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totalitarisme

Quand la société impose à l'homme des sacrifices supérieurs aux services qu'elle lui rend, on a le droit de dire qu'elle cesse d'être humaine, qu'elle n'est plus faite pour l'homme, mais contre l'homme. Dans ces conditions, s'il arrive qu'elle se maintienne, ce ne peut être qu'aux dépens des citoyens ou de leur liberté! Imbéciles, ne voyez-vous pas que la civilisation des machines exige en effet de vous une discipline chaque jour plus stricte?

Elle exige au nom du Progrès, c'est à dire au nom d'une conception nouvelle de la vie, imposée aux esprits par son énorme machinerie de propagande et de publicité. Imbéciles! [...]

Avez vous jamais imaginé que dans une une société où les dépendances naturelles ont pris le caractère rigoureux, implacable, des rapports mathématiques, vous pourrez aller et venir, acheter ou vendre, travailler ou ne pas travailler, avec la même tranquille bonhomie que vos ancêtres? Politique d'abord disait Maurras. La Civilisation des Machines a aussi sa devise: "Technique d'abord! technique partout! Imbéciles! [...]

Dans un monde tout entier voué à l'Efficience, au Rendement, n'importe-t-il pas que chaque citoyen, dès sa naissance, soit consacré aux mêmes dieux? La Technique ne peut être discutée, les solutions qu'elle impose étant par définition les plus pratiques. Une solution pratique n'est pas esthétique ou morale. Imbéciles!

La Technique ne se reconnaît-elle pas déjà le droit, par exemple, d'orienter les jeunes enfants vers telle ou telle profession? N'attendez pas qu'elle se contente toujours de les orienter, elle les désignera. Ainsi à l'idée morale, et même surnaturelle de la vocation s'oppose peu à peu celle d'une simple disposition physique et mentale, facilement contrôlable par les Techniciens.

Croyez-vous, imbéciles, qu'un tel système, et si rigoureux, puisse subsister par le simple consentement? Pour l'accepter comme il veut qu'on l'accepte, il faut y croire, il faut y conformer entièrement non seulement ses actes, mais sa conscience. [...]

Il n'y a rien de plus mélancolique que d'entendre les imbéciles donner encore au mot de Démocratie son ancien sens. Imbéciles! Comment diable pouvez-vous espérer que la Technique tolère un régime ou le téchnicien serait désigné par le moyen du vote, c'est-à-dire non pas selon son expérience technique garantie par des diplomes, mais selon le degré de sympathie qu'il est capable d'inspirer à l'électeur? La société moderne est désormais un ensemble de problèmes techniques à résoudre. Quelle place le politicien roublard, comme d'ailleurs l'électeur idéaliste peuvent-ils avoir là-dedans? Imbéciles!

Auteur: Bernanos Georges

Info: Dans "La France contre les robots"

[ asservissement ] [ déshumanisation ] [ anti-technologie ] [ question ] [ coup de gueule ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

marketing

Edward Bernays est, selon la légende, l’homme qui a appris aux femmes à fumer. Nous l’avons déjà évoqué dans le chapitre précédent, puisqu’il est aussi connu comme le premier théoricien des relations publiques. Durant sa carrière de consultant, Bernays a été employé par George Washington Hill, le dirigeant de l’American Tobacco Company, pour promouvoir une image positive des cigarettes. Celles-ci étaient la cible des ligues de vertu et de divers groupes religieux et politiques pour qui le tabac, comme l’alcool, était associé à l’immoralité, à l’oisiveté et au vice. Le tabac était perçu par la bourgeoisie conservatrice comme particulièrement contraire aux bonnes mœurs féminines. Certains établissements – universités, restaurants, gares… – interdisaient même aux femmes de fumer en leur sein. L’action d’Edward Bernays dans ce contexte est devenue à proprement parler mythique.

En 1929, Hill contacte Bernays pour que disparaisse une fois pour toutes le tabou de la cigarette chez les femmes : "Elles fument à l’intérieur. Mais, bon dieu, si elles passent la moitié de leur temps à l’extérieur et que l’on arrive à les faire fumer dehors, on doublera presque notre marché féminin ! Faites quelque chose !" Bernays prend alors conseil auprès du psychanalyste autrichien Abraham Arden Brill, qui lui explique la situation en ces termes : "Certaines femmes conçoivent la cigarette comme des symboles de liberté. Fumer est la sublimation de l’érotisme oral ; tenir une cigarette en bouche excite la zone orale. Il est parfaitement normal pour les femmes de vouloir fumer des cigarettes. La première femme à avoir fumé avait probablement un excès de caractéristiques masculines et a pris cette habitude tel un comportement masculin. Mais, aujourd’hui, l’émancipation des femmes a supprimé beaucoup de leurs désirs féminins. Beaucoup de femmes réalisent maintenant le même travail que les hommes. Beaucoup n’ont pas d’enfants ; celles qui en ont en font moins. Les traits féminins sont masqués. Les cigarettes, qui sont assimilées aux hommes, sont devenues des torches de la liberté." Éclairé par cette analyse, Edward Bernays organise un "pseudo-événement" lors de la parade annuelle des fêtes de Pâques de New York. Il invite une dizaine de suffragettes à défiler dans cette parade en fumant des cigarettes, qu’elles appellent les "torches de la liberté". Ce happening féministe trouve un large écho dans la presse dès le lendemain. "D’anciennes coutumes, conclut Bernays, peuvent être brisées par une mise en scène dramatique, disséminée par le réseau médiatique. Bien sûr, le tabou n’était pas complètement détruit, mais cela marquait un début." 

Auteur: Galluzzo Anthony

Info: Dans "La fabrique du consommateur", éd. La découverte, Paris, 2020

[ création du besoin ] [ manipulation des affects ] [ publicité ] [ historique ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

relativisme ontologique

L' Amérique aussi, dans sa façon essentielle de considérer la vie et le monde, a créé une "civilisation", qui se trouve en parfaite contradiction avec l'ancienne tradition européenne. Elle a définitivement instauré la religion de l'utilitarisme et du rendement, elle a placé l'intérêt pour le gain, la grande production industrielle, la réalisation mécanique, visible, quantitative, au-dessus de tout autre. Elle a donné naissance à une grandeur sans âme de nature purement technico-collective, privée de tout arrière-plan de transcendance, de toute lumière d'intériorité et de vraie spiritualité. Elle aussi a opposé à la conception de l'homme intégré en tant que qualité et personnalité dans un système organique, une conception où il n'est plus qu'un simple instrument de production et de rendement matériel dans un conglomérat social conformiste.

(...)

Ainsi, bien que l'Amérique ne pense pas du tout à bannir tout ce qui est intellectualité, il est certain qu'elle éprouve à l'égard de celle-ci, dans la mesure où elle n'apparaît pas comme l'instrument d'une réalisation pratique, une indifférence instinctive, comme à l'égard d'un luxe auquel ne doit pas trop s'attarder celui qui est porté vers les choses sérieuses telles que le "get rich quick", le "service", une campagne en faveur de tel ou tel préjugé social et ainsi de suite.

(...)

Si l'Amérique n'a pas banni officiellement, comme le communisme, l'ancienne philosophie, elle a fait mieux : par la bouche d'un William James, elle a déclaré que l'utile est le critère du vrai et que la valeur de toute conception, même métaphysique, doit être mesurée à son efficacité pratique, c'est-à-dire, en fin de compte, selon la mentalité américaine, son efficacité économico-sociale. Le pragmatisme est une des marques les plus caractéristiques de la civilisation américaine envisagée dans son ensemble, ainsi que la théorie de Dewey et le behaviorisme, qui correspond exactement aux théories tirées, en U.R.S.S., des vues de Pavlov sur les réflexes conditionnés et, comme celles-ci, exclut totalement le Moi et la conscience en tant que principe substantiel. L'essence de cette théorie typiquement "démocratique" est que n'importe qui peut devenir n'importe quoi - moyennant un certain training et une certaine pédagogie - ce qui revient à dire que l'homme, en soi, est une substance informe, malléable, tout comme le conçoit le communisme, qui considère comme anti-révolutionnaire et anti-marxiste la théorie génétique des qualités innées. La puissance de la publicité, de l'advertising, en Amérique, s'explique d'ailleurs par l'inconsistance intérieure et la passivité de l'âme américaine, qui, à maint égard, présente les caractéristiques bidimensionnelles, non de la jeunesse, mais de l'infantilisme.

Auteur: Evola Julius

Info: Révolte contre le monde moderne, II, 16

[ libre examen ] [ subversion ] [ idéologie ] [ Etats-Unis ]

 
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humour musicien

Son téléphone vibra à nouveau.

— Mais qu'est-ce que tu fous, bon Dieu. Tu devrais être dans ta loge. Tu es où, d'abord ?

— Pas très loin, je crois. Enfin, ça dépend de ce qu'on entend par près ou loin. La compassion de près ou de loin, tu connais ? Écoute, se reprit-il, j'ai un problème. Je crois que je vais devoir annuler ce concert.

— Hein ? Mais tu es malade ! Et c'est quoi, ces divagations sur de près ou de loin ? Tu dérailles ? Mais tu as déjà tenté le coup à Vancouver, quand ta copine était souffrante ou je ne sais quoi. Impossible. L'église est pleine. La pub a marché du tonnerre. Tu veux ma mort ?

— La tienne, non. Mais je viens d'apprendre celle de mon père.

Un silence s'installa, le temps que Bob pèse tout ce que cela pouvait impliquer.

— Bon. OK. Je comprends. Je ne dis pas que ce n'est pas grave. Mais tu ne m'avais pas raconté que tu ne le voyais plus, ton père ? Que vous n'aviez plus rien en commun ? Que…

— Oui. Ce n'est pas ça le problème. Je pensais pouvoir jouer, mais je crois que je ne suis pas en état. Il y a des trucs qui remontent.

— Des trucs qui remontent ? Tu te fous de moi ? La place est à trente dollars. On attend six cents personnes. Ça fait dix-huit mille dollars de recette rien que pour ce soir. Bien sûr, il y a les frais de location du piano et de publicité, mais il restera quand même une sacrée somme. Surtout que j'ai trouvé des sponsors. Secoue-toi, merde. Écoute, je vais t'aider. Il faut que tu te rebranches sur le présent. Tu vois quoi, en ce moment ?

— Mon père.

Bob se contint difficilement et hurla :

— Là, devant toi ! Il se passe quoi ?

— Je vois des images. C'est comme si quelque chose se fissurait en moi. Je crois que tout ce que je faisais, c'était contre lui. Il n'est plus là. À quoi bon ?

— Attends un peu ! Tes états d'âme, c'est pour le public. Ton programme, tu l'as déjà joué dix-neuf fois. Dix-neuf fois, tu m'entends ! Tu pourrais le jouer à l'envers, les mains dans le dos. Alors, ne me parle pas de fissure ou de je ne sais quoi. J'annonce au public que tu as eu un incident, que tu auras un quart d'heure de retard, et tu te magnes.

Il raccrocha.

Auteur: Ducreux Georges Henri

Info:

[ deuil ] [ annulation de concert ] [ dialogue ]

 

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Ajouté à la BD par DUCREUX

musique

Le jazz part de l'idée que ce serait bien que nous quatre, mecs simplistes que nous sommes, tout en jouant ensemble ce thème compliqué, puissions aussi être libres et autonomes. Presque tragiquement, ça ne fonctionne jamais tout à fait. Au mieux, on peut être libres un ou deux à la fois - alors que les autres gars s'accrochent à la trame. Ce qui ne veut pas dire que personne n'essaye de se passer des fils de cette trame. Beaucoup l'ont tenté, et parfois ça marche, mais ça ne ressemble plus à du jazz quand c'est le cas. L'architecture sonore dérive simplement vers la stratosphère de la dialectique formelle, s'éloignant de nos préoccupations sociales.

Le rock and roll, en revanche, suppose que nous quatre - aussi abimés et antisociaux que nous puissions être - nous démerderons pour nous mettre ensemble, à l'abri mec, pour jouer ce foutu truc. Et le jouer correctement, d'accord ? Au moins une fois, bien accordés et en rythme. Mais on n'y arrive pas. Mélodie et accords sont trop simples, et nous trop compliqués et excités. Et c'est pas faute d'essayer comme des fous, mais les guitares se désaccordent, l'intonation merdoie... le rythme reste imperceptiblement instable, en dépit de nos espérances, rien à faire. Simplement parce qu'on respire mec. Donc, essayant de jouer ensemble cette chanson toute simple, nous voilà à créer cet ouragan de bruit, filigranes fractaux infiniment complexes, aux nuances souvent  délicates.

Et n'hésitez pas à remercier les branleurs des années 80, et autres séquenceurs numériques, pour avoir prouvé que le rock technologiquement "parfait" - tout comme le jazz "libre" - font chier. Parce que l'ordre, ça craint. Je veux dire, regardez les Stones. Keith Richards est toujours au top du rythme, et Bill Wyman, jusqu'à ce qu'il démissionne, était toujours derrière, parce que Richards dirige le groupe, Charlie Watts le suit et Wyman écoute Watts. Bref le rythme se faufile parmi ces petits abimes neuronaux, sans qu'on puisse le formaliser bien sûr, mais on peut le sentir dans l'estomac. Ici aussi l'intonation vacille, avec l'impulsion du doigt sur la corde amplifiée. C'est la délicatesse du rock-and-roll, la rhétorique corporelle, de minuscules variations, imperfections nécessaires de cette contingence communautaire. Et tout ça a ses vertus, car le jazz ne fonctionne que si on essaye d'être libres et qu'on est, en fait, ensemble. Et le rock and roll, ça marche parce qu'on est juste une bande de parasites minables. Voilà une chose sur laquelle on peut compter, une vraie bonne chose, parce qu'au XXe siècle, il n'y a que ça : le jazz et le rock-and-roll. Le reste : éphèmères papiers journalistiques et publicité.  

Auteur: Hickey Dave

Info: Air Guitar :  Essays on Art and Democracy. Trad Mg

[ non classique ] [ politique ] [ blues source ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

Usa

D'ailleurs si des gens ici travaillent dans la publicité ou la vente... qu'ils se tuent. Non, non, c'est juste une petite pensée. J'essaye juste de planter quelques graines. Peut-être qu'un jour elles prendront racine - je ne sais pas. On essaye, on fait ce qu'on peut. Suicidez vous. Si on y pense sérieusement... Aaah, pas vraiment vous dites... mais il n'y a aucune rationalité dans ce que vous faites, vous êtes les petits aides de Satan, Okay - foutez-vous en l'air - sérieusement. Vous êtes la ruine de toutes les bonnes choses, on peut le dire. Non, ce n'est pas une plaisanterie, et là vous vous dites : "Il y a une plaisanterie qui arrive" Il n'y a aucune putain de plaisanterie qui arrive. Vous êtes la ponte de Satan remplissant le monde de bile et d'ordures. Vous vous baisez vous-mêmes et nous baisez nous. Suicidez-vous, Foutez-vous en l'air... C'est la seule manière de sauver votre foutue âme, tuez vous. Je plante des graines. Je sais que toutes les personnes qui bossent dans la vente diront "il fait un gag..." mais là il n'y a aucune plaisanterie. Sucez un tuyau d'échappement, pendez vous, empruntez un pistolet à un ami - je ne m'en fous du comment, mais débarrassez le monde de vos foutues machinations négatives. Et je sais encore ce que les gens du marketing pensent en ce moment, "Oh, vous savez, ce que Bill est en train de faire, il essaye d'attraper les dollars de l'anti-marketing. Et ça c'est vraiment un bon plan, il est très futé." Eh bien non, je ne fais pas ça, foutus crétins, sac à merde sataniques ! "Et regardez ce que fait Bill maintenant, il va à la pêche de la vraie indignation contre le dollar. Ca c'est vraiment bien vu car beaucoup de gens ressentent vraiment cette indignation. On a fait des recherches la dessus, c'est un marché énorme. Il fait vraiment le bon truc." Mais merde, je ne fais pas ca, tronches de culs ! Arrêtez de mettre ce foutu symbole du dollar sur chaque objet de cette planète ! "Ah ah, le dollar colère maintenant. Enorme. Énorme en période de récession. Un marché géant, Bill est très fort...." Bon Dieu, me voilà pris dans une putain de toile d'araignée! "Ooh les dollar ramassés, le grand dollar, l'immense dollar. Quel beau marché - voyez nos recherches. Elles montrent que beaucoup de gens se sentent prisonniers. Si nous jouons bien avec ça, on pourra leur soutirer quelques billets..." Comment pouvez-vous vivre comme ça ? Et je parie que vous dormez comme des putains de bébés, sur vos deux oreille, toute la nuit, n'est-ce pas ?

Auteur: Hicks Bill

Info:

[ capitalisme ] [ fric ] [ question ] [ humour ]

 

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garde-fou

Technologie : Tim Berners Lee, père fondateur du web, s’inquiète de l’évolution de l’écosystème menacé aujourd’hui par la montée en puissance des acteurs commerciaux, qui tirent parti de la manipulation d’information pour vendre plus au détriment des internautes.
Tim Berners Lee n’est pas tout à fait serein. Le Britannique, généralement considéré comme l’un des inventeurs du web, s’est en effet confié dans les pages du Guardian. Il y fait part de son inquiétude grandissante face aux menaces qui pèsent sur le web, notamment celles exercées par les grandes entreprises et opérateurs télécoms qui s’adonnent à la "manipulation" des internautes.
"Le système ne fonctionne pas. La façon dont le business de la publicité fonctionne est entièrement basée sur le clickbait et ne vient pas remplir l’objectif initial du web, qui était de promouvoir la vérité et la démocratie. Je suis donc inquiet" confie Tim Berners Lee, qui avoue néanmoins n’avoir pas perdu toute trace de son optimisme. Le chercheur prend simplement acte des récents phénomènes de manipulation via la publicité, qui ont notamment touché les réseaux sociaux tels que Facebook ou Twitter pendant l’élection présidentielle américaine.
Outre l’économie de la publicité, Tim Berners Lee profite de son message pour attirer l’attention sur la question de la neutralité du net aux États unis. Le nouveau directeur de la FCC a en effet annoncé son intention de revenir sur les régulations imposant la neutralité du net sur les réseaux américains, régulations passées sous l’administration Obama. Selon Reuters, le dirigeant de la FCC entend présenter son plan dans le courant de la semaine prochaine, ce qui signifierait que la FCC devrait voter en décembre pour adopter ou non la nouvelle proposition de régulation.
Tim Berners Lee craint évidemment qu’une abolition de la neutralité du net ne vienne remettre en question les équilibres fondamentaux du réseau "Quand j’ai inventé le web, je n’ai pas eu besoin de contacter Vinton Cerf pour lui demander l’autorisation d’utiliser internet" explique le chercheur. Selon lui, un retour en arrière sur la question de la neutralité du net viendrait donner trop de pouvoir aux opérateurs télécom, qui pourraient favoriser certaines offres et en pénaliser d’autres selon leurs intérêts commerciaux.
Tim Berners Lee avait déjà abordé ces sujets dans une tribune datée du mois de mars. Le chercheur s’inquiétait alors des risques posés par la propagation de fake news sur les réseaux sociaux et le fait que les internautes avaient perdu le contrôle sur leurs données personnelles. Le constat est aujourd’hui largement partagé : le web ne ressemble plus vraiment à ce que ses premiers créateurs avaient imaginé et est aujourd’hui largement dominé par les intérêts commerciaux. Jusqu’au point où les standards du web acceptent des modules propriétaires et fermés afin de faire les yeux doux aux géants du streaming, avec la bénédiction de… Tim Berners Lee.

Auteur: Internet

Info: Par Louis Adam, Vendredi 17 Novembre 2017

[ progrès ]

 

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coeurs de cibles

Au milieu des années 90, les adolescents islandais étaient parmi les plus grands buveurs et fumeurs d'Europe.

Aujourd'hui, l'Islande est en tête du classement des pays européens où le mode de vie des adolescents (jeunes âgés de 13 à 19 ans) est le plus sain.

Comment s’est faite cette évolution ?

Les scientifiques islandais ont tenté de découvrir les processus biochimiques à l'origine de la dépendance.

Harvey Milkman, professeur américain de psychologie, aujourd'hui chargé de cours à l'université de Reykjavik, est arrivé à la conclusion que le choix du type d'alcool ou de drogue dépend de la manière dont le corps humain est habitué à faire face au stress.

Il s'est avéré qu'il existe de nombreuses substances différentes qui provoquent des processus biochimiques dans le cerveau, dont le corps devient ensuite dépendant.

Les scientifiques ont alors chercher des actions qui stimulent les mêmes processus dans le cerveau.

Selon Milkman :

"Vous êtes peut-être dépendant du tabac, de l'alcool, du Coca-Cola, des boissons énergisantes et de certains aliments....

Nous avons décidé de proposer aux adolescents quelque chose de mieux.

Nous avons découvert que la danse, la musique, le dessin ou le sport provoquaient eux aussi des processus biochimiques dans le cerveau qui rendaient tout possible, mais étaient aussi une solution inoffensive au stress, et qu'en termes d'effet émotionnel, ces actions devaient avoir le même effet sur les adolescents que les stimulants, l'alcool ou le tabac.

À partir de là, nous leur avons offert des programmes de masterclasses gratuites dans n'importe quel sport ou art qu'ils souhaiteraient étudier. Des heures supplémentaires, trois fois par semaine, ont été spécialement financées par l'État.

Il était demandé à chaque adolescent de participer au programme pendant trois mois… mais finalement, beaucoup d’entre eux ont poursuivi ces programmes pendant plus de cinq ans."

Pour résoudre les problèmes de dépendance à la nicotine et à l'alcool chez les adolescents, les autorités ont également dû modifier la loi. Ainsi, l’Islande a interdit la publicité pour les cigarettes et les boissons alcoolisées et a créée des organisations spéciales pour les parents qui, en collaboration avec l'école, aident les élèves à résoudre leurs problèmes psychologiques.

Grâce à cela, l'Islande, depuis 20 ans, a réussi à réduire le nombre d'adolescents qui boivent régulièrement de 48 % à 5 %, et ceux qui fument de 23 % à 3 %.

Les scientifiques islandais suggèrent d'utiliser des méthodes similaires dans d'autres pays.

La question est de savoir : qui permettra que cela se produise ?

Ce sera une perte énorme pour les multinationales. Elles n'ont aucun intérêt à ce que les adolescents prennent conscience d'eux-mêmes et évitent le chemin de la dépendance à l'alcool, aux cigarettes et aux stimulants humains jusqu'à leur mort.

Elles veulent des usagers.

Auteur: Internet

Info: 30 août 2022

[ marketing ] [ addictions ] [ éducation ] [ hygiénisme ]

 
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socio-psychologie

Le matérialisme nord-américain - logé au cœur de la pensée collective - s'explique peut-être par une curieuse connexion de la langue anglaise, où le mot free signifie à la fois "libre" et "gratuit". Pour le français, la liberté est plutôt intérieure, car fonction de la conscience - ou politique. Tout le monde sait que le pouvoir de l'argent augmente le pouvoir sur les choses. Néanmoins, la liberté est séparée de l'économie par une différence de dignité. Sauf dans les cas de famine, on ne meurt pas pour le pouvoir d'achat : on y voit une commodité, non un idéal.

L'âme anglo-saxonne peut-elle échapper à cette nuance de dictionnaire et lutter contre la confusion qu'induit un seul mot pour deux horizons ? Une publicité pour une compagnie aérienne nous propose - grâce à un plan de fidélité - de "voler libres pour toujours", c'est à dire gratuitement de temps à autres. Soudain le fait de dépenser moins d'argent augmente la sensation de liberté. L'économie du moindre dollar est victoire, jubilation : réalisation. D'où le fait, chez les Canadiens, de marchander sans vergogne et de se battre pied à pied pour s'ouvrir le coin de ciel bleu d'une jouissance inversement proportionnelle au prix. La réduction est demandée comme un droit - mais sans baisse de générosité chez le vendeur ! La joie est chiffrée. Le désir de liberté - cette grande libido qui voudrait capturer la vie - est reporté sur l'argent. l'Éden est dans la gratuité. Le seul amour véritable est associé aux billets, le génie ou la justesse d'esprit sont des capitaux à réaliser. Le fait de payer incline à une certaine férocité des rapports, comme si dans l'échange il y avait, clandestinement, un gagnant et un perdant, une recherche de domination et la volupté de réduire en esclavage.

La qualité d'une œuvre finit par tenir à ces recettes. La liberté est d'autant moins comprise comme la direction même de la pensée, la recherche du savoir, la jubilation de comprendre. L'accent est rarement mis sur le plaisir volatil de l'analyse, bien séparé des questions d'intendance, dont d'autres cultures ne méconnaissent pas, pour autant, l'importance.

Ne noircissons pas cependant : s'il est peu d'accent mis sur le spirituel, il ne manque pas d'esprit impressionnants dans la vie courante. Le fait d'être peu encouragé à penser engendre une révolte qui porte loin. Et, si tant est que l'on valorise la gratuité, rien n'empêche d'arriver un jour à la poésie et à la subtile fraîcheur du rêve : sans valeur comptable, elles relèvent du miracle. Enfin, même si la relation à la richesse est omniprésente, elle ne détourne pas forcément de la tolérance et de l'harmonie : on est aimable avec le client potentiel, on le reste dès lorsqu'il n'achète pas car on l'aperçoit comme libre de l'emploi de son argent. Le matérialisme se transcende en sainteté ordinaire, l'amour et l'intelligence prévalent. Il n'en va pas toujours de même dans les pays où l'individualisme de la pensée incline au mépris.

Auteur: Gloaguen Alexis

Info: Digues de Ciel

[ linguistique ] [ capitalisme ] [ mot carrefour ] [ polysémie ] [ comparaison ] [ occident ] [ célébrité modèle ] [ marchandisation ] [ translangue ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

anticlassicisme

Mon hermétisme aux grandes oeuvres classiques se confirme encore une fois. Déjà, l'Enéide m'avait soulée ; quant à l'Iliade et l'Odyssée, je n'arrive toujours pas à comprendre ce qui les distingue l'une de l'autre et pour tout dire, je crois les avoir lus mais je n'en suis même plus sûre. le cas non-échant, c'est dire si l'idée de les lire me traumatise. Toutefois, je m'incite parfois à penser que je ne suis jamais à l'abri d'une bonne surprise et, comme ne trouvant guère de bonnes surprises dans ce que je connais déjà – le connaissant déjà - je me plais fatalement à rechercher les bonnes surprises vers ce qui semble a priori le moins apte à me convenir. Me glissant dans la peau d'un personnage que je ne suis pas, mais qui aurait de nobles goûts littéraires, je me prends à dresser la liste de ce qui pourrait plaire dans cette oeuvre du Paradis perdu. Commençons.

Tout d'abord, Chateaubriand a fait beaucoup d'efforts pour nous en fournir une version très littéraire et recherchée. Il s'est fait chier à essayer de reproduire le rythme et les tonalités des phrases originales, et de ce point de vue c'est réussi. Il se permet même des néologismes, plutôt couillu à une époque que j'imagine conservatrice, mais après tout qu'est-ce que j'en sais de ce qui se faisait vraiment ou pas tellement en ces temps-là ?

Ensuite, Milton s'est posé un défi plutôt audacieux puisque le Paradis Perdu revisite l'épisode biblique du péché originel sur le mode de l'épopée. Imaginez un épisode chrétien chanté par des prêtres déguisés en poètes grecs, ou un truc du genre, pardonnez mon imprécision ignare et typique de notre siècle. La progression est donc assez prévisible et on retrouve notamment ce qui m'avait déjà barbé dans l'Enéide, une sorte de publicité généalogique des descendants du "héros", ici donc Adam, qui dure au moins dix minutes, le temps idéal en effet pour aller aux chiottes avant un épisode plus intéressant. Certes, on se fait quand même moins chier qu'en lisant la Bible, à condition d'aimer toutefois le lyrisme poétique et l'hystérisme descriptif, ce qui n'est pas mon cas. Quand je lis un Zola, j'ai l'habitude de sauter systématiquement toutes les descriptions ; quand je lis Milton, j'épure systématiquement les phrases de tout ce qui ne se réduit pas à sujet-verbe-complément d'objet. le reste peut être joliment trouvé, mais l'accumulation de mots d'esprits et de prouesses poétiques finit toujours par me donner la gerbe. La dernière fois que j'avais éprouvé ça, j'avais éclusé trop de vin blanc et je m'étais retrouvée la tête tournant à la vitesse d'un manège déchaîné, tout foutant le camp autour de moi alors que je comatais végétalement sur un pieu. Très désagréable. Bref, cette lourdeur étouffante n'était peut-être qu'une contrainte d'époque pour être lu (comme la contrainte pour être lu, de nos jours, c'est d'être une star de la télé, du sport ou du porno). La préparation de la bataille menée par Satan est le pire morceau du livre, c'est dommage parce que c'est ce qui ouvre l'épopée et ce qui devrait normalement convaincre le lecteur de rester un peu plus longtemps.

Auteur: Colimasson

Info: critique de "Le paradis perdu" de John Milton sur Babelio

[ lecture ]

 
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Ajouté à la BD par Le sous-projectionniste