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écrivain-sur-écrivain

Il aura assisté à des cérémonies monstres. Il se sera senti insulté dans son humanité souffrante par la pompe romaine incendiée de draperies. L'un des traits du ressentiment n'est-il pas d'ailleurs l'impuissance à admirer ? Une inhibition intestinale devant le Beau ? Un engorgement vengeur ? Sans doute, sans doute, nous dit Zola devant toutes ces merveilles, sans doute peut-on trouver cela magnifique. Mais que de sang ! Que d'obscurantisme ! Que d'âges de ténèbres ! Bref, il est incapable de jouir de ce qu'on appelle l'art et qui dévalorise même l'injustice et la misère. Il y a beaucoup trop à faire.

Auteur: Muray Philippe

Info: Exorcismes spirituels, tome I : Rejet de greffe. Zola, "Rome", l'abbé Froment au Vatican, p. 168

[ questions ] [ esthétisme ]

 

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Ajouté à la BD par Le sous-projectionniste

tuchê

Nous avons été, j’ai le plaisir de vous le rappeler, le dieu à venir de nos arrière-grands-parents, leur point de mire messianique. Le salut du monde a été suspendu à notre venue et, bien entendu, pour ne décevoir personne, nous sommes venus. Malheureusement nos arrière-grands-parents n’étaient déjà plus là pour juger si nous étions bien ceux qu’ils attendaient, et si l’âge des grands massacres donnait toute satisfaction à leurs espoirs exaltés. Mais enfin nous sommes venus, c’était sans doute que les Temps étaient accomplis, il ne nous reste plus qu’à nous retourner sur nous-mêmes et à commémorer, désenchantés, l’ère où on nous attendait, l’âge où on attendait encore quelque chose.

Auteur: Muray Philippe

Info: Dans "Exorcismes spirituels I - Rejet de greffe", pages 126-127. Tuchê : divinité tutélaire de la fortune, de la prospérité et de la destinée

[ poids ] [ destin ] [ culpabilité ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

portrait

Et c’est toujours le même spectateur, devant sa télé, toujours le même supporter bien hébété, bien abruti d’admiration, bien dévot de l’ordre établi et de tous les efforts imaginables pour se dépasser soi-même, toujours le même bonhomme en bois qui se lève pour Danone, qui prie l’idole Transparence chaque matin et qui ne sort jamais de chez lui sans sa batterie de capotes. Le voilà, le nouveau citoyen, le héros positif du totalitarisme disneylandien, le cow-boy bronzé que la fumée incommode ! Le voilà, le mannequin apostolique du nouveau despotisme, le produit de synthèse de l’Empire du Bonheur pour Tous, l’androïde issu de tous les sondages passés et à venir.

Auteur: Muray Philippe

Info: Dans "Exorcismes spirituels I - Rejet de greffe", pages 316-317

[ consumérisme ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

structure

Se raconter à soi-même qu’il y aurait une spiritualité perdue de la sexualité, un sexe comme sacré, comme rituel à retrouver, ce sont là des effets exactement, au XXe siècle, de ce que j’ai examiné dans mon livre comme dévotion occultiste, comme occultisme plus ou moins nettement dessiné et conscient ; se mettre ensemble pour aller de l’avant, en communauté, par rapport à cette question de sacré, se mettre en société, en social, pour progresser, voilà des effets de ce que j’ai étudié comme l’autre face de la dévotion occultiste, à savoir le socialisme ou les progressismes, l’ensemble formant la tenaille initiatique où se rêve l’organisme humain quand il parvient à se raconter qu’il peut lui arriver encore quelque chose.

Auteur: Muray Philippe

Info: Dans "Exorcismes spirituels I - Rejet de greffe", page 134

[ effet de discours ] [ grégaire ] [ mythe ] [ libido ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

fin de non recevoir

Le but de Sade est de faire sauter le maillon qui attache depuis toujours le plaisir sexuel à la procréation. Cette dernière étant la meilleure arme dont nous disposions pour nous empêcher d’abuser du plaisir, il est logique que, repoussant toutes les limitations, il en fasse le procès. Je le cite donc à nouveau : "Une jolie fille ne doit s’occuper que de foutre et jamais d’engendrer." Une fois encore, par qui un tel mot d’ordre court-il le risque d’être pris longtemps à la lettre ? Par personne. Donc Sade est inoffensif. D’ailleurs, pourquoi tue-t-on ? Au fond du fond ? Parce qu’on ne peut pas lire Sade. Parce qu’on ne veut pas, ou parce qu’on ne peut pas, avouer qu’on jouit du rêve de tuer.

Auteur: Muray Philippe

Info: Dans "Exorcismes spirituels I - Rejet de greffe", page 79

[ inacceptable ] [ lisser les contours ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

disneyland

Oh ! je ne me fais pas de soucis pour la Souris sacrée : son Royaume est de ce monde et elle aura un succès fou, c’est tout vu. Par cohortes, les détraqués viennent prendre un avant-goût du Cauchemar à thèmes. On se bouscule dans la boutique, on s’arrache les pin’s […], les peluches, les blousons et les autres gris-gris équipés des deux oreilles noires obsessionnelles. D’ailleurs, le voilà, justement : Mickey ! Là-bas ! C’est lui, sur le terre-plein, en chair et en peluche, envoyant des baisers à la foule en liesse ! Qu’est-ce que ça lui fait, au type ainsi accoutré, d’être un dessin incarné ? Quelle peut bien être sa vision du monde, derrière les hublots fumés de ce masque d’hydrocéphale, tandis que montent vers lui des cris d’enfants comblés ?

Auteur: Muray Philippe

Info: Dans "Exorcismes spirituels I - Rejet de greffe", page 324

[ folie collective ] [ entertainment ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

éloge

Son cœur était d'une profondeur insondable, il connaissait depuis longtemps l'humilité, la patience, le sacrifice. Sa petite maison au milieu des roses était d'une simplicité austère ; il connaissait l'inutilité du luxe, la joie de posséder peu. La modestie avec laquelle il portait sa renommée scientifique m'a souvent rappelé les arbres qui se courbent sous le poids des fruits mûrs ; c'est l'arbre stérile qui lève la tête haut dans une vantardise vide.

J'étais à New York lorsque, en 1926, mon cher ami est décédé. En larmes, j'ai pensé : "Oh, je marcherais volontiers jusqu'à Santa Rosa pour l'apercevoir encore une fois". M'enfermant à l'écart des secrétaires et des visiteurs, j'ai passé les vingt-quatre heures suivantes dans l'isolement...

Son nom est désormais entré dans le patrimoine du langage courant. Le Webster's New International Dictionary définit le verbe "burbank" comme un verbe transitif : Croiser ou greffer (une plante). D'où, au sens figuré, l'amélioration (d'un processus ou d'une institution) en sélectionnant les bonnes caractéristiques et en rejetant les mauvaises, ou en ajoutant de bonnes caractéristiques.

Bien-aimé Burbank, me suis-je écrié après avoir lu la définition, ton nom même est maintenant synonyme de bonté !

Auteur: Paramahansa Yogananda

Info: Autobiographie d'un Yogi. (à propos de la mort de son ami, l'éminent botaniste du 20ème siècle, Luther Burbank}

[ funèbre ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

normalisation

Je n’ai absolument pas besoin de lire le traité de Maastricht, sécrétion mégalomane, pataquès comploté par douze potentats en phase maniaque, pour savoir ce que c’est que l’Europe. Seules les conséquences de ce micmac lugubre dans la vie quotidienne m’intéressent ; pas les déclarations d’intention. Une "psychopathologie de la vie quotidienne" est d’ailleurs à réinventer : transmettre, à partir des moindres détails, à partir des plus futiles événements le dégoût de tout ce qui est sur le point de se mettre en place sous le nom d’Europe en serait l’un des axes principaux. Cette Europe, donc, j’en ai approché la réalité il y a quelques jours, quand je me suis fait refiler pour la première fois, au tabac du coin, mon premier paquet de Gitanes en chocolat formatées "aux nouvelles normes européennes". La Gitane de l’an 2000 était arrivée ! "Son diamètre a légèrement diminué, passant à 7.9mm", disait le petit mot d’excuse qui l’accompagnait. Légèrement, tu parles ! Elles n’ont plus que le papier sur les os ! Rabougries, ratatinées, rétrécies, abrégées, réduites, contractées, amaigries, nanifiées, ce ne sont plus des Gitanes, ce sont des résumés de cigarettes, des condensés, des digests, des saloperies dévaluées, amoindries, exténues, des difformités.

Auteur: Muray Philippe

Info: Dans "Exorcismes spirituels I - Rejet de greffe", page 331

[ arnaque ] [ enfantilisation ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

sécurité

Venue d’Allemagne, où elle s’est fait connaître vers la fin des années soixante-dix sous le nom de vorsorgeprinzip, cette "exigence de prudence préventive" comporte l’inestimable avantage, en ces temps d’effondrement de la raison discriminante, de procéder d’un si rayonnant irrationalisme que celui-ci se trouve aussitôt au diapason de la folie qui l’environne. Considéré au pied de la lettre, le principe de précaution n’implique pas seulement que l’on écarte de quelconques risques jugés possibles ou que l’on répare les dommages lorsqu’une catastrophe est arrivée, mais d’abord que l’on travaille à empêcher toute possibilité de risque, même lorsqu’il n’existe aucune preuve "scientifique" de lien causal entre telle source supposée de risque et tel dommage éventuel. [...]

De ce point de vue, le principe de précaution ne relève même plus de cette ère du soupçon qui aura défini la dernière période historique. Il serait plutôt l’indice d’un nouvel âge de la foi. Mais il s’agit d’une foi dans des dieux que personne encore n’avait réellement priés, en tout cas sous de tels noms : Prudence, Prévoyance ou Circonspection.

[...] Les masses du néo-monde, qui disent tout aimer de ce monde, sont également polyphobes de ce même monde dont elles désapprouvent tout sans clairement le savoir. De sorte qu’au moment même où de nouvelles phobies particulières sont inventées quotidiennement par les petits flics de la vie moderne, et que l’on se donne les moyens de les traquer, de les pénaliser, de les piloriser, c’est une phobie totale qui se développe, et aucune des phobies partielles récemment inventées ne fait le poids devant elle. Mais cette polyphobie ne se montre jamais que sous les apparences de l’ "irrationnel" ou de "paniques" disproportionnées, et ainsi n’est-elle pas encore vue comme phobie furieuse.

Auteur: Muray Philippe

Info: Dans "Exorcismes spirituels, tome 4", Les Belles Lettres, Paris, 2010, pages 1617-1618

[ historique ] [ définie ] [ contradiction ] [ rejet de greffe ] [ désamour ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

mort

Je revois donc cette chambre dont je parlais. La liste, allongée chaque jour, des médicaments inscrits sur un panneau au pied du lit. Je me souviens de la potion de Brampton en particulier. On m’avait expliqué qu’il fallait en augmenter les doses quotidiennement et qu’on ne pourrait plus revenir en arrière. Je réentends des mots, des expressions, des bribes de phrases. Radiographies, scintigraphies, vitesse de sédimentation, carcinome rénal, tumeurs. Radiothérapie, scanner, biopsie, chimiothérapie.

Et les noms des médicaments : Depoprodazone, Fortal, Solupred, Glifanan. Je revois le "matelas alternand" destiné à éviter les escarres. Et, sous le lit, ce petit sac en plastique, relié à la vessie, en train de se remplir lentement. Je revois les visiteurs et les visiteuses. Apitoyés, ennuyés, attentifs, pressés, tendres, impatients, rassurants. Pendant ce temps, les métastases, aussi imperturbables qu’invisibles, poursuivaient leur danse dévorante.

Cet engourdissement a duré jusqu’au réveil de la malade, je veux dire jusqu’à son entrée dans un délire terminal d’une éblouissante lucidité. Avec d’autant plus de violence qu’elle avait été longuement refoulée, la vérité s’est déchaînée alors, torrentielle, ravageant d’un seul coup le théâtre de semblant sous lequel on avait essayé de l’étouffer. Il y a eu des cris, des appels au secours, je les réentendrai toute ma vie. Comme j’aurai toujours dans l’oreille ses accusations : ceux qui l’approchaient portaient des "masques", on avait conspiré contre elle, le terme de "scénario" revenait tout le temps pour désigner ses quatre mois de torture : "Le scénario n’est vraiment pas fameux, je ne vous félicite pas ! … " (le visage hideux du Spectateur se révélait enfin).

C’était clair. Depuis le début, elle savait. Jamais un seul instant elle n’avait cru à ce qu’on lui racontait. Elle avait fait semblant, par politesse, c’est tout. Après cette bouffée de désenvoûtement radical, l’agonie est venue très vite.

Auteur: Muray Philippe

Info: Dans "Exorcismes spirituels I - Rejet de greffe", pages 287-288

[ hôpital ] [ acharnement thérapeutique ] [ cancer ] [ fin de vie ]

 

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