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dictature

Les étudiants et intellectuels nord-coréens ne se risquent pas à s'organiser en opposition comme le firent leurs homologues des autres pays communistes. Pas de printemps de Prague ou de place Tian'anmen. Le niveau de répression est tel, en Corée du Nord, qu'aucune résistance n'a jamais germé. Toute activité dirigée contre le gouvernement entraîne des conséquences sinistres à l'encontre du protestataire, mais aussi de sa famille plus ou moins proche. Dans un régime qui cherche à purger le sang impur sur trois générations, la punition s'étend aux parents, grands-parents, frères, soeurs, nièces, neveux et cousins. "Beaucoup de gens pensent que, quitte à se sacrifier, autant donner sa vie pour chasser ce régime totalitaire. Mais vous n'êtes pas le seul puni. Et votre famille vivra un enfer", m'a confié un transfuge.

Auteur: Demick Barbara

Info: Vies ordinaires en Corée du nord

[ terreur ] [ terrorisme d'Etat ]

 

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despote

Qui, dans ses frontières, confisque la démocratie, purge l'appareil d'état, réprime l'opposition, muselle la presse, embastille les artistes, persécute les minorités et entre en guerre ouverte contre des pans entiers de la population afin d'être consacré le champion de l'islam politique ?

Qui, hors de ses frontières défie l'Amérique, rivalise avec la Russie, rackette l'Europe, couvre Daesh, poursuit les kurdes au Proche-Orient, envoie des mercenaires en Lybie, traque les arméniens dans le Caucase afin d'être couronné le patron de l'internationale islamiste ?

Qui se veut un nouveau sultan, se prétend un nouveau calife, entend restaurer l'empire Ottoman afin d'être considéré comme l'un des maître du jeu planétaire ?

La diabolisation dont il est l'objet réjouit Recep Tayip Erdogan. Il la réclame et l'encourage. Sa stratégie de provocation renforce son système d'intimidation. Elle n'est pourtant que le voile d'un mal plus ancien

Auteur: Colosimo Jean-François

Info: Le sabre et le turban

[ démocrature ] [ turquie ] [ géopolitique ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

fantôme

Être revenant, c'est l'art de tirer les leçons des coups que l'on a reçus. Une école qui nous purge du vice de l'orgueil.
Le revenant ne peut regarder les orgueilleux obnubilés par le pouvoir autrement qu'avec commisération. Leur existence est bien pathétique. Ils n'ont de cesse d'enfoncer les têtes de leurs subalternes, puis de se fondre en courbettes devant leurs supérieurs : coincés entre la frustration de ne pouvoir surpasser celui d'en haut, et la crainte d'être supplanté par celui d'en bas... Une vie de tourments, en mobilisation générale permanente pour une guerre sans fin, sans vainqueur... Tant de fatigue pour de telles indignités !
Le revenant ne perd pas son temps avec ce genre de pitreries. D'avoir lui-même brusquement perdu tout pouvoir, il a eu la révélation qu'il n'était qu'un minuscule point dans l'univers, de surcroît bien éphémère, et a perçu l'absurdité de la course à un pouvoir si volatil.

Auteur: Yigit Bener

Info: Le revenant

[ compréhension ] [ esprit ]

 

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relatif

La lecture est un processus créatif autour duquel le lecteur donne un sens au texte lu, complètent les lacunes qui existent même dans les romans les plus construits. Il n'y a pas deux lectures identiques de Guerre et Paix. Une bonne histoire est comme le fleuve d'Héraclite dans lequel on ne se baigne jamais deux fois. Un livre est différent à chaque lecture, qu'il s'agisse du même lecteur ou de deux lecteurs différents. On y met son caractère, son tempérament, son corps, sa vision, sa personnalité, la composition de son cerveau, sa sensibilité, sa culture, sa raison, son âge, son humeur. La qualité de l'éclairage compte aussi, tout comme le lieu de lecture : dans le balancement monotone d'un train, pendant des vacances de rêve aux Seychelles, dans un café bruyant, dans un hôpital en convalescence après une maladie grave, en prison pour purger une longue peine, au lit après avoir baisé, au lit avant de baiser. Le moindre changement de ces composantes induit une autre lecture, une nouvelle interprétation, une compréhension originale et singulière, particulière à un individu à un moment donné.

Auteur: Barbash Benni

Info: La vie en cinquante minutes

[ miroir ] [ lire ]

 

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interdictions

La Ville de Paris, qui n’a que de bonnes idées, s’apprête à proposer aux douze mille cafés, hôtels et restaurants de la capitale d’adopter le label "Établissement sans tabac". Proposer, c’est adopter. Soixante et un pour cent des personnes qui ne fréquentent jamais ni bars ni restaurants viennent de déclarer qu’elles s’y rendraient si elles ne risquaient pas d’y apercevoir un rond de fumée à l’horizon. C’est tout à fait comme si, du temps où les maisons closes existaient encore, on avait exigé que les prostituées en soient bannies afin que l’on puisse s’y rendre en famille, le dimanche, avec la grand-mère et les enfants en bas âge. [...] Purger l’homme de l’humain, toujours instable et dangereux, remplacer le concret incontrôlable par de l’abstrait programmé n’est plus un rêve mais un travail de chaque instant ; et d’autant plus drôle qu’il y a des sanctions à la clé : en même temps que le label "Établissement sans tabac", la Ville de Paris va en effet proposer des "stickers" comportant un numéro de téléphone que l’on pourra appeler si par hasard, dans ces établissements sans tabac, on a repéré un mégot écrasé, ou même peut-être entendu chuchoter le mot "cigarette". Ainsi, à la joie de respirer sans entraves, s’ajoutera le plaisir de dénoncer sans frein.

Auteur: Muray Philippe

Info: Dans "Exorcismes spirituels, tome 4", Les Belles Lettres, Paris, 2010, page 1746

[ totalitarisme du bien ] [ maternification ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

totem et tabou

Ce coupable du mal, qui met la communauté en danger, à son insu peut-être, il faut le débusquer. Les animaux politiques, malades de la crise, se réunissent donc pour confesser leurs fautes et trouver le coupable - fût-ce le baudet, le bouc, le taureau, le cheval ou le premier venu – afin de le sacrifier (de le "faire sacré"), et d’apaiser la colère du ciel. Car, dit ce vieux salaud de Caïphe, le sacrificateur, "il est de votre intérêt qu’un seul homme meure pour le peuple, plutôt que la nation entière périsse." (Jean. Ch. 11, v.48, 51) On sait la suite. Le sacrifice unanime de la victime émissaire, son effusion de sang, purge, purifie la communauté de ses maux et fautes. Vient le moment où saisie de remord et de culpabilité, elle s’écrie d’une voix, "nous avons tué un dieu !" Ou, "brûlé une sainte !" Ou, "pendu un innocent !" Cette révélation prend souvent du temps. Elle travaille la communauté au fur et à mesure de la répétition du lynchage primitif, transformé en rite religieux (qui relie). Un rite de gratitude et d’adoration envers le dieu caché dans la victime, qui par sa mort a fait que tous vivent. Ensemble et en paix. Alors naît le culte du Loup, cette fierté d’appartenir à la meute, d’en être reconnu membre et de chasser avec.

Auteur: PMO Pièces et main-d'oeuvre

Info: http://www.piecesetmaindoeuvre.com/IMG/pdf/je_hurle_avec_les_loups.pdf

[ chasse au loup ] [ ambivalence ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

corps-esprit

Je marche pour demeurer maigre. J’ai horreur du gras, pas celui des autres - et le ciel m’est témoin que j’ai de bons gros amis - mais du mien propre. Je considérerais la prise de kilos superflus comme une défaite morale. L’ascèse physique est le miroir de l’ascèse spirituelle et si l’on veut alléger sa pensée, il faut se dégraisser le corps. Yukio Mishima a dit des choses très belles là-dessus, quoiqu’un peu radicales, dans Le Soleil et l’Acier, petit ouvrage composé peu avant qu’il ne s’expédie ad patres par le fil de son propre sabre. La marche à pied affûte le corps et décape l’esprit. Tous les diététiciens diront que marcher constitue une manière économique de réguler sa charge pondérale. La marche est la diététique du mouvement. Le marcheur, ligneux, noueux se reconnaît de loin. Il se meut à la ville comme en chemin à la manière de Cocteau: léger, dansant, monté sur des coussins d’air. La marche à pied est un alambic qui distille les scories du corps. Quand je me lance dans des traversées au long cours, je ne suis jamais sujet aux maladies: les quarante kilomètres quotidiens lavent ma machine. La route purge. Pour résumer: rester maigre, boire du vin, lire des livres, abattre des kilomètres, nager dans la mer, grimper sur les rochers, aimer sa femme et mourir violemment: voilà quelle devrait être la doctrine de tout marcheur converti à l’ascétisme de la piste.

Auteur: Tesson Sylvain

Info: Sur les chemins noirs ?

[ randonnée ] [ équilibre ] [ bouger ]

 

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Ajouté à la BD par Le sous-projectionniste

historique

Selon Girard, c’est le judéo-christianisme qui nous a appris à repérer le mécanisme sacrificiel par lequel les sociétés conjurent la violence mimétique en la polarisant sur une victime émissaire. La Bible hébraïque et les Evangiles révèlent ce qui doit demeurer caché pour que le procédé jouisse de sa pleine efficacité : la victime qu’on élimine est innocente de la gangrène sociale dont on la rend responsable. […]
En retirant aux sociétés humaines l’usage libre et innocent d’un moyen aussi efficace pour se purger de la violence mimétique qui menace périodiquement de les emporter, le judéo-christianisme a davantage fragilisé ces sociétés qu’il ne les a renforcées. […]
Contre le déchaînement de la violence mimétique, les sociétés modernes, interdites de rites sacrificiels – ou plutôt, très contraintes sur ce chapitre – ont dû recourir à d’autres instruments de régulation sociale. Entre autres, la production de masse, chargée de calme momentanément – très momentanément – l’envie ; l’apparition d’une instruction obligatoire prolongée, dont une des fonctions est d’inculquer à tous les enfants les principes de la vie commune ; la place croissante prise par le droit, saisi de tous les conflits et appelé à les trancher avant qu’ils puissent s’étendre ou prendre de dangereuses proportions ; le développement de la police, veillant au respect des lois et arrêtant les contrevenants, ainsi que la multiplication des prisons maintenant ces derniers à l’écart. Sans parler d’une multitude d’autres instances régulatrices comme les hôpitaux psychiatriques, l’industrie pharmaceutique pourvoyeuse de neuroleptiques, l’industrie des loisirs charge d’épuiser les surplus d’énergie en dérivatifs inoffensifs.

Auteur: Rey Olivier

Info: Dans "Une folle solitude", pages 34 à 36

[ contention ] [ vie en société ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

souffrance

Considérez la capacité du corps humain pour le plaisir. Parfois, il est agréable de manger, de boire, de voir, de toucher, de sentir, d'entendre, de faire l'amour. La bouche. Les yeux. Le bout des doigts, le nez. Les oreilles. Les parties génitales. Nos facultés de volupté (si vous voulez bien me pardonner l'expression) n'y sont pas exclusivement concentrées. Tout le corps est sensible au plaisir, mais par endroits il y a des puits d'où il peut être extrait en plus grande quantité. Mais pas inépuisablement. Combien de temps peut-on connaître le plaisir? Les Romains riches mangeaient à la satiété, puis purgeaient leurs ventres surchargés et mangeaient à nouveau. Mais ils ne pouvaient manger éternellement. Une rose est douce, mais le nez s'habitue à son parfum. Et qu'en est-il des plaisirs les plus intenses, des extases du sexe qui anéantissent la personnalité? Je ne suis plus un jeune homme; même si j'avais choisi de me débarrasser de mon célibat, j'aurais certainement perdu mon endurance, parvenant à bander en une demi-heures, là où c'était trois minutes autrefois. Et pourtant, si la jeunesse m'était pleinement restituée, et que je m'engageais à nouveau dans ce qui fut jadis mon plus grand plaisir - me faire faire une fellation par une nymphette à la bouche encore sanglante des précautions nécessaires - que se passerait-il alors? Et même si mon stock de prémenstruels anodontiques était sans fin? Sûrement qu'avec le temps je me lasserai.
Même si j'étais une femme, avec pouvoir d'enfiler orgasme sur orgasme comme des perles sur un collier, avec le temps, j'en aurais marre. Pensez-vous que Messaline, dans sa compétition avec une courtisane, connut autant de plaisir la première fois que la dernière? Impossible.
Pourtant, réfléchissez.
Pensez à la douleur.
Donnez-moi un centimètre cube de votre chair et je pourrais vous faire subir une douleur qui vous engloutira comme l'océan avale un grain de sel. Et vous serez toujours mûre pour elle, d'avant votre naissance jusqu'à votre mort, nous sommes toujours disponibles pour l'étreinte de la douleur. Faire l'expérience de la douleur n'exige aucune intelligence, aucune maturité, aucune sagesse, aucun lent travail des hormones dans le midi humide de nos entrailles. Nous sommes toujours prêts. Toute vie est mûre pour elle. Toujours.

Auteur: Aldapuerta Jesus Ignacio

Info: The Eyes: Emetic Fables from the Andalusian de Sade

[ loka-dhamma ] [ masochisme ] [ sexe ]

 

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transdisciplinarité

"Mais si vous ne parlez ni des choses-en-soi ni des humains-entre-eux, c’est que vous ne parlez que du discours, que de la représentation, que du langage, que des textes." Tel est le troisième malentendu. Ceux qui mettent entre parenthèses le référent extérieur — la nature des choses -  et le locuteur (1) — le contexte pragmatique ou social (2) — ne peuvent en effet parler que des effets de sens et des jeux de langage. Pourtant, lorsque MacKenzie scrute l’évolution de la centrale à inertie, il parle bien d’agencements qui peuvent nous tuer tous ; lorsque Callon suit à la trace les articles scientifiques, c’est de stratégie industrielle qu’il parle en même temps que de rhétorique (Callon, Law et al., 1986) ; lorsque Hughes analyse les carnets de notes d’Edison, le monde intérieur de Menlo Park sera bientôt le monde extérieur de l’Amérique entière ; lorsque je décris la domestication des microbes par Pasteur, c’est la société du XIXe que je mobilise et pas seulement la sémiotique des textes d’un grand homme ; lorsque je décris l’invention-découverte des peptides du cerveau, je parle bien des peptides eux-mêmes et non pas simplement de leur représentation au laboratoire du professeur Guillemin. Pourtant, il s’agit bien de rhétorique, de stratégie textuelle, d’écriture, de mise en scène, de sémiotique, mais d’une forme nouvelle qui embraie à la fois sur la nature des choses et sur le contexte social, sans se réduire pourtant ni à l’une ni à l’autre.

Notre vie intellectuelle est décidément bien mal faite. L’épistémologie, les sciences sociales, les sciences du texte ont chacune pignon sur rue, mais à condition d’être distinctes. Si les êtres que vous suivez traversent les trois, vous n’êtes plus compris. Offrez aux disciplines établies quelque beau réseau sociotechnique, quelques belles traductions, les premières extrairont les concepts et en arracheront toutes les racines qui pourraient les relier au social ou à la rhétorique ; les deuxièmes exciseront la dimension sociale et politique et la purifieront de tout objet ; les troisièmes, enfin, garderont le discours mais le purgeront de toute adhérence indue à la réalité — horresco referens — et aux jeux de pouvoir. Le trou de l’ozone au-dessus de nos têtes, la loi morale dans notre cœur, le texte autonome peuvent, séparément, intéresser nos critiques. Mais qu’une fine navette ait attaché le ciel, l’industrie, les textes, les âmes et la loi morale, voilà qui demeure insu, indu, inouï.

Auteur: Latour Bruno

Info: Nous n'avons jamais été modernes. Essai d'anthropologie symétrique. P 8

[ pluridisciplinarité ] [ incompréhensible complexité ]

 

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Ajouté à la BD par miguel