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mystique

Cette félicité, d’abord, est sans objet. À la différence des joies "mondaines" qui saluent un succès, une découverte, l’éloignement d’un danger où l’accomplissement d’un souhait, celle-ci ne plonge pas ses racines dans la terre grasse du désir. Elle ressemble à la floraison d’un cactus en plein désert : inopinée, improbable, magique. Et si elle semble parfois venir couronner de longs efforts, récompenser de durs sacrifices, elle peut tout aussi bien dédaigner l’ascète et visiter celui qui paraissait le moins digne de l’accueillir. Elle n’est pas une chose qui se mérite et pas davantage chose qui se justifie et donne ses raisons. Ne commettons pas l’imprudence de l’assimiler trop vite à la " joie de comprendre", par exemple ! Sans doute certains des témoignages apportés ici y inciteraient-ils — ceux de RM Bucke ou de R Jefferies entre autres —, qui esquissent une métaphysique, voire une théodicée. Mais, à les relire avec attention, on remarque que ce moment intellectuel est réellement second chez eux. D’abord il y a la joie brute, massive, suffocante, indicible. Pendant un bref instant, l’intellect est mis hors circuit, aucune "pensée" déterminée n’est possible. Ensuite, très vite sans doute, se manifeste le besoin de "respirer", de prendre un peu de distance par rapport à l’événement, de comprendre ce qui vous arrive. C’est alors que le sujet renoue avec son monde familier, retrouve son bagage culturel, ses croyances, ses catégories et qu’il tente, avec "les mots de la tribu", d’y intégrer ce qu’il vient de vivre.

Auteur: Hulin Michel

Info: La mystique sauvage p 50

[ extase ] [ océanique ] [ illumination ] [ éblouissement ] [ hasard mystère ]

 

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Ajouté à la BD par Plouin

conte

La ruse suivante de Dhu'l-Nûn l'Égyptien a été racontée par Yoûsouf, fils d'al-Housayn.
J'avais entendu affirmer, dit celui-ci, que Dhu'l-Nûn l'Égyptien connaissait le Nom de Dieu le plus grand.
Alors je m'en allai en Égypte et me mis à le servir durant une année. Au bout de cette période, je lui déclarai : – Ô cheikh, cela fait une année que je te sers gratuitement. j'ai donc un droit sur toi auquel il devient obligatoire de rendre justice. Je voudrais que tu m'apprennes le Nom de Dieu le plus grand.
– Je ferai cela pour te récompenser et te combler d'honneurs, répondit-il.
Puis il resta un certain nombre de jours sans rien me dire. Au bout de ce temps, il me présenta un plateau avec un couvercle dessus, tous deux enveloppés dans un grand mouchoir, et me demanda :
– Connais-tu Untel ?
– Oui, répondis-je.
– Porte-lui ceci.
Je pris le plateau et m'en allai vers le personnage en question. Après avoir marché un peu, je me dis en moi-même : "Dhu'l-Nûn l'Égyptien envoie à un ami un cadeau qu'il ne veut semblable à aucune chose au monde. Par Dieu, je vais voir ce que c'est."Je dénouai le mouchoir. Une petite souris souleva alors le couvercle. Je voulus l'attraper, mais ne pus l'empêcher de prendre la fuite. Alors je fus saisi d'une grande colère. Je me dis : "Ainsi, après une année de service, Dhu'l-Nûn se moque de moi de cette manière-là en me chargeant d'aller porter une souris !"
Je revins vers lui. L'irritation transparaissait sur mon visage. Lorsqu'il me vit approcher de lui, il dit :
– Ô le malheureux ! Celui à qui l'on ne peut confier une souris, peut-on lui confier le Nom de Dieu le plus grand ?
Il me laissa et s'en alla à ses occupations ordinaires.

Auteur: Khawam René R.

Info: Le Livre des ruses

[ trop curieux ] [ indiscret ]

 

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dernières paroles

Maman chérie,

La censure allemande ne me permettant pas de mettre sur mes lettres tout ce que je désirerais te faire savoir, je te fais parvenir ce message que tu ne liras qu'après la Victoire.
Je voudrais te dire tout d'abord le chagrin que j'ai de ton malheur, et mon angoisse quand j'ai appris que vous aviez failli être fusillés et que ce n'est qu'à la dernière minute que vous avez été sauvés. Il ne suffisait pas que tu me perdes, il fallait aussi que toute la famille expie le crime d'avoir voulu sauver la Patrie. (...)
Je voudrais maintenant te dire, maman chérie, ce qu'a été ma vie depuis le 30 juin. Je suis seul dans une cellule sans soleil, comme la plupart des autres camarades de souffrances et de combat, mourant de faim, sale, à peine à manger, pas de promenade, pas de lecture, souffrant de froid, et depuis le 7 juillet, je porte nuit et jour les menottes derrière le dos. Je serais un bien mauvais Français, si je n'avais pu trouver le moyen de les ôter !
Le seul réconfort à tous ces supplices (j'oubliais les coups de nerfs de boeuf que j'ai reçus à la Gestapo), c'est la certitude de la victoire* (car bien qu'au secret, on réussit à avoir quelques nouvelles) et l'héroïsme des camarades qui partent à la mort en chantant. La France peut être fière d'avoir de tels enfants. J'espère que la patrie reconnaissante saura récompenser votre sacrifice, qui est celui de tant de familles, et qu'elle saura reconstruire tous les foyers détruits par la barbarie impérialiste.
J'ai été jugé avec mes camarades le 15 octobre. Cela n'a été qu'une comédie. Nous savions à l'avance quel serait le verdict puisque, pour rien, on condamne à mort. Mon acte d'accusation portait : "propagande antifasciste et contre l'armée d'occupation, port et détention d'armes et de munitions, etc". Une seule de toutes ces choses suffisait pour me faire condamner à mort, aussi il n'y avait pas de salut possible. Nous avons tous été condamnés à la peine de mort. Notre attitude devant le tribunal a été digne et noble. Nous avons su imposer le respect à ceux qui assistaient au procès. Les soldats étaient émus, et j'en ai vu un qui pleurait. Pense que nous avions de 17 à 20 ans. Quand, après l'arrêt, le président nous a demandé si nous voulions ajouter quelque chose à nos déclarations, nous avons tous dit notre fierté de mourir pour la Patrie. J'ai moi-même répondu : "Je suis fier de mériter cette peine". S'il leur restait encore quelques scrupules, ça les leur a enlevés. (...)
Je t'embrasse une dernière fois de tout mon coeur, Maman chérie. Je meurs en Français, le front haut, ton nom sur les lèvres, ta pensée dans mon coeur. Ton petit Pierre.

Auteur: Grelot Pierre

Info: extraits de sa dernière lettre *Allusion à la capitulation de l'armée allemande à Stalingrad

[ exécution ]

 

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neuro psychologie

Pourquoi notre cerveau nous pousse à détruire la planète et comment l’en empêcher.
A l’instar de "Biologie du Pouvoir" et de "La Nouvelle Grille", "Le Bug Humain" a pour ambition de trouver dans le fonctionnement même de notre cerveau des mécanismes qui expliquent nos comportements et nos choix à l’échelle individuelle et sociale et en quoi ces mêmes mécanismes sont responsables de notre déni devant la catastrophe écologique qui arrive à grands pas.
Mais contrairement à ses deux prédécesseurs, Le Bug Humain ne s’avance pas jusqu’à proposer une solution politique claire. Une frilosité que l’on regrettera.

Le constat est édifiant : L’humanité vit largement au dessus de ses moyens et ne semble pas prendre la réelle mesure des conséquences d’une telle surconsommation. A qui la faute ? Au striatum. Cette partie de notre cerveau a pour rôle de récompenser en dopamine des comportements qui favorisent la survie et la diffusion du patrimoine génétique : Se nourrir, avoir des relations sexuelles, le goût du moindre effort, l’utilité ou rang social et l’information. Si ces fonctions du striatum ont permises à l’Homo Sapiens de survivre et de croitre dans un environnement hostile et de rareté, il n’est plus adapté à nos sociétés d’abondance sécurisées. Il devient même dangereux quand il est confronté à des technologies telles que les réseaux sociaux. Car lorsque l’on publie ses photos de vacance sur Facebook ou qu’on se fend d’une réplique cinglante sur Twitter, nous donnons de l’importance aux likes et autres retweets qui vont répondre à la fois à notre besoin de reconnaissance sociale et à notre attirance vers le moindre effort puisque nous n’avons plus besoin d’agir en société ou au travail mais à cliquer sur quelques icônes pour nous situer socialement :

"Si vous obtenez moins de likes que ce que vous attendiez après avoir modifié votre profil, votre striatum s’éteint et votre estime de soi chute; si vous obtenez plus de likes que vous ne le prévoyiez, ce même striatum produit de violentes décharges de dopamine qui vous apporte une bouffée de bien-être. Cela se traduit par une mise à jour de votre estime de soi au sien de vos archives personnelles, lesquelles sont tenues par une zone de votre cerveau localisée deux centimètres en retrait de votre front. Cette zone cérébrale appelée cortex préfrontal ventromédian va en tirer des conclusions sur ce que vous valez à vos propres yeux. Si vous venez d’obtenir une récompense, [il] fait monter d’un cran votre estime de soi. Si vous avez reçu une punition, il la revoit à la baisse. Tout part de ce principe interne de recherche d’approbation par le striatum, une partie de nous-même qui nous enjoint constamment de faire face au jugement d’autrui, en quête de reconnaissance."

Pour autant, Le Bug Humain ne nous livre pas un déterminisme simpliste qui ferait du striatum tel qu’il est décrit le seul facteur déterminant de tous nos comportements. En prenant l’exemple de la prédominance des comportements altruistes chez les femmes par rapport aux hommes, Bohler illustre le concept de "conditionnement opérant". Si les femmes voient leurs comportements altruistes mieux récompensés par leur striatum c’est parce qu’elles ont appris à être altruistes. On leur a signifié dès leur plus jeune âge que le partage était une bonne chose. Le conditionnement socioculturel peut donc, dans une certaine mesure, orienter le système de récompense de notre cerveau.

S’il manque de témérité politique, Le Bug Humain a tout de même le mérite de vulgariser efficacement certaines connaissances et de nous alerter sur des problèmes intrinsèquement liés aux réseaux sociaux, au pouvoir et sur notre capacité à prendre conscience des conséquences de notre activité sur Terre tout en évitant les travers des déterminismes simplistes, qu’ils soient uniquement génétiques ou uniquement socioculturels.

Auteur: Internet

Info: A propos de Le Bug Humain de Sébastien Bohler (2019), Posted https://refractairejournal.noblogs.org 27/02/2019 by REFRACTAIRE

[ humains virus terrestres ] [ récompense ] [ motivation ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

protestantisme

Un homme du tempérament de Luther, s’il ouvre un livre : il n’y lit qu’une pensée, la sienne. Il n’apprend rien qu’il ne porte en lui. Un mot, une phrase, un raisonnement le frappent. Il s’en empare. Il le laisse descendre en lui, profond, plus profond, jusqu’à ce que, par-dessous les surfaces, il aille toucher quelque point secret, ignoré jusqu’alors du lecteur lui-même, et d’où, brusquement, jaillit une source vive — une source qui dormait, attendant l’appel et le choc du sourcier : mais les eaux étaient là, et leur force contenue. N’ayons donc point scrupule à négliger ici tout un monde de recherches patientes et méritoires. Ne retenons qu’un fait, parmi tant d’autres.

Luther, semble-t-il, a peu étudié à Erfurt les grands systèmes scolastiques du XIIIe siècle. Le thomisme en particulier paraît lui être demeuré étranger : rien d’étonnant, et s’il l’avait connu, il n’en aurait tiré qu’un profit violemment négatif. Ce qu’il a lu, en dehors de quelques mystiques et, notamment, de Tauler (dont on nous dit d’ailleurs, qu’il le comprit mal et qu’il en dénatura la pensée sans scrupule : entendons qu’il en fit librement son profit, sans se soucier de savoir si ses interprétations s’accordaient, ou non, avec la doctrine du disciple d’Eckhart ; il lui suffisait qu’elles rentrassent dans les cadres de sa spéculation à lui, Luther) — ce qu’il lisait, c’était surtout le Commentaire sur les Sentences du nominaliste Gabriel Biel († 1495), l’introducteur principal de l’occamisme en Allemagne, le "roi des théologiens"... tout au moins de Tübingen, l’ami de Jean Trithème et de Geiler de Kaisersberg. Vieilli, Luther se vantera de savoir encore par cœur des pages entières du célèbre docteur.

Or que trouvait Luther dans les écrits de Biel, lorsqu’il les relisait avec l’ardent souci d’y découvrir une solution aux difficultés dont il ne savait sortir ? Deux théories, entre beaucoup, et qui, lorsqu’on les énonce à la suite l’une de l’autre, paraissent contradictoires : ce n’est pas le lieu ici, ni le moment d’exposer comment, pour qui connaît même sommairement la pensée d’Occam, cette contradiction s’évanouit. Biel prétendait d’abord que, les suites du péché originel s’étant fait sentir surtout dans les régions basses, sur les puissances inférieures de l’âme humaine, la raison et la volonté demeurent, au contraire, à peu près telles qu’avant la faute — l’homme pouvant, par les seules forces de sa nature, observer la loi et accomplir les œuvres prescrites sinon "selon l’intention du législateur", du moins suivant "la substance du fait". Et ensuite que, par ces seules et mêmes forces, la volonté humaine étant capable de suivre le commandement de la droite raison, l’homme peut aimer Dieu par-dessus toutes choses. Cet acte d’amour suprême et total crée en lui une disposition suffisante pour qu’il puisse obtenir, tout pécheur qu’il soit, la grâce sanctifiante et la rémission des péchés.

Seulement, en même temps et puisqu’il rattachait sa pensée à celle d’Occam, Biel réservait les droits de la Toute-Puissance divine. Droits absolus, sans bornes ni limitations, étendus jusqu’à l’arbitraire. Et, par exemple, enseignait le théologien de Tübingen, du vouloir divin et de lui seul, les lois morales tiraient sens et valeur. Les péchés étaient péchés et non pas bonnes actions, parce que Dieu le voulait ainsi. Dieu voudrait le contraire, le contraire serait ; le vol, l’adultère, la haine de Dieu même deviendraient des actions méritoires. Dieu n’a donc, en l’homme, à punir ou à récompenser ni fautes propres ni mérites personnels. Les bonnes actions, pour qu’elles obtiennent récompense, il faut seulement que Dieu les accepte. Et il les accepte quand il lui plaît, comme il lui plaît, s’il lui plaît, pour des raisons qui échappent à la raison des hommes. Conclusion : la prédestination inconditionnelle et imprévisible...

Ainsi avait professé, ainsi professait toujours après sa mort, par ses livres et par ses disciples, Gabriel Biel le révéré. Qu’on se représente maintenant, en face de ces ouvrages, soumis à ces doctrines, ce Luther ardent, épris d’absolu, inquiet par ailleurs et tourmenté, qui cherchait partout à étancher son ardente soif de piété, mais à se délivrer également de ses scrupules et de ses angoisses. On lui disait, avec Biel : Efforce-toi. Tu le peux. Dans le plan humain, l’homme, par ses seules forces naturelles, par le jeu de sa volonté et de sa raison peut accomplir la loi ; il peut parvenir, finalement, à aimer Dieu par-dessus toutes choses. — Et Luther s’efforçait. Il faisait le possible, selon sa nature, et l’impossible, pour que naisse en lui cette dispositio ultimata et sufficiens de congruo ad gratiae infusionem dont parle Biel en son langage. En vain. Et quand, après tous ses efforts, son âme anxieuse de certitude ne trouvait point d’apaisement ; quand la paix implorée, la paix libératrice ne descendait point en lui — on devine quel sentiment d’amère impuissance et de vrai désespoir le laissait prostré devant un Dieu muet — comme un prisonnier au pied d’un mur sans fin...

Peu à peu, dans sa tête qui s’égarait, d’autres pensées surgissaient. Les bonnes actions pour qu’elles fussent méritoires, Biel l’enseignait : il faut simplement, et il suffit, que Dieu les accepte. Était-ce donc que Dieu n’acceptait point ses bonnes actions à lui ? qu’il le rejetait au nombre des réprouvés par un décret incompréhensible et irrévocable de sa volonté ? Ah ! comment savoir et quelle atroce angoisse naissait d’un tel doute !

Ainsi la doctrine dont on le nourrissait, cette doctrine des gabriélistes issue de l’occamisme et dont Denifle le premier a marqué avec force et vigueur l’influence tenace et persistante sur Luther   — cette doctrine qui, tour à tour, exaltait le pouvoir de la volonté humaine puis l’humiliait en ricanant devant l’insondable Toute-Puissance de Dieu : elle ne tendait les forces d’espérance du moine que pour les mieux briser, et le laisser pantelant, dans l’impuissance tragique de sa débilité.

Auteur: Febvre Lucien

Info: Un destin : Martin Luther, PUF, 1968, pages 25 à 27

[ origines ] [ inspirateur ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson