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climat

En 2010, deux universitaires, Karin Becker et Olivier Leplatre, se sont mis en tête de rassembler, pour un volume futur ayant pour titre La Pluie et le Beau Temps dans la littérature française, un ensemble d'études analysant les liens que les écrivains entretiennent avec la météorologie ainsi que les modalités de leur compréhension du phénomène : anthropologiques, sociales, scientifiques, hygiéniques, poétiques, narratives. Au moment où le livre que vous avez entre les mains partait à l'imprimerie, Becker et Leplatre en était toujours à s'interroger : "Quelle place l'écrivain accorde-t-il au temps qu'il fait? Peut-on aller jusqu'à parler chez tel ou tel écrivain d'un véritable climat qui donne une cohérence à son univers?" Nous aimerions pour notre part ajouter deux points à cette réflexion. Un : peut-on imaginer une appréhension barométrique des œuvres littéraires, qui irait nécessairement de "Tempête" à "Très sec"? Et deux : en quoi l'air conditionné a-t-il renouvelé la littérature policière ?
Pour terminer, participons modestement à la météocritique littéraire en observant que dans Madame Bovary, Flaubert utilise dix-huit fois le mot pluie, mais jamais aucun des mots suivants : averse, ondée, bruine ou crachin. Chez Emma, quand ça tombe, ça tombe, voilà tout.

Auteur: Launet Edouard

Info: De la jouissance en littérature : 50 leçons

[ imagination ] [ écriture ]

 

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guerre

Comme toujours en pareil cas, personne ne peut dire ce qui se passe réellement. Il y a des soldats dans les rues et les gens, cachés derrière leurs fenêtres, scrutent les boulevards avec attention et ressentent une douce excitation. À combien de coups d'État a-t-elle assisté depuis sa vingtième année ? Elle essaie de compter. Mais c'est si difficile de savoir. Cela se ressemble, aussi, leurs affaires-là, à tous ces militaires. Puis elle se souvient que tous les quinze ans, il y avait un horrible bain de sang : depuis bientôt un demi-siècle, le désir, chaque fois renouvelé, de finir le travail, c'est-à-dire d'exterminer jusqu'au dernier ennemi, le Twi ou le Mwa, jetait le pays par terre, au milieu de ses ordures et de ses immondes déjections. C'était une histoire connue. Pendant chaque massacre, des bébés traversaient la frontière sur le dos de leurs mères. Quinze ans après, ils revenaient, soldats ivres de colère et aux yeux durs comme l'acier. Pour venger des crimes commis quinze ans plus tôt, ils commettaient des crimes que d'autres soldats reviendraient venger quinze ans plus tard. Et ainsi de suite. Mère Mwenza songe : "J'en ai bien peur, les fils sont encore revenus désherber les tombes de leurs pères."

Auteur: Diop Boubacar Boris

Info: Le Cavalier et son ombre

[ Afrique ] [ génocide ] [ cycle ] [ vengeance ]

 

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interrogation

MAMAN, EAU, ARBRE, voilà des noms-choses assez bien situé(e)s dans notre réel. Images simples. Maintenant ; quels sont, quels furent... les chemins, sémantiques ou autres, qui conduisirent vers les espérances d'autres espaces, endroits moins réels, peut-être jamais atteignables ? Planètes proches ou lointaintes, mondes parallèles, autres dimensions, univers développés dans d'autres dimensions vibratoires ? Cette autre question vient alors : depuis l'apparition du langage écrit, donc collectif, l'imagination s'est certes étoffée par les mots, mais s'est-elle améliorée ? Parce que développer des abstractions, circonscrire par la formule objets, concepts, et autres scénarii aux énonciations toujours plus complexes, où ça mène ? Cette accumulation intérieure qui se complexifie est-elle une régression ?

Platon l'énonça dans ce sens en dénigrant la "béquille" du langage écrit, qui permet de ne plus mémoriser. Le Yi King, via son fonctionnement réflexif, divinatoire, interprétatif, apporte quelques pistes. Déjà il nous sort de la volonté occidentale de lister, de rationaliser. Le Yi King nous remet les pieds sur terre en ré indiquant la voie d'un réel mouvant, subjectif, et constamment renouvelé. L'homme, s'il externalise sa mémoires et autres facultés, régresse d'une certaine manière. Mais s'il conserve avec humilité son statut de mammifère, tout en restant capable de voir ses propre outils pour ce qu'ils sont, en faisant bien attention de conserver sa capacité d'autonomie et de survie... A ces conditions peut-être conserve t'il une chance. Petite.

Auteur: Mg

Info: 31 oct 2018

[ idiomes ] [ humanité ]

 

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parapsychologie

Il ne me semble plus possible de repousser l’étude de ce que l’on appelle les phénomènes occultes, ces choses qui prétendument cautionnent l’existence même des forces psychiques autres que celles que nous connaissons chez l’homme et chez l’animal, ou qui dévoilent chez l’un et l’autre des facultés auxquelles jusque-là on ne voulait pas croire. La pente vers ces recherches paraît irrésistible ; durant ces courtes vacances j’ai eu trois fois l’occasion de refuser de collaborer à des périodiques de création récente consacrés à ces études. Et nous croyons comprendre d’où ce courant tire sa force. A côté de l’expression de la dévalorisation qui, depuis la catastrophe mondiale de la grande guerre, atteint ce qui tenait encore, ce courant constitue aussi un échantillon du tâtonnement face au grand bouleversement qui se rapproche et dont on ne peut encore deviner l’ampleur, c’est à coup sûr un essai de compensation, le recouvrement dans un autre domaine – c’est-à-dire le domaine supraterrestre – de ce que la vie sur cette terre a perdu en attrait. En fait, bon nombre de processus des sciences exactes peuvent avoir favorisé ce développement. La découverte du radium a embrouillé autant qu’élargi les possibilités d’explication du monde physique, et la connaissance acquise récemment de ce qu’on appelle la théorie de la relativité a eu pour beaucoup de ceux qui admiraient sans comprendre l’effet d’amoindrir la confiance dans la crédibilité objective de la science.

Auteur: Freud Sigmund

Info: "Psychanalyse et télépathie", trad. Wladimir Granoff et Jean-Michel Rey in "La transmission de pensée", éd. Flammarion, 2005, pages 33-34

[ raisons de l'essor ] [ déception ] [ idéalisme renouvelé ] [ occulto-socialisme ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

abus de pouvoir

La vie militaire consiste en ce que l'un a de l'autorité sur l'autre. Le malheur, c'est que chacun a beaucoup trop d'autorité : un caporal peut tourmenter jusqu'à la folie un simple soldat, comme un lieutenant un caporal, et un capitaine un lieutenant. Et, par le fait que chacun connaît son autorité, il s'habitue à en abuser. Prends la chose la plus simple. Nous venons de l'exercice et nous sommes crevés de fatigue : voici qu'on nous commande de chanter. Il en résulte un chant très peu animé, car chacun est content d'avoir encore tout juste assez de force pour traîner son barda. Et alors la compagnie fait demi-tour et, comme punition, doit exécuter une heure d'exercice supplémentaire. Au retour, l'ordre de chanter est renouvelé : on chante pour de bon. À quoi ça rime-t-il ? Le commandant de compagnie en a fait à sa tête parce qu'il a de l'autorité. Personne ne le critiquera, au contraire il passera pour énergique. D'ailleurs, ce n'est là qu'une babiole ; il y a des procédés bien plus catégoriques pour vous en faire baver. Maintenant, je vous le demande : un civil aura beau être ce qu'il voudra, quelle est la profession dans laquelle il pourra se permettre des choses pareilles sans qu'on lui casse la figure ? Cela n'est possible que dans la vie militaire. Vous voyez bien à présent : cette autorité monte à la tête des gens. Et d'autant plus que, dans le civil, ils ont moins à dire !

Auteur: Remarque Erich Maria

Info: À l'ouest rien de nouveau, Chapitre III

[ armée ] [ grisante domination ] [ impunité ] [ verticalité hiérarchique ] [ bêtise ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

naître

[Otto] Rank a tenté, avec beaucoup d’énergie, dans son livre Le traumatisme de la naissance, de démontrer les relations existant entre les phobies les plus précoces de l’enfant et l’impression produite par l’événement de la naissance. Mais je ne puis pas dire qu’il y ait réussi. On peut lui faire deux sortes de reproches ; premièrement, de fonder son analyse sur le postulat que l’enfant, lors de la naissance, a reçu des impressions sensorielles déterminées, de nature visuelle en particulier qui, renouvelées, pourraient provoquer le souvenir du traumatisme de la naissance, et du même coup, la réaction d’angoisse. Or cette hypothèse n’est absolument pas prouvée, et elle est très invraisemblable. [...] Deuxièmement, Rank, lorsqu’il étudie les situations d’angoisse ultérieures, attribue l’efficacité, selon les besoins de la cause, soit au souvenir du bonheur de l’existence intra-utérine, soit à sa perturbation par le traumatisme. Ce qui est ouvrir toutes grandes les portes aux interprétations arbitraires. Certains cas de cette angoisse infantile s’opposent directement à l’application du principe de Rank ; lorsque l’enfant est laissé dans l’obscurité et la solitude, nous devrions nous attendre à ce qu’il accueille avec satisfaction cette restauration de la situation intra-utérine, et quand nous voyons Rank ramener le fait qu’il réagisse précisément alors par de l’angoisse au souvenir de la perturbation de ce bonheur par la naissance, nous ne pouvons plus longtemps nous cacher combien cette tentative d’explication est forcée.

Je dois tirer la conclusion que nous ne sommes pas autorisés à ramener les phobies infantiles précoces à l’impression laissée par l’acte de naissance, et que ces phobies se sont jusqu’ici dérobées à toute explication.

Auteur: Freud Sigmund

Info: "Inhibition, symptôme et angoisse", traduit de l’allemand par Michel Tort, Presses Universitaires de France, 1973, pages 59-60

[ critique ] [ objections ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

Gaule

La France de Voltaire et de Bossuet, la France de Pascal et de Rabelais, de Diderot et de Bloy, de Molière et de Maistre, d’Aragon et de Claudel, de Proust et de Céline, aura été ce théâtre unique d’une désunion incessante, ou d’une cohabitation tenace et intenable, dont la dialectique sans arrêt renouvelée aura aussi imprimé sa marque dans les vies individuelles. C’est cette base dissolvante, différenciante et conflictuelle, aussi indispensable et structurante pour un peuple que des parents sexuellement différenciés pour leurs enfants, qui aura empêché quoi qu’on en dise, tous les "absolus" de s’y implanter durablement (c’est aussi là que s’originait la souveraineté, et là qu’existaient les conditions de possibilité de la politique). La France aura été le tombeau de Dieu comme celui des divinités idéologiques de substitution qui ont voulu y prendre racine.

Du moins jusqu’à ce qu’elle se convertisse aux "valeurs du Nord", c’est-à-dire à la rationalité protestante et marchande, par définition incompatible avec les attitudes interrogatives ou critiques, avec la duplicité, la contradiction, le flou, la diversité, les faux-semblants et toute la comédie irresponsable des alentendus jamais résolus. Il n’y a pas d’autre Europe possible que l’Europe du Nord. Bernanos, bien avant la dernière guerre, avait qualifié l’entreprise hiltérienne de "seconde Réforme allemande". La troisième, porteuse de messages hygiéniques autant qu’incritiquables, triomphe en douceur et rien ne l’arrêtera. Le terrible ordre européen ne pouvait se faire qu’au prix de l’effacement de la "latinité" et par la victoire des impératifs archangéliques d’authenticité, de vertu, de positivité et de transparence que la civilisation lutérienne contient en elle et que répercutent désormais à jet continu les sacro-saintes recommandations de Bruxelles.

Auteur: Muray Philippe

Info: Dans "Exorcismes spirituels, tome 3", Les Belles Lettres, Paris, 2002, pages 236-237

[ éloge ] [ esprit frondeur ] [ normalisation ] [ peuples-religions ]

 
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dialectique

Bienheureuse incertitude du discours, c’est cela qui en fait toute la richesse. Je ne sais pas exactement ce que l’autre entend de ce que je dis. Ce qu’il interprète, ce qu’il retiendra. Je sais que le courant passe, que mon discours pénètre en lui, que j’ai le sentiment d’une relation positive, ou d’un rejet, que je puis interpréter, ce qui fera rebondir la relation dans un ensemble somptueux d’harmoniques. Il ne comprend pas. Je le vois. Alors je reprends mon discours. Je tisse à nouveau une toile avec un autre dessin. J’invente ce qui me semble-t-il pourra l’atteindre, être perçu de lui. L’incertitude du sens, l’ambiguïté de la parole font la création. […] Le discours exige un recommencement de cette relation toujours incertaine et je dois la nier à nouveau, par l’interpellation, l’explication, l’échange de paroles. Discours ambigu, jamais clair. Issu d’un ensemble inconscient d’expériences, de désirs, de maîtrise, de connaissances, et tombant dans un autre ensemble qui produira un autre sens. Grâce à ces constants malentendus, il y a rebondissement de la vie. Il faut sans cesse recommencer, et la relation devient un paysage complexe et riche, aux défilés inattendus et aux pics inaccessibles. Surtout ne rendons pas le langage mathématique, ne traduisons pas en formules identifiables la somptueuse complexité des relations humaines. Incertitude du sens, mais pour cela je dois toujours à nouveau affiner le discours que je tiens, je dois travailler à l’interprétation renouvelée du discours que j’entends. Je tente d’entendre ce que me dit l’autre. Toute parole est plus ou moins énigme à déchiffrer, un texte à interpréter, à interprétations multiples. Et dans mon effort de compréhension, d’herméneutique, j’institue des significations, et finalement un sens.

Auteur: Ellul Jacques

Info: Dans "La parole humiliée", éditions de la Table Ronde, Paris, 2014, pages 32-33

[ éclaircissement ] [ parler ] [ préciser ]

 

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jeu

J’ai rencontré les âges clandestins il y a quelques années, de façon fortuite, à la plage, assis sur le sable.

Devant moi, un petit garçon de six ans environ construit avec application un château sous la surveillance flottante de son père (certains pères se reconnaîtront dans cette expérience).

Un second enfant s’approche timidement, ni trop près ni trop loin. Il aimerait manifestement participer, mais il n’ose pas. Un second papa s’approche et soumet au père du premier le projet que leurs deux enfants forment une équipe de constructeurs. Ce qui se met en place assez naturellement, avec un outillage conséquent et efficace : des pelles et des seaux.

Les deux pères regardent avec tendresse leurs deux bambins et, rapidement, comme un seul homme, ils se mettent à aider leurs enfants. Après quelques minutes d’un travail d’équipe assez coordonné, de façon progressive les deux enfants, dans une belle synchronicité, s’éloignent du chantier pour aller jouer au bord de l’eau.

Le plus remarquable (certains pères se reconnaîtront peut être dans cette expérience) est qu’aucun des deux adultes ne remarque leur départ, trop occupés à poursuivre les travaux : ils creusent des fossés, érigent des murailles, ils se congratulent et s’encouragent. Et cela dure suffisamment longtemps pour qu’une de leurs épouses vienne interrompre le chantier médiéval.

Je me rappelle le regard d’un des papas allant de son "associé" à sa femme, puis au château, puis à sa femme, puis… à son fils (réassociation ?). Depuis cette expérience, j’ai observé encore et encore, dans la rue, dans le métro (territoire au champ d’observation infini et sans cesse renouvelé), et bien sûr en séance avec mes patients. Progressivement, j’ai appris à communiquer avec ces âges clandestins.

Auteur: Dubos Bruno

Info: Extrait de l'article "Les âges clandestins"

[ retour à l'enfance ] [ plaisir retrouvé ] [ rapports humains ]

 

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interactions continues

En bref, la relation au monde ne saurait se définir en soi par le type d’activités ou les domaines d’objets qu’elle met en jeu, mais seulement par l’attitude au monde et l’expérience du monde qu’elle implique. La formation et le maintien ou non d’axes de résonance constitutifs dépendent premièrement des dispositions (physiques, biographiques, émotionnelles, psychiques et sociales) du sujet, deuxièmement de la configuration institutionnelle, culturelle, contextuelle et physique des fragments de monde en jeu et troisièmement, du type de relation existant entre entre les deux. Même les fragments de monde tendanciellement inhospitaliers et hostiles tels les déserts, les paysages enneigés ou les stations-service peuvent devenir, sous certaines conditions, de véritables oasis de résonance. L’aliénation, comprise comme relation au monde muette, froide, figée ou en échec, est dès lors le résultat d’une subjectivité dégradée, de configurations sociales ou matérielles hostiles à la résonance ou bien d’une inadéquation, c’est-à-dire d’un défaut d’ajustement entre le sujet et le fragment de monde. C’est dire que la sociologie de la relation au monde que je propose ici vise à dépasser le problème des essentialisations infondées : point n’est besoin de formuler une hypothèse substantialiste sur l’essence véritable de la nature humaine afin de pouvoir se prononcer sur la réussite ou la non-réussite de la vie. Admettons plutôt que cette essence est tout aussi changeante que l’organisation et l’orientation sociales et culturelles du monde. Les relations au monde doivent ainsi être considérées comme des configurations globales historiquement et culturellement variables, qui ne définissent pas seulement un certain rapport entre un sujet et un objet, mais coproduisent elles-mêmes, de facto, ces sujets et ces objets. La sociologie des relations au monde entreprise ici se présente donc comme une critique des rapports de résonance historiquement réalisés – et par là même, du moins je l’espère, comme une forme renouvelée de la Théorie critique.

Auteur: Rosa Hartmut

Info: Résonance. Une sociologie de la relation au monde, pp 23, 24

[ constante adaptabilité ]

 

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