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psychose

Ce surmoi médusant, il me semble qu’on pourrait le repérer comme étant ce qui est à l’œuvre dans l’univers de certains psychotiques, c’est-à-dire un univers dans lequel le sujet est littéralement médusé, c’est-à-dire sous le regard de cette Méduse qu’est son Autre... je vous rappelle que sous le regard de la Méduse un sujet est pétrifié, c’est-à-dire que pour l’éternité, il n’y a plus de temps, il n’y a plus de diachronie, pour l’éternité il est figé, il perd la disposition du mouvement langagier ou du mouvement corporel ...on peut ajouter que le psychotique, pensez au petit Dick dans le Séminaire II, est un être qu’on pourrait dire invisible, il se considère comme invisible en tant qu’il serait regardé de partout.

Vous entendez effectivement certains schizophrènes qui qualifient ce regard qui vient de partout, ils sont regardés par les animaux, par tous les gens qu’ils croisent dans le métro, par le soleil, par les étoiles. Le problème, c’est que ce regard médusant, ce regard qui serait le surmoi le plus féroce, le plus archaïque qui soit, qui ne donne pas la possibilité d’un mot, parce que sous le regard l’Autre dit :

"Je sais tout de toi, tu n’as rien à dire, puisque mon regard fonctionne comme ce savoir absolu",

Le sujet n’est plus dans la dimension d’une supposition quelconque dans son rapport à l’Autre. Je vous ferai remarquer, ça mérite tout de même la peine d’être marqué, que le regard chez le psychotique, par opposition au Surmoi chez le névrosé, participe, en tout cas dans la Traumdeutung, participe de l’inconscient, la censure est inconsciente en partie et c’est pour cela que Freud l’a isolé très tardivement.

[...] C’est extrêmement net chez Freud, il en décrit dans le délire l’influence où cette instance qui surveille, qui ne cesse d’observer, qui a sans cesse à l’œil, c’est une dimension d’une présence qui n’attend pas une parole de l’Autre, puisqu’elle met l’Autre, le psychotique, en position, non pas de parler, mais de se montrer, et c’est ça la dimension monstrueuse de la monstration.

Auteur: Didier-Weill Alain

Info: La topologie et le temps, intervention lors du séminaire de Jacques Lacan, 8 mai 1979

[ intériorisation ] [ paranoïa ]

 
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relations amoureuses

Sandeau, Musset, Chopin… A travers les aventures rocambolesques de sa vie et les couples transitoires qu’elle [George Sand] forme avec ses compagnons successifs dans les décors variés de l’Europe, c’est toujours la même odeur qui persiste, de clinique et de désinfectant. Un hôpital de campagne qu’elle traîne après elle de Venise à Paris et de Paris à Nohant puis encore de Nohant à Majorque… Un bloc opératoire mobile, maternel, bienveillant. Pour ses amants ectoplasmes, ses amis translucides et fluidiques, ses appendices mâles si peu phalliques de plus en plus efflorescents. Sandeau est extrêmement paresseux et à peu près dépourvu de talent, elle l’oblige à se mettre à son bureau, le nourrit quand il oublie de le faire, se fatigue vite de le tenir à bout de bras sur ce bord de son propre néant où il titube. Musset abuse de l’alcool, se montre souvent grossier et violent, s’effondre de temps en temps en proie à des espèces de crises nerveuses qu’elle regarde assez lucidement comme des affaires de possession. Inondé de sueur il se tord et hurle et croit voir des fantômes tomber sur lui. Intensité de l’exhibition du lien démoniaque derrière les jets déclamatifs de passion. "Est-ce que l’amour élevé et croyant est possible ? Est-ce qu’il faut que je meure sans l’avoir rencontré ? Toujours saisir des fantômes et poursuivre des ombres !" s’écrit George Sand qui sait très bien qu’elle va de spectre en spectre quand elle dit chercher l’amour… Elle est frigide, raconte-t-on parfois ? Mais non, bien sûr, pas plus que n’importe qui. Et puis d’ailleurs, comment pourrait-elle "jouir" puisqu’elle n’a à sa disposition dans son lit que des ombres, fatalement ? Au fond ses amants de passage me semblent des incarnations assez modernes de l’espèce masculine, ils ne seraient pas déplacés aujourd’hui. Les bouclettes de Sandeau l’incapable, la vulgarité éthérée de Musset, le retrait digne et silencieux de Chopin derrière sa toux de Dame aux camélias… Le gâtisme final de son mari qui, à la veille de mourir, en 1869, écrit à Napoléon III pour lui demander la Légion d’honneur non pas en tant qu’ancien officier mais parce qu’il a été l’époux de Sand et qu’elle l’a fait cruellement souffrir…

Auteur: Muray Philippe

Info: Dans "Le 19e siècle à travers les âges", page 606, à propos de George Sand

[ déceptions ] [ littérature ] [ femme-hommes ]

 

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magouilles

Mimi Marchand, la reine de la presse people, condamnée pour trafic de drogues – elle fut interpellée conduisant un camion doté de 500 kilogrammes de haschisch – s’est fait prendre en photo dans le bureau de M. Macron en juillet 2017. Celle qui n’hésite pas à exposer l’intimité des gens pour les intimider et à utiliser ses sources pour détruire sur commande tel ou tel individu, a été la personne en charge d’introniser M. Macron auprès des Français. Mimi Marchand, ou la marchande de secrets ayant fait les beaux jours de la presse people depuis vingt ans, capable de faire taire une information, fut-elle d’intérêt public, en quelques instants, de montrer et d’exposer des corps nus pour les humilier ou les consacrer.
Pour peu qu’on la paye bien.
Mimi Marchand et ses jours de prison, ses réseaux dans la mafia et la police, ses hommes de main et paparazzi, ses menaces et ses violences, ses enveloppes d’argent liquide qui en ont achevé plus d’un, est une très proche d’Emmanuel et de Brigitte Macron. Et cette même Michèle Marchand a été présentée à Brigitte Macron-Trogneux par son "ami" Xavier Niel, dans son hôtel particulier, afin de faire taire une information, et de transformer Emmanuel Macron, alors illustre inconnu, riche banquier ayant utilisé les réseaux de l’Etat pour faire sa fortune, s’interrogeant sur son avenir, le transformer en un gendre idéal, et susciter une sympathie que rien dans son parcours ne faisait naître. L’opération, à en croire les auteurs de l’ouvrage, a été un succès, puisqu’elle aurait été directement à l’origine des - pas moins de - 29 unes dithyrambiques que Paris Match et quelques autres ont octroyé à Emmanuel Macron et sa femme en quelques mois. (Vingt-neuf unes.)
Mais comment un seul individu, une femme comme Mimi Marchand aurait-elle pu, seule, ou avec l’appui d’un seul milliardaire, provoquer une telle conversion ? Cela semble trop gros. Et cela l’est. Il se trouve en effet que nous commençons à recouper les choses et les non-dits qui habitent ces enquêtes. Le propriétaire de Paris Match, Arnaud Lagardère, dont les auteurs disent que Mimi Marchand est la véritable directrice de la rédaction, a par ailleurs été client d’Emmanuel Macron pendant sa période à Rothschild...

Auteur: Branco Juan

Info: Crépuscule

[ personnage balzacien ] [ pouvoir ] [ France ]

 

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érotisme

Le secret [du strip-tease] en est la célébration auto-érotique par une femme de son propre corps qui devient désirable dans cette mesure même. Sans ce mirage narcissique qui est la substance de tous les gestes, sans ce gestuel de caresses qui viennent envelopper ce corps et l’emblématiser comme objet phallique, pas d’effet érotique. Masturbation sublime dont la lenteur [...] est fondamentale. C’est cette lenteur qui marque que les gestes dont la fille s’entoure (dénuder, caresser, et jusqu’à la mimétique de la jouissance) sont ceux de "l’autre". Ses gestes tissent autour d’elle le fantôme du partenaire sexuel. Mais du coup cet autre est exclu, puisqu’elle se substitue à lui et s’approprie ses gestes selon un travail de condensation qui n’est pas loin en effet des processus du rêve.

[...] le strip-tease est lent : il devrait aller le plus vite possible, si sa fin était la dénudation sexuelle, mais il est lent parce qu’il est discours, construction de signes, élaboration minutieuse d’un sens différé. De cette transfiguration phallique, le regard témoigne là aussi. la fixité du regard est un atout essentiel de la bonne strip-teaseuse. On l’interprète habituellement comme technique de distanciation, de coolness destinée à marquer les limites de cette situation érotique. Oui et non : le regard fixe qui ne ferait que marquer l’interdit renverrait là encore le strip à une espèce de pornodrame répressif. Le bon strip n’est pas cela, cette maîtrise du regard n’est pas celle de la froideur voulue : s’il est cool, comme celui des mannequins, c’est à condition de redéfinir le cool comme une qualité très particulière de toute la culture actuelle des media et du corps, et qui n’est plus de l’ordre du chaud et du froid. Ce regard est le regard neutralisé de la fascination auto-érotique, celui de la femme/objet qui se regarde et, les yeux grands ouverts, referme les yeux sur elle-même. Ce n’est pas là l’effet d’un désir censuré : c’est le comble de la perfection et de la perversion. C’est l’accomplissement de tout le système sexuel qui veut que la femme ne soit jamais si pleinement elle-même, et donc si séduisante, que lorsqu’elle accepte de se plaire d’abord, de se complaire, d’être sans désir ni transcendance que de sa propre image.

Auteur: Baudrillard Jean

Info: Dans "L'échange symbolique et la mort", éditions Gallimard, 1976, pages 177 à 179

[ effeuillage ] [ effets signifiants ] [ narcissisme ] [ agalma ]

 

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patriarcat-matriarcat

L’échange symbolique étant fondé sur la prohibition de l’inceste, toute abolition (censure, refoulement, déstructuration) de ce niveau de l’échange symbolique signifie un procès de régression incestueuse. [...] le pervers fétichiste se définit par le fait qu’il n’est jamais sorti du désir de la mère, qui a fait de lui le substitut de ce qui lui manquait. Phallus vivant de la mère, tout le travail du sujet pervers consiste à s’installer dans ce mirage de lui-même et à y trouver l’accomplissement de son désir – en fait l’accomplissement du désir de la mère (alors que la répression génitale traditionnelle signifie l’accomplissement de la parole du Père). On voit qu’est proprement créée une situation incestueuse : le sujet ne se partage plus (il ne se départit plus de son identité phallique) et il ne partage plus (il ne se dessaisit plus de quoi que ce soit de lui-même dans une relation d’échange symbolique). L’identification au phallus de la mère le définit pleinement. Même processus que dans l’inceste : ça ne sort pas de la famille.

Il en va très généralement ainsi du corps aujourd’hui : si la loi du Père, la morale puritaine y est (relativement) déjouée, c’est selon une économie libidinale caractérisée par la déstructuration du symbolique et la levée de la barrière de l’inceste. Massmédiatiquement diffusé, ce modèle général d’accomplissement du désir ne va pas sans une qualité d’obsession et d’angoisse bien différente de la névrose puritaine à base hystérique. Il ne s’agit plus de l’angoisse liée à l’interdit œdipien, mais de celle liée au fait de n’être, au "sein" même de la satisfaction et de la jouissance phallique multipliée, au "sein" de cette société gratifiante, tolérante, lénifiante, permissive, de n’être que la marionnette vivante du désir de la mère. Angoisse plus profonde que celle de la frustration génitale, puisqu’elle est celle de l’abolition du symbolique et de l’échange, celle de la position incestueuse où le manque même du sujet vient à lui manquer – angoisse qui se traduit aujourd’hui partout dans la phobie et l’obsession de la manipulation. [...]

C’est que cette manipulation renvoie à celle, originelle, du sujet par la mère comme de son propre phallus. A cette plénitude fusionnelle et manipulatoire, à cette dépossession, il n’est plus possible de s’opposer comme à la loi transcendante du Père. Toute révolution future doit tenir compte de cette condition fondamentale, et retrouver – entre la loi du Père et le désir de la mère, entre le "cycle" répression/transgression et le cycle régression/manipulation – la forme d’articulation du symbolique.

Auteur: Baudrillard Jean

Info: Dans "L'échange symbolique et la mort", éditions Gallimard, 1976, pages 185 à 187

[ réification ] [ surmoi maternel ] [ dévoration ]

 

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théologie

Calvin fait de la prédestination l’une des pierres angulaires, peut-être la doctrine centrale, de l’ensemble de son système. Il en donne une nouvelle interprétation en supposant que Dieu non seulement prédestine certains pour la grâce, mais qu’il décide que les autres sont destinés à la damnation éternelle.
Le salut ou la damnation ne résultent pas des actions bonnes ou mauvaises qu’un homme réalise au cours de sa vie, mais sont prédéterminés par Dieu avant même la naissance de l’homme. La raison qui fait que Dieu choisit un tel et condamne tel autre est un secret que l’homme ne doit pas essayer de percer. Il le fait parce qu’il aime montrer ainsi ses pouvoirs illimités. Le Dieu de Calvin, en dépit de toutes les tentatives pour préserver l’idée d’un Dieu d’amour et de justice, a tous les traits d’un tyran sans aucune qualité d’amour ni même de justice. […]
La signification psychologique de la doctrine de la prédestination est double. Elle exprime et améliore le sentiment de l’impuissance et de l’insignifiance de l’individu. Aucune doctrine ne pouvait exprimer plus fortement que celle-ci l’inutilité de la volonté et des efforts de l’homme. […] L’autre sens de cette doctrine, qui rejoint celle de Luther, consiste à faire taire le doute irrationnel, tout autant présent chez Calvin et ses adeptes que chez Luther. Au premier regard, la doctrine de la prédestination semble renforcer le doute plutôt que le réduire au silence. L’individu ne risque-t-il pas d’être encore davantage déchiré par d’insupportables doutes maintenant qu’il sait qu’il est prédestiné, avant sa naissance, soit à l’éternelle damnation soit au salut ? Comment peut-il vivre sans savoir quel sera son sort ? Même si Calvin n’enseignait pas qu’il existait des preuves pour une telle certitude, lui et ses adeptes avaient vraiment la conviction qu’ils appartenaient aux élus. Ils obtenaient cette conviction par le même mécanisme d’auto-humiliation que nous avons analysé dans la doctrine de Luther. Avec une telle conviction, la doctrine de la prédestination impliquait une certitude extrême ; on ne pouvait rien faire qui puisse mettre en danger l’état de grâce, puisque celui-ci ne dépendait pas de ses propres actions mais était décidé avant même la naissance. […] le doute fondamental donnait lieu à une quête de la certitude absolue ; mais bien que la doctrine de la prédestination apportât une telle certitude, le doute subsistait en arrière-plan et devait être réduit au silence, encore et encore, par une croyance fanatique et envahissante selon laquelle sa communauté religieuse d’appartenance représentait la partie de l’humanité élue par Dieu.
Une des implications de la théorie de la prédestination de Calvin devrait être explicitement mentionnée ici, puisqu’elle a trouvé son plus puissant renouveau dans l’idéologie nazie : le principe de l’inégalité de base des hommes.

Auteur: Fromm Erich

Info: Dans "La peur de la liberté", pages 88-89

[ humaine trop humaine ] [ soubassements psychologiques ] [ superstition ] [ protestantisme ]

 
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magouilles

Il entra et se laissa tomber sur une chaise quelconque, non sans avoir projeté dans la direction du foyer un jet de salive épaisse dont la courbe inexactement calculée s’acheva dans la ficelle d’une carpette vermiculeuse qui garnissait le devant de la cheminée.

Pendant que la vieille se hâtait d’essuyer du pied cette ordure, il graillonna surérogatoirement quelques doléances préalables.

— Ah ! nom de Dieu, c’est rien loin, ce cochon de faubourg Honoré, et pas le rond pour prendre l’omnibus, sans compter qu’il a fallu poser pour l’attendre, ce peintre de mes pieds qui travaille pour les aristos. Il n’était pas encore levé à dix heures. Et pas trop poli avec ça. J’avais bonne envie de l’engueuler. Mais je me suis dit que c’était pour ta fille et que c’est pas trop tôt tout de même qu’elle nous foute un peu de galette depuis six mois qu’elle est à rien faire… Dis donc, vieille poison, y a rien à boire ici ?

L’interpellée lança vers le ciel deux grands bras arides, en accompagnant ce geste d’un très long soupir.

— Hélas ! mon doux Jésus, que répondrai-je à ce pauvre chéri qui se donne tant de mal pour sa malheureuse famille ? Vous êtes témoin, bonne Sainte Vierge, qu’il n’y a plus rien dans la maison, que tout ce qui valait deux sous a été porté au Mont-de-piété et que toutes les reconnaissances ont été engagées pour avoir du pain. Ah ! mon aimable Sauveur, quand me retirerez-vous de ce monde où j’ai déjà tant souffert ?

Le mot "souffert", visiblement travaillé depuis des années, expirait dans un sanglot.

Isidore, étendant la main, saisit à plein poing le jupon de la cafarde, et la secouant avec énergie :

— En voilà assez, hein ? Tu sais que je n’aime pas que tu me fasses ta sale gueule de jésuite. Si c’est une danse qu’y te faut, tu n’as qu’à le dire, tu seras servie illico, et à l’œil. Et puis, c’est pas tout ça, où est-elle, ta bougresse de fille ?

— Mais Zizi, tu sais bien qu’elle devait aller chez la cousine Amédée, au boulevard de Vaugirard, pour tâcher moyen de lui emprunter une pièce de cent sous. Elle m’a dit qu’elle ne serait pas plus d’une heure. Quand tu as frappé, je croyais que c’était elle qui rentrait.

— Tu ne m’avait pas dit ça, vieux corbillard. Sa cousine est une salope qui ne lui foutra pas un radis, puisqu’elle m’a refusé à moi, l’autre jour, en me disant qu’elle n’avait pas d’argent pour les pochardises. Je la retiens, celle-là. Ah ! bon Dieu de bon Dieu ! malheur de malheur ! ajouta-t-il presque à voix basse, c’est bibi qui se charge de lui chambarder sa boîte à punaises, quand viendra la prochaine. Enfin, suffit ! Nous l’attendrons en suçant nos pouces et nous verrons si Mademoiselle des Égards veut bien faire à ses vieux parents l’honneur de les écouter.

Auteur: Bloy Léon

Info: Dans "La femme Pauvre", Mercure de France, 1972, pages 34-35

[ combines ] [ dialogue ] [ farce ]

 

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philosophie antique

Les premiers philosophes attribuaient l’être uniquement aux éléments matériels : l’eau (Thalès), l’air (Diogène, Anaximène), le feu (Hyppase et Héraclite), ou à leur combinaison (l’eau, l’air, le feu et la terre chez Empédocle). Une position aussi simpliste est insoutenable par une saine philosophie de la nature. Et elle est tout aussi inacceptable en métaphysique puisqu’elle réduit arbitrairement l’être à la matière.

Chez d’autres, ce qui existe était la cause efficiente : l’intelligence, l’amour, l’amour et la haine. Or ces théories qui posent l’étant à l’extérieur du réel ne donnent aucune explication sur ce qui se tient là sous nos yeux. Etre fait par amour ou par intelligence ne nous dit sur ce qu’est l’être. […]

Pour échapper au matérialisme et à ces fausses explications, certains ont voulu voir dans les choses elles-mêmes des principes invisibles qui seraient à proprement parler les étants. Ce sont les fameux atomes de Démocrite et de Leucippe, ou les nombres de Pythagore. Pour ce qui est de Pythagore, il faut lui reconnaître le mérite de chercher un principe d’explication des êtres au-dessus de la matière, le nombre, mais il en reste au domaine de la quantité […].

C’est le philosophe grec Parménide qui, le premier, considéra l’être en tant qu’être. Il le découvrit dans une sorte d’intuition mystique, et il en fut tellement ébloui que rien ne pouvait plus exister, selon lui, hors de cet être absolu. […]

La pensée de Parménide a certes le mérite d’élever la pensée humaine d’un coup d’aile vers les sphères très hautes de la contemplation métaphysique, mais elle exagère la portée de l’être. Elle commet l’imprudence de se laisser aveugler par son objet sans prendre le temps de distinguer et de nuancer. Parménide conçoit en effet l’être comme un genre univoque. Ce qui n’est pas l’être absolu n’appartient donc pas à ce genre, et n’existe pas. Hors de l’être nécessaire envisagé par Parménide, il n’existe rien.

[…] Surtout [Parménide] ne rend nullement compte de la multiplicité des êtres. Il n’existe pour lui qu’un être unique dont ce qui nous apparaît comme des êtres ne seraient que des manifestations accidentelles. Le fondateur de l’Académie [Platon] cherche à répondre à ce problème de la multitude posé par Parménide. Il va malheureusement se tromper de voie. Il croit en effet pouvoir expliquer la multitude des êtres de la façon suivante : les choses matérielles sont individuelles tandis que leurs formes sont universelles. Nous pouvons en conclure, selon Platon, que ces deux réalités (la réalité matérielle et sa forme) sont séparées. […] L’étant, ce qui existe en réalité, pour Platon, ce n’est plus telle chose concrète que j’ai sous les yeux, mais l’idée de cette chose. Le corps matériel est sans cesse soumis au changement et n’est jamais véritablement, l’idée seule est immuable et réelle. […] Les choses matérielles ne sont pas dignes de notre attention. Le monde d’ici-bas se trouve alors vidé de toute consistance et de toute beauté. Le véritable objet de la science, c’est le monde des Idées qui échappe au commun des mortels et ne se livre qu’à une élite choisie.

Auteur: Fabre Jean-Dominique Père

Info: Dans "Lettres à un curieux", éditions du Saint Nom, 2010, pages 149-151

[ historique ] [ résumé ] [ critique ]

 

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rationnel-irrationnel

Les présupposés de la sociologie de la connaissance n’eussent jamais intimidé longtemps les ethnologues, si les épistémologues n’avaient élevé au rang d’un principe fondateur cette même asymétrie entre les vraies sciences et les fausses. Seules ces dernières - les sciences "périmées" - peuvent se lier au contexte social. Quant aux sciences "sanctionnées", elles ne deviennent scientifiques que parce qu’elles s’arrachent justement à tout contexte, à toute trace de contamination, à toute évidence première et qu’elles échappent même à leur propre passé. Telle est la différence, pour Bachelard et ses disciples, entre l’histoire et l’histoire des sciences. La première peut être symétrique, mais peu importe puisqu’elle ne traite jamais de science ; la seconde ne doit jamais l’être afin que la coupure épistémologique demeure totale.

Un seul exemple suffira pour montrer jusqu’où peut mener le rejet de toute anthropologie symétrique. Lorsque Canguilhem distingue les idéologies scientifiques des vraies sciences, il affirme non seulement qu’il est impossible d’étudier Darwin - le savant - et Diderot - l’idéologue - dans les mêmes termes, mais qu’il doit être impossible de les mettre dans le même sac. "La séparation de l’idéologie et de la science doit empêcher de mettre en continuité dans une histoire des sciences quelques éléments d’une idéologie apparemment conservés et la construction scientifique qui a destitué l’idéologie : par exemple à chercher dans le Rêve de d'Alembert des anticipations de L'Origine des espèces" (*p. 45). N’est scientifique que ce qui rompt pour toujours avec l’idéologie. En suivant un tel principe, il est difficile en effet de suivre les quasi-objets dans leurs tenants et aboutissants. Une fois passés entre les mains de l’épistémologue, toutes leurs racines seront arrachées. Il ne restera plus que l’objet excisé de tout le réseau qui lui donnait sens. Mais pourquoi parler même de Diderot et de Spencer, pourquoi s’intéresser à l’erreur ? Parce que sans elle le vrai brillerait d’un éclat trop éblouissant ! "L’entrelacement de l’idéologie et de la science doit empêcher de réduire l’histoire d’une science à la platitude d’un historique, c’est-à-dire d’un tableau sans ombres de relief" (p. 45). Le faux est le faire-valoir du vrai. Ce que Racine faisait pour le Roi Soleil sous le beau nom d’historien, Canguilhem le fait pour Darwin, sous l’étiquette, également usurpée, d’historien des sciences.

Le principe de symétrie rétablit, au contraire, la continuité, l’historicité et, disons-le, la justice. Bloor est l’anti-Canguilhem, de même que Serres est l’anti-Bachelard, ce qui explique d’ailleurs l’incompréhension totale en France de la sociologie des sciences comme de l’anthropologie de Serres (Bowker et Latour, 1987). "Il n’est de pur mythe que l’idée d’une science pure de tout mythe", écrit celui-ci lorsqu’il rompt avec l'épistémologie (Serres, 1974, p. 259). Pour lui comme pour les historiens des sciences proprement dits, Diderot, Darwin, Malthus et Spencer doivent s’expliquer selon les mêmes principes et les mêmes causes ; si vous souhaitez rendre compte de la croyance dans les soucoupes volantes, vérifiez si vos explications peuvent être employées, symétriquement, pour les trous noirs (Lagrange, 1990) ; si vous attaquez la parapsychologie, êtes-vous capables d’utiliser les mêmes facteurs pour la psychologie (Collins et Pinch, 1991) ? Si vous analysez les succès de Pasteur, les mêmes termes vous permettront-ils de rendre compte de ses échecs ?

Auteur: Latour Bruno

Info: Nous ne sommes pas modernes, pp 60-61. *Canguilhem, Études d'histoire et de philosophie des sciences concernant les vivants et la vie (1968) 7e rééd. Vrin, Paris, 1990

[ historique ] [ religions ]

 

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fausse bonne solution

Richard Branson affirme que d’ici une trentaine d’années on ne tuera plus d’animaux pour leur viande. La viande de culture serait ainsi l’unique futur de la viande.

Bill Gates a, quant à lui, désigné la viande de culture comme l’une des principales technologies de rupture de 2019.

Les acteurs du secteur de la viande traditionnelle ne s’y trompent pas: Bell Food Group, l’un des principaux producteurs européens de viande, et les géants américains Tyson Foods et Cargill, ont tous investi des millions dans des start-ups de la viande de culture. Ils misent sur le potentiel hautement disruptif de cette industrie émergente, qui pourrait écarter tout simplement les personnes qui font de l'élevage du processus de production de la viande.

Cette industrie n’est pourtant pas tout à fait au point, puisqu’elle exige d’abord un passage à l’échelle du processus de production: aucune des start-ups n’affirme aujourd’hui posséder les solutions aux défis posés. Elles ne sont, par exemple, pas encore parvenu à s’affranchir du sérum de veau fœtal et d’autres molécules d’origine animale indispensables à l’élaboration de la viande artificielle.

Le sérum de veau fœtal s’obtient à partir du sang des fœtus retirés aux vaches gestantes au moment de l’abattage. Cet élixir onéreux, représentant environ 80% du coût de production de la viande artificielle, requiert pour le prélever de continuer à abattre presque autant de vaches qu’aujourd’hui. Et il posera sans doute problème au consommateur comme le pressent le PDG de Mosa Meat qui affirme que son entreprise ne se lancera pas sur le marché avec un produit en contenant.

Il existe bien une version synthétique de ce sérum, mais les facteurs de croissance qu’on y trouve demeurent extrêmement coûteux. Ils ne sont actuellement produits et utilisés qu’en très petites quantités, pour la recherche scientifique.

[...]

Les bienfaits environnementaux de cette alternative sont pourtant loin de faire l’unanimité. L’étude réalisée par des scientifiques des universités d’Oxford et d’Amsterdam, qui annonçait en 2011 une réduction spectaculaire de l’impact environnemental, a par la suite été vivement critiquée, en particulier sur les valeurs de certains paramètres.

Comment peut-on raisonnablement estimer la consommation électrique des usines géantes de viande de culture alors qu’il n’en existe aucune aujourd’hui et que le processus de production à l’échelle est inconnu? Certains des résultats de cette étude ont depuis été revus à la baisse. De son côté, le Forum économique mondial (forum de Davos) a affirmé début 2019 que les émissions de la viande de culture ne seraient qu’environ 7% moindre que celles de la production de bœuf actuelle. Et une nouvelle étude publiée en février assure pour sa part qu’à long terme cette industrie émergente pourrait être plus polluante encore que l’élevage actuel.

La santé est un autre argument des persones qui produisent de la viande de synthèse: celle-ci ne contiendrait pas de résidus d’antibiotiques et ne présenterait pas de risques de contaminations bactériologiques qui accompagnent la viande d’abattage.

Pourtant, la propreté de la viande artificielle est largement remise en question. Le fameux sérum nutritif évoqué précédemment est composé de facteurs de croissance, de nutriments énergétiques, d’acides aminés, d’hormones ainsi que d’antibiotiques et d’antifongiques. Le matériau d’échafaudage nécessaire à sa production contient quant à lui du collagène et de la gélatine.

L’industrialisation de la production pourrait par ailleurs impliquer une entrée d’agents pathogènes comme la listeria. Des scientifiques notent en effet que les protocoles nécessaires à la production de volumes commerciaux seraient supérieurs à ceux nécessités dans l’industrie pharmaceutique. La culture cellulaire à cette échelle fait peser de sérieux risques de contaminations croisées.

Auteur: Slate.fr

Info: http://www.slate.fr/story/176337/viande-artificielle-marche-economie-monsanto-bayer-environnement-sante?

[ évaluation du risque ] [ business ] [ fabrication ] [ alimentation ]

 
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