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déclaration d'amour

Si tu n'avais pas d'enfants et une famille, tu serais une poétesse, Ekaterina, une grande poétesse, me disait-il souvent. L'élément sauvage et païen en toi jaillirait sous les formes verbales les plus merveilleuses, maîtrisée, ta féminité transmettrait par des rimes et le rythme de tes vers, la profondeur du sens étonnerait par des nuances et des détails inattendus. Tu créerais une musique, Ekaterina, une musique faite de mots tout comme, en ce moment, tu crées une harmonie et une musique à partir de cette demeure, Ekaterina, à partir de chaque instant où nous sommes ensemble. Tu es une magicienne, Ekaterina, tu transformes la vie ordinaire en poésie et en éternité, c'est pourquoi tu aurais dû être une poétesse, Ekaterina.

Moi je riais, évidemment, en entendant ses mots, mais en quoi les enfants m'empêchent-ils, Mina, d'être une grande poétesse, lui rétorquais-je pour plaisanter, si je pouvais créer des vers sublimes, rien ne pourrait m'arrêter.

Tu as du talent, Ekaterina, me disait votre père, tu ne dois pas le laisser sans bouffées d'air, tu ne dois pas l'étouffer sous le lourd fardeau de la maternité et des soins que tu nous prodigues, tu dois garder du temps pour toi, uniquement pour toi, et écrire, chaque jour tu dois écrire quelques pages dans ton journal intime, décrire l'essentiel, tes impressions, tes idées, tes sensations, tes rêves. Promets-moi, Ekaterina, que tu ne perdras pas ton talent à cause de nous.

C'est ainsi que me parlait votre père.

Auteur: Dimova Teodora

Info: Les dévastés

 

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Ajouté à la BD par miguel

ensorceleuse

Dans une jambe de danseuse le monde, ses ondes, tous ses rythmes, ses folies, ses vœux sont inscrits !... Jamais écrits !... Le plus nuancé poème du monde !... émouvant ! Gutman ! Tout ! Le poème inouï, chaud et fragile comme une jambe de danseuse en mouvant équilibre est en ligne, Gutman mon ami, aux écoutes du plus grand secret, c'est Dieu ! C'est Dieu lui-même ! Tout simplement ! Voilà le fond de ma pensée ! À partir de la semaine prochaine, Gutman, après le terme... je ne veux plus travailler que pour les danseuses... Tout pour la danse ! Rien que pour la danse ! La vie les saisit, pures... les emporte... au moindre élan, je veux aller me perdre avec elles... toute la vie... frémissante... onduleuse... Gutman ! Elles m'appellent !... Je ne suis plus moi-même... Je me rends... Je veux pas qu'on me bascule dans l'infini !... à la source de tout... de toutes les ondes... La raison du monde est là... Pas ailleurs... Périr par la danseuse !... Je suis vieux, je vais crever bientôt... Je veux m'écrouler, m'effondrer, me dissiper, me vaporiser, tendre nuage... en arabesques... dans le néant... dans les fontaines du mirage... je veux périr par la plus belle... je veux qu'elle souffle sur mon cœur... il s'arrêtera de battre... Je te promets ! Fais en sorte Gutman que je me rapproche des danseuses !... Je veux bien calancher, tu sais, comme tout le monde... mais pas dans un vase de nuit... par une onde... par une belle onde... la plus dansante... la plus émue ...

Auteur: Céline Louis-Ferdinand

Info:

[ artiste ] [ fascination ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

dernières paroles

Je promets de se lever et de sortir de la maison tous les matins. Je vais aller voir mes parents puis faire une longue promenade. Je vais suivre les ordres du médecin pour les médicaments. Je promets de ne pas me blesser. Je promets de ne pas visiter des sites Web qui parlent de suicide. (1ère)
(...)
Lorsque vous croyez avoir un avenir, vous pensez en termes de générations et d'années. Si ce n'est pas le cas, vous vivez non pas au jour le jour, mais d'une minute à l'autre. Il est de loin préférable que vous vous souveniez de moi comme je le fus lors de mon apogée comme auteur de best-seller plutôt que de l'épave aux yeux fous revenue de Louisville... Chaque respiration devient difficile et pour moi faire face à l'anxiété peut être comparé une noyade en plein mer. Je sais que mes actions vont transférer une partie de cette douleur aux autres, ceux qui me aiment le plus. S'il vous plaît pardonnez-moi. (2ème)
(...)
Il y a des aspects de mon expérience à Louisville que je ne comprendrai jamais. Tout au fond, je soupçonne que aurez plus de réponses sur ceci que moi. Je ne suis jamais parvenue à dissiper cette conviction que j'ai été recrutée, et plus tard persécutée, par des forces plus puissantes que ce que je pouvais imaginer. Que ce soit la CIA ou une autre organisation, je ne le saurai jamais. Tant que je suis vivante, ces forces ne cesseront jamais de me harceler.
Quelques jours avant mon départ pour Louisville J'ai eu un profond pressentiment pour ma sécurité. J'ai senti tout à coup des menaces pour ma propre vie: le sentiment étrange que j'étais suivie dans les rues, la camionnette blanche garée devant ma maison, le courrier endommagé qui arrivait à ma boite postale. Je crois que mon séjour à l'hôpital Norton était une tentative du gouvernement pour me discréditer.(3e)

Auteur: Chang Iris

Info:

[ suicide ]

 

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dernières paroles

Léonie chérie

J'ai confié cette dernière lettre à des mains amies en espérant qu'elle t'arrive un jour afin que tu saches la vérité et parce que je veux aujourd'hui témoigner de l'horreur de cette guerre.

Quand nous sommes arrivés ici, la plaine était magnifique. Aujourd'hui, les rives de l'Aisne ressemblent au pays de la mort. La terre est bouleversée, brûlée. Le paysage n'est plus que champ de ruines. Nous sommes dans les tranchées de première ligne. En plus des balles, des bombes, des barbelés, c'est la guerre des mines avec la perspective de sauter à tout moment. Nous sommes sales, nos frusques sont en lambeaux. Nous pataugeons dans la boue, une boue de glaise, épaisse, collante dont il est impossible de se débarrasser. Les tranchées s'écroulent sous les obus et mettent à jour des corps, des ossements et des crânes, l'odeur est pestilentielle. Tout manque : l'eau, les latrines, la soupe. Nous sommes mal ravitaillés, la galetouse est bien vide ! Un seul repas de nuit et qui arrive froid à cause de la longueur des boyaux à parcourir. Nous n'avons même plus de sèches pour nous réconforter parfois encore un peu de jus et une rasade de casse-pattes pour nous réchauffer. Nous partons au combat l'épingle à chapeau au fusil. Il est difficile de se mouvoir, coiffés d'un casque en tôle d'acier lourd et incommode mais qui protège des ricochets et encombrés de tout l'attirail contre les gaz asphyxiants. Nous avons participé à des offensives à outrance qui ont toutes échoué sur des montagnes de cadavres. Ces incessants combats nous ont laissé exténués et désespérés. Les malheureux estropiés que le monde va regarder d'un air dédaigneux à leur retour, auront-ils seulement droit à la petite croix de guerre pour les dédommager d'un bras, d'une jambe en moins ? Cette guerre nous apparaît à tous comme une infâme et inutile boucherie.

Le 16 avril, le général Nivelle a lancé une nouvelle attaque au Chemin des Dames. Ce fut un échec, un désastre ! Partout des morts ! Lorsque j'avançais les sentiments n'existaient plus, la peur, l'amour, plus rien n'avait de sens. Il importait juste d'aller de l'avant, de courir, de tirer et partout les soldats tombaient en hurlant de douleur. Les pentes d'accès boisées, étaient rudes .Perdu dans le brouillard, le fusil à l'épaule j'errais, la sueur dégoulinant dans mon dos. Le champ de bataille me donnait la nausée. Un vrai charnier s'étendait à mes pieds. J'ai descendu la butte en enjambant les corps désarticulés, une haine terrible s'emparant de moi. Cet assaut a semé le trouble chez tous les poilus et forcé notre désillusion. Depuis, on ne supporte plus les sacrifices inutiles, les mensonges de l'état major. Tous les combattants désespèrent de l'existence, beaucoup ont déserté et personne ne veut plus marcher. Des tracts circulent pour nous inciter à déposer les armes.

La semaine dernière, le régiment entier n'a pas voulu sortir une nouvelle fois de la tranchée, nous avons refusé de continuer à attaquer mais pas de défendre. Alors, nos officiers ont été chargés de nous juger. J'ai été condamné à passer en conseil de guerre exceptionnel, sans aucun recours possible. La sentence est tombée : je vais être fusillé pour l'exemple, demain, avec six de mes camarades, pour refus d'obtempérer. En nous exécutant, nos supérieurs ont pour objectif d'aider les combattants à retrouver le goût de l'obéissance, je ne crois pas qu'ils y parviendront. Comprendras-tu Léonie chérie que je ne suis pas coupable mais victime d'une justice expéditive ? Je vais finir dans la fosse commune des morts honteux, oubliés de l'histoire. Je ne mourrai pas au front mais les yeux bandés, à l'aube, agenouillé devant le peloton d'exécution.

Je regrette tant ma Léonie la douleur et la honte que ma triste fin va t'infliger. C'est si difficile de savoir que je ne te reverrai plus et que ma fille grandira sans moi. Concevoir cette enfant avant mon départ au combat était une si douce et si jolie folie mais aujourd'hui, vous laisser seules toutes les deux me brise le cœur. Je vous demande pardon mes anges de vous abandonner. Promets-moi mon amour de taire à ma petite Jeanne les circonstances exactes de ma disparition. Dis-lui que son père est tombé en héros sur le champ de bataille, parle-lui de la bravoure et la vaillance des soldats et si un jour, la mémoire des poilus fusillés pour l'exemple est réhabilitée, mais je n'y crois guère, alors seulement, et si tu le juges nécessaire, montre-lui cette lettre. Ne doutez jamais toutes les deux de mon honneur et de mon courage car la France nous a trahi et la France va nous sacrifier. Promets-moi aussi ma douce Léonie, lorsque le temps aura lissé ta douleur, de ne pas renoncer à être heureuse, de continuer à sourire à la vie, ma mort sera ainsi moins cruelle. Je vous souhaite à toutes les deux, mes petites femmes, tout le bonheur que vous méritez et que je ne pourrai pas vous donner. Je vous embrasse, le cœur au bord des larmes. Vos merveilleux visages, gravés dans ma mémoire, seront mon dernier réconfort avant la fin.

Eugène ton mari qui t'aime tant.

Auteur: poilu anonyme

Info: Lettre à sa femme, Le 30 mai 1917

[ ww1 ] [ couple ]

 

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