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réparties

Albrecht von Haller était un austère médecin bernois, fameux pour son immense érudition. Voltaire ne manquait jamais une occasion d'ironiser à son propos. Mais dans l'intimité. Car, réfugié à Genève, il avait besoin de son appui. De bons amis s'empressaient de rendre publics les propos privés. Sans réaction de la part du savant.
- Puisqu'il est en ville, pourquoi n'allez-vous pas lui rendre la monnaie de sa pièce ? finit par lui demander l'un des "bons amis".
- C'est que si monsieur de Voltaire est un homme qui mérite d'être connu, bien des gens, malgré les lois de la physique, l'ont trouvé plus grand de loin que de près. Toujours à la recherche de la dispute, les mêmes bons amis courent alors chez Voltaire pour l'exciter contre Haller.
- Comment pouvez-vous dire tant de bien de Haller alors qu'il dit tant de mal de vous ?
- Ah ! s'écria Voltaire, c'est probablement parce que nous nous trompons tous les deux.

Auteur: Voltaire

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nord-sud

L’explosion démographique en Afrique alimente une immigration massive vers l’Europe, à la plus grande joie des économistes et des capitalistes, qui voient là un moyen de "dynamiser la croissance" et d’entretenir la "modération salariale" sur un continent riche et vieillissant. Cependant, les autochtones se montrent de plus en plus dubitatifs quant aux bienfaits que ces mouvements de population sont censés leur procurer. Comment vaincre leurs réticences ? Des chercheurs s’attellent à la tâche : "Face aux tensions croissantes liées aux différences ethniques, religieuses et culturelles, il est urgent de concevoir des stratégies propres à favoriser l’intégration sociale des réfugiés au sein des sociétés caucasiennes" [Nina Marsh et al., "Oxytocin-enforced norm compliance reduces xenophobic outgroup rejection" (2017)]. En l’occurrence, la stratégie proposée consiste à faire inhaler de l’oxytocine, une hormone qui, d’après l’étude, augmenterait la capacité des gens à s’adapter à des "écosystèmes sosciaux en évolution rapide". On croit d’abord à un canular et puis non – l’article est publié dans une revue scientifique communément qualifiée de "prestigieuse".

Auteur: Rey Olivier

Info: Dans "Leurre et malheur du transhumanisme", pages 40-41

[ aliénation ] [ gestion biochimique des conflits ] [ big pharma ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

immigration

Il n'est pas facile d'entrer dans la culture des autres, de se mettre à la place de personnes si différentes de nous, de comprendre leurs pensées et leurs expériences. Ainsi nous renonçons souvent à rencontrer l'autre et nous élevons des barrières pour nous défendre. Les communautés locales ont parfois peur que les nouveaux arrivés perturbent l'ordre établi, "volent" quelque chose de ce que l'on a construit péniblement. Les nouveaux arrivés aussi ont des peurs : ils craignent la confrontation, le jugement, la discrimination, l'échec. Ces peurs sont légitimes, elles se fondent sur des doutes parfaitement compréhensibles d'un point de vue humain. Ce n'est pas un péché d'avoir des doutes et des craintes. Le péché, c'est de laisser ces peurs déterminer nos réponses, conditionner nos choix, compromettre le respect et la générosité, alimenter la haine et le refus. Le péché, c'est de renoncer à la rencontre avec l'autre, à la rencontre avec celui qui est différent, alors que cela constitue, de fait, une occasion privilégiée de rencontre avec le Seigneur.

Auteur: Bergoglio Jorge Mario Pape François

Info: Homélie du pape à l'occasion de la journée mondiale du migrant et du réfugié

[ intégration ] [ rejet ] [ méfiance ]

 

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vengeance

Il y a deux jours, les miliciens ont pendu trois adolescents réfugiés qui se sont aventurés en dehors des camps. Pourquoi les miliciens ont-ils pendu les trois adolescents ? Parce-que deux réfugiés du camp avaient violé et tué une fille de Kfar Samira. Pourquoi ces deux types ont-ils violé cette fille ? Parce que les miliciens avaient lapidé une famille de réfugiés ? Pourquoi les miliciens l'ont-ils lapidée ? Parce que les réfugiés avaient brûlé une maison près de la colline du thym. Pourquoi les réfugiés ont-ils brûlé la maison ? Pour se venger des miliciens qui avaient détruit un puits d'eau foré par eux. Pourquoi les miliciens ont détruit le puits ? Parce que des réfugiés avaient brûlé une récolte du côté du fleuve au chien. Pourquoi ont-ils brûlé la récolte ? Il y a certainement une raison, ma mémoire s'arrête là, je ne peux pas monter plus haut, mais l'histoire peut se poursuivre encore longtemps, de fil en aiguille, de colère en colère, de peine en tristesse, de viol en meurtre, jusqu'au début du monde.

Auteur: Wajdi Mouawad

Info: Le Sang des promesses : Tome 2, Incendies

[ escalade ] [ progression ] [ moteur ]

 

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compromis

Le président de la Confédération suisse, Marcel Pilet-Golaz, avait déclaré qu’il était du plus grand intérêt pour la Suisse de s’ajuster à la  "nouvelle Europe" (un euphémisme pour dire "accepter les exigences des nazis"), propos très représentatifs de l’état d’esprit d’une grande partie de la population. En 1938 déjà, la formation politique de Pilet-Golaz avait fait passer une loi rendant obligatoire l’apposition d’un J majuscule sur les passeports des réfugiés juifs, et les nazis l’adoptèrent la même année avec enthousiasme, avant de franchir un autre pas en exerçant des pressions sur la Suisse pour obtenir la fermeture de ses frontières. En 1942, l’expression "la barque est pleine", désormais tristement célèbre, était devenue un lieu commun en Suisse. Pourtant, tout au long de la guerre, les Suisses allaient inventer une autre expression pour se moquer d’eux-mêmes et de leur volonté de rester neutres sur un continent dévasté par la guerre : ils disaient que "s’ils travaillaient pour les nazis pendant la semaine, le dimanche, par contre, ils priaient pour les Alliés". 

Auteur: Bair Deirdre

Info: Dans "Jung", trad. de l’anglais par Martine Devillers-Argouarc’h, éd. Flammarion, Paris, 2007, pages 702-703

[ collaboration douce ] [ le cul entre deux chaises ] [ nazisme ] [ neutralité ] [ ww2 ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

normalisation

Si l'on ressentait le moindre élancement, on prenait un ibuprofène. Si l'on était endormi, on prenait de la caféine. Après quoi, si l'on arrivait plus à dormir, on pouvait prendre des somnifères. Dans l'intervalle, si l'on ne faisait pas son caca du matin bien dans les temps, on prenait un laxatif, mais s'il ne sortait pas proprement, on pouvait prendre un antidiarhéique. Si l'on restait trop longtemps assis sur le trône à lire le Wall Street Journal, on risquait de choper des hémorroïdes, auquel cas on pouvait se fourrer dans le cul un suppositoire à la glycérine. Si l'on passait une sale journée, on prenait la pilule blanche. Mais si l'on était trop heureux, on prenait la pilule rose pour calmer sa joie. Des pilules, des pilules, des pilules jusqu'à ce que tout le monde soit le même mâle blanc homogène, robotique, souriant (mais pas trop), de la classe moyenne supérieure, possédant une maison de 180 mètres carrés, deux Volvo assorties, 2.5 enfants, une femme pom-pom girl et un golden retriever nommé Sunny.

Auteur: Molles DJ

Info: Les survivants, tome 3 : Réfugiés

[ middle class ] [ médicaments ]

 

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cité imaginaire

A Ersilia, pour établir les relations qui régissent la vie de la cité, les habitants tendent des fils entre les bords des maisons, blancs ou noirs ou gris ou noir et blanc selon qu'ils marquent des relations de parenté, d'échange, d'autorité, de représentation. Lorsqu'il y a tellement de fils qu'on ne peut plus passer entre eux, les habitants partent : les maisons sont démantelées ; ne restent que les fils et les supports des fils. Du flanc d'une montagne, campés avec leurs biens domestiques, les réfugiés d'Ersilia regardent l'enchevêtrement de fils tendus et de perches qui s'élèvent dans la plaine. C'est toujours la ville d'Ersilia, et ils ne sont rien. Ils reconstruisent Ersilia ailleurs. Ils tissent avec les fils une figure similaire qu'ils voudraient plus compliquée et en même temps plus régulière que la précédente. Ainsi, en parcourant le territoire d'Ersilia, on rencontre les ruines de villes abandonnées, sans les murs qui ne durent pas, sans les os des morts que le vent fait rouler : des réseaux de relations complexes qui cherchent une forme...

Auteur: Calvino Italo

Info: Villes invisibles

[ mouvantes ossatures ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

vingtième siècle

On a tendance à oublier à quoi ressemblaient vraiment les années soixante-dix. On se souvient des cols pelle à tarte et du glam rock, on évoque, avec des larmes dans les voix, les Monty Python et les émissions pour enfants, mais on refoule toute la sinistre étrangeté de cette période, tous ces trucs bizarres qui se passaient tout le temps. On se rappelle le pouvoir qu'avaient les syndicats à l'époque, mais on oublie comment réagissaient les gens : tous ces tordus militaristes qui parlaient de mettre sur le pied des armées privées pour rétablir l'ordre et protéger la propriété quand la loi ne serait plus en mesure de le faire. On oublie l'arrivée des réfugiés indiens d'Ouganda à Heathrow en 1972, qui avait fait dire que Powell avait raison, à la fin des années soixante, de prophétiser un bain de sang ; on oublie à quel point sa rhétorique devait résonner pendant toute la décennie, jusqu'à cette remarque qu'un Eric Clapton ivre mort fit sur scène en 1976 au Birmingham Odeon. On oublie à l'époque, le National Front apparaissait comme une force avec laquelle il allait falloir compter.

Auteur: Coe Jonathan

Info: Bienvenue au club

 

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nuée ardente

Ceux qui ont passé la nuit dans les entrepôts du port et sur le rivage aperçoivent alors un mur incandescent rouler vers eux à une vitesse terrifiante.

Tout ce qui se trouve sur son passage est aussitôt englouti dans un bruit monstrueux. La terre vibre, comme sous le martèlement d’un immense troupeau de chevaux. Les habitants qui sont restés dans la ville se précipitent vers la mer, certains que dans l’eau ils seront à l’abri. (…)

Au port, les réfugiés voient le mur rougeoyant passer par-dessus les maisons, les engloutir, submerger la plage, avaler les hangars à bateaux, les entrepôts des commerçants. Quand la nuée atteint la mer, de gigantesques explosions projettent les ponces qui tapissent la surface avec une gerbe d’écume. Le feu se mélange à l’eau dans un bouillonnement intense et un bruit indescriptible, mais il n’y a plus personne pour l’entendre. D’épaisses colonnes de fumée grise, mélange de vapeur d’eau et de cendre, montent à l’assaut du ciel bleu, forment des nuages sombres où crépite la foudre.

Puis le silence retombe sur Herculanum, un silence étrange, profond, celui de la mort.

Auteur: Bordes Gilbert

Info: La dernière nuit de Pompéi

[ éruption ] [ volcanique ]

 

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Ajouté à la BD par Le sous-projectionniste

épidémie

Ce qui aggrava le fléau, ce fut l'affluence des gens de la campagne dans la ville : ces réfugiés étaient particulièrement touchés. Comme ils n'avaient pas de maisons et qu'au fort de l'été ils vivaient dans des baraques où on étouffait, ils rendaient l'âme au milieu d'une affreuse confusion ; ils mouraient pêle-mêle et les cadavres s'entassaient les uns sur les autres ; on les voyait, moribonds, se rouler au milieu des rues et autour des fontaines pour s'y désaltérer. Les lieux sacrés où ils campaient étaient pleins de cadavres qu'on n'enlevait pas. La violence du mal était telle qu'on ne savait plus que devenir et que l'on perdait tout respect de ce qui est divin et respectable. Toutes les coutumes auparavant en vigueur pour les sépultures furent bouleversées. On inhumait comme on pouvait. Beaucoup avaient recours à d'inconvenantes sépultures, aussi bien manquait-on des objets nécessaires, depuis qu'on avait perdu tant de monde. Les uns déposaient leurs morts sur des bûchers qui ne leur appartenaient pas, devançant ceux qui les avaient construits, et y mettaient le feu ; d'autres, sur un bûcher déjà allumé, jetaient leurs morts par-dessus les autres cadavres et s'enfuyaient.

Auteur: Thucydide

Info: Histoire de la guerre du Péloponnèse, Livre II, Chapitre LII

[ historique ]

 

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Ajouté à la BD par miguel