psychanalytique

La névrose n’est pas identique à un objet, ce n’est pas une sorte de parasite, étranger à la personnalité du sujet, c’est une structure analytique qui est dans ses actes et sa conduite. Le progrès de notre conception de la névrose nous a montré qu’elle n’est pas seulement faite de symptômes décomposables dans leurs éléments signifiants et dans les effets de signifié de ces signifiants [...] mais que toute la personnalité du sujet porte la marque de ces rapports structuraux. Tel qu’il est employé ici, le mot de personnalité va bien au-delà de son acception première avec ce qu’elle comporte de statique, et qui conflue avec ce que l’on appelle le caractère. Ce n’est pas cela, c’est la personnalité au sens où elle dessine dans les comportements, dans les rapports à l’Autre et aux autres, un certain mouvement qui se retrouve toujours le même, une scansion, un certain mode de passage de l’autre à l’Autre, et encore à un Autre qui se retrouve toujours et sans cesse, qui forme la modulation même de l’action obsessionnelle. [...]

En fin de compte, c’est une parole, si vous voulez. La somme du comportement du névrosé se présente comme une parole, et même comme une parole pleine, au sens où nous en avons vu le mode primitif dans l’engagement sous la forme d’un discours. C’est une parole pleine, mais entièrement cryptographique, inconnue du sujet quant au sens, encore qu’il la prononce par tout son être, par tout ce qu’il manifeste, par tout ce qu’il évoque et a réalisé inéluctablement dans une certaine voie d’achèvement et d’inachèvement, si rien n’y intervient qui soit de cet ordre d’oscillation qui s’appelle l’analyse. C’est une parole prononcée par le sujet barré, barré à lui-même, que nous appelons l’inconscient.

Auteur: Lacan Jacques

Info: Dans le "Séminaire, Livre V", "Les formations de l'inconscient (1957-1958)", éditions du Seuil, 1998, pages 474-475

[ définie ]

 

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agglomérations

Ils commencent par se construire un toit, un petit coin, une place à eux. Comme ces migrants n'ont pas d'argent, puisqu'ils sont justement partis en ville pour en gagner - le village traditionnel africain ignore la notion de l'argent -, ils ne peuvent se réfugier que dans les bidonvilles. L'architecture de ces quartiers est invraisemblable. Le plus souvent , les autorités de la ville affectent aux pauvres les terrains les plus mauvais : des marécages, ou bien des terres nues et sablonneuses. C'est là qu'on installe la première cabane. A côté d'elle vient s'installer une deuxième. Puis une troisième. Spontanément surgit une rue. Quand cette rue en rencontre une autre, cela forme un croisement. Puis ces rues commencent à se séparer, tourner, se ramifier. C'est ainsi que naît un quartier. Mais comment se procurent-ils les matériaux ? C'est la grand mystère. En creusant le sol ? En décrochant les nuages ? En tout cas il est sûr et certain que cette foule de miséreux n'achète rien. Sur la tête, sur les épaules, sous le bras, ils transportent des morceaux de tôle, de planches, de contreplaqué, de plastique, de carton, de carrosserie, de cageot, puis ils assemblent, montent, clouent, collent ces pièces en un ensemble qui tient de la cabane ou de la hutte et forme un collage multicolore improvisé. En guise de couche, ils tapissent la terre d'herbe à éléphant, de feuilles de bananiers, de rafia ou de paille de riz, car souvent le sol est boueux ou pierreux. Faites de bric et de broc, ces architectures monstrueuses en papier mâché sont infiniment plus créatives, imaginatives, inventives et fantaisistes que les quartiers de Manhattan ou de La Défense à Paris. La ville entière tient sans une brique, sans une poutre métallique, sans un mètre carré de verre !

Auteur: Kapuscinski Ryszard

Info: Ebène - Aventures africaines

[ favelas ] [ auto-organisation ] [ débrouile ]

 

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théorie économique

Dans son étude de l’économie capitaliste et des cycles qui l’animent, Kondratieff affirme que le système évolue par périodes de soixante ans. Il distingue quatre phases au sein d’un cycle complet, qui correspondent aux quatre saisons du calendrier :
-Le printemps est la période d’expansion robuste de l’économie, accompagnée d’une inflation soutenue. Plusieurs effets bénéfiques se font sentir pendant le printemps : baisse du chômage, hausse des salaires, diffusion de la prospérité, réduction de la pauvreté. Si l’on cherche à repérer cette phase au cours du cycle le plus récent, c’est la période des Trente Glorieuses, entre 1945 et 1974.
-L’été qui s’ensuit est une première période de stagnation d’une dizaine d’années, avec à la fois un chômage croissant et une inflation persistante. Dans le cycle récent, il s’agit de l’après-choc pétrolier, entre 1975 et 1984.
-L’automne, qui dure une quinzaine d’années, voit un retour de la croissance, mais accompagnée de la déflation et d’un développement de la consommation grâce à l’expansion de l’endettement. Dans notre histoire moderne, cette saison ressemble furieusement à la période 1985-2008, laquelle eut une durée de vingt-trois ans, donc sensiblement plus longue que l’automne que Kondratieff avait calculé dans sa théorie.
-Enfin, l’hiver voit l’éclatement d’une crise qui résulte de toutes les tensions accumulées dans l’économie […]. Les richesses artificielles nées de l’excès d’endettement sont détruites, la déflation et le chômage s’installent, dépression et récession règnent. Dans la théorie originale de Kondratieff, la durée de l’hiver est de cinq ans. En ce qui concerne la période actuelle, la crise a éclaté en 2008 et le monde capitaliste n’en sortira probablement pas avant quelques années encore : pour beaucoup de raisons structurelles et conjoncturelles, aucune perspective de reprise sérieuse de la croissance ne semble se dessiner avant les années 2020-2025.

Auteur: Bouchard Jean-François

Info: Dans "L'éternelle truanderie capitaliste", pages 133-134

[ exemple ] [ théorie-pratique ]

 

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écrivain-sur-écrivain

...Bounine, prix Nobel en 1933, n'aimait pas du tout Dostoïevski. Il y a une espèce d'opposition extra-textuelle entre ces deux personnages, il n'a pas du tout apprécié Crime et Châtiment, ni les Frères Karamazov, il trouvait que c'était trop russe, qu'il y avait trop d'émotions, trop d'exhibitionnisme psychologique, etc. Ça se discute, entre nous soit dit. Mais je voudrais vous citer juste un passage où ils s'opposent d'une façon claire. C'est un exemple assez intéressant d'un affrontement indirect entre deux grands de la littérature. Tolstoï et Dostoïevski ne se sont jamais affrontés de cette façon-là; Bounine et Dostoïevski, si. Il dit cela en substance. Tout se passe, l'action se passe avant la première guerre mondiale, les tranchées sont remplies de cadavres, les villes bombardées, ça c'est un peu le contexte extérieur de la nouvelle : " Et vous, pleurez-vous lorsque vous lisez que les Turcs ont égorgé cent mille Arméniens, que les Allemands ont infecté les puits avec le bacille de la peste, que les cadavres putréfiés sont entassés dans les tranchées, que les aviateurs ont lâché les bombes, des bombes sur Nazareth? N'importe quelle ville, Paris ou Londres, se lamente-t-elle d'avoir été construite sur des squelettes humains et d'avoir prospéré dans la barbarie la plus féroce et la plus banale envers ce qui est convenu d'appeler son prochain? En fin de compte, il n'y eut qu'un seul Raskolnikov pour se torturer, et cela en raison de sa lâcheté personnelle, voulu par son néfaste créateur, lui qui fourre le Christ dans tous ses romans de boulevard". C'est terrible ce qu'il dit de Dostoïevski, "les romans de boulevard". D'ailleurs ce n'était pas si faux : il donnait la forme, à ses romans (Dostoïevski), une forme de romans de boulevard, mais le contenu dépassait allègrement ce projet initial.

Auteur: Andrei Makine

Info: Littérature: les avatars de l'absolu, lecture délivrée a Harvard University en Avril 2000

[ . ]

 

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étatisme

Dès qu’il s’agissait, cependant, de suivre une politique égalitaire ramenant les plus intelligents au niveau des plus incapables, chaque fois que l’on voulait, en un mot, réaliser l’égalité par en bas, chacun comprenait qu’un tel régime conduirait toute civilisation à sa perte et que la libre concurrence entre individus d’aptitudes différentes était la condition même du progrès. Comment concilier ces deux opinions extrêmes ? On y parvint le plus simplement du monde le jour où l’on s’aperçut que les droits de l’individu ne devaient point dépasser les bornes mêmes de la vie de cet individu et que le socialisme était une doctrine d’Etat ne s’appliquant point aux particuliers. Pour tout vous dire d’un seul mot, on permit à chacun de se développer librement selon ses aptitudes, de devenir riche, puissant ou misérable, suivant ses capacités et son travail. On décida que, sous certaines réserves pratiques d’application, toutes les successions sans exception reviendraient à l’Etat. La première conséquence de cette mesure fut que l’Etat dut se charger, tout en même temps, d’élever, d’éduquer et d’instruire tous les enfants dès qu’ils seraient en âge d’entrer à l’école ou que leurs parents mourraient. Elevés sur un pied d’égalité, n’héritant d’aucune fortune acquise par d’autres, tous les habitants de la France n’eurent plus qu’à s’en prendre à eux-mêmes de leur propre destinée. Dès l’école primaire, les vieilles couronnes de papier et les livres de prix d’autrefois furent remplacés par des prix en espèces constituant un pécule pour chaque enfant, lui permettant même d’amasser une véritable petite fortune s’il poursuivait ses études supérieures. Du jour où fut adopté, malgré d’incroyables protestations, ce régime d’égalité de naissance, aucune revendication sociale ne fut plus possible, et le gouvernement eut le droit de réprimer tout désordre avec une sévérité qu’ignoraient même les régimes fascistes d’autrefois.

Auteur: Pawlowski Gaston de

Info: Voyage au pays de la quatrième dimension, Flatland éditeur, 2023, pages 332-333

[ totalitarisme ]

 

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racisme

La "Déclaration" par laquelle commence ce livre propose l'inclusion des chimpanzés, des gorilles et des orang-outangs dans la "communauté morale des égaux". Une telle tentative ne s'est fait que trop attendre, si l'on considère les similitudes qui existent entre les humains et les autres grands singes, mais elle demande du courage. Beaucoup de gens protesteront contre une telle proposition : certains diront que les affaires humaines priment sur tout le reste, tandis que d'autres feront valoir que la suite logique de l'extension aux grands singes de la communauté des égaux serait l'inclusion, dans cette communauté, de toutes les autres formes de vie.
Je pense que nous devrions étendre ces droits aux autres formes de vie dans la mesure du possible. Mais en ce qui concerne les grands singes, nous pouvons les inclure dans notre communauté morale dès à présent, et ce sera une première étape. Rappelons-nous que pendant longtemps, les gens ne concevaient même pas que leurs voisins puissent appartenir à la même espèce. La notion de "peuple" ne s'appliquait alors qu'aux membres de sa propre tribu. Un explorateur anglais qui se baladait autour de la péninsule de la Malaisie au début des années 1900, et qui voyait des indigènes se promener nus et vivre de chasse et de cueillette, croyait qu'il s'agissait non pas d'êtres humains mais d'une sorte de singe anthropoïde. Il s'en tint à cette conviction bien qu'il les ait vus marcher debout et utiliser des sarbacanes pour chasser.
L'histoire de ce gentleman anglais vous fait peut-être rire, vous pourriez penser qu'il n'avait pas toute sa tête. Y a-t-il vraiment de quoi rire ? Dans un siècle, nos descendants pourraient bien rire à leur tour de ceux qui hésitèrent à accorder des droits moraux élémentaires aux grands singes.
Je ne me lasse jamais des chimpanzés.

Auteur: Toshisada Nishida

Info: in Le projet grands singes : L'égalité au-delà de l'humanité de Paola Cavalieri

[ homme-animal ] [ éthique ]

 

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