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nivellement

La fortune de cette notion [fierté], transférée directement de l’anglais pride, manifeste aussi la défaite radicale de tout ce qui avait été, dans les temps anciens, vanté sous le nom d’ "humilité" ou de "modestie". Le paradoxe est que cette "humilité" ou cette "modestie", d’origine essentiellement chrétienne, avaient servi à combattre, comme autant d’absurdités ou de prétentions dérisoires, les anciennes prétentions païennes à la reconnaissance inégalitaire, réduites finalement à l’état de vanités, et considérées en fin de compte comme des signes de la misère de l’homme. La vieille passion de la "gloire" avait volé en éclats sous l’effet de cette critique, et cette défaite avait ouvert la voie au triomphe de la reconnaissance égalitaire que les révolutions des deux derniers siècles ne firent que mettre en application de manière efficace. En d’autres termes, c’est l’humilité elle-même qui, en détruisant l’ancienne vanité inégalitaire, a frayé la route à une nouvelle vanité infiniment moins fragile qui, sous le nom démocratique de fierté, étend partout son despotisme.

Auteur: Muray Philippe

Info: Dans "Exorcismes spirituels, tome 4", Les Belles Lettres, Paris, 2010, page 1629

[ christianisme ] [ conséquence imprévue ] [ égalitarisme ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

divertissement

Par tout pays, tout citoyen, digne de ce nom, dispose, entre ses travaux et ses repas, d’environ trois heures de loisir par jour. Il comble, à l’ordinaire, ces moments de répit à l’aide d’une petite causerie, digestive et innocente, sur les affaires de sa patrie. Or, s’il ne se passe rien de marquant ni de "grave", sur quoi pourra-t-il fonder sa discussion ? — Il s’ennuiera, faute de sujet d’entretien : — et l’ennui des citoyens est fatal presque toujours aux chefs des États. Le bras est près de fonctionner quand la langue est oisive, et, comme il faut remplir les trois heures précitées, le causeur d’hier devient l’émeutier d’aujourd’hui. Voilà le triste secret des révolutions.

Il me paraît donc du devoir de tout bon gouvernement de susciter, le plus souvent possible, des guerres, des épidémies, des craintes, des espérances, des événements de tout genre (heureux ou malheureux, peu importe), des choses, enfin, capables d’alimenter la petite causerie innocente et digestive de chaque citoyen.

Auteur: Villiers de l'Isle-Adam Auguste de

Info: Dans "Tribulat Bonhomet", Tresse et stock, Paris, 1887, pages 66-67

[ prévention ] [ anti-émeute ] [ fake news ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

frustration

Joyeux libertaires qui me sommez d'être autonome, vous vitupérez l'autorité mais vous ne cessez de vous contraindre, vous célébrez la paresse mais vous avez honte de ne rien faire pour la révolution. Votre haine de la marchandise abrite une haine plus profonde, celle qui vous atteint à vous voir, dans le miroir de la vie absente, de plus en plus semblables à ce que vous combattez. Ce qui vous intéresse dans la lutte finale, c'est d'en finir avec vous-mêmes. Le refus de la société dominante est devenu aussi ennuyeux et contraignant que son acceptation parce que l'une et l'autre attitudes obéissent au même maître. Curés du négatif, héros de la pureté radicale, le vieux monde se perd désormais très bien tout seul. Puisque la marchandise progresse en se niant, elle s'engraisse d'autant mieux de vos critiques qu'elles découlent la plupart du temps de vos propres réflexes économiques: contrainte du paraître, travail de la volonté de puissance, culpabilité du règlement de compte, défoulement du manque à vivre.

Auteur: Vaneigem Raoul

Info: Le Livre des Plaisirs

[ consumérisme ]

 

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coutumes

Aux Etats-Unis en particulier, la liquidation des racines a été considérée comme la condition essentielle du développement et de la liberté. Les symboles dominants de la vie américaine, la "frontière" et le melting pot, incarnent, entre autres, cette croyance selon laquelle seuls les déracinés peuvent accéder à la liberté intellectuelle et politique.
Ce modèle implicite d’éducation éclairée exige d’être révisé. Il est à bien des égards profondément fallacieux. Il sous-estime la solidité et la valeur des attachements traditionnels. Il donne à tort l’impression d’une stagnation intellectuelle et technologique des sociétés "traditionnelles", et il encourage par la une surestimation des réalisations de l’esprit moderne émancipé. Il présente le sens du lieu et le sens du passé comme absolument réactionnaires dans leurs implications politiques, ignorant le rôle important qu’ils ont joué dans les mouvements démocratiques et les révolutions populaires. Non seulement il exagère les effets politiques du déracinement, mais il défend une conception très pauvre de la liberté. Il confond en effet, la liberté avec l’absence de contraintes.

Auteur: Lasch Christopher

Info: Culture de masse ou culture populaire ?

[ socle ] [ folklore ] [ essentiel ] [ irresponsabilité ]

 

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être humain

L'IA ne saurait se réduire à une simple évolution linéaire de la technique informatique ; elle porte en elle un potentiel révolutionnaire de tout ce que nous connaissons et de tout ce que nous sommes. En ce sens, faisant écho à Freud, qui voit dans les avancées de la science trois blessures narcissiques portées à l'humanité, le philosophe Mark Alizart en entrevoit une quatrième avec l'émergence de ces machines pensantes en mesure de nous dépasser.

Rappelons les trois premières pour saisir l'ampleur de la menace. La première faille narcissique fut la découverte pour l'Homme de ne pas être au centre de l'Univers, grâce à Copernic. La deuxième faille narcissique fut la découverte pour l'Homme de ne pas être une espèce à part dans le règne du vivant, mais seulement le fruit de l'évolution, grâce à Darwin. La troisième faille fut la découverte pour l'Homme, ou plus précisément pour le moi, de ne pas être maître dans sa propre maison, selon la célèbre formule de Freud.

Auteur: Bertolucci Marius

Info: L'Homme diminué par l'IA

[ évolution ] [ humilité ] [ anthropocentrique ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

audiovisuel

Ce n'est pas la pub qui a créé la grande révolution dans le montage, c'est la télévision. En montage publicitaire on ne peut pas attendre que le personnage ferme la porte, donc on brusque le raccord ; il n'y a pas de temps morts. Mais la vraie influence a été celle de la télé : si aux actualités ils avaient un exposé court de deux minutes à faire sur De Gaulle en Afrique, ou l'interview d'un ministre, on coupait carrément dans le type qui parle pour en mettre le maximum. L'image saute mais tous les spectateurs acceptent ça très bien. Ça anticipe exactement le célèbre interrogatoire à la maison de correction du petit Doinel dans Les Quatre Cent Coups de Truffaut et l'interview de Melville dans A bout de souffle de Godard. C'est de la pure télé. Les gens de cinéma ont été très marqués par cette technique du récit. Le film publicitaire faisait ça bien avant, mais ça n'avait pas eu d'impact.


Auteur: Colpi Henri

Info: Propos recueillis dans "Cinématographe", n°79, juin 1982 - cité dans "Passage du cinéma", éd. Ansedonia, p.500

[ antécédence ] [ accélération ] [ références cinématographiques ]

 

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Ajouté à la BD par Benslama

biais

Les thèmes du livre (*) ne le distinguent pas de la littérature antisémite habituelle et le situent dans la suite des falsifications classiques, les Documents des Sages de Sion et le discours de Simeon ben Jehuda (**) (p.277). Il passe en revue la participation des Juifs à la Révolution russe, leur union avec les francs-maçons, leur contingent dans l'armée française, dans la population de Paris, les unes aussi sûrement fantasmatiques que les autres. Si le livre sort du lot des écrits antisémites habituels, cela tient en premier lieu à la personne de l'auteur. Céline a montré dans ses romans et dans son pamphlet Mea culpa qu'il n'a pas d'autre moyen d'expression à sa disposition que l'invective, quel que soit le sujet. Le nouveau livre perd constamment de vue son objet pour se tourner vers diverses figures impopulaires sur lesquelles porte l'animosité de l'auteur. L'unité du sujet est retrouvée lorsque Racine (p.219), Montaigne (p.125), Marat (p.276), Chesterton (p.189) sont présentés comme des enjuivés.

Auteur: Benjamin Walter

Info: Lettre du 7 mars 1938, dans "Lettres sur la littérature", éd. ZOE, p. 84-85 - (*) le livre dont il est question est "Bagatelles pour un massacre" (**) référence au roman antisémite "Biarritz" de Sir John Retcliffe (pseudonyme de Herman Goedsche), dans lequel il est question d'un "complot juif", thème qui se propage en Europe dans les années 30

[ critique littéraire ] [ obsession ]

 
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Ajouté à la BD par Benslama

résumé

Nul artiste pourtant n'a été plus fidèle que lui, plus casanier. Il est né enraciné. Sans la tradition nourricière, sans l'héritage, sans Mozart bien-aimé, sans le siècle tel qu'il l'a pris, accepté et vécu (et vaincu, de cette seule victoire qu'on puisse avoir sur le siècle, tout artiste qu'on est : lui survivre), il eût peut-être été incapable de créer. Il conduit sa vie, et cette plus vivante vie, la fécondité créatrice, jusqu'à l'âge biblique de quatre-vingt-cinq ans. Et en famille. Pourtant il n'est mort ni patriarche ni prophète. Tout prédestinait cette existence à n'être qu'un parcours lisse. Elle a su traverser indemne tant de révolutions en art. Deux guerres mondiales ont quand même fini par la ruiner. La tourmente finale des années quarante l'obligeait à chercher son pain et son toit en exil. Qu'emmenait-il avec lui ? Presque rien, presque tout : ses quatre-vingts ans, sa femme, Pauline, et une capacité intacte de se laisser émouvoir par le monde, et de le dire au moyen de la musique.

Auteur: Tubeuf André

Info: Richard Strauss ou Le voyageur et son ombre

[ trajectoire ] [ compositeur classique ]

 

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Ajouté à la BD par Le sous-projectionniste

homme-animal

Je n'aime pas particulièrement le mot "travail". Les êtres humains sont les seuls animaux qui ont à travailler, je pense que c'est la chose la plus ridicule au monde. Les autres animaux gagnent leur vie en vivant, mais les gens travaillent comme des fous, pensant qu'ils doivent le faire pour rester en vie. Plus le travail est important, plus le défi est grand, plus ils le trouvent merveilleux. Il serait bon d'abandonner cette façon de penser et vivre une vie facile et confortable avec beaucoup de temps libre. Je pense que la façon dont les animaux vivent sous les tropiques, sortir dehors le matin et le soir pour voir s'il y a quelque chose à manger, et faire une longue sieste l'après-midi, doit être une vie merveilleuse. Pour l'être humain, une existence d'une telle simplicité serait possible si l'on travaillait à produire directement ses nécessités quotidiennes. Dans une telle vie, le travail n'est pas le travail tel qu'on le conçoit généralement, mais simplement faire ce qui doit être fait.

Auteur: Fukuoka Masanobu

Info: La révolution d'un seul brin de paille : Une introduction à l'agriculture sauvage

[ labeur ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

monde inconnu

Si l’inconscient peut contenir tout ce qui est connu comme fonctions de la conscience, la possibilité s’impose qu’à la fin il possède également comme le conscient un sujet, c’est-à-dire une sorte de moi. Cette conclusion s’exprime dans la notion qu’on ne cesse d’utiliser, de subconscient. Toutefois ce dernier terme prête quelque peu à malentendu, puisqu’il désigne soit ce qui est "sous la conscience", soit un "bas" de la conscience, une conscience inférieure, c’est-à-dire une conscience secondaire. En même temps l’hypothèse d’un "subconscient" auquel vient immédiatement s’adjoindre un "supraconscient" laisse présager ce qui m’importe particulièrement ici, à savoir le fait que l’existence d’un second système psychique existait à côté de la conscience […] est d’une signification absolument révolutionnaire, étant donné que l’image que nous avons du monde pourrait s’en trouver transformée de fond en comble. Si nous pouvions faire passer dans la conscience du moi, ne serait-ce que les perceptions qui se reproduisent dans un second système psychique, nous obtiendrions la possibilité d’élargissements inouïs de l’image du monde.

 

Auteur: Jung Carl Gustav

Info: Dans "Les racines de la conscience", trad. Yves Le Lay, éd. Buchet-Chastel, Paris, 1971, pages 490-491

[ fantasme ] [ sujet supposé savoir ] [ polarisés ] [ déhiérarchisation ]

 
Mis dans la chaine

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Ajouté à la BD par Coli Masson