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homme-par-homme

Je ne l'avais pas revu depuis près de quarante ans, pas depuis l'âge de quatorze ans (il en avait alors vingt) mais j'avais gardé le goût des Lucky et de la Budweiser sur ses lèvres, la sensation de ses bras puissants qui se refermaient autour de moi, le souvenir de la manière délibérée dont il avait soigneusement plié son pantalon au lieu de le jeter à terre, comme moi, dans une hâte romantique.

Auteur: White Edmund

Info: Ecorché vif

[ nostalgie ] [ homosexuels ]

 

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chômage

... comment faire pour tenir dix jours avec quarante euros ?
Comment faire ou plutôt comment non-faire : non-acheter, non-sortir, non-vouloir, non-métro, non-bus, non-shopping, non-desserts, non-viande, non-bière, non-marché, non-cinqfruitsetlégumes-frais, non-café, non-imprévus, non-nouvelles factures, non-nouvelles charges ? Ces pensées se refermaient sur moi jusqu'à bloquer mes poumons dans une non-respiration qui m'aurait sans doute amenée à une oui-crise d'angoisse puis à une séance de contemplage de plafond, lorsque mon ordinateur émit un bip qui me fit violemment sursauter.
C'était un mail d'Hector, mon grand ami.

Auteur: Divry Sophie

Info: Quand le diable sortit de la salle de bains, p 17

[ privation ] [ pauvreté ] [ fauché ]

 

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gouvernants

Alors qu'il en arrivait à sa conclusion, Chérif coupa le son du téléviseur. Pendant quelques minutes, nous regardâmes le président parler sur l'écran, sans entendre ses mots. Ses lèvres s'ouvraient et se refermaient sur le silence. Il mastiquait le vide avec force.

- C'est exactement ce que vit le pays, constata Chérif. Nos dirigeants nous parlent de derrière un écran, une vitre qu aucun son ne traverse. Personne ne les entend. Ça ne changerait rien si on les entendait. On n'en a plus besoin pour savoir qu'ils ne disent pas la vérité. Le monde derrière la vitre est un aquarium. Nos dirigeants, par conséquent, ne sont pas des hommes mais des poissons : des mérous, des cabillauds, des silures, des espadons, des brochets, des morues, des soles et des poissons-clowns. Et beaucoup de requins, bien sûr. Mais le pire, quand on regarde leurs visages de poissons, c'est qu'ils semblent nous dire : à notre place, vous ne feriez pas mieux. Vous décevriez comme nous décevons.

Auteur: Mbougar Sarr Mohamed

Info: La plus secrète mémoire des hommes

[ politiciens ] [ impuissants ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

quintils

On appelle limericks de petits poèmes de forme fixe, où l'effronterie et le mordant de l'épigramme s'allient à la malice enjouée de la charade rimée. La ville de Limerick en a fourni le prototype et leur a donné son nom. J'ai gardé un joyeux souvenir de cette ville : la joie était dans toutes les rues, apportée par la musique de la cornemuse ; ce n'était que bouts rimés, calembours et jeunes filles souriantes. Cette joie nous l'avions déjà rencontrée sur la route de Dublin à Limerick : des écoliers de tous âges — beaucoup nu-pieds — trottaient gaiement sous la pluie d'octobre ; on les voyait venir de loin entre les haies, par les chemins boueux, innombrables, courant les uns vers les autres, s'unissant, s'agglutinant comme gouttes de pluie dans une rigole ; puis la rigole devenait un ruisseau qui devenait un peu plus loin une rivière dont les eaux s'écartaient parfois, avec une bruyante complaisance, pour laisser passer une auto. La route restait vide quelques secondes quand l'auto avait fait s'égayer un groupe important, puis les eaux se refermaient, les gouttes retombaient dans la rivière : jeunes écoliers irlandais souvent vêtus au petit bonheur de vêtements aux rapiéçages multicolores ; ils se bousculaient en riant et ceux qui ne montraient pas de la gaieté n'en paraissaient pas moins insoucieux ; ils trottaient ainsi pendant des heures sous la pluie, pour aller en classe et pour en revenir, tenant d'une main leur batte de hurling et de l'autre leurs livres attachés par une courroie. Pendant cent quatre-vingt kilomètres l'auto traversa des troupes d'écoliers, dont beaucoup étaient vêtus pauvrement, mais presque tous avaient l'air heureux.

Auteur: Böll Heinrich

Info: Journal irlandais

[ bouts rimés ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

poésie

Pour écrire un seul vers, il faut avoir vu beaucoup de villes, d’hommes et de choses, il faut connaître les animaux, il faut sentir comment volent les oiseaux et savoir quel mouvement font les fleurs en s’ouvrant le matin. Il faut pouvoir repenser à des chemins dans des régions inconnues, à des rencontres inattendues, à des départs que l’on voyait longtemps approcher, à des jours d’enfance dont le mystère ne s’est pas encore éclairci, à ses parents qu’il fallait qu’on froissât lorsqu’ils vous apportaient une joie et qu’on ne la comprenait pas (c’était une joie faite pour un autre), à des maladies d’enfance qui commençaient si singulièrement, par tant de profondes et graves transformations, à des jours passés dans des chambres calmes et contenues, à des matins au bord de la mer, à la mer elle-même, à des mers, à des nuits de voyage qui frémissaient très haut et volaient avec toutes les étoiles – et il ne suffit même pas de savoir penser à tout cela. Il faut avoir des souvenirs de beaucoup de nuits d’amour, dont aucune ne ressemblait à l’autre, de cris de femmes hurlant en mal d’enfant, et de légères, de blanches, de dormantes accouchées qui se refermaient. Il faut encore avoir été auprès de mourants, être resté assis auprès de morts, dans la chambre, avec la fenêtre ouverte et les bruits qui venaient par à-coups. Et il ne suffit même pas d’avoir des souvenirs. Il faut savoir les oublier quand ils sont nombreux, et il faut avoir la grande patience d’attendre qu’ils reviennent. Car les souvenirs ne sont pas encore cela. Ce n’est que lorsqu’ils deviennent en nous sang, regard, geste, lorsqu’ils n’ont plus de nom et ne se distinguent plus de nous, ce n’est qu’alors qu’il peut arriver qu’en une heure très rare, du milieu d’eux, se lève le premier mot d’un vers.

Auteur: Rilke Rainer Maria

Info: Les Cahiers de Malte Laurids Brigge (1910)

[ expériences ] [ vécu ] [ sensibilité ] [ sensations ] [ conseil d'écriture ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson