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littérature

Vous allez dire que je m'écarte du sujet, que je ferais mieux de ne pas faire de digression. Justement, cela me rappelle un truc à la Sorbonne. Il y avait Aragon qui faisait une conférence sur Pétrarque. J'ouvre une parenthèse. Aragon tout le monde le méprise, mais moi je l'aime, et je ferme la parenthèse. En Sorbonne, donc, Louis Aragon fait une conférence sur Pétrarque. Il commence par se lancer dans une éloge de Matisse. ça dure au moins trois quart d'heure, et finalement un étudiant lui crie du fond de la salle : "Au sujet !" Et Aragon, magnifique, fait simplement remarquer en terminant la phrase interrompue par l'étudiant que "toute l'originalité de Pétrarque consiste précisément dans l'art de la digression". Moi, c'est idem, je ne m'écarte pas de mon propos. Ou alors, c'est mon sujet profond. Exactement comme une auto que les inondations écartent de son trajet normal et forcent à rouler à travers champs pour gagner la grande route de Paris.

Auteur: Baecque Antoine de

Info: Godard

[ cinéma ] [ modèle ] [ digression ]

 

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nuit blanche

J'envoie promener le récepteur et ma fatigue, dévale l'escalier et traverse la rue. Presque en face, la porte du 9 est entrebâillée, celle de la chambre aussi, et voilà qu'Ivan et moi reprenons la litanie des phrases sur la fatigue jusqu'à ce que nous soyons trop extenués pour nous plaindre de l'étendue de nos sujets d'épuisement ; nous cessons de parler et luttons contre le sommeil malgré notre immense fatigue ; jusqu'à ce que le service du réveil appelle, le 00, je ne cesse de regarder dans la pénombre Ivan qui a encore droit à un quart d'heure de sommeil, d'espérer avec insistance et d'imaginer avoir entendu une phrase qui, loin d'être due à la fatigue, me serve d'assurance en ce monde; mais le contour de mes yeux contracte, la sécrétion des glandes est trop faible pour produire une larme au coin de chaque œil . Quand c'en est fait de quelqu'un, une phrase suffit-elle à le rassurer ? Il faudrait une assurance qui ne soit pas de ce monde.

Auteur: Bachmann Ingeborg

Info: malina (1971, 288 p.)

[ fasciculation ] [ euphorie nocturne ] [ douleur ]

 
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foyer

Oui, c'était bien là ma mère. Tout se déroulait comme si rien ne s'était passé, comme si je ne rentrais pas tout juste de la guerre, comme si le monde n'était pas en ruine, la monarchie détruite, comme si notre vieille patrie continuait d'exister avec ses lois multiples incompréhensibles, mais immuables, ses us et coutumes, ses tendances, ses habitudes, ses vertus et ses vices. Dans la maison maternelle, on se levait à sept heures même après quatre nuits blanches. J'étais arrivé aux environs de minuit, la pendule de la cheminée, avec son visage de jeune fille las et délicat, frappa trois coups. Trois heures de tendre épanchements suffisaient à ma mère. Lui suffisaient-elles ? En tout cas, elle ne s'accorda pas un quart d'heure de plus. Elle avait raison. Je m'endormis bientôt, dans la pensée consolante de me trouver chez nous. Au milieu d'une patrie détruite, je m'endormais dans une forteresse inexpugnable. De sa vieille canne noire, ma veille maman écartait de moi tout ce qui aurait pu me troubler.

Auteur: Roth Joseph

Info: La crypte des Capucins

[ refuge ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

routine

Il se réveillait à neuf heures, et restait au lit jusqu’à dix heures et demie, lisant, tripotant les chats, et se farfouillant dans le nez. A honze heures, il faisait un tour dans le quartier jusqu’à l’heure du déjeuner, et alors rentrait. Après le déjeuner, il lisait un peu, puis se promenait dans Paris de trois à sept, bouquinant chez les revendeurs, et allant de café en café. Jamais il ne prenait un repas au restaurant, malgré l’envie qu’il en avait parfois, parce que sa pension était payée à la maison. Jamais il ne fit un voyage de huit jours. Jamais il ne sortait le soir, et jamais n’était invité. Par sauvagerie et horreur de se contraindre, il avait quitté le monde, n’avait plus été voir les gens qu’aux heures où il savait ne les trouver pas ; ensuite, comme il arrive, le monde le quitta, et tandis qu’au début il n’y allait pas par fantaisie d’humeur, un temps vint où s’y ajouta cette raison, qu’il craignait d’y être humilié.

Auteur: Montherlant Henry de

Info: Dans "Les Célibataires", éditions Grasset, Paris, 1934, page 51

[ isolement ] [ emploi du temps ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

néolibéralisme

Lorsqu'elle quitte le pouvoir, le monde a changé. Le mur de Berlin est tombé. L'Empire soviétique s'est effondré. Le bloc capitaliste triomphe de la guerre froide. C'est un véritable rouleau compresseur. Il exulte. S'étend. Démultiplie ses gains. S'est affranchi du dernier frein: l'Etat et sa régulation.

Et puis Microsoft a commercialisé sa première souris.

Le charbon est fini.

Des métiers disparaissent. Des vieux quartiers aussi.

C'est l'apparition du management.

D'un nouveau langage. Les mots fondent au profit d'obscurs sigles.

Les chiffres triomphent. Courbes d'audience à la télé. Élevage intensif dans les campagnes. Rendement imposé à l'hopital.

La Bourse n'est plus la criée des hommes. Mais le produit de froides transactions électroniques.

Les punks se sont tus. Les Stranglers font des tubes dans des studios en pleine révolution digitale. L'Histoire a connu une accélération technologique. Thatcher n'a rien inventé. Elle a été le bras armé d'un changement d'époque. Le thatchérisme n'existe pas, assure son ancien ministre Kenneth Clarke. 

Auteur: Perrignon Judith

Info: Le jour où le monde a tourné, pp 16-17, Grasset.

[ vingtième siècle ] [ capitalisme nomade ] [ pouvoir financier ] [ public-privé ] [ bascule numérique ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

cité imaginaire

Si je n'avais pas vu le nom de la ville en grosses lettres lorsque j'ai atterri à Trude, j'aurais pensé être arrivé au même aéroport que celui d'où j'étais parti. Les banlieues que l'on m'a fait traverser n'étaient pas différentes des autres, avec les mêmes maisons jaunes et vertes. En suivant les mêmes flèches on faisait le tour de parterres de fleurs similaires dans des quartiers identique. Les rues du centre présentaient des enseignes d'emballage de marchandises qui ne changeaient en rien. C'était la première fois que je venais à Trude, mais je connaissais déjà l'hôtel où je descendais au hasard ; j'avais déjà entendu et exprimé mes conversations avec les acheteurs et les vendeurs de ferraille ; d'autres journées comme celle-ci s'étaient terminées en regardant à travers les mêmes lunettes des nombrils similaires qui se balançaient. Pourquoi venir à Trude ? Me suis-je demandé. Et je voulais déjà partir. - Vous pouvez prendre un vol quand vous voulez, - m'ont-ils dit, - mais vous arriverez à une autre Trude, la même point par point, le monde est couvert par un unique Trude qui ne commence ni ne finit, seul le nom à l'aéroport change.

Auteur: Calvino Italo

Info: Villes invisibles

[ normalisée ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

fric

C'était le quartier précieux, qu'on m'a expliqué plus tard, le quartier pour l'or : Manhattan. On n'y entre qu'à pied, comme à l'église. C'est le beau cœur en banque du monde d'aujourd'hui. Il y en a pourtant qui crachent par terre en passant. Faut être osé.

C'est un quartier qu'en est rempli d'or, un vrai miracle, et même qu'on peut l'entendre le miracle à travers les portes avec son bruit de dollars qu'on froisse, lui toujours trop léger le Dollar, un vrai Saint-Esprit, plus précieux que le sang.

J'ai eu tout de même le temps d'aller les voir et même je suis entré pour leur parler à ces employés qui gardaient les espèces. Ils sont tristes et mal payés.

Quand les fidèles entrent dans leur Banque, faut pas croire qu'ils peuvent se servir comme ça selon leur caprice. Pas du tout. Ils parlent à Dollar en lui murmurant des choses à travers un petit grillage, ils se confessent quoi. Pas beaucoup de bruit, des lampes bien douces, un tout minuscule guichet entre de hautes arches, c'est tout. Ils n'avalent pas l'Hostie. Ils se la mettent sur le cœur.

Auteur: Céline Louis-Ferdinand

Info: Dans "Voyage au bout de la nuit"

[ religion moderne ] [ idolâtrie ] [ Etats-Unis ] [ ploutocratie ] [ Wall-street ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

science-fiction

Au-delà de la banalité du mécanisme observé, cette race était étonnante.Vraiment.

En quelques générations les cerveaux-nez des spyrlouins avaient perdu trois quart de leur volume.

Un engrenage perdant-gagnant puisque cette régression physiologique - résultat  de leurs raffinées annexes technos destinées à fuir la réalité - mena petit à petit vers un abrutissement qui apporta une amélioration imprévue. Cette décroissance du nombre de neurones - due à des stimuli artificiels beaucoup trop étriqués par rapport à ceux de leur réalité source - facilita justement l'accès à cette dernière.

Dans ces univers vibratoires moyens-inférieurs, le temps, interminable, pèse lourd. Ainsi toute vitesse excessive des idées et des réflexions des secondéités locales - par rapport à leur monde décor - augmente leur souffrance. Tel était le cas des spyrlouins .

Le surprenant était de constater ce processus avec des êtres vivants : par la diminution du différentiel entre efficacité/vitesse de la pensée personnelle des indigènes avec la rapidité des interactions standards du réel d'où ils étaient issus, se produisait cet inattendu ré-équilibrage.

Qui amena une grosse diminution des déprimes et des maladie psycho-somatiques. 

Ces bestiaux fonctionnaient comme des robots.

Auteur: Mg

Info: 4 février 2021

[ monde astral ] [ psycho-sociologie ]

 
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Ajouté à la BD par miguel

positiver

L'étude du passé nous permet tout d'abord d'éviter un piège courant, celui de la nostalgie. La France serait en déclin, entend-on souvent, sa grandeur est passée. Avant, c'était mieux. "Avant" ? Mais quand exactement ? Tentez une expérience simple, feuilletez ce livre à l'envers, et cherchez une seule époque de notre passé où vous auriez voulu vivre. Alors ? En 1910, par exemple, au temps de cette France puissante, gouvernant un quart du monde ? Préparez donc l'uniforme, dans quatre ans vous aurez à affronter l'enfer des tranchées, la guerre et ses millions de morts, merci. En 1810 ? Cette fois ce sera l'horreur des guerres napoléoniennes. En 1710 ? Admettons que cela soit tentant, pour l'infime minorité qui aura la chance de se retrouver dans l'habit chamarré d'un bel aristocrate. Et encore, pas à Versailles. En cette fin de règne de Louis XIV, la vie y était sinistre. Que dire des 90% qui se réincarneront en paysans misérables au ventre creux et au dos cassé par l'ouvrage ? On a compris le jeu. La comparaison avec le monde d'hier ne doit pas nous mener à admirer benoîtement celui d'aujourd'hui. Elle peut nous servir à en relativiser les inconvénients, cela n'est déjà pas si mal.

Auteur: Reynaert François

Info: Nos ancêtres les Gaulois et autres fadaises

[ France ]

 

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Usa

J'ai effectué 33 ans et 4 mois de service actif, et durant cette période, j'ai passé la plupart de mon temps en tant que gros bras pour le monde des affaires, pour Wall Street, et pour les banquiers. En bref, j'étais un racketteur, un gangster au service du capitalisme. J'ai aidé à sécuriser le Mexique, plus particulièrement la ville de Tampico, au profit des groupes pétroliers américains en 1914. J'ai aidé à faire de Haïti et de Cuba un endroit convenable pour que les hommes de la National City Bank puissent y faire des profits. J'ai aidé au viol d'une demi-douzaine de républiques d'Amérique centrale au bénéfice de Wall Street. J'ai aidé à purifier le Nicaragua au profit de la banque américaine Brown Brothers de 1902 à 1912. J'ai apporté la lumière en République Dominicaine au profit des entreprises sucrières américaines en 1916. J'ai livré le Honduras aux entreprises fruitières américaines en 1903. En Chine, en 1927, j'ai aidé à ce que l'entreprise Standard Oil fasse ses affaires en paix. (...) Quand je repense à tout ça, je pourrais donner à Al Capone quelques conseils. Le mieux qu'Al Capone pouvait faire, c'était de racketter trois quartiers. Moi, j'agissais sur trois continents !

Auteur: Butler Smedley

Info:

[ guerre ] [ barbarie ] [ impérialisme ] [ confession ]

 

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