Citation
Catégorie
Tag – étiquette
Auteur
Info



nb max de mots
nb min de mots
trier par
Dictionnaire analogique intriqué pour extraits. Recherche mots ou phrases tous azimuts. Aussi outil de précision sémantique et de réflexion communautaire. Voir la rubrique mode d'emploi. Jetez un oeil à la colonne "chaînes". ATTENTION, faire une REINITIALISATION après  une recherche complexe. Et utilisez le nuage de corrélats !!!!..... Lire la suite >>
Résultat(s): 67
Temps de recherche: 0.056s

papa

Quand, à vingt-trois ans, je partis sur les traces de ma fiancée italienne, Barbara, étudier à Turin, j'écrivis à mon père une lettre où je lui faisais part de ma gêne à devoir encore être à sa charge.
J'ai conservé sa réponse, en date du 30 juin 1982:
"Ta préoccupation de la dépendance financière prolongée m'a rappelé mes cours d'anthropologie, où j'ai appris que plus une espèce animale est avancée, plus longue est sa période d'enfance et d'adolescence; Et je crois que notre espèce familiale est assez avancée dans tous les sens.
Moi aussi j'ai dépendu de mon père jusqu'à l'âge de vingt-six ans, mais pour te parler franchement, cela ne m'a jamais préoccupé.
Tu peux être sûr que tant que tu continueras à étudier et à travailler comme tu le fais, pour nous ta dépendance ne sera pas une charge mais une très agréable obligation que nous assumerons avec énormément de plaisir et d'orgueil.

Auteur: Faciolince Héctor Abad

Info: L'oubli que nous serons

[ fils ] [ argent ]

 

Commentaires: 0

discours d'intronisation

"Mon avis à moi, est qu’il ne faut rien apprendre, rien, de ce que l’Université vous recommande. (Rumeurs au centre.) Je pense être plus utile à votre avenir en vous conseillant de jouer aux dominos, aux dames, à l’écarté – les plus jeunes seront autorisés à planter du papier dans le derrière des mouches. (Mouvements en sens divers.)

Par exemple, messieurs, du silence ! Il n’est pas nécessaire de réfléchir pour apprendre du Démosthène et du Virgile, mais quand il faut faire le quatre-vingt-dix ou le cinq cents, ou échec au roi, ou empaler des mouches sans les faire souffrir, le calme est indispensable à la pensée, et le recueillement est bien dû à l’insecte innocent que va, messieurs, sonder votre curiosité, si j’ose m’exprimer ainsi. (Sensation prolongée.)

Je voudrais enfin que le temps que nous allons passer ensemble ne fût pas du temps perdu."

Tableau !

Le soir même, j’ai reçu mon congé. 

Auteur: Vallès jules

Info: Dans "L'Insurgé", Librairie générale française, 1986, pages 27-28

[ professeur-élèves ] [ dénigrement ] [ éducation scolaire ] [ séditieux limogé ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par Coli Masson

fraternité

Les Penan [peuple de chasseurs-cueilleurs à Bornéo] considèrent que la richesse, c'est la force des relations sociales entre individus, dans la mesure où tous seraient pénalisés si ces liens venaient à s'affaiblir ou à se distendre. Qu'un conflit conduise à un schisme et à une séparation prolongée des familles, et les deux groupes, manquant de chasseurs, risqueraient de connaître la famine. C'est pourquoi la critique directe d'autrui est mal considérée chez eux, comme dans de nombreuses sociétés de chasseurs-cueilleurs. Priorité est toujours donnée à la solidarité dans le groupe.
[...] Et lorsque, quelque temps après ma visite, des Penan sont venus au Canada pour faire campagne en faveur de la protection de leurs forêts, rien ne les a plus impressionnés que la présence de sans-abri. Ils ne parvenaient pas à comprendre comment une chose pareille pouvait exister dans une ville aussi riche que Vancouver. [...] pour les Penan, un seul pauvre est la honte de tous. Dans leur culture, il n'est pire transgression que le sihun, un concept qui correspond par essence à l'idée d'échec dans le partage.

Auteur: Davis Wade

Info: Pour ne pas disparaître : Pourquoi nous avons besoin de la sagesse ancestrale

[ entraide ] [ esprit de corps ] [ intraduisible ]

 

Commentaires: 0

insomniaques

Le travail est assez mal vu des Émanglons, et, prolongé, il entraîne souvent chez eux des accidents.

Après quelques jours d'un labeur soutenu, il arrive qu'un Émanglon ne puisse plus dormir.

On le fait coucher la tête en bas, on le serre dans un sac, rien n'y fait. Cet homme est épuisé. Il n'a même plus la force de dormir. Car dormir est une réaction. Il faut encore être capable de cet effort, et cela en pleine fatigue. Ce pauvre Émanglon donc dépérit. Comment ne pas dépérir, insomnieux, au milieu de gens qui dorment tout leur saoul ? Mais quelques-uns en vivant au bord d'un lac, se reposent tant bien que mal à la vue des eaux et des dessins sans raison que forme la lumière de la lune, et arrivent à vivre quelques mois, quoique mortellement entraînés par la nostalgie du plein sommeil.

Ils sont faciles à reconnaître à leurs regards vagues à la fois et insistants, regards qui absorbent le jour et la nuit.

Imprudents qui ont voulu travailler ! Maintenant il est trop tard.

Auteur: Michaux Henri

Info: L'Espace du dedans, Les émanglons, Mœurs et coutumes - Voyage en grande Garabande - 1936

[ labeur ]

 
Commentaires: 1
Ajouté à la BD par miguel

fin de l'analyse

Dans les traitements psychothérapeutiques, une interruption, une fin peut survenir à tous les stades possibles du développement, sans que l’on ait toujours le sentiment qu’un but a été atteint pour autant. Il est typique que des suspensions temporaires surviennent : 1. Après que le sujet a reçu un bon conseil ; 2. Après qu’a eu lieu une confession plus ou moins complète, mais toutefois suffisante ; 3. Après la reconnaissance et l’acceptation d’un contenu psychique jusqu’alors inconscient, bien qu’essentiel, et dont la prise de conscience donne un nouvel élan à l’activité et à la vie du sujet ; 4. Après un détachement obtenu grâce à un travail psychologique prolongé, d’avec la psyché de l’enfance ; 5. Après la réalisation d’une nouvelle adaptation rationnelle à des conditions de vie peut-être difficiles ou exceptionnelles ; 6. Après la disparition de symptômes douloureux ; 7. Après un tournant positif de la destinée : examen, fiançailles, mariage, divorce, changement de profession, etc. ; 8. Après la redécouverte de l’appartenance à une confession religieuse, ou après une conversion ; 9. Après que s’est esquissée l’édification d’une philosophie pratique de la vie ("philosophie" au sens antique !).

Auteur: Jung Carl Gustav

Info: Dans "Psychologie et alchimie", éd. Buchet-Chastel, 2014, trad. par Henry Pernet et Roland Cahen, pages 24-25

[ causes ] [ raisons ] [ dénouement ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par Coli Masson

illumination

Mais plutôt que "connaissance", le samâdhi est un "état", une modalité enstatique spécifique au Yoga. […] cet "état" rend possible l’auto-révélation du Soi (purusha), grâce à un acte qui n’est pas constitutif d’une "expérience". Mais pas n’importe quel samâdhi révèle le Soi, pas n’importe quelle "stase" rend réelle la délivrance finale. […] Lorsque le samâdhi est obtenu à l’aide d’un objet ou d’une idée (c’est-à-dire en fixant la pensée en un point spatial ou dans une idée), la "stase" s’appelle samprjnata samâdhi. Lorsque, au contraire, le samâdhi est obtenu en dehors de toute "relation" (soit d’ordre extérieur, soit d’ordre mental), c’est-à-dire lorsqu’on obtient une "conjonction" dans laquelle n’intervient aucune "altérité", mais qui est simplement une pleine compréhension de l’être, c’est l’asamprjnâta samâdhi ("stase non différenciée") que l’on réalise. On a donc affaire à deux classes d’ "états", nettement différentes : la première série d’états est acquise moyennant la technique yogique de la concentration (dhâranâ) et de la méditation (dhyâna) ; la deuxième classe comprend en fait un seul "état", à savoir l’en-stasis non provoquée, le "rapt". Sans doute, même cet asamprjnâta samâdhi est toujours dû aux efforts prolongés du yogin.

Auteur: Eliade Mircea

Info: Dans "Techniques du yoga" pages 116-117

[ médiat-immédiat ] [ grâce ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par Coli Masson

pensées

Les obstacles que ces forces subliminales [les vâsanâs] dressent sur la voie qui mène à la libération sont de deux sortes : d’une part, les vâsanâs alimentent sans cesse le fleuve psycho-mental, la série infinie des cittavrtti ; d’autre part, et cela en vertu même de leur modalité spécifique (subliminale, "germinale"), les vâsanâs forment un obstacle énorme : car elles sont insaisissables, difficiles à contrôler et à maîtriser. Du fait même que leur statut ontologique est celui de la "potentialité", leur propre dynamisme oblige les vâsanâs à se manifester, à s’ "actualiser" sous forme d’actes de conscience. Ainsi le yogin – même s’il a à son actif une pratique prolongée et s’il a parcouru plusieurs étapes de son itinéraire ascétique – risque de se voir dérouté par l’invasion d’un puissant fleuve de "tourbillons" psycho-mentaux précipités par les vâsanâs.
[…] La vie est une décharge continuelle de vâsanâs qui se manifestent par les vrttis. En termes psychologiques, l’existence humaine est une actualisation sans arrêt du subconscient au moyen des "expériences". Les vâsanâs conditionnent le caractère spécifique de chaque individu ; et ce conditionnement est conforme tant à l’hérédité qu’à la situation karmique de l’individu.

Auteur: Eliade Mircea

Info: Dans "Techniques du yoga" pages 74-75

[ karma ] [ condition humaine ] [ transmission impersonnelle ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par Coli Masson

mimétisme

À mes moments perdus, j'apprends à marcher à une statue. Étant donné son immobilité exagérément prolongée, ce n'est pas facile. Ni pour elle. Ni pour moi. Grande distance nous sépare, je m'en rends compte. Je ne suis pas assez sot pour ne pas m'en rendre compte.

Mais on ne peut avoir toutes les bonnes cartes dans son jeu. Or donc, en avant.

Ce qui importe, c'est que son premier pas soit bon. Tout pour elle est dans ce premier pas. Je le sais. Je ne le sais que trop. De là, mon angoisse. Je m'exerce en conséquence. Je m'exerce comme jamais je ne fis.

Me plaçant près d'elle de façon strictement parallèle, le pied comme elle levé et raide comme un piquet enfoncé en terre.

Hélas, ce n'est jamais exactement pareil. Ou le pied, ou la cambrure ou le port, ou le style, il y a toujours quelque chose de manqué et le départ tant attendu ne peut avoir lieu.

C'est pourquoi j'en suis venu presque à ne plus pouvoir marcher moi-même, envahi d'une rigidité, pourtant toute d'élan, et mon corps fasciné me fait peur et ne me conduit plus nulle part. 


Auteur: Michaux Henri

Info: La Vie dans les plis, La statue et moi, pp.60-61

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par miguel

questions

Peut-on être sûr que d'autres ne sont pas venus avant nous pour détruire l'état primitif du mythe indigène ? Peut-on être sûr que les indigènes ne se moquent pas de nous en racontant des sornettes ? Bronislaw Malinowski pensait avoir découvert un peuple dans les îles Trobriant qui n'avait pas encore compris le lien entre les rapports sexuels et l'accouchement. Lorsqu'il leur demanda comment les enfants étaient conçus, ils lui fournirent une structure mythique élaborée mettant en évidence une intervention céleste. Stupéfait, Malinowski objecta que ce n'était pas comme ça que ça se passait et leur donna à la place la version si populaire en Occident aujourd'hui - incluant une période de gestation de neuf mois. "Impossible", répondirent les Mélanésiens. "Ne voyez-vous pas cette femme là-bas avec son enfant de six mois ? Son mari est en voyage prolongé sur une autre île depuis deux ans." Est-il plus vraisemblable que les Mélanésiens ignorent tout de l'engendrement des enfants ou alors se moquaient-ils gentiment de Malinowski ? Si un étranger aux allures et comportement bizarres venait dans ma ville et me demandait d'où viennent les bébés, je serais certainement tenté de lui parler de cigognes et de choux. Les homme clairvoyants sont partout les mêmes. Individuellement, ils sont aussi intelligents que nous.

Auteur: Sagan Carl

Info: Broca's Brain: Reflections on the Romance of Science Réflexions sur le romantisme de la science

[ communication ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par miguel

impatience

Le temps passa. Léon se gardait bien de toucher aux illustrés et aux livres disposés sur la tache ; à l’exemple de tous les autres clients, il ne pensait pas, - développant à son comble la puissance majestueuse qu’il avait de ne s’intéresser à rien. Après vingt-cinq minutes, personne n’avait été introduit dans le cabinet, des idées injurieuses traversèrent M. de Coantré : "Gibout est en train de faire l’amour avec sa femme", ou "Il lit son journal, et ne nous laisse moisir que pour faire croire qu’il est surchargé de travail", ou : "Il est occupé à des recherches nobiliaires visant à découvrir lequel des deux se mésallie, dans le mariage de la carpe et du lapin." Il s’apercevait qu’il n’avait que manque d’estime et malveillance pour cet homme entre les mains duquel il venait mettre sa vie ; il ne lui pardonnait pas de ne l’avoir pas pris au sérieux ; peut-être ne lui pardonnait-il pas davantage sa santé, ses enfants, son argent. Un silence de salle de baccarat régnait dans le salon, et sur les visages un abrutissement bovin : nul, semblait-il, ne trouvait à redire à cette attente prolongée, comme si la prostration actuelle de ces gens ne différait que peu de l’état qui leur était ordinaire.

Auteur: Montherlant Henry de

Info: Dans "Les Célibataires", éditions Grasset, Paris, 1934, pages 283-284

[ médecin ] [ animosité ] [ résignation ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par Coli Masson