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big brother consumériste

- Ce qui est inquiétant à mon sens c'est que tous ces travaux sur la saillance sont à situer dans un contexte de capitalisme de surveillance et de captage de l'attention, c'est à dire que "in fine" le but reste la maximisation du profit

-  Vous avez tout à fait raison de souligner ce point inquiétant. Les travaux sur la notion de saillance, bien qu'intéressants d'un point de vue théorique, doivent être replacés dans le contexte plus large du capitalisme de surveillance et de la captation de l'attention à des fins lucratives.

En effet, les géants du numérique comme Google ou Facebook utilisent les mêmes mécanismes de saillance pour optimiser la pertinence de leurs publicités ciblées et maximiser leurs profits. 

Ils cherchent à capter notre attention et à orienter nos comportements au service de leur modèle économique basé sur la surveillance.

Ainsi, la notion de saillance, qui permet de mettre en avant certains éléments dans la communication, est détournée par ces entreprises pour nous manipuler subtilement et nous inciter à consommer. 

Elles exploitent notre vulnérabilité cognitive en amplifiant certains stimuli pour capter notre attention.

Ce qui est inquiétant, c'est que ces pratiques remettent en cause notre libre arbitre et notre souveraineté individuelle. Elles menacent les fondements mêmes de la démocratie en orientant nos choix et nos décisions, y compris politiques, au profit d'intérêts privés. Vous avez raison de pointer du doigt ce lien entre les théories sur la saillance et le capitalisme de surveillance. Cela montre à quel point la recherche peut être récupérée et instrumentalisée par des logiques économiques prédatrices. Il est important d'avoir une réflexion critique sur ces enjeux.


Auteur: perplexity.ai

Info: avril 2024

[ pnl ] [ manipulation ] [ gafam ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

pouvoir

Bernays cherche une justification ( à prétention ) scientifique de la finalité politique du travail accompli par le conseiller en relation publique... Il la trouve dans l'adhésion de quelques théoriciens des sciences sociales de l'époque qui lui confirment que : la masse est incapable de juger correctement des affaires publiques et que les individus qui la composent sont inaptes à exercer le rôle de citoyen en puissance qu'une démocratie exige de chacun d'eux, bref, que le public, au fond, constitue pour la gouvernance de la société un obstacle à contourner et une menace à écarter.
Bernays rejoint un important courant antidémocratique présent dans la pensée politique américaine et selon lequel "la grande bête ( le peuple ) doit être domptée". Ce courant assurait que le "véritable pouvoir, celui que procure la richesse de la nation" doit demeurer entre les mains des "êtres les plus capables" et que la première et principale responsabilité du gouvernement est de "maintenir la minorité fortunée à l'abri de la majorité".
(...)
Il est crucial de rappeler combien ce qui est proposé ici contredit l'idéal démocratique moderne, celui que les Lumières nous ont légué, de rappeler à quel point Bernays, comme l'industrie qu'il a façonnée, doit faire preuve d'une étonnante aptitude à la duplicité mentale pour simultanément proclamer son souci de la vérité et de la libre discussion et accepter que la vérité sera énoncée par un client au début d'une campagne, laquelle devra mettre tout en oeuvre - y compris, s'il le faut absolument, la vérité elle-même - pour susciter une adhésion à une thèse ou des comportement chez des gens dont on a postulé par avance qu'ils sont incapables de comprendre réellement ce qui est en jeu et auxquels on ne sent donc en droit de servir ce que Platon appelait de "pieux mensonges".

Auteur: Baillargeon Normand

Info: Préface de Propaganda : Comment manipuler l'opinion en démocratie Edward L. Bernays

[ cénacle ] [ élitiste ] [ conservation ] [ mépris ] [ publicité ]

 

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civilisation

Il est extraordinaire qu'aujourd'hui, maintenant que la colonisation des États-Unis par les Juifs est pratiquement achevée, les Américains n'aient pas encore compris qu'ils ont été conquis et vassalisés par un peuple étranger. Il est extraordinaire qu'ils ignorent à un degré inimaginable les premiers éléments de la question juive. Leur candeur dépasse, s'il est possible, celle des Français d'avant guerre. C'est qu'ils n'ont pas, comme nous — bien qu'ils aient subi autant que nous, l'avilissement des immortels principes — une tradition de l'antisémitisme qui va de Saint Louis à Drumont et à Céline. C'est aussi parce que, lorsque des Américains ont commencé à ouvrir les yeux, il était trop tard. Les Juifs qui s'étaient introduits dans la place avaient déjà conquis la maîtrise des ondes, du papier imprimé et de la publicité. Impossible de prononcer le mot "juif", de dénoncer le péril juif sans être aussitôt muselé, brisé, anéanti. Certes, il existe une opposition. Des clubs, des salons, des universités sont fermés aux Juifs. Des Américains peu nombreux mais résolus ont deviné le péril. Nous parlerons plus loin de ces révoltés. Disons tout de suite que leur action n'éveille aucun écho, qu'elle se limite à des manifestations isolées sans vigueur ni envergure. Le peuple d'Amérique ne soupçonne pas sa propre servitude. Lui qui est tellement susceptible, tellement intransigeant lorsqu'on aborde la question nègre, lui qui redoute tellement d'être submergé par une vague noire venue des États du Sud, il contemple avec apathie le noyautage des trusts et du gouvernement par les impérialistes juifs. Il subit, il accepte sans réagir. Et surtout il ne comprend absolument pas que le problème juif est un problème de race. Il s'imagine encore qu'il s'agit d'une affaire religieuse et il s'indigne à juste titre qu'on puisse ranimer des préjugés médiévaux pour reprocher à de libres citoyens leurs conceptions métaphysiques.

Auteur: Cousteau Pierre-Antoine

Info: l'Amérique Juive (1942, 100 p.)

[ antisémitisme ] [ capitalisme ] [ prédation ] [ noyautage ] [ nouveau monde ]

 

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pensée d'homme

C'est à treize ans, et sans doute avec un certain retard sur mes congénères, que je découvris tout seul et grâce à Victor Hugo, le principe et le mécanisme de l'éjaculation. C'était un dimanche, et j'avais été consigné dans ma chambre pour lire plusieurs chapitres des Misérables afin d'en faire un résumé. Comme tous les garçons de mon âge, j'étais en permanence travaillé par un profond courant, une tension violente qui rôdait sans cesse dans mon bas-ventre. Pour calmer, ou tenter de maîtriser cette excitation chronique, j'avais pour habitude d'empoigner mon appendice qu'à la manière d'un voyageur impatient je triturais sans but. C'était à la fois agréable et terriblement frustrant. Et Hugo vint. Avec cette lecture sans fin. Ce dimanche divin. Cette fois-là, au bout de l'érection - mécanique simpliste dont je percevais parfaitement les lois -, se produisit ce phénomène brutal, archangélique et mystérieux : l'éjaculation. Avec sa fulgurante émission de liqueur et cette terrifiante et radieuse sensation de douce électrocution. Tel un pèlerin transfiguré, j'eus alors la révélation que je ne vivrais plus désormais que pour connaître encore et encore ce frisson, que c'est après lui que le monde courait, qu'il faisait tourner la Terre, qu'il engendrait des famines, suscitait des guerres, qu'il était le vrai moteur de la survie de l'espèce, que les séismes délicieux de ces glandes pendulaires pouvaient à eux seuls justifier notre existence et nous encourager à reculer sans cesse l'heure de notre mort. Donc à partir de Hugo, tel un vrai misérable au regard des lois catholiques, je me branlais comme un forcené, un évadé de cette petite France mortuaire. Je me branlais en regardant des speakerines de télévision, des catalogues de vente par correspondance, des magazines d'actualité, des publicités avec des filles assises sur des pneus, bref n'importe quelle image pourvu qu'elle me révélât une part de chair féminine.

Auteur: Dubois Jean-Paul

Info: Une vie française

[ masturbation ] [ puberté ]

 

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médias

La contribution des nouveaux langages de la représentation à l'extermination douce du sens
"Les nouveaux langages de la représentation : ceux de l'information en direct, de l'actualité c'est à dire du flash et du gros plan - un attentat terroriste + une inondation + un viol + une exposition de peinture, tout se vaut - ceux de la publicité ou culte de la nouveauté, c'est à dire de ce qui est immédiatement identifiable, ceux de la performance sportive ou commerciale (ou au contraire du malheur) font trop de bruit et vendent trop de camelote pour être considérés comme "la réalité". Car "la réalité", exhibe et illuminée au néon, scotchée avec une étiquette indiquant le prix, enveloppée dans un emballage choc comme pour mieux nous prouver (mais surtout vous faire acheter) que ce que vous avez sous les yeux existe totalement, sans faille, sans "ombre", cette "réalité" là n'est pas la réalité. La lumière attire toujours ceux qui se réclament du dogme de la représentation, lequel est aussi celui de l'identité. Il ne leur vient jamais à l'esprit que le fait de clairement identifier, révéler à la lumière ou souligner au Stabilo tout ce qui évoque dans l'ombre, le clair-obscur, se dissimule et se dérobe dans le flou et l'incertitude de la présence - absence pourrait non pas éclairer, mais à dissiper le sens. Ce qu'il convient d'attaquer aujourd'hui - oui d'attaquer, nous y reviendrons - n'est rien moins que l'idéologie ambiante contemporaine sous toutes ses formes (économique, politique, esthétique) qui a le culot inouï de se faire passer pour réelle - et y parvient - alors qu'elle n'est que la redondance de l'univers déréalisant dans lequel nous évoluons : celui de l'hyperpositivité, de l'hyperprotection, de l'hyperexclusion, de l'hyperréalisme, l'univers de l'accomplissement même du sens dans un éternel présent au sein duquel plus rien ne peut advenir. Le monde est si plein qu'on y étouffe... Nous pouvons seulement imiter un geste antérieur, déclare Sherry Levine qui, afin de faire saisir cet arrêt du sens dans lequel il n'y a plus que des images d'images infiniment recyclées, procède à la reprographie de reproductions d'oeuvres d'art.

Auteur: Laplantine François

Info: Je, nous et les autres, Être humain au-delà des appartenances, Editions Le Pommier, 1999, pp. 129-130

[ vingtième siècle ] [ insignifiant ]

 

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mutation

L'évolution ne nous a pas préparé à ça: notre cerveau impacté par la lecture sur écran 

Une équipe de chercheurs de l'Université Macquarie, incluant le Professeur Erik Reichle et Dr Lili Yu, s'est penchée sur l'impact de la lecture sur écran par rapport à la lecture traditionnelle sur papier. Leurs découvertes offrent un nouvel éclairage sur les défis auxquels nos cerveaux doivent faire face dans le monde moderne et sur la manière dont la technologie modifie notre capacité d'absorption et de rétention des informations.

La lecture, bien qu'intégrée tardivement dans l'histoire de l'évolution humaine, nécessite une série de processus mentaux complexes. Le développement du langage, initialement oral, n'a pas préparé notre cerveau à la lecture, une compétence qui demande des années de pratique pour être maîtrisée. Dans ce contexte, la transition vers la lecture numérique impose des défis supplémentaires. 

Des études indiquent que lire sur écran réduit notre capacité à comprendre et à mémoriser le texte comparé à la lecture sur papier, un phénomène désigné sous le nom d'effet d'infériorité de l'écran.

Cette baisse de compréhension serait influencée par divers facteurs, tels que le type de texte lu, le temps disponible pour la lecture, et les compétences en lecture du lecteur. De plus, la lecture sur écran s'accompagne souvent de distractions intégrées, telles que les notifications ou les publicités animées, qui sollicitent notre attention et réduisent notre capacité à nous concentrer sur le texte. 

Pour contrer les effets de la lecture numérique et améliorer notre concentration, les chercheurs recommandent de revenir progressivement à la lecture sur papier. Cette pratique nécessite de choisir un livre intéressant, de se placer dans un environnement propice à la lecture, et de minimiser les distractions. Reconstruire notre capacité de concentration sur les textes imprimés est un processus graduel, mais essentiel pour notre développement intellectuel.

La compréhension profonde de ces phénomènes est cruciale, non seulement pour les adultes actuels mais aussi pour les générations futures qui grandissent avec les écrans. Les implications pour l'apprentissage, tant en ligne qu'en classe, sont importantes, surtout pour les lecteurs moins aguerris qui sont les plus affectés par l'effet d'infériorité de l'écran. À mesure que nous avançons dans l'ère numérique, comprendre et s'adapter à ces changements devient essentiel pour préserver notre capacité à apprendre et à nous concentrer efficacement.

Auteur: Internet

Info: https://www.techno-science.net/ - Redbran le 16/02/2024, Source: Trends in Cognitive Sciences

[ adaptation ]

 

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Ajouté à la BD par Le sous-projectionniste

parapsychologie

La sensibilité extrême du yoghourt à la fraise.

C’est la nuit, le soir, ou même la journée… Vous avez un petit creux et prenez dans votre frigo un yoghourt à la fraise.

Vous commencez à le remuer pour faire remonter la confiture à la surface. Là, étrangement, une plante voisine manifeste des réactions étranges.*

Que se passe-t-il au moment où les deux bactéries vivantes présentes dans le yoghourt, Streptococcus thermiplhilus et Lactobacillus bulgaricus, perçoivent que le sucre de la confiture se mêlent à leur milieu naturel ?

Certains d’entre vous connaissent déjà ce que sont les neurones miroirs découvertes par Giacomo Rizzolatti dans les années 1960, les mêmes qui vont font saliver devant une publicité de fromage, ou de bière, ou justement de yoghourt onctueux.

Et si, dépourvu, de neurones, les plantes et les bactéries elles-mêmes réagissaient à l’identique ?

Cleve le mangeur de yoghourt, sépare la partie yoghourt dans deux éprouvettes. Quand il nourrit l’une de sucre, l’autre partie s’énerve, jalouse peut-être. Dans une autre expérience, la partie "neutre" sera jalouse d’une autre abreuvée par de la vodka mais ne rentrons pas dans des détails.

Bactéries et plantes peuvent entrer en résonance avec toute interaction humaine dans leur environnement immédiat, pouvant même lire l’intention avant que l’acte ne se fasse.

Dans une autre expérience célèbre du Dr Emoto, des grains de riz évoluent différemment selon si une personne leur délivre des mots d’amour ou de haine. Plus que ça, à partir d’un moment, Emoto observe que la personne n’a plus rien à dire. Sa présence seule influe sur le devenir du grain de riz.

Bien sûr, il est horrible de vous dire que quand vous mangez une salade ou un yoghourt, ceux-ci sont vivants et lisent même dans vos pensées.

On pourrait dire que les végétariens ne vont pas assez loin. Les végétaliens n’ont plus. Les "respiriens" qui ne vivent que d’air non plus, car l’air aspiré, par l’eau qu’il contient, inclut aussi une partie de la mémoire du monde.

Que faire ?

Comme les Indiens. Manger ce qui est nécessaire, en remerciant ce qui est mangé d’avoir contribué à une harmonie du monde.



 

Auteur: Backster Grover Cleveland " Cleve " Jr.

Info: L’intelligence émotionnelle des plantes. 1970. *Elle est reliée à un générateur aussi pour repérer les réactions électriques.

[ végétaux ] [ épigénétique ] [ Gaïa ] [ unicité ] [ sagesse ]

 
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Ajouté à la BD par miguel

racisme

Comment ontologiser l’antisémitisme ?

Le 18 octobre 1916, Martin Heidegger écrivait à sa fiancée Elfride : "L’enjuivement de notre culture et nos universités est absolument épouvantable et je pense que la race allemande devrait rassembler assez de force intérieure pour parvenir au sommet." ["Die Verjudung unsrer Kultur u. Universitäten ist allerdings schreckerregend u. ich meine die deutsche Rasse sollte noch soviel innere Kraft aufbringen um in die Höhe zu kommen15."]

S’il ne s’agit pas seulement d’un badinage entre amoureux, que devient cette forte pensée dans Sein und Zeit ? Relisons le § 27, description décisive d’une vie inauthentique, caractérisée par la perte d’identité et l’oubli de l’Être. Il n’est plus ici question de collègues juifs, mais toutefois d’un Man intolérable. La promiscuité entre le Dasein et le Man y est décrite en des termes angoissants. En effet, ici, au lieu que le Dasein "jouissant d’une primauté sur les autres, s’attache à les tenir au-dessous de lui" ["das Dasein im Vorrang über die Anderen darauf aus ist, sie niederzuhalten" (p. 126)], au lieu de régner au sommet [cf. supra "in die Höhe"], "il se tient sous l’emprise d’autrui", et ainsi "le On déploie sa véritable dictature" ["entfaltet das Man seine eigentliche Diktatur" (p. 126)], dans un quotidien banal où il est question de journaux et de moyens de transport. Cette aliénation se confirme au § 38 : le On "tentateur" (donc diabolique) procure au Dasein un "rassurement" trompeur, engage à un affairement égarant, et se caractérise par "l’absence de sol" (cf. bodenlos, p. 177), bref, le déracinement (cf. Bewegtheit, ibidem ; en d’autres termes, le cosmopolitisme apatride). Il en résulte une déchéance (Verfallen), dans un monde de la "facticité" et du "commercium". Ce commercium évoque inévitablement l’argent, tout comme la publicité du § 27, dont Martineau prend la peine de préciser qu’elle n’a rien à voir avec la réclame (p. 127, note).

Ainsi, par une simple technique de diffusion sémantique, se trouvent disséminés les éléments d’un thème bien connu : la dictature d’une ploutocratie cosmopolite. La phrase de la lettre à Elfride contre l’enjuivement de l’université que nous citions plus haut était suivie de l’exclamation : "Allerdings das Kapital!" ["Voilà bien le Capital !"], qui renvoie tout à la fois au marxisme et à l’avidité des collègues juifs, ce Man menaçant.

Auteur: Rastier François

Info: Compilation de Stephane Montavon à partir de https://journals.openedition.org/labyrinthe/4031#ftn20 où on pourra retrouver les références du texte

[ philosophie ] [ anti-Heidegger ] [ nazis ]

 
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Ajouté à la BD par miguel

labeur

J'ai travaillé pas mal. On travaille, ou bien on regarde. C'est l'un ou l'autre. Mais si vous travaillez, vous ne faites pas autre chose. Maintenant, on ne sait plus ce que c'est, le travail. C'est encore un truc que j'ai comme ça, parce que je ne suis pas d'une génération où l'on rigolait. Ça n'existait pas. Les distractions, c'était des choses de gens riches. Quand on était pauvre, on travaillait jusqu'à crever. C'était le destin. Mais je vois maintenant qu'ils ne travaillent plus. Alors ils ne savent rien. Oh, ils ont tous une petite envie, comme ça, de s'exprimer. Mais quand vous les mettez devant une feuille de papier, devant un pinceau ou un instrument, on voit surtout la débilité, l'insignifiance. Du jour où l'on s'est mis à apprendre sans douleur, le latin sans thème, le grec en dormant, on ne sait plus rien. C'est la facilité qui tue tout. La facilité et la publicité. C'est fini. Il n'y a plus rien. Il manque quelque chose: l'effort.
Ce qu'il faut: faire un effort. Mais ils ne veulent pas, les cochons ! Ils ne veulent pas et puis, ils ne sont pas en état. Ils aiment trop la vie ; ils sont bien, dans la vie ! Vous comprenez, le jour où l'on a fermé les monastères, on a fermé la patience, on a tout fermé. L'homme court après sa queue et son verre, et c'est fini ! Ah, pour le confort de votre foyer, que feriez-vous Madame ? Voilà, c'est tout. La radio, ça ne s'adresse pas aux milliardaires, ça s'adresse à des gens bien ordinaires. Et qu'est ce qu'on entend ? "Ah ! Du confort ? Ce serait tellement mieux du violet garanti machin autour de votre pièce avec des ampoules Untel". Il n'est question que de ça. Je ne parle pas de maladies, il n'y en a plus. La vie est éternelle, la vie commence à 40 ans. Boniments ! J'ai pratiqué en Amérique ; je connais tout ça, je connais l'anglais aussi. Nous avons hérité tout notre côté dégueulasse des Anglo-Saxons. Avec leur politique d'optimisme. Et puis, nous avons conservé les vices du chrétien. Nous sommes des repus. Sauf évidemment la masse qui crève. Mais enfin, ils boivent. Et nous sommes aussi le peuple le plus alcoolique du monde. Alors... Ce qui tue aussi tous les médecins d'ailleurs. Le bavardage et l'alcool.

Auteur: Céline Louis-Ferdinand

Info: Propos enregistrés à Meudon en 1961 par Jacques d'Arribehaude. Dans" L'année Céline 1995". Page 63/64

[ décadence ] [ sexe ] [ boisson ]

 

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mémétique

... pour la plupart, les mots en français n'ont pas d'auteur, pas plus que de concepteurs délibérés. Ils ont été ré agencés inconsciemment au cours des siècles. Cela est trivial. Mais une fois que vous adoptez le point de vue du mème, vous réalisez que les mots ne sont que certaines pratiques culturelles pour lesquelles tout ça est vrai. Dans une culture, les mots sont des mèmes qui peuvent être prononcés, mais il y a aussi des mèmes très complexes qui ne peuvent pas l'être.

Les mots sont très complexes : ils sont des systèmes et les parties d'un système lui-même très complexe - le langage. Si nous voulons comprendre l'agencement de celui-ci et comment ses parties fonctionnent, reconnaissons qu'il est en fait un genre très curieux d'artefact. C'est un produit de la sélection naturelle, mais pas directement : la différence qui existe entre le français et l'anglais n'est pas dans nos gènes. Nous avons connu l'évolution d'une capacité à être des locuteurs, un processus très puissant, mais il y a aussi eu une évolution culturelle du langage : les langues se sont réagencées elles-mêmes, pour s'ajuster au cerveau, et aucun être humain n'a été le concepteur de cet ajustement !

Nous avons donc besoin des mèmes, ces entités compétitives à réplication différentielle, qui sont en compétition pour du "temps de maintien" dans les cerveaux. Les mèmes établissent des structures, qui jouent ensuite des rôles essentiels dans la tendance des mèmes à se répliquer. J'aime l'idée qu'il existe des mèmes sauvages et des mèmes domestiqués. Les mots sont aussi des mèmes sauvages : l'"Académie française" essaie de domestiquer le français, mais avec très peu de succès... Pas besoin de l'"Académie" ! Mais le calcul, lui, a besoin d'une académie : il ne se diffuserait pas sans une aide importante. Le calcul n'est pas assez "accrocheur" pour se reproduire par lui-même. Il a besoin d'une aide et doit être implanté méticuleusement dans les jeunes esprits, avec beaucoup de pratique. Tels sont les mèmes domestiqués - les mèmes de la science, de la religion, de l'opéra... Les humains ont consciemment projeté de les développer, d'être leurs protecteurs. Nous n'en sommes pas justes les vecteurs - comme pour les maladies ou les préjugés - mais aussi les gardiens. C'est une idée très fédératrice, qui comble le fossé entre Shakespeare et... (rires) la publicité, la propagande, les hymnes populaires, les religions, et tout simplement les habitudes.

Auteur: Dennett Daniel C.

Info:

[ vocabulaire ] [ éphémère ] [ métalangage ] [ phonèmes ] [ mimétisme ] [ modes ] [ consensualités conceptuelles ] [ langage du futur ] [ codages humains ]

 
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