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credo irrationnel

On peut ne pas croire à la bonne aventure et même la mépriser, intellectuellement. Demeure cependant chez la plupart d'entre nous une tendance superstitieuse - et une expérience étrange peut s'adresser à cette tendance au point d'éveiller  un espoir ou une crainte des plus déraisonnables dans cette bonne ou mauvaise fortune que nous a promise un devin quelconque. Car ce serait un grand malheur de voir vraiment notre avenir. Imaginez ce qui résulterait si nous savions que d'ici deux mois nous devrons éprouver un terrible malheur contre lequel il nous est impossible de nous protéger.

Auteur: Hearn Lafcadio

Info: Fantômes du Japon - Celui que le passé désigna pour connaître l'avenir

[ indéterminisme nécessaire ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

action

Quand il était très jeune, William Stoner pensait que l'amour était une sorte d'absolu auquel on avait accès si l'on avait de la chance. En vieillissant, il avait décidé que c'était plutôt la terre promise d'une fausse religion qu'il était de bon ton de considérer avec un scepticisme amusé ou un mépris indulgent, voire une mélancolie un peu douloureuse. Mais maintenant qu'il était arrivé à mi-parcours, il commençait à comprendre que ce n'était ni une chimère ni un état de grâce, mais un acte humain, humblement humain, par lequel on devenait ce que l'on était. Une disposition de l'esprit, une manière d'être que l'intelligence, le coeur et la volonté ne cessaient de nuancer et de réinventer jour après jour.

Auteur: Williams John Edward

Info: Stoner

[ agir ]

 
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dépassement

Il psalmodia son effort, s'efforça à ne rient voir, à ne pas ralentir, à écarter la peur de l'agonie et, oui, à s'approcher du gouffre. De longues minutes il ouvrit la bouche, cherchant à aspirer la ligne d'arrivée promise, qui finirait par surgir à la vue s'il voyait encore ; de longues minutes il vécu sous vide. En sortit joyeux : qu'est-ce que je me suis fait mal ! Les copains, vous n'imaginez pas. En sortit vainqueur, une nouvelle fois : son cœur avait reculé d'un pas vers l'intérieur de ses propres frontières, ses muscles s'étaient courbés au passage de son courage inflexible. Pas mort. Mais passé si près. Il passerait plus près encore la fois suivante. VdB savait à quoi il jouait.

Auteur: Haralambon Olivier

Info: Le versant féroce de la joie

[ sport ] [ effort ]

 

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pouvoir

Lorsque, deux ans avant les nazis, en 1931, le deutsch Mark fut soudain bloqué, Tannenbaum avait déjà mis la plus grande partie de sa fortune à l'abri hors d'Allemagne. Ce blocage du mark ne fut jamais supprimé. Ce fut catastrophique pour des milliers de juifs qui, faute de pouvoir transférer leur argent à l'étranger, durent rester en Allemagne. La terrible ironie de cette histoire, c'est que c'est une banque juive en difficulté qui avait provoqué le blocage, et que ce dernier fut instauré par un gouvernement démocratique. C'est ainsi que les Juifs d'Allemagne furent empêchés de fuir et se retrouvèrent ensuite en camps de concentration. Dans les milieux des hauts dirigeants nazis, on voyait là l'une des plaisanteries les plus cocasses de l'histoire du monde.

Auteur: Remarque Erich Maria

Info: Cette terre promise

[ finances ] [ ww2 ]

 

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femmes-hommes

Leur première union était célébrée aux Fêtes de printemps, mais ils ne pouvaient entrer en ménage qu'après les Fêtes d'automne. Tant que duraient les travaux des champs, les vieux couples eux-mêmes étaient séparés ; les galants n'avaient pas non plus permission de rejoindre leurs promises, sinon de nuit et furtivement. Ils sautaient la haie et, se cachant des parents, faisaient leur cour ; surtout aux temps de la pleine lune, ils chantaient leurs aubades, en prenant grand soin de ne pas se laisser surprendre par le chant du coq. Sans doute, ces entrevues nocturnes étaient chastes. L'opposition entre les sexes était forte au point d'exiger pour leur rapprochement une longue préparation et des temps favorables ; l'union sexuelle paraissait si redoutable qu'elle était interdite pendant de longues périodes.

Auteur: Granet Marcel

Info: La religion des chinois

[ tradition ] [ Chine ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

question

Quelle est ma capacité de renouvellement ? Quelle est ma chance de produire encore ce que je n’attends pas de moi ? Car ma vie se déroule principalement dans l’à-venir. Elle se fonde sur l’attente. Elle est préparation. Si je peux jouir du présent, c’est seulement dans la mesure où il est promesse de futur. Je cherche la Terre promise. J’écoute la musique des lendemains. Ma nourriture, c’est l’expectation. Ma drogue, l’espoir. Enfant, je ne supportais pas l’absence de but et, avec des riens, me fabriquais ce que j’appelais des " petites lumières "  pour éclairer la journée ou la semaine qui s’annonçait. Si j’écris ce livre sur ma vie écoulée, ce n’est ni pour m’y vautrer avec complaisance ni pour y régler des comptes. C’est pour me donner un but nouveau, donc une existence nouvelle. C’est pour produire de l’avenir avec mon passé. Le déjà-fait m’ennuie. Ne m’excite que l’à-faire. Si j’avais une prière à formuler, ce serait moins " donnez-moi la force " que " donner-moi le désir " de faire.

Auteur: Jacob François

Info: La statue intérieure

[ introspection ] [ dépassement ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

mère-filles

De ses quatre filles, j'étais celle qui correspondait le moins à ses canons esthétiques. Planche à pain, j'avais les cheveux qui n'ondulaient pas, un front trop bombé, des sourcils mal dessinés, des dents pas du tout éclatantes, des lèvres charnues, indices d'une sensualité à réfréner, une myopie m'obligeant à porter des lunettes aux verres aussi épais que des culs de bouteille, la dégaine d'une iroquoise qui a avalé son parapluie, bref, selon Big Mother, je faisais bien d'être une bûcheuse, car je n'étais pas mariable - qui s'intéresserait à moi, promise à un emploi d'institutrice ou de prof de français, insatisfaite et mal rétribuée? Je m'offusquais de ce mépris pour mes enseignants, sans qui le dressage de Big Mother aurait occasionné un ébranlement. Aller en classe, c'était lui échapper pour quelques heures, fouiner dans les bibliothèques, c'était amasser des trésors et y puiser, pas seulement afin de me doter d'une teinture de culture: forte de ces richesses, je me fabriquais une personnalité, je me blindais contre les méchancetés de celle qui, en tous lieux, se plaisait à nous diminuer, mes sœurs et moi.

Auteur: Lê Linda

Info: À l'enfant que je n'aurai pas

[ sororie ] [ famille ] [ autoportrait ] [ humiliation ]

 
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Ajouté à la BD par miguel

savoir

Extrait d'un discours du "savant" Jean Perrin, de l'Académie des Sciences, et quelque chose dans le gouvernement actuel : - Je ne pensais d'abord qu'à la recherche pure. C'est d'elle en effet, qu'est venu, outre tout l'élargissement de notre intelligence, le formidable accroissement de puissance, qui est le grand fait de l'histoire contemporaine.
C'est par elle seule que nous pouvons espérer quelque chose de vraiment beau, qui libérera tous les hommes de toute servitude, et leur donnera ainsi les nobles loisirs sans lesquels il n'est pas de haute culture. Et cette même recherche finira par nous épargner la déchéance et la maladie, transformant en une aventure éclatante la destinée médiocre qui nous semblait promise. Encore un sot complet, - il en a d'ailleurs le visage, avec son air d'hurluberlu, - qui s'imagine que la science changera les hommes, les fera tous sensés, intelligents, généreux, les fera tous du même composé chimique et de la même structure organique, supprimera chez tous les passions, les rivalités, les haines, fera de tous des êtres de "haute culture", tous accessibles aux "nobles loisirs". Dire que toute notre époque, depuis la Révolution, repose sur ces âneries !

Auteur: Léautaud Paul

Info: Journal littéraire/Mercure de France 1986 <23 décembre 1936 II p.1752>

[ progrès ] [ dénigré ] [ railleur ]

 

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néant

Le processus qui mène au langage obsessionnel, c’est-à-dire en fin de compte à la suppression du sens des mots, a quelque chose de fascinant, d’ensorcelant ; dans ce surgissement d’un non-langage, il y a comme la promesse d’une nouvelle façon d’être, laquelle, tel le vide, attire et fait chuter ; si affreux que cela puisse paraître, nous irions jusqu’à dire qu’à des millions et des millions d’hommes, cette biblique extermination du langage peut paraître comme un repos inespéré, comme la Terre Promise ; le silence totalitaire, parfaitement réalisé sous forme de fausse parole imposée à toutes les lèvres, a ses chances de réussir à hypnotiser une humanité harassée ; un tel silence est promesse, non plus de mort au sens que les religions ont donné à ce terme mais d’une mort encore innomée où chaque homme serait mué en objet glacé ; dans les eaux de la parole totalitaire, l’humanité voguerait à l’aise en goûtant aux plaisirs des poissons silencieux ; bien plus, ces pseudo-humains auraient besoin à chaque instant de ces géantes vagues de paroles insensibilisantes et ne pourraient plus supporter d’en être retirés, encore moins d’être mis dans le cas d’avoir eux-mêmes à parler.

Auteur: Robin Armand

Info: Dans "La fausse parole"

[ désenracinement ] [ accoutumance ] [ dépendance au bruit de fond idiomatique ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

climatosceptiques

Ils savent, ils entendent, mais au fond, ils n'y croient pas. C'est là, je crois, qu'il faut aller chercher l'origine profonde du climato-scepticisme. Ce n'est pas un scepticisme qui porte sur la solidité des connaissances mais un scepticisme sur la position dans l'existence. S'ils doutent ou s'ils dénient, c'est parce qu'ils prennent ceux qui crient à temps et à contre temps qu'il faut changer totalement et radicalement de mode de vie pour des zozos dans plus de crédit que Philippus le Prophète qui effraie Tintin dans l'Etoile Mystérieuse avec son gong et son drap blanc. "Le changement de vie total et radical", mais ils l'ont déjà accompli, justement, en devenant résolument modernes ! Si la modernité n'était pas si profondément religieuse, l'appel à s'ajuster à la Terre serait facilement entendu. Mais comme elle a hérité de l'Apocalypse simplement décalée d'un cran dans le futur, elle ne suscite qu'un haussement d'épaules ou qu'une réponse indignée. "Comment pouvez-vous venir nous prêcher encore une fois l'Apocalypse. Où est-il écrit dans les Livres qu'il y aura une apocalypse après la première ? La modernité est ce qu'on nous a promis, ce que nous avons conquis, parfois par la violence, et vous prétendez nous l'arracher ? Nous dire que nous nous sommes trompés sur le sens de la promesse ? Que la Terre promise de la modernité devrait rester promise ! C'est insensé".

Et en effet, il n'est écrit nulle part que l'Apocalypse puisse être suivie d'une autre. D'où cette certitude indéracinable, ce calme total, cette froideur de marbre, de ceux qui lisent pourtant tous les jours l'annonce de catastrophes diverses. Il semble qu'ils aient droit à cett terre qu'on leur a en effet promise, mais cette terre n'a rien de terrestre, puisque ce qui est nié, justement, c'est qu'elle ait une histoire, une historicité, une rétroaction, des capacités, bref, des puissances d'agir. Tout tremble, mais pas eux, pas le sol sur lequel ils ont les pieds posés. Le cadre où se déroule leur histoire est forcément stable. La fin du monde n'est qu'une idée.

Auteur: Latour Bruno

Info: Face à Gaïa. Huit conférences sur le nouveau régime climatique

[ anthropocène ]

 

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