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flâneurs

Un jour, je lis dans un livre de poche, trouvé par hasard dans la bibliothèque de mes parents, les contes du vide parfait de Lie-Tseu. L'un de ces contes évoque la promenade et affirme qu'il existe deux sortes de promeneurs : ceux qui se promènent pour se distraire et ceux qui se promènent pour méditer. Les uns se concentrent sur les paysages qu'ils traversent et tentent de ne faire plus qu'un avec eux ; les autres se tournent vers eux-mêmes, oublieux du monde extérieur, dans un effort de concentration maximum.

Mais il existe une troisième voie, précise le conteur taoïste : "Le promeneur parfait marche sans savoir où il va, regarde sans se rendre compte de ce qu'il voit. Aller partout et regarder tout dans cette disposition mentale, voilà la promenade et la contemplation parfaites."

En lisant ce conte, je pense que c'est peut-être cela que je cherche dans les petites rues anonymes de l'0asis. Marcher sans but, regarder sans vraiment voir, être nulle part en particulier et cependant atteindre une forme de plénitude. Est-ce donc cela la " vie parfaite " : errer, se laisser porter au hasard sans se perdre, atteindre un rythme - celui qu'évoque Lie-Tseu - et le préserver le plus longtemps possible ?

Auteur: Oudghiri Rémy

Info: La société très secrète des marcheurs solitaires

[ attention flottante ]

 

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Ajouté à la BD par Le sous-projectionniste

animal domestique

Au-dessus de la terre, habitée par la pensée des hommes : un ciel clair, semé d'étoiles. La terre est très lumineuse. A l'endroit où la famille a laissé la maison, il n'y a rien. Des Âmes, peut-être ? et des souvenirs... Mais si, pourtant, le Vide s'écarte, le ciel apparaît admirable, d'une pureté divine. Puis la maison haute ! haute ! comme une cathédrale. Puis le jardin, avec une pelouse, comme un champ, et les allées, comme des routes de campagne.
Qui y a-t-il ? Il n'y a rien. Mais si, par terre, un peu au-dessus du sol, deux étoiles sont suspendues : Les yeux du chat qui regardent la maison. Le chat est là et pour lui, tout revit. Le chat se promène : c'est calme. Il va doucement, près d'un soupirail : il entre, les étoiles illuminent la cave, qui est toute blanche comme le couloir d'une abbaye. Le chat ronronne en marchant. Il est tranquille, rien n'est changé chez lui. Il ressaute sur la route de campagne et va se promener dans le champ. Le chat passe en revue : toute la Nuit. Aux fenêtres des maisons, des vitraux scintillent. Le chat se couche sur une marche de la maison. Devant lui le Vide revient. Ses yeux deviennent très grands, il voit dans le Néant !

Auteur: Havet Mireille

Info: La Maison dans l'oeil du chat

[ poésie ] [ nuit ]

 

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cité imaginaire

Les voyageurs reviennent de la ville de Zirma avec des souvenirs bien nets : un nègre aveugle qui crie dans la foule, un fou qui se penche à la corniche d’un gratte-ciel, une jeune fille qui se promène avec un puma en laisse. En réalité, beaucoup des aveugles qui frappent de leur bâton les pavés de Zirma sont noirs, dans chaque gratte-ciel il y a quelqu’un qui devient fou, tous les fous passent leur temps sur les corniches, il n’y a pas de puma qui ne soit élevé pour le caprice d’une jeune fille. La ville est redondante : elle se répète de manière à ce que quelque chose se grave dans l’esprit.

Moi aussi, je reviens de Zirma : mon souvenir comprend des dirigeables qui volent dans tous les sens à hauteur de fenêtre, des rues marchandes où l’on dessine des tatouages sur la peau des marins, des trains souterrains bondés de femmes obèses qui souffrent de la chaleur torride. Les compagnons qui étaient du voyage jurent au contraire qu’ils n’ont vu qu’un seul dirigeable se balancer, entre les flèches de la ville, un seul tatoueur disposer sur son petit banc des aiguilles, des encres et des dessins perforés, une seule femme obèse s’éventer sur la plate-forme d’un wagon. La mémoire est redondante : elle répète ses signes pour que la ville commence à exister.

Auteur: Calvino Italo

Info: Villes invisibles

[ itération mémorielle ] [ secondéités subjectives ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

dormir

Les gens disent : "Maintenant, je vais vais me coucher", comme si ce n'était rien. Mais c'est vraiment une activité bizarre. Durant les prochaines heures, quand le soleil ne sera plus là, je vais perdre conscience, et vais perdre temporairement le contrôle de tout ce que je sais et comprends. Et quand le soleil reviendra, je reprendrai vie.

Si vous ne saviez pas ce qu'est le sommeil, et que vous ne l'aviez vu que dans un film de science-fiction, vous penseriez que c'est bizarre et vous parleriez à tous vos amis du film que vous avez vu.

Tu sais ces gens ? Ils se promènent toute la journée et tout va bien ? Et puis, une fois par jour, généralement la nuit tombée, ils s'allongent sur des sortes de plates-formes spéciales et deviennent inconscients. Ils cessent presque complètement de fonctionner, sauf qu'au fond de leur esprit, ils vivent des aventures et des expériences qui sont totalement impossibles dans la vie réelle. Allongés là, complètement vulnérables aux ennemis, leurs seuls mouvements consistent à passer occasionnellement d'une position à l'autre ; ou, si l'une des "aventures mentales" devient trop réelle, ils s'asseyent, crient et se réjouissent de ne plus être inconscients. Ensuite, ils boivent beaucoup de café.

Alors, la prochaine fois que vous verrez quelqu'un dormir, faites comme si vous étiez dans un film de science-fiction. Et chuchotez : "La créature se régénère."

Auteur: Carlin George

Info: Brain Droppings

[ homme-automate ] [ récupération ] [ humour ] [ pioncer ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

post-mortem

Il s'attendait à un tunnel conduisant vers une grande lumière pleine d'amour mais non : derrière-lui à droite une espèce de boule en 4 Dimensions l'attendait. Il la sentit d'abord et, lorsqu'il lui fit face, le truc s'addressa à lui d'une voix tonitruante (au volume visiblement adapté  pour ne pas l'effrayer).

- SALUT PTIT GARS... VOUI, T'ES BIEN MORT    TERMINé     CROUNI        SéCHé.

Ce n'était déjà plus le même machin, on aurait dit un sapin trop fin qui chantait avec l'arrière train. Et le support de la voix était une mélodie dont il n'arrivait pas à identifier la référence.

- CESSE CETTE SACRéE HABITUDE DE METTRE TES SENSATIONS DANS DES CASES.

Son interloculteur lui faisait maintenant penser à un chat-araignée cabré sur un vélo de course

- Oui, mais pourquoi lorsque vous parlez je vois vos lettres avec accent sour forme de minuscules ?...

- CESSE !!!

Il ferma mentalement les yeux.

- VOILà, C'EST BIEN. ALORS RACONTE, COMMENT C'éTAIT... CETTE INCARNATION HUMAINE ?

Pas possible... vlati pas qu'un fois mort on continuait à se faire emmerder par les curieux...  Il le sentait : des bidules pareils ça se promène jamais seul... z'ont besoin de témoins, faire-valoir... spectateurs... audideurs. 

Qu'on stoppe tout ça - la pensée fusa - je veux descendre...


Auteur: Mg

Info: 3 août 2022

[ inhospitalier au-delà ] [ humour ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

été

Le soleil brille avec une puissance écrasante ; les papillons tricotent l'air en tâches de couleur jusqu'au milieu du mois d'août et alors les libellules les remplacent ; les oiseaux recherchent l'ombre et chantent avec force (sauf à l'heure de la sieste, où ils se taisent, anesthésiés par la chaleur) ; les chrysalides sont vides, abandonnées comme des costumes d'une autre saison ; les insectes usurpent n’importe quel territoire, faisant démonstration de la puissance de leur infanterie, de leur cavalerie et de leur aviation, pour que les choses soient claires ; la chair, fraîche et rouge, des pastèques dispute à la figue le titre de meilleur symbole de sensualité de cette saison ; le melon est un parfum raffiné qui fond dans la bouche pour apaiser notre soif ; le raisin en grappes est à partager, mais quand on est enfant on ne le sait pas ; la mer est un palais baroque – sous-marin, naturellement -, dont le toit en verrière atteint à la dimension de grande fresque picturale où les lumières varient au fil de la journée. Ses habitants sont parés de leurs plus beaux habits et de leurs cuirasses et se promènent sous l'eau comme des dames babyloniennes, des scribes assyriens et des prêtres égyptiens. Les requins bleus et les requins-taupes sont les barbares qui guettent la civilisation. Ou les détachements avancés aux frontières, qui les protègent. La mer est la splendeur et le retour à la maison, mais aussi l'immensité de la tragédie : personnelle (quand elle atrophie) et collective (quand elle est une saignée). Bref, la tragédie méditerranéenne, à laquelle, pourtant, elle survit toujours.

Auteur: Llop José Carlos

Info: Solstice

[ saison ] [ foisonnement ] [ estival ]

 

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cycles

Prenons par exemple un lacet. La meilleure représentation d'un lacet, pour un mathématicien, est un cercle avec un point qui fait une promenade le long d'un cercle, ou plus généralement d'une boucle fermée qui ressemble à un cercle. Quand je formule les choses ainsi, je fais de la géométrie. J'ai la notion de continuité, d'une promenade continue. Je pars d'un point, je me promène, je reviens sur ce point. Ce qui est important ici est qu'on pressent intuitivement qu'il s'est passé des choses terribles le long de cette boucle, parce qu'on a perdu de vue le point initial. On y revient pourtant à la fin, mais on n'y revient pas en revenant sur ses pas. On y revient un peu comme par-derrière, et il peut s'être passé des choses terribles dans l'intervalle - en fait, on sait qu'il se passe des choses terribles : c'est ce qu'on appelle l'action de monodromie. Pendant que je me promène sur mon lacet, une autre quantité se développe en spirale au-dessus. C'est ce qu'on appelle l'argument, l'angle correspondant à la fraction d'arc parcourue depuis le point de départ quand on se promène le long d'un cercle. Au départ, l'argument vaut zéro. Quand on se promène, on passe par π /4, π /3, π /2, et on progresse jusqu'à π , l'angle plat, qu'on atteint quand on a parcouru la moitié du cercle. Quand on a fait tout le tour du cercle, on est revenu au point initial, mais l'angle, lui, n'est pas revenu à 0, il est désormais 2 π . Voilà un exemple d'un phénomène dramatique qui se produit lorsqu'on se promène le long d'un lacet.

 

Auteur: Voisin Claire

Info: in "Faire des mathématiques", éd. cnrs, p.36-37

[ danger ] [ mystère ] [ dimension supplémentaire ] [ abstraction ] [ voyage au bout de la ligne ]

 
Mis dans la chaine

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Ajouté à la BD par Benslama

femmes-par-femme

Combien de femmes ont connu cette retraite en soi, ce repliement patient qui succède aux larmes révoltées ? Je leur rends cette justice, en me flattant moi-même : il n'y a guère que dans la douleur qu'une femme soit capable de dépasser la médiocrité. Sa résistance y est infinie ; on peut en user et abuser sans craindre qu'elle ne meure, moyennant que quelque puérile lâcheté physique ou quelque religieux espoir la détournent du suicide simplificateur.

"Elle meurt de chagrin... Elle est morte de chagrin"... Hochez, en entendant ces clichés, une tête sceptique plus qu'apitoyée : une femme ne peut guère mourir de chagrin. C'est une bête si solide, si dure à tuer ! Vous croyez que le chagrin la ronge? Point. Bien plus souvent elle y gagne, débile et malade qu'elle est née, des nerfs inusables, un inflexible orgueil, une faculté d'attendre, de dissimuler, qui la grandit, et le dédain de ceux qui sont heureux. Dans la souffrance et la dissimulation, elle s'exerce et s'assouplit, comme à une gymnastique

quotidienne pleine de risques... Car elle frôle constamment la tentation la plus poignante, la plus suave, la plus parée de tous les attraits : celle de se venger.

Il arrive que, trop faible, ou trop aimante, elle tue... Elle pourra offrir à l'étonnement du monde entier l'exemple de cette déconcertante résistance féminine. Elle lassera ses juges, les surmènera au cours des interminables audiences, les abandonnera recrus, comme une bête rouée promène des chiens novices... Soyez sûrs qu'une longue patience, que des chagrins jalousement cachés ont formé, affiné, durci cette femme dont on s'écrie :

— Elle est en acier !

Elle est "en femme", simplement — et cela suffit.

Auteur: Colette Sidonie Gabrielle

Info: La Vagabonde

[ endurantes ] [ coriaces ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

tourments internes

Elle a couru derriere moi, la folie... tant et plus pendant vingt-deux ans. C’est coquet. Elle a essayé quinze cents bruits, un vacarme immense, mais j’ai déliré plus vite qu’elle, je 1’ai baisée, je 1’ai possédée au "finish". Voila ! Je déconne, je la charme, je la force a m’oublier. Ma grande rivale c’est la musique, elle est coincée, elle se détériore dans le fond de mon esgourde... Elle en finit pas d’agonir... Elle m’ahurit a coups de trombone, elle se défend jour et nuit. J’ai tous les bruits de la nature, de la flüte au Niagara... Je promène le tambour et une avalanche de trombones... Je joue du triangle des semaines entières... Je ne crains personne au clairon. Je possède encore moi tout seul une volière compléte de trois mille cinq cent vingt-sept petits oiseaux qui ne se calmeront jamais... C’est moi les orgues de 1’Univers... J’ai tout fourni, la bidoche, 1’esprit et le soufflé... Souvent j’ai 1’air épuisé. Les idéés trébuchent et se vautrent. Je suis pas commode avec elles. Je

fabrique 1’Opéra du déluge. Au moment oü le rideau tombe c’est le train de minuit qui entre en gare... La verrière d’en haut fracasse et s’écroule... La vapeur s’échappe par vingt-quatre soupapes... les chaïnes bondissent jusqu’au troisième... Dans les wagons grands ouverts trois cents musiciens bien vinasseux déchirent 1’atmosphère à quarante-cinq portées dun coup...

Depuis vingt-deux ans, chaque soir elle veut m’emporter... a minuit exactement... Mais moi aussi je sais me défendre... avec douze pures symphonies de cymbales, deux cataractes de rossignols... un troupeau complet de phoques qu’on brüle a feux doux... Voila du travail pour célibataire... Rien a redire. C’est ma vie seconde. Elle me regarde.

Auteur: Céline Louis-Ferdinand

Info: Mort à credit.

[ autofiction ] [ délire ]

 

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Ajouté à la BD par Le sous-projectionniste

désespérée

Elle ne voulait plus vivre. Elle voulait mourir

mais parce qu'elle ne voulait pas le reconnaître

elle tombait malade chaque jour

d'une maladie nouvelle

elle brûlait à petit feu dans une fièvre éternelle

et se promenait partout avec sa fièvre avec ses maladies

comme on promène une meute de chiots espiègles et fidèles

avec soi en laisse.

Oh. Elle marchait droite et mince dans les rues

et souriait à tout le monde de loin.

Oui. De loin

En réalité elle ne voulait plus vivre

Elle ne désirait rien – que la terre et l'herbe

le ciel et l'eau. Oui. Les éléments purs et éternels

Elle regardait le cœur serré par la pitié

toutes les créatures jeunes et vivantes

car elle avait compris – oh – elle avait très tôt compris

non seulement que la vie n'est que cruauté

mais qu'elle est aussi une épreuve

oui une épreuve : pour rien

et que le surhumain fait sur nous des tests

comme ça

comme nous allons au spectacle

pour passer notre temps

Elle savait qu'il n'existe ni sens ni gloire ni salut

elle savait que dans ce monde plein de dieux tout est inutile

Et elle voulait mourir

Oh oui elle voulait mourir

comme le lin qui s'effiloche en terre

comme le chanvre qui fond dans la rivière

comme l'aigrette du pissenlit qui disparaît dans le vent

Elle ne voulait plus vivre

non

elle avait peur que dans longtemps des siècles plus tard

les éléments de son corps aillent par hasard se réunir

et se souvenir de sa vie de Marta son nom

Aussi souriait-elle à tous écartelée et lointaine

Auteur: Petreu Marta

Info: De loin, 15 mai 2004. Traduit du roumain par Ed Pastenague

[ poème ]

 

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Ajouté à la BD par miguel