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philosophie

Concevant tout réel comme un dispositif, les Chinois ne sont point conduits à remonter la série, nécessairement infinie, des causes possibles ; sensibles au caractère inéluctable de la propension, ils ne sont pas portés, non plus, à spéculer sur des fins, seulement probables. Ne les intéressent ni les récits cosmogoniques ni les suppositions téléologiques. Ni de raconter le début ni de rêver un dénouement. Il n’existe, depuis toujours et pour toujours, que des interactions à l’œuvre, et le réel n’est jamais autre que leur incessant procès. Ce n’est donc point le problème de l’ "être" que les Chinois se posent selon sa conception grecque, opposé à la fois au devenir et au sensible, mais celui de la capacité de fonctionnement : d’où procède l’efficacité que l’on constate partout à l’œuvre au sein du réel et comment peut-on mieux en profiter ?

Auteur: Jullien François

Info: La Propension des choses

[ occident ] [ Asie ] [ distanciation ]

 

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culte du corps

Sans remonter au XV siècle où, en bohême, des sectes s'étaient formées après le schisme hussite qui avait remis en faveur la nudité adamique comme un moyen sûr de gagner le ciel, et qui avaient d'ailleurs fini par le massacre, j'avais souvent entendu parler de groupements germaniques dont les membres se réunissaient pour vivre sans vêtements. La lecture d'une revue allemande pour la propagation de la nudité revue consacrée à des questions d'esthétique et d'hygiène, voire d'eugénisme, m'avait mis sur la voie et indiqué qu'il existait dans les pays du nord des filiales de cette mutualité nouvelle, la nacktkultur. Une annonce dans la revue suédoise "beauté" fit le reste : Personnes des deux sexes, de race aryenne, désirant faire partie sérieuse dont les buts sont ceux de la revue Beauté, sont priées d'écrire boîte 78, poste restante à.... Succursales en pays nordiques.

Auteur: Morand Paul

Info: Ouvert la nuit (1922, 253p., p.227)

[ paganisme ] [ scandinavie ] [ naturisme ]

 

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christianisme

Dans le sens de ce dépassement va la signification que l’on peut tirer du mot "expier" : expiare, du grec hilaskomaï, de l’hébreu kipper, impliquant plus une réconciliation ("se montrer favorable à quelqu’un, se laisser réconcilier par Dieu") que le fait de "subir un châtiment". On peut en effet faire remonter le sens de "réconcilier" au grec allassô ("rendre autre", "se changer à l’égard de quelqu’un"). Ceci conduit à voir dans le "sacrifice" chrétien expiatoire plutôt l’offrande d’un don acceptable et accepté que la violence du sang versé. Cette altération généreuse de la "victime" en "offrande" salvatrice et médiatrice sous l’emprise d’un Dieu aimant en son principe est sans doute spécifiquement chrétienne. Elle représente une nouveauté que les mondes grec et juif ont ignorée, quand ils ne l’ont pas considérée, à la lumière de leurs propres cultes, comme scandaleuse.

Auteur: Kristeva Julia

Info: Dans "Soleil noir", éditions Gallimard, 1987, pages 142-143

[ étymologie ] [ mort ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

temps inversé

Remonter le fleuve, c’était se reporter, pour ainsi dire, aux premiers âges du monde, alors que la végétation débordait sur la terre et que les grands arbres étaient rois. Un fleuve désert, un grand silence, une forêt impénétrable. L’air était chaud, épais, lourd, indolent. Il n’y avait aucune joie dans l’éclat du soleil. Désertes, les longues étendues d’eau se perdant dans la brume des fonds trop ombragés. Sur des bancs de sable argentés des hippopotames et des crocodiles se chauffaient au soleil côte-à-côte. Le fleuve élargi coulait au travers d’une cohue d’îles boisées, on y perdait son chemin comme on eût fait dans un désert et tout le jour, en essayant de trouver le chenal, on se butait à des hauts fonds, si bien qu’on finissait par se croire ensorcelé, détaché désormais de tout ce qu’on avait connu autrefois, quelque part, bien loin, dans une autre existence peut-être.

Auteur: Conrad Joseph Teodor Korzeniowski

Info: Au coeur des ténèbres

[ régression temporelle ] [ jungle ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

mourir

La mort ne faisait pas souffrir. C'était la vie, cette atroce sensation d'étouffement : c'était le dernier coup que devait lui porter la vie. Ses mains et ses pieds, dans un dernier sursaut de volonté, se mirent à battre, à faire bouillonner l'eau, faiblement, spasmodiquement. Mais malgré ses efforts désespérés, il ne pourrait jamais plus remonter ; il était trop bas, trop loin. Il flottait languissement, bercé par un flot de visions très douces. Des couleurs, une radieuse lumière l'enveloppaient, le baignaient, le pénétraient. Qu'était-ce ? On aurait dit un phare. Mais non, c'était dans son cerveau, cette éblouissante lumière blanche. Elle brillait de plus en plus resplendissante. Il y eut un long grondement, et il lui sembla glisser sur une interminable pente. Et, tout au fond, il sombra dans la nuit. Ca, il le sut encore : il avait sombré dans la nuit. Et au moment même où il le sut, il cessa de le savoir.

Auteur: London Jack

Info: Martin Eden

[ littérature ] [ disparaître ]

 

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sdf

Dans la fin du ciel sombre je vois les putes qui frissonnent sur les trottoirs et qui lancent des Bébé l'amour plus que fatigués aux voitures, et puis les cloches qui dorment sous les bancs, puisque à cause de tout ce qu'on y soude impossible de s'allonger dessus. Le clochard à Paris il passe après le pigeon, le chien, le chat. Il est grosso merdo sur le même barreau que le rat sur l'échelle de la sympathie. Moi je m'en bats les couilles, je préfère les rats aux pigeons, au moins ils se contentent de chier par terre et pas depuis des hauteurs insoupçonnables. D'ailleurs pour prendre un peu d'air, un peu d'empathie dans le regard des gens, ils sont de plus en plus de clochards à se coller un lapin ou un autre truc mignon dans le col du manteau ou dans le creux des genoux. Ça donne aux autres une bonne raison de les regarder. Ça les fait remonter un peu dans le monde des humains.

Auteur: Johannin Simon

Info: Nino dans la nuit, pp 60-61, Allia, 2019

 

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Ajouté à la BD par miguel

formatage corporate

Loin de n'être que des outils sur lesquels nous gardons la main, ces pratiques agissent sur nous et intluencent notre subjectivation. C'est-à-dire notre capacité à devenir des individus autonomes. Inutile de chercher un ou des coupables précis. La responsabilité est collective puisque l'asservissement est consenti. Pas de machination, pas de complot; un air du temps peu à peu lesté de mille et mille slogans, réflexions, incantations difusés à partir de quelques textes sources et infiniment répétés. On pourrait croire qu'à remonter le fil des effets et des causes, la raison des choses s'embrume. Du néolibéralisme au capitalisme, du capitalisme à la mathématisation du monde et à lidée de se rendre "Comme maîtres et possesseurs de la nature". Ces divers maillons en sont pourtant venus à constituer une chaîne épaisse soudée par le calcul, la recherche de l'efficacité, la marchandisation et une rationalité abstraite. À cela s'ajoutent une certaine forme d'individualisme et une psychologisation générale de nos rapports, à nous-mêmes comme à autrui. Comme si, malgré les enseignements assénés depuis un siècle, nous étions devenus maîtres et possesseurs de nous-mêmes. Navrante illusion.

Auteur: Jobard Thierry

Info: Contre le développement personnel. Rue de l'échiquier, pp 14,15

[ totalitarisme doux ] [ fabrication du consentement ]

 
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Ajouté à la BD par miguel

homme-par-femme

Elle le sentait libre, cet homme, ce métis, avec ses mots pleins de lui-même. Il était libre en dedans grâce à ces sons qui emplissaient sa bouche et qu’il déclamait avec ferveur, extraits de son carnet comme des signes secrets et impénétrables. Lui-même, malgré sa présence chaude, demeurait une énigme, enveloppé dans un mystère insondable. Parfois dans le lit, nu, il regardait les papiers en parlant à voix basse. Elle avait l’intuition que si elle avait su déchiffrer les transcriptions, la lumière se lèverait sur lui; elle prendrait ses mots couchés sur le papier, les glisserait entre ses dents d’abord, dans sa bouche ensuite, les tournerait sur sa langue, les avalerait avec sa salive. Ils la nourriraient de son essence à lui, la conforteraient de leur douceur, la remueraient de leur tendresse ; ils remonteraient de son sein et elle les lui redonnerait en baisers sauvages et fougueux. Parfois il sortait de son sac une petite bouteille d’eau noire et un bâton auquel il ajoutait une pointe. De l’encre de Chine. Puis il traçait des lignes à main levée, sans hésiter. Elle voulait savoir.

Auteur: Pésémapéo Bordeleau Virginia

Info: L'amant du lac

[ fantasmé ] [ attirant ] [ romanesque ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

téléphone portable

– Tu envoies des messages de cul pendant que je te file un cours ? C’est quoi ton problème ?
– C’est pas moi qui écris, dit-il en soupirant. C’est elle.
– C’est cela oui. C’est forcément de sa faute.
– Lis mes réponses si tu veux. Je ne fais que lui dire que je suis occupé. Je n’y peux rien si elle ne comprend pas.
Je fais défiler les messages pour remonter dans la conversation et je découvre qu’il dit la vérité. Tous les messages qu’il a envoyés durant les trente dernières minutes expliquent qu’il est occupé, qu’il révise et qu’il parlera plus tard. Je soupire avant de taper une réponse sur l’écran tactile. Garrett proteste et essaie de reprendre son téléphone, mais c’est trop tard car j’ai déjà appuyé sur "envoyer".
– Là. Problème réglé.
– Wellsy, je te jure que si tu as…
Il ne finit pas sa phrase, occupé à lire ma réponse.
"C’est la prof de Garrett. Tu commences à sérieusement m’agacer. On finit dans 30 min. Je suis sûre que tu peux tenir encore un peu avant de mouiller ta culotte."

Auteur: Kennedy Elle

Info: The deal

[ addiction ] [ dépendance ]

 

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femmes-hommes

Dans son livre sur "Le drame baroque allemand" (éd. Suhrkamp, 1963) Benjamin cite de Paracelse cette première "composition mélancolique" : "La joie et la tristesse sont également nées d'Adam et Ève. La joie fut déposée dans Ève, et la tristesse dans Adam. Jamais plus ne naîtra un être humain aussi joyeux qu'Ève : et de même aucun homme ne sera jamais plus aussi triste que le fut Adam. Puisque les deux matières d'Adam et d'Ève se sont mêlées, la tristesse a donc été tempérée par l'allégresse et, de même, l'allégresse par la tristesse… La colère, la tyrannie, l'être furieux et, pareillement, la douceur, la vertu et la modestie viennent encore de l'un et de l'autre : les unes d'Ève, les autres d'Adam et c'est par mélange qu'elles se distribuent tout au long de leur progéniture." De cette chaîne des humeurs antédiluviennes ne subsiste qu'une répartition inégale, mais encore l'impossibilité de remonter "tout au long" l'histoire jusqu'à ces corps premiers. Ne reste donc qu'une chute dans l'histoire. C'est donc sur ce corps quadrillé, poreux, écartelé et déséquilibré, celui des quatre humeurs fondamentales, que la tradition iconographique de la mélancolie aurait arrêté son espèce de morale. Une figure dévouée à sa répartition morale.

Auteur: Scheffer Jean Louis

Info: L'espèce de chose mélancolie, p. 9

[ originels ] [ complémentaires ] [ tao ]

 

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