Citation
Catégorie
Tag – étiquette
Auteur
Info



nb max de mots
nb min de mots
trier par
Dictionnaire analogique intriqué pour extraits. Recherche mots ou phrases tous azimuts. Aussi outil de précision sémantique et de réflexion communautaire. Voir la rubrique mode d'emploi. Jetez un oeil à la colonne "chaînes". ATTENTION, faire une REINITIALISATION après  une recherche complexe. Et utilisez le nuage de corrélats !!!!..... Lire la suite >>
Résultat(s): 79
Temps de recherche: 0.0485s

spectateur

Vers neuf heures, lorsque je me réveillai, c’était une orgie : les marchés sont les orgies des heures matinales, et la faim, comme aurait dit Jean Paul, sonne l’ouverture du jour, comme l’amour la finale. Les pièces de monnaie firent leur entrée sur un rythme syncopé et, lentement, se pressèrent et se bousculèrent des filles avec des filets rebondis qui de tous côtés invitaient à profiter de leurs rondeurs. Mais à peine étais-je descendu tout habillé sur la place, au moment où je voulais aller sur scène, que l’éclat et la fraîcheur du spectacle avaient disparu. Je compris que tous les dons du matin, comme le lever du soleil, doivent être reçus sur des hauteurs. Et ce qui illuminait, il y a un instant encore les dés frêles du pavé, n’était-ce pas une aurore mercantile ? Elle était maintenant ensevelie sous les papiers et les ordures. Au lieu de la danse et de la musique, il n’y avait plus que l’échange et le trafic. Rien ne peut être aussi irrévocablement perdu qu’un matin.

Auteur: Benjamin Walter

Info: Dans "Weimar" in Images de pensée, pages 89-90

[ décalage ] [ animation ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par Coli Masson

zen

Je me réveillais après ces douze heures de nuit avec Joyce qui me tripotait la corde à nœuds sous les géraniums et je disais : "Où est Picasso ? [le chien]".
"Oh, au diable Picasso !" qu’elle disait.
Je sortais du lit, à poil, avec ce gros engin-là devant moi.
"Regarde, tu l’as encore laissé dans le jardin ! Je t’ai déjà dit de ne pas le laisser dehors dans la journée !"
Alors je sortais dans le jardin, à poil, trop fatigué pour m’habiller. C’était plutôt bien abrité des regards. Et ce pauvre Picasso était là, recouvert par 500 mouches, des mouches qui couraient en rond partout sur lui. Je sortais en courant toujours avec mon bidule (qui à ce moment-là piquait du nez) et j’engueulais les mouches. Il en avait dans les yeux, sous le poil, dans les oreilles, sur les parties, dans la bouche… partout. Et il restait assis là à me sourire. A me faire des risettes pendant que les mouches le dévoraient. Peut-être qu’il en savait plus long que nous tous.

Auteur: Bukowski Charles

Info: Dans "Le Postier", pages 81-82

[ passivité ] [ innocence ] [ joie ] [ trivial ] [ homme-animal ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par Coli Masson

déclaration d'amour

- Pourquoi tu m'aimes?
- Parce que quand tu traverses un passage piéton, tu sembles faire l'amour à la rue entière... et parce que tu sens le croissant chaud en te réveillant le matin...(...)parce que je me sens bien avec toi... parce que tu me fais rire... et que tu me respectes et que tu me fais pas chier aussi...parce que tu me stimules... que tu as de l'esprit...que tu es honnête... que j'aime tes yeux, ton cul, toucher le bas de ton visage et ta nuque, ton ventre, tes mains rêches, l'inclination de tes sourcils... parce que tu es la seule personne avec laquelle je ne joue pas un jeu... parce que tu es cochonne et impudique... forte et fragile... que tu te poses les bonnes questions... que tu me fais rêver à un monde idéal... que tu me donnes l'impression d'être quelqu'un de bien...et parce que contrairement à ce que tu crois, de toutes les les personnes que je connais, tu es la plus douée pour la vie...

Auteur: Peeters Frederik

Info: Pilules bleues

[ couple ]

 

Commentaires: 0

envahissement

Ce jour-là, il y avait une bande de galopins dans l’eau, deux surtout, qui se disputaient le récif en s’éclaboussant d’eau. Assis sur le sable, Stefano les regardait, vaguement écœuré. Nus et noirs ainsi que des fruits de mer, ils criaient en leur patois ; et, par-delà l’écume, la mer apparaissait à Stefano pareille à un paysage de verre, inutilement bruyante, et devant qui tous ses sens s’amenuisaient, comme l’ombre sous ses genoux. Il ferma les yeux, et le petit nuage de la pipe de Giannino passa devant lui. La tension devenait si douloureuse que Stefano se leva pour partir. Un gosse lui cria quelque chose. Sans se retourner, Stefano remonta vers le pays.
Stefano craignait que, cet après-midi, Elena vînt le retrouver. Ce matin, en se réveillant dans son lit, il l’avait tellement désirée, et charnellement ; et maintenant il n’en voulait plus. Il voulait demeurer seul, dans sa tanière. Les visages des autres dansaient autour de lui, rieurs, vagues, bruyants, sots, comme pendant le charivari de la veille : attentifs et hostiles ainsi qu’au début, ainsi qu’il y a une heure.

Auteur: Pavèse Césare

Info: Dans "Avant que le coq chante", La prison, trad. Nino Frank, éd. Gallilmard, 1953, page 151

[ besoin de solitude ] [ gens intolérables ]

 
Commentaires: 2
Ajouté à la BD par Coli Masson

enfer

L'abbé de Randan, un monastère d'Auvergne, fit un rêve dont ses religieux eurent à s'applaudir moins que lui. Sunniulphe (c'est cet abbé) fut, dans son rêve, conduit auprès d'un fleuve de feu, dans lequel venaient tomber une foule de gens, qui couraient sur les bords comme un essaim d'abeilles: les uns y étaient jusqu'à la ceinture, les autres jusqu'aux aisselles, plusieurs jusqu'au menton, et ils criaient avec beaucoup de gémissements à cause de la violence de la brûlure. Sur le fleuve était placé un pont si étroit, qu'à peine pouvait-il contenir la largeur du pied d'un homme. Sur l'autre rivage paraissait une grande maison toute blanche par dehors; et lorsqu'il demanda à ceux qui étaient avec lui ce que cela voulait dire, ils lui répondirent: "Celui qui sera trouvé lâche et mou à contenir le troupeau confié à ses soins, sera précipité du haut de ce pont. Celui qui s'y appliquera avec exactitude, passera sans danger, et arrivera plein de joie dans la maison que tu vois sur l'autre bord." En entendant ces paroles, il se réveilla et se montra depuis plus sévère envers les moines.

Auteur: Grégoire de Tours

Info:

[ songe ]

 

Commentaires: 0

vieillir

Ce matin, Jorge se réveilla vieux. Après avoir cru si longtemps être un homme vivant, il découvre à présent qu'il n'est qu'un homme mortel. Jorge supporte aujourd'hui toutes les années qu'il a accumulées sur les épaules, un poids qui le pousse vers le bas, dans une lutte qui oppose les jambes et le temps. Jorge aimerait se souvenir du sentiment de rage pour la ressentir, sinon la rage au moins la révolte, ou la peur ou l'effroi. Il devra se contenter d'une légère mélancolie, un vague mal être comme le froid dans les os et le souvenir d'avoir été meilleur.

Il y a des hommes tristes et des hommes joyeux et il y a aussi de vieux hommes. L'âge est une soupe froide d'émotions anciennes, des saveurs et des arômes qui surgissent au hasard dans la mémoire des vieux. Le temps use tout ce qu'il effleure, pierres et corps, il arrondit les angles de toute chose comme s'il en combattait les formes. Le temps nous mâche doucement pour que la mort nous trouve tendre et docile. La mort aussi est une vieille dame aux dents fragiles d'avoir tant rongé.

Auteur: Camarneiro Nuno

Info: Les hommes n'appartiennent pas au ciel

[ résignation ]

 

Commentaires: 0

femmes-hommes

Il était près de midi quand la chaleur de juillet réveilla enfin Amy Robinson et Jan Huebner. Jan s'était endormi comme une masse sur le lit d'Amy et elles se trouvaient allongées côte à côte, comme au temps où elles étaient camarades de chambre, se plaignant tour à tour de la vodka de mauvaise qualité et de l'âge mûr. Jan lui confessa qu'elle était ménopausée depuis quelques mois. "Aussi asséchée que la Pecos, dit-elle. Et tu sais ce qu'il fait ce salopard de Richard, sitôt qu'il voit ça, l'ordure, il me quitte pour trouver des eaux plus arrosées. Il me fait au revoir de la main. Un sourire. Et s'en va tranquillement.
- Arrête, arrête, arrête, dit Amy.
- Tu as raison, je suis grotesque. Jan gémit et se rassit. Son rouge à lèvres Prune de Minuit était assorti aux poches bouffies qui lui cernaient les yeux. Une question importante, est-ce que la Pecos est asséchée ?
- Là, c'est une colle.
- Le Sahara, alors ?
- C'est déjà mieux. Mais à mon avis, ce n'est pas une rivière.
- Pas une rivière ?
- Je ne crois pas.
- Merde alors.

Auteur: O'Brien Tim

Info: juillet, juillet

[ règles ] [ cycles ]

 

Commentaires: 0

cunnilingus

Je me réveillai au son du premier coup de tonnerre ; dans un éclair de lumière blanche, aux côtés d'un homme qui embrassait et suçait mes tétons, une main fourrée entre mes cuisses. Écartant les replis de ma chair pour me pénétrer.

Alors que je gisais là, figée, incrédule, n'osant ni bouger ni respirer, l'homme cessa d'embrasser mes seins et descendit le long de mon ventre nu pour commencer à me lécher doucement, ses mains puissantes soulevant mes fesses pour me livrer à sa bouche. Un mélange féroce de souvenirs s'écoula en moi comme de l'acide : un grand bijou insectoïde dévorant une femme ; des rais de lumière se brisant sur du lichen jaunâtre, clip, clip, le vieux couteau laissant ses indentations dans le ciel de lit en bois. Sentir une langue en moi m'amena au bord de la frénésie ; je ne pouvais le supporter, non, pas cette nuit-là, il y avait si longtemps ; et pourtant, cela se reproduisit une fois de plus, je ne m'en étais pas sortie, non, et...

Ai-je hurlé lorsqu'un autre éclair déchira les ténèbres, me permettant de voir de qui il s'agissait?

Auteur: Joolz Denby Julianne Mumford

Info: Billie Morgan

[ gêne ]

 

Commentaires: 0

fin de nuit

La lune descendait lentement, en beauté, elle s'enfonçait dans les profondeurs de l'horizon, et de longues ombres voilées glissaient dans le ciel, au  travers desquelles apparaissaient les étoiles. Bientôt, cependant, elles se mirent à pâlirent elles aussi devant une splendeur à l'est, et l'aube s'annonça dans le bleu naissant du ciel. La mer devint de plus en plus calme, aussi calme que la douce brume qui couvrait son sein et dissimulait ses troubles, tout comme dans notre vie tumultueuse les couronnes éphémères du sommeil recouvrent l'âme meurtrie et lui font oublier son chagrin. Les anges de l'Aurore s'élancèrent de l'orient à l'occident, d'une mer à l'autre, d'un sommet à l'autre, répandant la lumière sur leur poitrine et sur leurs ailes. Ils sortaient des ténèbres, parfaits, glorieux, et avançaient sur la mer calme, sur la basse côte, sur les marais au-delà, et sur les montagnes au-dessus ; sur ceux qui dormaient en paix et sur ceux qui se réveillaient dans la peine ; sur les méchants et les bons ; sur les vivants et sur les morts ; sur le vaste monde et sur tout ce qui y respire ou y a respiré.

Auteur: Haggard Henry Rider

Info: She: A History of Adventure

[ épique ] [ matin ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par miguel

matin

J’ai embrassé l’aube d’été.

Rien ne bougeait encore au front des palais. L’eau était morte. Les camps d’ombres ne quittaient pas la route

du bois. J’ai marché, réveillant les haleines vives et tièdes, et les pierreries regardèrent, et les ailes

se levèrent sans bruit.

La première entreprise fut, dans le sentier déjà empli de frais et blêmes éclats, une fleur qui me dit son nom.

Je ris au wasserfall blond qui s’échevela à travers les sapins : à la cime argentée je reconnus la déesse.

Alors je levai un à un les voiles. Dans l’allée, en agitant les bras. Par la plaine, où je l’ai dénoncée au coq.

A la grand’ville elle fuyait parmi les clochers et les dômes, et courant comme un mendiant sur les quais de marbre,

je la chassais.

En haut de la route, près d’un bois de lauriers, je l’ai entourée avec ses voiles amassés, et j’ai senti un peu

son immense corps. L’aube et l’enfant tombèrent au bas du bois.

Au réveil il était midi. 



 

Auteur: Rimbaud Arthur

Info: Illuminations. Aube

[ poème ] [ nature ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par Le sous-projectionniste