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dictature

Le prince que Paul semble avoir choisi pour le prototype de son règne et de ses actions est Frédéric-Guillaume, père du grand roi de Prusse. La même dureté, la même inflexibilité, la même austérité de moeurs, la même passion pour les soldats, se trouvent dans l'autocrate russe.
Près de son château de Pawlowsk, il avait une terrasse d'où il pouvait voir toutes les sentinelles, qu'il se plaisait, à poster partout où il y avait place pour une guérite. C'est sur cette terrasse couverte qu'il passait une partie de ses journées : l'oeil armé d'une lunette, il observait tout ce qui se passait autour de lui.
Souvent il envoyait un laquais à telle ou telle sentinelle lui ordonner de boutonner ou déboutonner un bouton de plus ou de moins, de porter l'arme plus haut, ou plus bas, de se promener plus ou moins de pas autour de sa guérite. Quelquefois il allait lui-même à un quart de lieue porter ces ordres importants, bâtonnait le soldat, ou lui mettait un rouble dans la poche, selon qu'il était content de lui.
Ce Pawlowsk était un village ouvert ; il y avait des gardes qui inscrivaient tous les allants et venants. Il fallait dire où l'on allait, d'où l'on venait et ce qu'on voulait. Chaque soir, on faisait une visite dans chaque maison pour s'informer s'il n'y avait point d'étrangers. On arrêtait tout homme qui avait un chapeau rond, ou qui menait un chien. Pawlowsk, qu'on aimait à fréquenter à cause de sa belle situation, devint bientôt désert; on se détournait pour n'y pas passer, et l'on fuyait Paul du plus loin qu'on l'aperçût; ce qui redoublait son dépit et ses soupçons.
Il faisait souvent poursuivre et interroger ceux qui cherchaient à l'éviter ainsi. Il fit mettre un jour tous les officiers de son bataillon aux arrêts, parce qu'ils l'avaient mal salué de l'esponton, en défilant après l'exercice, et les fit sortir et défiler devant lui pendant huit jours, les renvoyant chaque jour au corps de garde après cette cérémonie, jusqu'à ce qu'il se fût fait saluer à sa fantaisie.
Faisant un jour exercer son régiment de, cuirassiers, le cheval d'un officier s'abattit. Paul accourt furieux : "Relève-toi, misérable ! - Monseigneur, je ne le puis; j'ai la jambe cassée," Paul lui crache dessus, et se retire en jurant.
Passant une fois inopinément et furtivement devant l'un de ses corps de garde, l'officier, ne le connaissant point, ne fit pas sortir ses gens. Il revient sur ses pas, soufflète l'officier, le fait désarmer et mettre aux arrêts. Il allait un jour de Tsarskoé-Célo à Gatschina : le chemin passe au milieu d'une forêt marécageuse. Tout à coup, se rappelant quelque chose, Paul ordonne au cocher de retourner sur ses pas. - Le cocher : Dans l'instant, monseigneur : le chemin est ici trop étroit. - Paul : Comment, coquin; ne veux-tu pas tourner sur-le-champ? Le cocher, au lien de répondre, se hâte d'arriver en un lieu où la chose fût possible. Cependant Paul s'élance à la portière, appelle son écuyer, lui ordonne d'arrêter et de punir le cocher rebelle. L'écuyer l'assure qu'on va tourner dans le moment. Paul, écumant de rage, s'emporte contre l'écuyer : " Tu es un gueux comme lui, dit-il ; qu'il verse, qu'il me casse le cou; mais qu'il obéisse, et qu'il tourne, aussitôt que je le lui ordonne. " Pendant cet accès, le cocher trouva le moyen de tourner; mais Paul le fit rosser sur-le-champ.
Dans une promenade, son cheval broncha ; il ordonna à Markow, son écuyer, de le laisser mourir de faim. Le huitième jour, Markow fit le rapport qu'il avait expiré, et Paul dit : C'est bon! Depuis son avènement, l'un de ses chevaux broncha encore sous lui, dans une rue de Pétersbourg : il descendit aussitôt, fit tenir une espèce de conseil par ses écuyers, et le cheval fut condamné à recevoir cinquante coups de gaule. Paul les lui fit donner en présence de tout le peuple, et les compta lui-même, en disant : C'est pour avoir manqué à l'empereur.

Auteur: Guérard Edmond

Info: Dictionnaire des anecdotes, Mémoires secrets sur la Russie

[ folie ] [ caprices ] [ historique ] [ homme-animal ]

 

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dernières paroles

Léonie chérie

J'ai confié cette dernière lettre à des mains amies en espérant qu'elle t'arrive un jour afin que tu saches la vérité et parce que je veux aujourd'hui témoigner de l'horreur de cette guerre.

Quand nous sommes arrivés ici, la plaine était magnifique. Aujourd'hui, les rives de l'Aisne ressemblent au pays de la mort. La terre est bouleversée, brûlée. Le paysage n'est plus que champ de ruines. Nous sommes dans les tranchées de première ligne. En plus des balles, des bombes, des barbelés, c'est la guerre des mines avec la perspective de sauter à tout moment. Nous sommes sales, nos frusques sont en lambeaux. Nous pataugeons dans la boue, une boue de glaise, épaisse, collante dont il est impossible de se débarrasser. Les tranchées s'écroulent sous les obus et mettent à jour des corps, des ossements et des crânes, l'odeur est pestilentielle. Tout manque : l'eau, les latrines, la soupe. Nous sommes mal ravitaillés, la galetouse est bien vide ! Un seul repas de nuit et qui arrive froid à cause de la longueur des boyaux à parcourir. Nous n'avons même plus de sèches pour nous réconforter parfois encore un peu de jus et une rasade de casse-pattes pour nous réchauffer. Nous partons au combat l'épingle à chapeau au fusil. Il est difficile de se mouvoir, coiffés d'un casque en tôle d'acier lourd et incommode mais qui protège des ricochets et encombrés de tout l'attirail contre les gaz asphyxiants. Nous avons participé à des offensives à outrance qui ont toutes échoué sur des montagnes de cadavres. Ces incessants combats nous ont laissé exténués et désespérés. Les malheureux estropiés que le monde va regarder d'un air dédaigneux à leur retour, auront-ils seulement droit à la petite croix de guerre pour les dédommager d'un bras, d'une jambe en moins ? Cette guerre nous apparaît à tous comme une infâme et inutile boucherie.

Le 16 avril, le général Nivelle a lancé une nouvelle attaque au Chemin des Dames. Ce fut un échec, un désastre ! Partout des morts ! Lorsque j'avançais les sentiments n'existaient plus, la peur, l'amour, plus rien n'avait de sens. Il importait juste d'aller de l'avant, de courir, de tirer et partout les soldats tombaient en hurlant de douleur. Les pentes d'accès boisées, étaient rudes .Perdu dans le brouillard, le fusil à l'épaule j'errais, la sueur dégoulinant dans mon dos. Le champ de bataille me donnait la nausée. Un vrai charnier s'étendait à mes pieds. J'ai descendu la butte en enjambant les corps désarticulés, une haine terrible s'emparant de moi. Cet assaut a semé le trouble chez tous les poilus et forcé notre désillusion. Depuis, on ne supporte plus les sacrifices inutiles, les mensonges de l'état major. Tous les combattants désespèrent de l'existence, beaucoup ont déserté et personne ne veut plus marcher. Des tracts circulent pour nous inciter à déposer les armes.

La semaine dernière, le régiment entier n'a pas voulu sortir une nouvelle fois de la tranchée, nous avons refusé de continuer à attaquer mais pas de défendre. Alors, nos officiers ont été chargés de nous juger. J'ai été condamné à passer en conseil de guerre exceptionnel, sans aucun recours possible. La sentence est tombée : je vais être fusillé pour l'exemple, demain, avec six de mes camarades, pour refus d'obtempérer. En nous exécutant, nos supérieurs ont pour objectif d'aider les combattants à retrouver le goût de l'obéissance, je ne crois pas qu'ils y parviendront. Comprendras-tu Léonie chérie que je ne suis pas coupable mais victime d'une justice expéditive ? Je vais finir dans la fosse commune des morts honteux, oubliés de l'histoire. Je ne mourrai pas au front mais les yeux bandés, à l'aube, agenouillé devant le peloton d'exécution.

Je regrette tant ma Léonie la douleur et la honte que ma triste fin va t'infliger. C'est si difficile de savoir que je ne te reverrai plus et que ma fille grandira sans moi. Concevoir cette enfant avant mon départ au combat était une si douce et si jolie folie mais aujourd'hui, vous laisser seules toutes les deux me brise le cœur. Je vous demande pardon mes anges de vous abandonner. Promets-moi mon amour de taire à ma petite Jeanne les circonstances exactes de ma disparition. Dis-lui que son père est tombé en héros sur le champ de bataille, parle-lui de la bravoure et la vaillance des soldats et si un jour, la mémoire des poilus fusillés pour l'exemple est réhabilitée, mais je n'y crois guère, alors seulement, et si tu le juges nécessaire, montre-lui cette lettre. Ne doutez jamais toutes les deux de mon honneur et de mon courage car la France nous a trahi et la France va nous sacrifier. Promets-moi aussi ma douce Léonie, lorsque le temps aura lissé ta douleur, de ne pas renoncer à être heureuse, de continuer à sourire à la vie, ma mort sera ainsi moins cruelle. Je vous souhaite à toutes les deux, mes petites femmes, tout le bonheur que vous méritez et que je ne pourrai pas vous donner. Je vous embrasse, le cœur au bord des larmes. Vos merveilleux visages, gravés dans ma mémoire, seront mon dernier réconfort avant la fin.

Eugène ton mari qui t'aime tant.

Auteur: poilu anonyme

Info: Lettre à sa femme, Le 30 mai 1917

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