Citation
Catégorie
Tag – étiquette
Auteur
Info



nb max de mots
nb min de mots
trier par
Dictionnaire analogique intriqué pour extraits. Recherche mots ou phrases tous azimuts. Aussi outil de précision sémantique et de réflexion communautaire. Voir la rubrique mode d'emploi. Jetez un oeil à la colonne "chaînes". ATTENTION, faire une REINITIALISATION après  une recherche complexe. Et utilisez le nuage de corrélats !!!!..... Lire la suite >>
Résultat(s): 146
Temps de recherche: 0.0668s

culture bourgeoise

C’est dans les façons très contrastées dont sont élevés les enfants que la différence apparaît le plus clairement. Alors que la confusion régnante, au sujet des valeurs que les parents devraient transmettre à leurs enfants, sévit chez les nouveaux riches, les familles dont la richesse est plus ancienne ont des idées bien arrêtées sur la manière d’élever les enfants et n’hésitent pas à les mettre en pratique. Elles tentent d’inculquer à l’enfant le sens des responsabilités, qui vont de pair avec les privilèges dont il héritera. Elles s’efforcent de faire naître une certaine dureté, qui, entre autres, prépare le jeune à surmonter les obstacles sur sa route et à accepter, sans sentimentalité, les différences sociales. Pour que les enfants privilégiés deviennent capables d’assumer le rôle d’administrateurs et gardiens de grandes richesses – comme présidents de conseils d’administrations, propriétaires de mines, collectionneurs, amateurs éclairés, pères et mères de nouvelles dynasties – il leur faut accepter l’inévitabilité des classes sociales et de l’inégalité. Ces jeunes doivent cesser de se demander si la vie est équitable pour les victimes et de "rêver" (comme disent leurs parents). Il faut qu’ils s’attellent aux affaires sérieuses de l’existence : les études, la préparation à une carrière, les leçons de musique, d’équitation, de danse et de tennis, les soirées dansantes, les réceptions, les mondanités – tout un ensemble d’activités, apparemment sans buts pour l’observateur superficiel […], mais qui permettent aux nantis d’acquérir discipline, courage, assurance et opiniâtreté. 

Auteur: Lasch Christopher

Info: Dans "La culture du narcissisme", trad. Michel L. Landa, éd. Flammarion, Paris, 2018, pages 344-345

[ ancienne élite ] [ éducation ] [ transmission ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par Coli Masson

rendement financier

L'argent travaille lui aussi, comme tout le monde. Et quand il ne travaille plus, converti en biens immobiliers et revenus locatifs, il garantit l'avenir, sans quoi on nage dans l'incertitude comme les parents de Pierre. Et comme eux on sera réduit à la conjurer dans la bouffe, l'alcool, le Xanax et les crédits revolving, merci bien. On parle de Pierre comme s'il était là, c'est parfaitement désobligeant, oui. L'équilibre de Pierre, pour ne pas dire sa félicité, repose sur la prévision. Entre autres petits placements sans risque dans de jeunes entreprises du big data, ils disposent avec Reine de deux studettes dans le arrondissement louées sans risque à des locataires eux-mêmes entretenus par leurs propriétaires de parents. Ajoutés à cela, deux appartements à Saint-Jean-CapFerrat, loi Pinel, assureront des revenus locatifs en cas non pas de licenciement mais de réflexion, envie de liberté, nécessité d'émigration. La France pourrait devenir insupportable, décevante au moins, l'histoire l'a montré. Enfin, un compte est approvisionné dans le cas plus que probable où la mère de Pierre, fantasque retraitée de l'enseignement primaire, témoignerait d'une soudaine perte d'autonomie et voudrait vivre chez son fils. Pierre a évalué le coût de six ans de pension complète en maison de repos. Il a placé le total à taux fixe et depuis il respire. Ils ne partent pas en vacances tous les quatre matins, inutile. Pierre est suffisamment détendu à l'idée que sa mère ne viendra pas tacher le chesterfield.

Auteur: Pourchet Maria

Info: Les impatients, Page 50, Gallimard, 2019

[ obsession ] [ fric ] [ calcul ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par miguel

écrivain-sur-écrivain

Balzac ne refléchit pas longtemps. Chaque fois qu'on lui parle d'une affaire, c'est son imagination débridée et non sa raison calculatrice qui mène l'argumentation, et spéculer fut pour lui, sa vie durant, une jouissance, tout comme écrire et créer. Jamais Balzac n'a dédaigné, par vanité littéraire, de faire du commerce. Il était disposé à trafiquer de tout : livres et tableaux, actions de chemin de fer, terrains, bois et métaux. Son unique ambition était de dépenser ses forces et de percer, peu importe dans quel domaine et par quels moyens. Le jeune Balzac n'a qu'une volonté, la volonté d'arriver, la volonté de puissance... Et avec la même rapidité qu'il perçoit, dans la première vision artistique, toutes les intrigues et leurs dénouements, son avidité hypertrophiée découvre, dans chaque spéculation, des bénéfices par millions... Le 6 avril 1828... Balzac fait banqueroute, et trois fois banqueroute, comme éditeur, comme imprimeur et comme propriétaire d'une fonderie de caractères... Il doit à 29 ans presque cent mille francs à sa famille et à son amie... Ces cent mille francs de dettes, fruits des trois années de son activité commerciale, seront le rocher de Sisyphe qu'il remontera toute sa vie en déchirant presque ses muscles et qui toujours le précipitera à nouveau dans les abîmes. Cette première et unique faute de sa jeunesse le condamne à rester éternellement endetté; jamais ne se réalisera le rêve de son adolescence, pouvoir travailler librement, être indépendant.


Auteur: Zweig Stefan

Info: Balzac : Le roman de sa vie, pp.91 à 108

[ engrenage ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par miguel

historique

L'Histoire : Paul Veyne, imaginons que nous soyons à Rome, aux débuts de l'empire. Je suis rossé, on me dérobe mon argent. Ma femme est violée. Mon fils est tué. Obtiendrai-je justice ?
Paul Veyne : Vous avez fait fort ! Je vous suppose venu du fin fond de la Gaule chevelue, égaré dans Subure, le quartier "chaud" de Rome. Quoiqu'il en soit, je vous souhaite d'abord d'être riche, donc pourvu d'une bonne "clientèle", car c'est vous et vos amis qui devrez mener l'enquête, trouver le ou les coupables et les traîner en justice : aussi peu croyable que cela puisse paraître, il n'existe pas de véritable police dans le monde romain. L'armée s'occupe de la sécurité politique en réprimant les émeutes. En revanche, elle n'intervient guère en matière de sécurité civile, sauf pour mater le brigandage organisé en bandes - parfois il y avait des brigands dans les montagnes et parfois la population recourait à l'autodéfense. On affirme que ce brigandage était de la lutte des classes. Je n'en suis pas très sûr.
L'Histoire : Et si je ne suis pas riche ?
Paul Veyne : Si vous n'êtes pas puissant, vous disposez presque toujours d'un "patron", dont vous êtes le client, ou d'une bande d'amis. Vous essayez alors d'obtenir du patron qu'il fasse jouer sa protection, de vos amis qu'ils vous donnent un coup de main. En revanche, si vous êtes esclave, les choses sont plus simples. Votre propriétaire déteste qu'on lui abîme son matériel. Il demandera donc à ses sbires d'aller régler l'affaire.

Auteur: Veyne Paul

Info: Sexe et pouvoir à Rome, L'Empire romain, c'est la Mafia !

[ inégalités ]

 

Commentaires: 0

anecdote

Pendant toute la journée fatale de Waterloo, Napoléon n'a pas semblé au mieux de sa forme. Plusieurs témoins ont raconté qu'il reste dans une sorte d'apathie, ce qui avait déjà été le cas le jour de la bataille de la Moskova (7 septembre 1812).

On conjecture depuis sur la nature du mal qui l'avait frappé. Il est certain qu'il avait pris froid les jours précédents, marqués par de violents orages suivis de fortes chaleurs. Pour le reste, on ignore la nature exacte de l'indisposition qui le rendit si peu enthousiaste, même si de douloureuses hémorroïdes (affection courante chez les cavaliers) ont été évoquées plus tard par les généraux Gourgaud et Bertrand. On a aussi parlé d'une crise de dysurie, affection qui le poursuivait depuis des années. Quoi qu'il en soit, Henry Boucquéau, le propriétaire de la ferme du Caillou, où avait été installé son quartier général, le vit "gêné dans ses mouvements", "embarrassé dans sa démarche" et "écartant les jambes". Et de fait, il ne monta quasiment pas à cheval de la journée.

Le moins que l'on puisse écrire est qu'il resta en retrait des opérations, ce qui est fâcheux pour un commandant en chef un jour pareil. Il laissa Ney prendre des décisions qui auraient normalement relevé de sa seule compétence, dicta des ordres peu clairs et aurait mal lu les (mauvaises) cartes à sa disposition. De quoi expliquer une partie des causes de la défaite, sans autant minimiser l'excellence du choix tactique de Wellington et la ponctualité de Blücher. 

Auteur: Lentz Thierry

Info: Le Monde, sur Internet, Publié le 18/06/2015

[ historique ] [ varices douloureuses ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par miguel

révolte

La misère et la pauvreté sont si fondamentalement dégradantes, et exercent sur la nature humaine un effet si paralysant, qu'aucune classe de la population n'est jamais vraiment consciente des souffrances qu'elle endure. Il faut que d'autres le lui disent, et souvent elle refuse catégoriquement de les croire. Ce que les gros employeurs de main-d'oeuvre disent des agitateurs est indéniablement vrai. Les agitateurs sont des gens indiscrets se mêlant de ce qui ne les regarde pas, qui fondent sur une partie de la population parfaitement satisfaite de son sort et sèment en son sein les graines du mécontentement. C'est bien pour cela que les agitateurs sont absolument indispensables. Sans eux, au stade inachevé qui est le nôtre, il n'y aurait nul progrès vers la civilisation. Si l'esclavage a été aboli aux Etats-Unis, ce n'est pas à la suite d'actions menées par les esclaves, ni même parce qu'ils auraient exprimé un désir explicite d'être libérés. Il a été aboli uniquement grâce aux pratiques totalement illégales de certains agitateurs de Boston et d'ailleurs, qui eux-mêmes n'étaient ni esclaves, ni propriétaires d'esclaves, et qui en vérité n'avaient rien à voir avec la question. Ce sont indéniablement les abolitionnistes qui ont mis le feu aux poudres, c'est par eux que tout a commencé. Et il est très curieux de noter que les esclaves eux-mêmes leur apportèrent bien peu d'aide, et même bien peu de sympathie ; et lorsqu'à la fin de la guerre les esclaves se retrouvèrent libres, et même si totalement libres qu'ils étaient libres de mourir de faim, nombre d'entre eux regrettèrent amèrement leur nouvelle situation.

Auteur: Wilde Oscar

Info: l'âme de l'homme sous le socialisme, Oeuvres, la Pléiade, nrf Gallimard 1996<p.933>

 

Commentaires: 0

littérature

- Pardonnez-moi, mais j'ai beaucoup de mal à adhérer à ce truc. Pour moi, un livre c'est une couverture, des pages en papier, de l'encre, une odeur. Certainement pas ça.
- Vous avez essayé de partir en voyage avec votre bibliothèque ? Moi je peux, et j'ai en plus des dictionnaires, une vidéothèque bien pourvue, de la musique pour des centaines d'heures et un accès illimité au monde. Essayez d'en faire autant avec un bouquin.
Alexandra tourna encore l'objet dans ses mains pendant quelques instants et se demanda quelle serait la réaction du policier si elle le laissait tomber par terre, juste pour comparer avec un livre papier, puis le rendit à son propriétaire.
- Je pense que mon bouquin papier n'a pas besoin d'être rechargé et ne risque pas de se refermer tout seul au milieu d'un passage palpitant, faute de pile.
- C'est bien possible, mais je suis pour le progrès et vouloir ignorer le progrès conduit à l'obscurantisme. Avec ce type de joujou, n'importe qui a accès à la plus grande bibliothèque du monde sans se déplacer. L'évolution de l'espèce humaine est dans l'ordre des choses.
- Je pense que le jour où ces machins remplaceront les livres papier, nous entrerons dans une phase de déclin. Une toute petite part de l'humanité aura accès à la connaissance et les autres n'auront même plus le choix de s'instruire avec un livre. Parce qu'à mon avis, on ne trouve pas ce gadget au milieu du désert. Par ailleurs, aux endroits où la culture et la connaissance n'arrivent pas encore, il n'y a pas d'électricité.

Auteur: Olivaux Christian

Info: Piège Numérique

[ informatique ] [ support ]

 

Commentaires: 0

clochard

Les mendiants ne travaillent pas, dit-on. Mais alors, qu’est-ce que le travail ? Un terrassier travaille en maniant un pic. Un comptable travaille en additionnant des chiffres. Un mendiant travaille en restant dehors, qu’il pleuve ou qu’il vente, et en attrapant des varices, des bronchites, etc. C’est un métier comme un autre. Parfaitement inutile, bien sûr – mais alors bien des activités enveloppées d’une aura de bon ton sont elles aussi inutiles. En tant que type social, un mendiant soutient avantageusement la comparaison avec quantité d’autres. Il est honnête, comparé aux vendeurs de la plupart des spécialités pharmaceutiques ; il a l’âme noble comparé au propriétaire d’un journal du dimanche ; il est aimable à côté d’un représentant de biens à crédit – bref c’est un parasite, mais un parasite somme toute inoffensif. Il prend à la communauté rarement plus que ce qu’il lui faut pour subsister et – chose qui devrait le justifier à nos yeux si l’on s’en tient aux valeurs morales en cours – il paie cela par d’innombrables souffrances. Je ne vois décidément rien chez un mendiant qui puisse le faire ranger dans une catégorie d’êtres à part, ou donner à qui que ce soit d’entre nous le droit de le mépriser.

Un mendiant, à voir les choses sans passion, n'est qu'un homme d'affaires qui gagne sa vie comme tous les autres hommes d'affaires, en saisissant les occasions qui se présentent. Il n'a pas plus que la majorité de nos contemporains failli à son honneur : il a simplement commis l'erreur de choisir une profession dans laquelle il est impossible de faire fortune.

Auteur: Orwell George

Info: Dans la dèche à Paris et à Londres, 1933

[ SDF ] [ dignité ] [ éloge ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par Coli Masson

citation s'appliquant à ce logiciel

Imaginons un dispositif futur pour l'usage individuel, une sorte de dossier-bibliothèque privé et mécanisé. Inventons lui un nom au hasard, le "memex". Ce serait un dispositif par lequel un individu stockerait tous ses livres, enregistrements et informations et qui serait mécanisé de sorte qu'il puisse être consulté avec grande vitesse et flexibilité.

Ce serait une extension de sa mémoire intime. Le propriétaire du memex pourrait être, disons, intéressé par l'origine et les propriétés de l'arc et de la flèche. Spécifiquement il étudierait pourquoi l'arc turc court fut apparemment supérieur au long arc anglais lors d'escarmouches durant les croisades.

Il aurait donc des dizaines de livres et d'articles pertinents pour son memex. D'abord il consulterait une encyclopédie, trouverait un article intéressant, mais imprécis... Ensuite, dans une autre chronique, il dégotterait un autre texte pertinent qu'il joindrait au précédent. Ainsi commencerait-il à construire une chaine de beaucoup de textes et autres commentaires. De temps à autre il y ajouterait une remarque de son cru, l'insérant dans la chaîne principale ou la joignant par un lien latéral à un texte particulier.

Quand il deviendrait évident que les propriétés élastiques des matériaux utilisés ont beaucoup à faire avec l'efficacité des arcs, il créerait alors une arborescence latérale qui prendrait en compte certains ouvrages sur l'élasticité et les tables de constantes physiques inhérentes. Il pourrait aussi y insérer un texte d'analyse de son cru. Ainsi se construirait une sorte de parcours de son exploration mentale dans le labyrinthe des textes et autres matériaux disponibles concernant l'évolution des arcs. Et surtout, le parcours de cette promenade cérébrale, ne s'effacerait pas.

Auteur: Bush Vannevar

Info: The Atlantic Monthly, As We May Think, July 1945

[ réflexion ] [ outil ] [ informatique ] [ FLP personnalisé ]

 

Commentaires: 0

réserve

Les pensées de derrière la tête.
On dit qu'un homme a des pensées de derrière la tête quand il ne dit pas tout ce qu'il pense ou tout ce qu'il veut. C'est un cas très ordinaire et rien d'exceptionnel n'est signifié par cette expression. Celui qui dirait tout ce qu'il pense et déclarerait toutes ses intentions n'aurait que des pensées de devant la tête, des pensées de façade, si on peut dire et serait une sorte de monstre. Sa tête ressemblerait à une maison impossible, sans hauteur ni profondeur, sans toit, sans cave, sans escalier, sans propriétaire, où on ne pourrait s'étendre pour dormir qu'en mettant ses pieds et même ses jambes hors de la fenêtre, au scandale des personnes élégantes ou raisonnables qui passeraient dans la rue. On ne peut imaginer rien de plus absurde. En supposant qu'une telle demeure parût habitable à des malheureux accoutumés à l'étalage de leur misère, comment des gens dignes d'estime, n'ayant rien à se reprocher, pourraient-ils supporter de s'offrir en spectacle à tous ceux qui seraient tentés de regarder dans leur intérieur ?
Un homme qui a des pensées de derrière la tête, au contraire, est simplement un individu sensé, habitant une maison bien aménagée, pourvue, par conséquent, d'un endroit retiré où il lui soit loisible de penser en sécurité, et d'un autre endroit, peu éloigné du premier, où il puisse obéir à certains appels de la nature, sans que personne en soit informé. L'idéal serait qu'il n'y eût qu'un seul endroit pour les deux fonctions qui paraissent avoir, dans ce cas, une mystérieuse et profonde conformité. Les spéculateurs et les sociologues me comprendront !

Auteur: Bloy Léon

Info: Exégèse des lieux communs, Mercure de France 1968, p.230-231

[ . ]

 

Commentaires: 0