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loi supérieure

Nous grandissons tous avec l’idée que la loi est sacrée. Ils ont demandé à la mère de Daniel Berrigan ce qu’elle pensait du fait que son fils violait la loi. Après avoir mis le feu à des registres du bureau de conscription, probablement un des actes les plus violents de ce siècle, pour protester contre la guerre, il avait été condamné à la prison, comme il se doit pour un criminel. Ils ont demandé à sa mère âgée de plus de 80 ans ce qu’elle pensait du fait que son fils avait violé la loi. Elle a regardé le journaliste droit dans les yeux et lui a répondu : "Ce n’est pas la loi de Dieu". Et ça, on l’oublie. La loi n’a rien de sacré. Pensez à qui fait les lois. La loi n’est pas faite par Dieu, elle est faite par Strom Thurmond. Si on a le moindre sentiment de ce qui est saint, beau et révérencieux dans la loi, il suffit de bien regarder les élus du pays, ceux et celles qui font les lois.

Auteur: Zinn Howard

Info: Introduction au débat à l’université Johns Hopkins prononcée en mai 1970

[ éternelle-temporelle ] [ désobéissance civile ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

sociologie

L'épidémie de peste déclencha également dans la ville d'autres désordres plus graves. Chacun se livra à la poursuite du plaisir avec une audace qu'il cachait auparavant. Impressionné par le spectacle de ces brusques changements de fortune qui faisaient soudain périr les riches et livraient leurs biens aux pauvres qui n'avaient jamais rien possédé, on chercha les profits et les jouissances rapides puisque la vie et les richesses étaient également éphémères. Nul ne montrait d'empressement à atteindre avec quelque peine un but honnête car on ne savait pas si on vivrait assez pour y parvenir. Les jouissances et tous les moyens pour se les procurer, voilà ce qu'on jugeait estimable et utile. Nul n'était plus retenu ni par la crainte des dieux, ni par les lois humaines. Voyant tout le monde périr indistinctement, on ne faisait plus de différence entre la piété et l'impiété, on ne pensait pas vivre assez longtemps pour avoir à rendre compte de ses fautes. Chacun redoutait bien davantage l'arrêt déjà prononcé et suspendu sur sa tête. Avant de le subir mieux valait tirer de la vie quelque plaisir.

Auteur: Thucydide

Info: Histoire de la guerre du Péloponnèse

[ historique ] [ contagion ] [ débandade ] [ maladie ]

 

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empirisme

C'est une psychologie très particulière, ce point de vue qui annonce "la science est aussi basée sur la foi, c'est tout ". En général, cette phrase est prononcée par des gens qui affirment que la foi est une bonne chose. Alors pourquoi disent-ils "La science aussi est fondée sur la foi" sur un ton mi-triomphant mi-colérique, plutôt que comme un compliment ? Et c'est plutôt un compliment dangereux, pourrait-on penser, quant à ce point de vue. Si la science est basée sur la "foi", alors la science est de même nature que la religion - directement comparable. Si la science est une religion, c'est la religion qui guérit les malades et révèle les secrets des étoiles. Il serait logique de dire : "Les prêtres de la science peuvent marcher sur la Lune de manière flagrante, publique et vérifiable, alors que un miracle de la foi, et la foi de vos prêtres ne peut faire de même". Êtes-vous sûr de vouloir en arriver là, ô croyant ? Peut-être, après mûre réflexion, serait-il préférable de se retirer complètement de cette idée comme quoi "La science est aussi une religion ! "

Auteur: Yudkowsky Eliezer Shlomo

Info: The Less Wrong Sequences

[ miracles réitérables ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

dévoilé

Bareïm se met à rire de sa propre remarque - ce qui fait bouger toute sa carcasse. C'est à ce moment-là qu'on entend la voix électronique de son Curasix monter de sa poche :

"IMC : 39,7...Artère bouchée à 67%. Pression sanguine saturée à + 16. Il vous reste six ans, huit mois et vingt-deux jours à vivre..."

Le géant fouille dans sa parka, un peu honteux, et éteint l'appareil.

"Putain...Il suffit que je rigole ou que je tousse pour que cette saloperie se déclenche..."

Sparak le regarde, un sourire un peu narquois sur ses lèvres. Ainsi donc le gros Baréïm a cédé à la mode de ce petit gadget inutile qui fait fureur. En récoltant quelques données, il annonce fièrement à son possesseur les heures de vie gagnées si celui-ci mange mieux, fait du sport, monte les escaliers à pied. Il n'aurait jamais pensé que Baréïm ait le souci de se ménager et cela le fait rire. Baréïm le voit et dit, comme pour répondre à la phrase que Sparak n'a pas prononcée :

"C'est ma femme..."

Auteur: Gaudé Laurent

Info: Chien 51

[ embarrassé ] [ justification ] [ découvert ]

 

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Ajouté à la BD par Le sous-projectionniste

objet-concept

"Dans toutes les langues de l’Europe, au nord comme au sud, le mot chose, quelque forme qu’on lui donne, a pour origine ou racine le mot cause, puisé dans le judiciaire, le politique ou la critique en général. Comme si les objets eux-mêmes n’existaient que selon les débats d’une assemblée ou qu’après décision prononcée par un jury. Le langage veut que le monde ne vienne que de lui. Au moins le dit-il" (p. 111)*. "Ainsi la langue latine appelait res, la chose, d’où nous tirons la réalité, l’objet de la procédure judiciaire ou la cause elle-même, de sorte que, pour les Anciens, l’accusé portait le nom de reus parce que les magistrats le citaient. Comme si la seule réalité humaine venait des seuls tribunaux" (p. 307)*. "Là nous attendent le miracle et la résolution de l’ultime énigme. Le mot cause désigne la racine ou l’origine du mot chose : causa, cosa ; de même, thing ou Ding. […] Le tribunal met en scène l’identité de la cause et de la chose, du mot et de l’objet ou le passage substitutif des uns et des autres. Une chose émerge là" (p. 294)*.

Auteur: Latour Bruno

Info: Nous n'avons jamais été modernes. Essai d'anthropologie symétrique. P 54. *Serres M., Statues, Paris, François Bourin, 1987

[ induction consensus ] [ inférence collective ] [ étymologie ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

néant

Je me suis étendu sur la couverture, le buste adossé à la tête du lit, et Irène s’est tournée vers moi, allongée sur le flanc, une main sous son visage. Je lui ai dit : "J’ai l’impression que rien n’existe, que tout n’est qu’une illusion de mon esprit." Ces mots énormes, trop grands, trop abstraits, ont à eux seuls commencé à faire dégonfler l’angoisse. Adressés à quelqu’un, ils semblaient presque grotesques. J’insistai tout de même : "Mais toi, tu es sûre qu’il y a quelque chose, tu es sûre que j’existe là, devant toi ?"

Je ne me souviens plus exactement de ce qu’après un bref instant de silence, en prenant ma main, elle a répondu à mon interrogation. Quelques mots presque maladroits mais simples, pleins – et prononcés par quelqu’un.

Et, précisément, je n’avais pas besoin d’une réponse, d’une démonstration, ni surtout d’un repli supplémentaire dans la conscience. Seule l’évidence d’une autre présence humaine était bienfaisante. Je me suis affaissé, un peu soulagé, et suis resté un moment immobile, les yeux ouverts, à écouter la respiration d’Irène qui se rendormait lentement, sentant l’épaisseur et la chaleur de sa main autour de la mienne.

Auteur: Lochmann Arthur

Info: Dans "Toucher le vertige", éditions Flammarion, 2021, pages 94-95

[ matérialité réconfortante ] [ surmentalisation ] [ parler ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

imagination

La raison d’être fondamentale de la littérature romanesque, c’est que l’homme a en général un cerveau beaucoup trop compliqué, beaucoup trop riche pour l’existence qu’il est appelé à mener. La fiction, pour lui, n’est pas seulement un plaisir ; c’est un besoin. Il a besoin d’autres vies, différentes de la sienne, simplement parce que la sienne ne lui suffit pas. Ces autres vies n’ont pas forcément besoin d’être intéressantes ; elles peuvent être parfaitement mornes. Elles peuvent comporter beaucoup d’événements, de grande ampleur ; elles peuvent n’en comporter aucun. Elles n’ont pas forcément besoin d’être exotiques ; elles peuvent se dérouler il y a cinq siècles, dans un continent différent ; elles peuvent se dérouler dans l’immeuble d’à côté. La seule chose importante, c’est qu’elles soient autres.

Ce besoin d’autres vies est peut-être politique, au sens large ; mais aucune solution politique valable ne semble, jusqu’à présent, avoir été proposée. Je crois plus probable qu’il soit, avant tout, intime, physique, émotionnel ; mais, là non plus, aucune solution pertinente ne semble s’être dégagée. Je ne crois pas du tout qu’il passe par le virtuel ni les métavers ; tout ça, c’est du flan. La vérité est que la littérature reste la seule, jusqu’à présent, à faire le travail.

Auteur: Houellebecq Michel

Info: Discours prononcé le 15 juin 2022 à l’université Kore d’Enna (Sicile)

[ nécessaire ] [ curiosité ] [ mise en perspective ] [ éloge ] [ lecture ] [ ouverture ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

perdus

Le reste d'entre nous, exclus du bénéfice de la Lumière, abandonnés à la surface de la terre, laissés à la merci d'une Gravité que nous commençons à peine à détecter et à mesurer, devons continuer à nous tromper avec notre foi en d'Héxquises Korrespondences, espérant que pour chaque psi-synthétique prélevée dans l'âme de la Terre, existe une molécule, laïque, plus ou moins ordinaire et nommée, là-bas - donnant sans fin des coups de lattes dans les futilités plastiques, trouvant en chacune quelque Signification profonde et essayant de les relier toutes ensemble comme les termes d'une série de puissances supposées cotoyer le zéro et pouvoir focaliser tout ça dans une  Fonction formidable et secrète dont le nom, comme les noms permutables de Dieu, ne peut être prononcé.... sons d'anches de saxes en plastique au timbres peu naturels,  bouteilles de shampoing images-ego, prix Cracker Jack d'un amusement unique, carénage de boîtiers d'appareils ménagers cognitivement aménagés,  biberons tranquillisants, paquets de viande d'abattoir travestis, sacs de nettoyage à sec, étranglement de nourrissons, tuyaux d'arrosage arrosant sans fin le désert...  mais pour tous les réunir, avec leur persistance lisse et notre prétérition... pour donner un sens à tout cela, et trouver le plus significatif éclat de vérité au milieu de tant de duplication, de tant de gaspillage...  

Auteur: Pynchon Thomas

Info: Gravity's Rainbow, p. 590. Trad. Mg

[ laissés pour compte ] [ exclus ] [ déboussolés ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

chimie minérale

Ceux d'entre nous qui connaissaient la situation de la chimie inorganique dans les universités il y a vingt ou trente ans se souviendront qu'à cette époque, elle était largement considérée comme une partie ennuyeuse et inintéressante du cursus de premier cycle. En général, elle était enseignée presque entièrement au cours des premières années du cursus et principalement comme une collection de faits sans lien les uns avec les autres. Dans l'ensemble, les étudiants ont conclu qu'à l'exception de certaines relations dépendant du tableau périodique, la chimie inorganique ne disposait pas d'un système comparable à celui de la chimie organique, ni de la rigueur et de la logique qui caractérisent la chimie physique. On pensait généralement que les possibilités de recherche en chimie inorganique étaient rares et que, de toute façon, les problèmes étaient ennuyeux et peu stimulants ; par conséquent, relativement peu de personnes se sont spécialisées dans ce domaine... Tant que la chimie inorganique sera considérée comme consistant simplement, dans les années passées, en préparations et analyses d'éléments et de composés, son manque d'attrait est tout à fait normal. Ce stade est désormais dépassé et, pour les besoins de notre discussion, nous définirons aujourd'hui la chimie inorganique comme l'étude intégrée de la formation, de la composition, de la structure et des réactions des éléments et des composés chimiques, à l'exception de la plupart de ceux du carbone.

Auteur: Nyholm Ronald Sydney

Info: Conférence inaugurale prononcée à l'University College de Londres (1er mars 1956). Dans The Renaissance of Inorganic Chemistry (1956), 4-5.

[ abiotique ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

Gaule

Vous rendez-vous compte, messieurs, de tout ce qu'il y a d'inouï, de prodigieux, d'incompréhensible, et par cela même d'inexplicable pour toute science purement humaine, non pas seulement dans les hauts faits de la guerrière improvisée ou dans la constance de l'indomptable prisonnière, mais en particulier et précisément dans la résolution initiale de l'humble bergère de Domrémy ?
Perdue au fond d'un obscur village du pays lorrain, isolée avec ses troupeaux au milieu des champs et des bois, n'étant ni assez riche pour avoir à craindre pour ses domaines, ni assez pauvre pour avoir à fuir la misère, n'ayant aucun intérêt personnel, aucun esprit de vengeance ou d'ambition, sans autre guide que son instinct, sans autre aide que sa foi, la noble créature a conçu à elle seule et par elle-même ce que devait être une nation, ce qu'était une Patrie. Elle a souffert des maux de la France, elle a saigné de ses blessures, elle s'est désespérée de ses défaites et de son invasion, comme d'un mal personnel, comme d'une plaie à son propre corps, comme d'une atteinte à son propre honneur.
Car ses voix du ciel, dont je ne doute pas, ses voix ne se sont pas adressées à une indifférente, elles ne sont pas venues réveiller un coeur endormi ; elles ont plutôt fini par répondre aux supplications, aux prières et aux angoisses incessantes d'une âme déchirée "par la grande pitié qui était au royaume de France".

Auteur: Déroulède Paul

Info: Qui vive ? France ! Quand même, Notes et discours 1883 1910, Sur Jeanne d'Arc, prononcé à Orléans le 6 mai 1909

[ nationalisme ] [ mystère ]

 

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