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oreille bienveillante

Les choses les plus importantes sont les plus difficiles à formuler. Ce sont celles qui amènent une certaine honte, parce que les mots les diminuent - les mots rétrécissent des choses qui paraissaient illimitées dans notre tête et qui n'ont plus qu'une taille humaine une fois exprimés. Mais c'est plus que ça, n'est-ce pas ? Les choses les plus importantes se situent bien trop près de l'endroit où est enfoui notre cœur secret, comme les indices d'un trésor que vos ennemis voudraient vous dérober. Et il se peut que certaines révélations vous coûtent cher, que les gens vous regardent d'une drôle de façon, sans comprendre ce que vous avez dit, ou pourquoi c'était si important vu que vous avez presque pleuré en le disant. C'est le pire, je pense. Quand le secret reste enfermé à l'intérieur, non par faute d'un diseur, mais par faute d'une écoute compréhensive.

Auteur: King Stephen

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[ thérapie ] [ langage ] [ limitation ]

 
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Ajouté à la BD par miguel

symbole

La ville se reflète dans mille yeux, mille objectifs. Car ce ne sont pas seulement le ciel et l’atmosphère, pas seulement les publicités lumineuses sur les boulevards du soir qui ont fait de Paris la "ville lumière". Paris est la "ville miroir" : l’asphalte poli comme un miroir de ses avenues. Devant tous les cafés des parois de verre ; les femmes se regardent ici plus encore qu’ailleurs. La beauté des Parisiennes est sortie de ces miroirs. Avant que l’homme ne les aperçoive, elles ont déjà interrogé dix miroirs. Une débauche de miroirs entoure aussi l’homme, surtout au café (pour les rendre plus clairs à l’intérieur et pour donner une agréable profondeur à tous les enclos et les boxes minuscules qui partagent les établissements parisiens). Les miroirs sont l’élément spirituel de cette ville, son emblème, à l’intérieur duquel sont venus s’inscrire les emblèmes de toutes les écoles poétiques.

Auteur: Benjamin Walter

Info: Dans "Paris, la ville dans le miroir" in Images de pensée, page 101

[ description ] [ Paname ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

média

Je n'ai pas de poste de télévision. La voix polyphonique de la radio, provenant de tous les horizons, de tous les milieux, me suffit. Elle tisse sur divers tons la rumeur mouvante du temps qui passe. ( .... )
Ceux qui sont quotidiennement gavés d'images télévisuelles en savent-ils plus, en apprennent et comprennent-ils plus que moi ? J'en doute. Ils les regardent sans les voir, les voient sans les regarder, ces images des guerres, des tragédies, des désastres. Elles se mêlent à celles de films de crimes et de catastrophes, à celles des publicités, elles s'y confondent, s'y diluent. Et quand elles sont trop violentes, effroyables, elles plongent leurs spectateurs dans un état de fascination. Une fascination morbide au sortir de laquelle ils émergent mi-hébétés, mi-incrédules. El la grande foire sanglante continue, le mal se rit de son public, il renouvelle ses coups d'esbroufe en surenchérissant dans l'outrance, le mauvais goût.

Auteur: Germain Sylvie

Info: Chanson des mal-aimants, Gallimard 2002, p. 238 et suivantes

[ vingtième siècle ] [ abrutissement ]

 

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techno-dépendance

Dans le wagon, les passagers ont ouvert leur ordinateur portable sur la tablette. Ils regardent un film, ils remplissent des tableaux, ils rédigent un mail. D’autres ont les yeux rivés sur leur téléphone. Ils sont tous captés. Il n’y a plus de corps sans son extension, parmi les individus qui peuvent se payer un billet de train. Il y a bien un homme, à quelques sièges de là, la cinquantaine, qui lit son journal, à l’ancienne. Il gêne légèrement son voisin, avec le coude, quand il tourne une page. Il est le seul qui ne ferme pas sa vision par un écran. Même l’enfant de cinq ans ne dérange personne en braillant dans les couloirs, car il semble hypnotisé par un dessin animé. A ses côtés, la mère regarde ce qu’il regarde, sans le casque, elle n’a pas une seconde à perdre pour le paysage, et encore moins pour ce qui l’entoure.

Auteur: Despentes Virginie

Info: Vernon Subutex, tome 3

 

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Ajouté à la BD par miguel

informatique

La troisième guerre mondiale a éclaté. Les militaires ont mis au point un ordinateur ultra puissant, auquel ils peuvent soumettre des problèmes tactiques particulièrement ardus. Cet outil de recherches en intelligence artificielle est d'une puissance de calcul stupéfiante. L'état-major a fait entrer un maximum de données : les règlements militaires, l'état des armements, toutes les campagnes de Jules César et de Napoléon, les grandes guerres mondiales et les guérillas de tous les continents, les données de la géographie et de la politique mondiale, et même l'âge du capitaine. Lui ayant fait ingurgiter les données, ils posent la question :
- Faut-il attaquer aujourd'hui ou remettre l'attaque à un autre jour ?
L'ordinateur émet quelques cliquetis, une série de bips et soudain, la réponse jaillit :
- Oui.
Les généraux se regardent, perplexes. L'un d'eux décide d'agir : il s'approche du clavier et tape une autre question :
- Oui quoi ?
L'ordinateur répond, instantanément :
- Oui mon général !

Auteur: Internet

Info:

[ humour ]

 

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rapports humains

Je m'appelle François Feldman, comme l'aut' con. Mais je suis pas chanteur. Et je suis pas juif. Depuis toujours quand je dis mon nom on me demande : "Comme le chanteur?" Quand je suis énervé je réponds : "Pis ta mère, tapette ?" Et quand je suis calme je dis que oui, c'est mon oncle. Là, les gens ne savent plus quoi dire et ils sourient bêtement. Ils sont écrasés par le poids de la célébrité et ils me regardent autrement. Sinon, on me demande souvent si je suis juif. "Feldman, Feldman... c'est juif, non ?" Quand je suis énervé je réponds : "Pis ta mère, tapette ?".  Et quand je suis calme je dis que oui, je suis feuj. Gros silence. Les gens n'ont rien contre les juifs mais ils n'aiment pas être avec eux, ils ignorent ce qu'il faut dire ou ne surtout pas dire, ils sont comme des cons et c'est ça qu'ils n'aiment pas : être comme des cons.

Auteur: Schwartzmann Jacky

Info: Demain c'est loin

[ ludiques ] [ identité ] [ assignation sémantique ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

cirque

Être en apesanteur dans la pesanteur, je peux.
Je peux. Je vole.
Je ne peux pas léviter. Je peux.
Je peux léviter peu de temps.
Ce calembour, je ne peux pas l'éviter.
Me pendre à une corde par le cou et rester comme ça, sans y rester, je ne peux pas.
Je veux faire des phrases qui se contorsionnent et qui tordent la logique.
Des phrases de Gugusse, des phrases de clown blanc.
Ceux qui me regardent ne peuvent pas tout cela que je peux, même en amateurs volontaires.
Je ne peux pas pincer mon nez avec mon cul. Je peux.
Bondir comme un pneu, je peux mon n'veu.
Je suis sur la plante de mes pieds qui sont sur la selle qui est sur le cheval au galop sur la piste. Je tiens, je le veux.
Plus vite ! Je peux.
Mon corps est malléable, très.
Je ne peux pas marcher sur le fil tendu de mes boyaux. Je ne peux pas. Je ne suis pas sûr de le vouloir.

Auteur: Jouet Jacques

Info: "Pensées du cirque", in "Sac à dos, une anthologie de poésie contemporaine pour lecteurs en herbe", éd. Le Mot et le Reste, p. 152-153

[ expériences de pensée ] [ imagination ] [ potentialités ]

 

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Ajouté à la BD par Benslama

cité imaginaire

A Ersilia, pour établir les relations qui régissent la vie de la cité, les habitants tendent des fils entre les bords des maisons, blancs ou noirs ou gris ou noir et blanc selon qu'ils marquent des relations de parenté, d'échange, d'autorité, de représentation. Lorsqu'il y a tellement de fils qu'on ne peut plus passer entre eux, les habitants partent : les maisons sont démantelées ; ne restent que les fils et les supports des fils. Du flanc d'une montagne, campés avec leurs biens domestiques, les réfugiés d'Ersilia regardent l'enchevêtrement de fils tendus et de perches qui s'élèvent dans la plaine. C'est toujours la ville d'Ersilia, et ils ne sont rien. Ils reconstruisent Ersilia ailleurs. Ils tissent avec les fils une figure similaire qu'ils voudraient plus compliquée et en même temps plus régulière que la précédente. Ainsi, en parcourant le territoire d'Ersilia, on rencontre les ruines de villes abandonnées, sans les murs qui ne durent pas, sans les os des morts que le vent fait rouler : des réseaux de relations complexes qui cherchent une forme...

Auteur: Calvino Italo

Info: Villes invisibles

[ mouvantes ossatures ]

 

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se dénuder

Il éprouvait une gêne intolérable : tout le monde était habillé, alors que lui était dévêtu, et, chose étrange, une fois dévêtu, il se sentit en quelque sorte coupable envers eux, surtout il était prêt à reconnaître lui-même qu’effectivement, il était soudain devenu leur inférieur à tous et que maintenant ils étaient pleinement en droit de le mépriser. "Quand tout le monde est déshabillé, on n’a pas honte, mais lorsqu’on l’est seul et que tous vous regardent, quelle ignominie !" Cette pensée lui traversait encore et encore l’esprit. "C’est comme en rêve, en rêve j’ai quelquefois subi une pareille honte." Mais retirer ses chaussettes lui causait même de la souffrance : elles n’étaient pas propres, son linge de corps non plus, et maintenant tout le monde l’avait vu. Et surtout, il n’aimait pas lui-même ses pieds, il avait toute sa vie, sans savoir pourquoi, trouvé laids ses gros orteils, notamment l’ongle grossier, plat, incurvé du pied droit, et voici qu’à présent ils allaient tous le voir. De honte intolérable il devint encore plus grossier, cette fois délibérément. Il arracha lui-même sa chemise.

Auteur: Dostoïevski Fédor Mikhaïlovitch

Info: Dans "Les Frères Karamazov", volume 2, traduction d'Elisabeth Guertik, le Cercle du bibliophile, page 202

[ flux de conscience ] [ à poil ] [ rabaissement ] [ embarras ]

 
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routines

Plus sérieusement, je me demande quelle est la prison intérieure des gens en général. Je connais des personnes qui passent pour parfaitement normales, qui vont travailler le matin, restent au bureau le soir jusqu'à je ne sais quelle heure, puis prennent le métro, rentrent chez elles, regardent la télé pendant une heure, se font à manger, se couchent, avant de recommencer le lendemain. Quand on entame une conversation avec elles, il y a peut-être deux ou trois sujets à aborder, et en dix secondes on est déjà parvenu au bout de leurs convictions. Par exemple, elles soutiennent tel ou tel club de foot, votent pour tel ou tel parti. Quand on essaie de leur demander pourquoi, elles répondent: mais tu vois bien que l'autre, c'est un imbécile! Lui, il va gagner, c'est évident, vous avez vu comme l'autre est nul! Ces gens-là sont considérés comme normaux et libres. Si on prend la peine de regarder honnêtement les personnes avec autisme, je crois qu'elles manifestent pour beaucoup, sur un bon nombre de points, une plus grande souplesse que ces autres personnes.

Auteur: Schovanec Josef

Info: Je suis à l'Est !

[ simplifications ]

 

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