évolution humaine
La solitude est un luxe apparu tardivement dans l'histoire. Pendant des centaines de milliers d'années, alors qu'Homo sapiens était encore une espèce rare et menacée, l'individu ne pouvait se détacher du groupe, de la horde, du clan, de la tribu, protection indispensable face aux dangers de la vie sauvage. Perdu dans des espaces immenses et hostiles, il ne pouvait survivre qu'en groupe. Intellectuellement comme matériellement, la solitude lui était étrangère. Et pendant très longtemps il ne pourra se penser que comme membre d'une communauté.
Auteur:
Minois Georges
Années: 1946 -
Epoque – Courant religieux: Récent et Libéralisme économique
Sexe: H
Profession et précisions: historien, écrivain
Continent – Pays: Europe - France
Info:
Histoire de la solitude et des solitaires, p.13
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isolement
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grégaire
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quiétude individuelle
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égoïsme
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femme-par-homme
Je te l'ai dit, Corbèra : c'était un animal mais c'était aussi, en même temps, une Immortelle, et il est dommage qu'en parlant, on ne puisse pas exprimer continuellement cette synthèse telle qu'elle l'exprimait elle-même dans son corps avec une simplicité absolue. Ce n'était pas seulement dans l'acte de chair qu'elle manifestait une gaieté et une délicatesse opposées au triste rut animal : sa parole avait une immédiateté puissante que je n'ai retrouvée que chez quelques grands poètes. On n'est pas fille de Calliope pour rien : méconnaissant toute culture, ignorant toute sagesse, dédaignant toute contrainte morale, elle faisait partie, cependant, de la source de toute culture, de toute sagesse, de toute éthique, et savait exprimer cette supériorité primordiale en des termes d'une âpre beauté : "Je suis tout parce que je ne suis qu'un courant de la vie sans aucune faille ; je suis Immortelle parce que toutes les morts confluent en moi, depuis celle du poisson d'il y a un instant jusqu'à celle de Zeus, et rassemblées en moi elles redeviennent une vie non plus individuelle et déterminée, mais panique et donc libre." Puis elle disait : "Tu es beau et jeune ; tu devrais me suivre à présent dans la mer et tu échapperais aux douleurs, à la vieillesse ; tu viendrais dans ma demeure, sous les très hautes montagnes d'eaux immobiles et sombres, où tout est quiétude silencieuse à tel point naturelle que celui qui la possède ne la ressent même pas. Je t’ai aimé, souviens-t’en, quand tu seras las, quand tu n'en pourras vraiment plus, tu n’auras qu’à te pencher sur la mer et m’appeler : je serai toujours là parce que je suis partout, et ta soif de sommeil sera réalisée."
Auteur:
Lampedusa Giuseppe Tomasi di
Années: 1896 - 1957
Epoque – Courant religieux: industriel
Sexe: H
Profession et précisions: prince, militaire et écrivain
Continent – Pays: Europe - Italie
Info:
Le Professeur et la Sirène
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déesse
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omnipotente
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supérieure
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