Citation
Catégorie
Tag – étiquette
Auteur
Info



nb max de mots
nb min de mots
trier par
Dictionnaire analogique intriqué pour extraits. Recherche mots ou phrases tous azimuts. Aussi outil de précision sémantique et de réflexion communautaire. Voir la rubrique mode d'emploi. Jetez un oeil à la colonne "chaînes". ATTENTION, faire une REINITIALISATION après  une recherche complexe. Et utilisez le nuage de corrélats !!!!..... Lire la suite >>
Résultat(s): 54
Temps de recherche: 0.0538s

psychologie analytique

Si nous acceptions les définitions structurales de Jung qui présente les archétypes comme des "organes" de la psyché prérationnelle, ou comme des idées et des formes psychiques dépourvues de contenu psychique initial, mais acquérant un contenu par l’expérience individuelle de la vie, ou comme des images primitives, et si nous négligeons les diverses contradictions qui existent entre ces définitions et cet autre point de vue de Jung qui fait des archétypes de simples dispositions intellectuelles ou réactionnelles héréditaires, nous pourrions supposer que les archétypes sont mus par la libido, qu’ils soient modifiés ou désexualisés. Mais non : les archétypes, nous dit Jung, sont en eux-mêmes des forces de vie, des forces qui protègent et qui guérissent, mais qui peuvent déclencher des processus névrotiques ou psychotiques, si elles sont négligées ou endommagées (sic). Et puisque les idées archétypiques peuvent même – comme Jung l’affirme à un moment – se créer elles-mêmes spontanément, il semblerait que l’énergie parthénogénétique archétypique soit inépuisable. Mais de nouveau, non : l’énergie archétypique héréditaire fait partie d’un système énergétique clos qui s’étend presque sans effort de la conscience à l’inconscient collectif. "Aucune valeur psychique – c’est-à-dire aucune énergie psychique efficace – ne peut disparaître sans être remplacée par un équivalent." Ainsi va Jung ! 

Auteur: Glover Edward

Info: Dans "Freud ou Jung ?", trad. Lucy Jones, P.U.F., Paris, 1954, page 45

[ critique ] [ absurde ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par Coli Masson

théologie

PHILITT : À vous écouter, Jung ne satisfait ni au matérialisme exigé par la méthode freudienne, ni à la spiritualité suggérée par ses objets d’étude. Y a-t-il selon vous une contribution positive de Jung à la psychologie ?

AA : Tout n’est assurément pas noir, et le principal intérêt de l’œuvre de Jung, qu’aucune critique ne saurait ravir, est son caractère exemplaire en termes d’élaboration symbolique et imaginaire de ses pensées. Jung déploie une construction fantasmatique qui se constitue au fil des années en un corpus d’une incroyable inventivité et d’une cohérence propre. Il est toutefois important de ne pas oublier que cette démarche originale d’exégèse de soi est marquée par le fer d’une subjectivité qui abolit toute tentative d’objectivation et de généralisation. Le psychologue s’inscrivant dans la continuité de la psychologie analytique s’intéressera donc à Jung comme un exemple et un modèle de créativité, d’inventivité et d’originalité, sans se sentir obligé de transposer les phases typiques du processus d’individuation à sa propre trajectoire, et sans non plus les imposer comme données interprétatives à autrui. La psychologie analytique pourrait alors se rapprocher de la psychanalyse qui ne cherche pas à se résorber dans le discours scientifique, mais qui se propose comme un outil privilégié pour nous inviter à mettre en mots notre souffrance en démêlant les discours dans lesquels notre pensée est prise. J’estime que la psychanalyse ne vise donc pas à remplacer la religion mais, rappelant que le moi n’est pas tout, et qu’il ne pourra jamais l’être, elle invite le sujet à des questionnements d’ordre proprement religieux.

Auteur: Arcé Alexandra

Info: Interview sur https://philitt.fr/, le 17. 1.2022. A l'occasion de la sortie de son ouvrage, Jung et l’occulte. La psychologie analytique au regard de la Tradition (éditions R&N)

[ vingtième siècle ]

 
Commentaires: 2
Ajouté à la BD par miguel

champ morphogénétique

Jung considérait le peuplement de l’Amérique du Nord par une population à prédominance germanique comme "la plus grande expérience" de transplantation raciale. A la seconde génération, un "type Yankee" s’est formé, "tellement identique au type indien" que l’on aurait pu l’attribuer immédiatement à un métissage de races si l’on avait su qu’il n’y a qu’une infime portion de sang indien chez l’Américain du Nord. L’indianisation mystérieuse de la population américaine ne devint compréhensible pour Jung que lorsqu’il traita analytiquement un grand nombre d’Américains. Ce qui le frappa ensuite fut l’énorme influence des nègres – "influences psychologiques, naturellement". Le tempérament plein de vivacité de l’Américain aux jeux de base-ball "peut difficilement être dérivé des ancêtres germaniques ; il doit plutôt être rapproché des "jacassements" des villages nègres". Et ainsi de suite jusqu’à la conclusion : "Ainsi, les Américains nous offrent un étrange tableau : un Européen avec des comportements de Nègre et une âme d’Indien." Dans l’air et le sol d’une contrée il y a "un x et un y qui imprègnent lentement l’homme et le modèlent sur le type de l’habitant aborigène… Il me souvient en particulier d’avoir vu à New York une famille d’immigrants allemands. Trois des enfants étaient nés en Allemagne et quatre en Amérique. Les trois aînés étaient clairement des Allemands, alors que les autres étaient de totue évidence Américains." Ainsi, apparemment, l’inconscient collectif n’est pas après tout ce qui détermine en fin de compte le caractère et le comportement humain. L’x et l’y de l’air et du sol peuvent faire plus, semble-t-il, en deux générations que l’inconscient collectif en un million d’années. Mais non, cependant, et c’est bien étrange, lorsqu’il s’agit de Juifs. 

Auteur: Glover Edward

Info: Dans "Freud ou Jung ?", trad. Lucy Jones, P.U.F., Paris, 1954, page 123

[ psychologie de comptoir ] [ contradictions internes ] [ spéculations ]

 
Commentaires: 8
Ajouté à la BD par Coli Masson

psychologie analytique

J’ai une grande admiration pour Jung, pour le penseur et pour l’homme qu’il était. Je l’ai rencontré en août 1950 aux Conférences Eranos d’Ascona. Après une demi-heure de conversation, j’avais l’impression d’écouter un sage chinois ou un vieux paysan de l’Europe orientale, encore enraciné dans la Terre-Mère et cependant tout proche du Ciel. J’étais fasciné par l’admirable simplicité de sa présence, par la spontanéité, l’érudition et l’humour de sa conversation. Il avait, à l’époque, soixante-quinze ans. Je l’ai revu ensuite presque tous les ans, à Ascona ou à Zurich ; la dernière fois, un an avant sa mort, en 1960. Et à chaque rencontre j’étais profondément impressionné par la plénitude, et je dirais la "sagesse" de sa vie.

Son œuvre, il m’est difficile de la juger. Je ne l’ai pas lue entièrement et je n’ai pas l’expérience de la psychanalyse, freudienne ou jungienne. Jung s’intéressait au yoga et au chamanisme. L’intérêt pour l’alchimie est un autre de nos points communs. Vous savez que j’étais encore au lycée quand je me suis intéressé à l’alchimie et je crois bien avoir écrit mon premier livre sur l’alchimie indienne avant que Jung ait publié quelque chose dans ce domaine, mais quand je l’ai rencontré il avait écrit Psychologie et Alchimie. Nos voies, en somme, sont parallèles. Pour Jung l’alchimie est une image, ou un modèle, de l’individuation. Je ne sais pas exactement ce que je dois à Jung, j’ai lu bon nombre de ses livres, et notamment Psychologie du transfert ; j’ai eu de longues conversations avec lui à Eranos. Il croyait en une sorte d’unité fondamentale de l’inconscient collectif, et moi je considère également qu’il y a une unité fondamentale des expériences religieuses.

Auteur: Eliade Mircea

Info: (Entretiens avec Claude-Henri Rocquet) – L’épreuve du labyrinthe (Belfond)

[ témoignage ] [ éloge ] [ consensualité ]

 
Mis dans la chaine
Commentaires: 4
Ajouté à la BD par Coli Masson

différenciation

C’est une phase essentielle du processus d’individuation. Elle a pour but de détacher la conscience de l’objet de sorte que l’individu cesse de placer l’assurance de son bonheur, voire de sa vie, dans des facteurs qui lui sont extrinsèques, qu’il s’agisse de personnes, d’idées ou de circonstances, et qu’à la place, il prenne conscience du fait que tout dépend de lui et que le trésor est ou n’est pas en sa possession. S’il parvient à s’approprier cet or, alors le centre de gravité de l’individu va se situer à l’intérieur de lui et non plus dans un objet extérieur dont il dépend. Atteindre un tel état de détachement est le but des pratiques orientales, et c’est également celui de tous les enseignements de l’Eglise. Dans les différentes religions, le trésor est projeté sur des figures sacrées mais aujourd’hui cette hypostase n’est plus possible pour un esprit éclairé. Les valeurs impersonnelles d’un grand nombre d’individus ne peuvent plus désormais s’exprimer dans des symboles historiques.

On se trouve donc face à la nécessité de trouver une méthode individuelle par laquelle on puisse donner forme aux images impersonnelles. Car elles doivent absolument prendre forme, elles doivent vivre la vie qui leur incombe, sans quoi l’individu est amputé d’une fonction fondamentale de sa psyché et devient alors névrosé, perdu et en conflit avec lui-même. En revanche, s’il est capable d’objectiver les images impersonnelles et de s’y relier, il sera en contact avec cette fonction psychique vitale à laquelle la religion s’est consacrée depuis l’aube de la conscience. […]

La seule façon rationnelle de présenter cet état de détachement, c’est d’en donner une définition : il s’agit d’une sorte de centre qui n’est pas situé dans le moi, mais dans la psyché de chacun. C’est le centre d’un non-moi.

Auteur: Jung Carl Gustav

Info: "Sur les fondements de la psychologie analytique", trad. Cyrille Bonamy et Viviane Thibaudier, éd. Albin Michel, Paris, 2011, pages 234-235

[ universel-singulier ] [ inconscient collectif ] [ devoir psychologique ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par Coli Masson

psychothérapies

Le Discours de l'Analyste n'est pas le discours tenu par des psychanalystes, (la plupart des soi-disant "psychanalystes" n’ont pas la moindre idée de ce qu’implique de décisif dans le rapport du sujet au réel la structure appelée "Discours de l’Analyste"; pour l'écoute analytique, ce n'est pas le sujet qui tient un discours, mais un Discours qui "tient" le sujet, le sujet entendu au sens lacanien (noté $) ne parle pas, ça parle de lui, et c'est par là qu'il s'appréhende (raison pour laquelle s’il y a bien un sujet de l'inconscient, il n’y a pas d'inconscient du sujet…)

Pour approcher le genre de relation que la théorie analytique entretient avec la psychologie — qui ne répond pas du Discours de l’Analyste, mais du Discours du Maître ou de ses succédanés —, si nous prenons par exemple la locution "ne pas jeter le bébé avec l'eau du bain": pour le psychologue arrimé au sens commun, voire au "bon sens", les choses se présentent dans une perspective apparemment simple, et même simpliste: il s'agit d'évacuer l'eau sale (symptômes, phobies, tics, tocs, etc.) et de garder le bébé (le moi) aussi propre que possible, débarrassé de ses souillures…

Dans la cure psychanalytique, c'est l'exact contraire, il s'agit de "jeter" le bébé (mettre en "suspens" le moi de l'analysant) et garder l’eau du bain afin que le patient puisse se confronter lui-même à son "eau sale" (ses symptômes, ses fantasmes…) à travers quoi s'organise une certaine jouissance, le plus souvent ruineuse, par lui-même ignorée.

Pour le dire autrement, le principe de l'association libre, de l’interprétation et de la scansion propres à la psychanalyse, permet une mise en suspension du moi de l'analysant (sa "maîtrise" — ou plutôt son illusion de maîtrise!) de façon à ce que "l'eau sale" de la jouissance puisse lui arriver aux oreilles, charriée par sa propre parole, que le psychanalyste s’est engagé à entendre…

Auteur: Dubuis Santini Christian

Info: Publication facebook du 23.06.2021

[ différences ] [ révélation ] [ inversion ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par Coli Masson

post-renaissance

PHILITT : La critique du matérialisme freudien par Jung ne correspond-elle pas selon vous à une ouverture au spirituel ?

AA :  Jung ne se sépare pas de Freud dans le sens d’un retour à une meilleure compréhension des doctrines religieuses traditionnelles, il s’en sépare au contraire à cause d’un modernisme plus prononcé. En effet, dans Le Règne de la Quantité et les Signes des Temps, René Guénon observe deux phases successives dans le processus de constitution du monde moderne – anomalie culturelle selon lui dans l’histoire de l’humanité. D’une part, au sujet de la première phrase de modernisation, Guénon parle de "solidification du monde". D’après lui, cette solidification est signalée par l’élaboration et la diffusion du matérialisme théorique et de ses conséquences dans l’ordre des comportements et des objets de la vie quotidienne. D’autre part, il désigne la seconde phase en termes de "dissolution du monde", signalée quant à elle par le développement de l’occultisme et des nouveaux mouvements de fausses spiritualités. 

Guénon prend à ce sujet l’image d’une coquille : en niant et en ignorant l’existence du divin, le monde moderne s’est renfermé sous le couvercle du matérialisme qui l’isole des influences salutaires qui eussent pu lui venir d’"en-haut", du Ciel. Mais ce faisant, n’importe quelle fissure de cette muraille apparaît à l’homme contemporain comme une sortie appréciable hors du paradigme matérialiste de la première modernité, y compris donc lorsqu’elles témoignent du reflux d’influences infra-spirituelles. L’intérêt pour les forces occultes apparaît alors aux yeux des hommes modernes comme une ouverture à la spiritualité, alors qu’elle est au contraire une ouverture à ce qui est inférieur à l’humain. L’absence de rattachement à une autorité traditionnelle ne joue pas en faveur de l’exercice du discernement et les Modernes peuvent avoir plus facilement tendance à apprécier, à tort, des tendances infra-spirituelles comme les signes d’une grâce sanctifiante. Il ne suffit donc pas de critiquer le matérialisme pour satisfaire les exigences d’un discours spirituel : il faut aussi que cette critique amène à la connaissance d’un ordre de réalité qui soit lui-même spirituel. Or Jung ne prend pas en compte cette dimension dans son œuvre.

Auteur: Arcé Alexandra

Info: Interview sur https://philitt.fr/, le 17. 1.2022. A l'occasion de la sortie de son ouvrage, Jung et l’occulte. La psychologie analytique au regard de la Tradition (éditions R&N)

[ erreur catégorielle ] [ antispiritualisme ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par miguel

sublimation

Sur quelques-uns des problèmes qui se rattachent à l'art et aux artistes, l'examen psychanalytique donne des éclaircissements satisfaisants ; d'autres lui échappent complètement.

La psychanalyse reconnaît également dans la pratique de l'art une activité qui se propose l'apaisement de désirs inassouvis et à la vérité tout d'abord chez l'artiste créateur et en conséquence chez l'auditeur et le spectateur.

Les forces pulsionnelles à l'œuvre dans l'art sont les mêmes conflits qui poussent à la névrose d'autres individus, qui ont déterminé la société à ériger ses institutions.

D'où vient à l'artiste la capacité de créer, cela ne relève pas de la psychologie.

L'artiste aspire d'abord à une autolibération et fait partager celle-ci, par l'intermédiaire de son œuvre, aux autres hommes qui souffrent des mêmes désirs réfrénés.

Il représente sans doute ses fantasmes de désirs les plus personnels comme accomplis, mais ceux-ci ne deviennent œuvre d'art que par un changement de forme qui atténue le choquant de ceux-ci, en dissimule l'origine personnelle et offre aux autres hommes, par le respect de règles esthétiques, des primes de plaisir séduisantes.

Il n'est pas difficile à la psychanalyse de montrer, à côté de la participation manifeste au plaisir artistique, une participation latente, ô combien plus active, provenant de sources cachées de la libération des pulsions.

La relation entre les impressions psychiques et le cours de la vie de l'artiste et ses œuvres comme réactions à ces excitations appartient aux plus attrayants objets de l'examen psychanalytique.

Du reste, la plupart des questions de la création artistique et de la jouissance artistique attendent encore un traitement qui laisse tomber sur elles l'éclairage d'une connaissance analytique et assigne sa place dans l'édifice complexe des compensations des désirs de l'homme.

En tant que réalité acceptée conventionnellement et dans laquelle, par la vertu de l'illusion artistique, des symboles et des formations substitutives peuvent provoquer de véritables affects, l'art forme un royaume intermédiaire entre la réalité qui interdit le désir et le monde imaginaire qui réalise le désir, et dans lequel les aspirations de toute-puissance de l'humanité primitive sont restées pour ainsi dire en vigueur.

Auteur: Freud Sigmund

Info: L'intérêt de la psychanalyse, 1913

[ activité transitionnelle ] [ signification ] [ planche de salut ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par Coli Masson

enfance

C’est lorsque l’enfant a atteint l’âge scolaire que son Moi se constitue, en même temps que commence le processus d’adaptation au monde extérieur. Et cette phase de son évolution est généralement marquée d’un certain nombre de chocs pénibles. Certains enfants ont le sentiment d’être très différents des autres, et ce sentiment de singularité leur inspire une tristesse caractéristique de la solitude enfantine. Les imperfections du monde, le mal qu’on découvre en soi-même, aussi bien qu’au-dehors, deviennent des problèmes conscients. Si l’épanouissement normal de la conscience se trouve perturbé au cours de ce développement, les enfants, fréquemment, pour échapper à leurs difficultés extérieures ou intérieures, se retirent dans une "forteresse" intérieure. Lorsque ceci se produit, on découvre dans leurs rêves, ou dans les dessins qui donnent au matériel inconscient une expression symbolique, la récurrence à un degré inhabituel d’un motif circulaire, quadrangulaire ou "nucléaire" (que j’expliquerai un peu plus loin). C’est une référence au noyau psychique, au centre vital de la personnalité d’où émane tout le développement structurel de la conscience. Il est normal que l’image de ce centre se manifeste d’une façon particulièrement frappante quand la vie psychique de l’individu est menacée. C’est ce noyau central (pour autant que nous le sachions) qui détermine la façon dont se constitue le Moi conscient, qui n’est apparemment que le double, ou la contrepartie structurelle, de ce centre originel. Dans cette première phase, beaucoup d’enfants cherchent ardemment un sens à la vie, qui puisse les aider à dominer le chaos qu’ils découvrent en eux et autour d’eux. D’autres, néanmoins, continuent à être gouvernés inconsciemment par le dynamisme d’archétypes instinctuels hérités. Ceux-là ne s’inquiètent pas de la signification profonde de la vie, car l’amour, la nature, le sport, le travail, leur offrent un sens immédiat et suffisant. Ils ne sont pas nécessairement superficiels. Ils sont d’ordinaire entraînés dans le cours de la vie avec moins de frictions, moins de conflits, que ceux qui ont davantage tendance à l’introspection. Si je voyage en voiture ou en train sans regarder par la fenêtre, ce ne seront guère que les arrêts, les redémarrages, les tournants qui me feront prendre conscience du mouvement qui m’emporte. Le processus d’individuation proprement dit, c’est-à-dire l’accord du conscient avec son propre centre intérieur (noyau psychique) ou Soi, naît en général d’une blessure ou d’un état de souffrance qui est une sorte "d’appel", bien qu’il ne soit pas souvent reconnu comme tel. Au contraire, le moi se sent frustré dans sa volonté ou son désir et projette la cause de cette frustration sur quelque objet extérieur. Il accusera Dieu, la situation économique, le patron ou le conjoint, d’être responsables de cette frustration. Il peut arriver aussi qu’en dépit d’une vie apparemment agréable, une personne souffre d’un ennui mortel, qui fait que tout lui paraît dénué de sens et vide. Beaucoup de mythes et de contes de fées décrivent cette situation initiale du processus d’individuation en racontant l’histoire d’un roi qui est tombé malade ou devenu vieux. Un autre thème caractéristique est celle du couple royal stérile ; ou du monstre qui dévore les femmes, les enfants, les chevaux et la richesse du royaume, ou du démon qui empêche l’armée ou les vaisseaux du roi de poursuivre leur chemin ; ou encore les ténèbres qui envahissent le pays, la sécheresse, les inondations, ou le froid. On dirait que la première rencontre avec le Soi jette une ombre sur l’avenir, ou que cet "ami intérieur" agit comme le chasseur qui prend à son piège un Moi incapable de se défendre.

Auteur: Franz Marie-Louise von

Info: Chapitre "Le processus d’individuation" de l’ouvrage collectif L’homme et ses Symboles (Editions Robert Laffont)

[ psychologie analytique ] [ croissance psychique ] [ troubles ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par Coli Masson

dictature

Voici les quatorze points caractéristiques de ce qu’Eco a nommé fascisme éternel ou Ur-Fascisme

1) La première caractéristique du fascisme éternel est le culte de la tradition.
Il ne peut y avoir de progrès dans la connaissance. La vérité a été posée une fois pour toutes, et on se limite à interpréter toujours plus son message obscur.

2) Le conservatisme implique le rejet du modernisme. Le rejet du monde moderne se dissimule sous un refus du mode de vie capitaliste, mais il a principalement consisté en un rejet de l’esprit de 1789 (et de 1776, bien évidemment [Décalaration d’indépendance des États-Unis]). La Renaissance, l’Âge de Raison sonnent le début de la dépravation moderne.

3) Le fascisme éternel entretient le culte de l’action pour l’action. Réfléchir est une forme d’émasculation. En conséquence, la culture est suspecte en cela qu’elle est synonyme d’esprit critique. Les penseurs officiels fascistes ont consacré beaucoup d’énergie à attaquer la culture moderne et l’intelligentsia libérale coupables d’avoir trahi ces valeurs traditionnelles.

4) Le fascisme éternel ne peut supporter une critique analytique. L’esprit critique opère des distinctions, et c’est un signe de modernité. Dans la culture moderne, c’est sur le désaccord que la communauté scientifique fonde les progrès de la connaissance. Pour le fascisme éternel, le désaccord est trahison.

5) En outre, le désaccord est synonyme de diversité. Le fascisme éternel se déploie et recherche le consensus en exploitant la peur innée de la différence et en l’exacerbant. Le fascisme éternel est raciste par définition.

6) Le fascisme éternel puise dans la frustration individuelle ou sociale. C’est pourquoi l’un des critères les plus typiques du fascisme historique a été la mobilisation d’une classe moyenne frustrée, une classe souffrant de la crise économique ou d’un sentiment d’humiliation politique, et effrayée par la pression qu’exerceraient des groupes sociaux inférieurs.

7) Aux personnes privées d’une identité sociale claire, le fascisme éternel répond qu’elles ont pour seul privilège, plutôt commun, d’être nées dans un même pays. C’est l’origine du nationalisme. En outre, ceux qui vont absolument donner corps à l’identité de la nation sont ses ennemis. Ainsi y a-t-il à l’origine de la psychologie du fascisme éternel une obsession du complot, potentiellement international. Et ses auteurs doivent être poursuivis. La meilleure façon de contrer le complot est d’en appeler à la xénophobie. Mais le complot doit pouvoir aussi venir de l’intérieur.

8) Les partisans du fascisme doivent se sentir humiliés par la richesse ostentatoire et la puissance de leurs ennemis. Les gouvernements fascistes se condamnent à perdre les guerres entreprises car ils sont foncièrement incapables d’évaluer objectivement les forces ennemies.

9) Pour le fascisme éternel, il n’y a pas de lutte pour la vie mais plutôt une vie vouée à la lutte. Le pacifisme est une compromission avec l’ennemi et il est mauvais à partir du moment où la vie est un combat permanent.

10) L’élitisme est un aspect caractéristique de toutes les idéologies réactionnaires. Le fascisme éternel ne peut promouvoir qu’un élitisme populaire. Chaque citoyen appartient au meilleur peuple du monde; les membres du parti comptent parmi les meilleurs citoyens; chaque citoyen peut ou doit devenir un membre du parti.

11) Dans une telle perspective, chacun est invité à devenir un héros. Le héros du fascisme éternel rêve de mort héroïque, qui lui est vendue comme l’ultime récompense d’une vie héroïque.

12) Le fasciste éternel transporte sa volonté de puissance sur le terrain sexuel. Il est machiste (ce qui implique à la fois le mépris des femmes et l’intolérance et la condamnation des mœurs sexuelles hors normes: chasteté comme homosexualité).

13) Le fascisme éternel se fonde sur un populisme sélectif, ou populisme qualitatif pourrait-on dire. Le Peuple est perçu comme une qualité, une entité monolithique exprimant la Volonté Commune. Étant donné que des êtres humains en grand nombre ne peuvent porter une Volonté Commune, c’est le Chef qui peut alors se prétendre leur interprète. Ayant perdu leurs pouvoirs délégataires, les citoyens n’agissent pas; ils sont appelés à jouer le rôle du Peuple.

14) Le fascisme éternel parle la Novlangue. La Novlangue, inventée par Orwell dans 1984, est la langue officielle de l’Angsoc, ou socialisme anglais. Elle se caractérise par un vocabulaire pauvre et une syntaxe rudimentaire de façon à limiter les instruments d’une raison critique et d’une pensée complexe.

Auteur: Eco Umberto

Info: Reconnaître le fascisme, Grasset, 2017. Misa en forme par Sumi Saint Auguste sur www.lesnouveauxdissidents.org

[ totalitarisme ] [ définition ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par miguel