Citation
Catégorie
Tag – étiquette
Auteur
Info



nb max de mots
nb min de mots
trier par
Dictionnaire analogique intriqué pour extraits. Recherche mots ou phrases tous azimuts. Aussi outil de précision sémantique et de réflexion communautaire. Voir la rubrique mode d'emploi. Jetez un oeil à la colonne "chaînes". ATTENTION, faire une REINITIALISATION après  une recherche complexe. Et utilisez le nuage de corrélats !!!!..... Lire la suite >>
Résultat(s): 66
Temps de recherche: 0.0516s

éthique

Nécessité de la morale : L'ensemble des règles morales forme vraiment autour de chaque homme une sorte de barrière idéale, au pied de laquelle le flot des passions humaines vient mourir, sans pouvoir aller plus loin. Et, par cela même qu'elles sont contenues, il devient possible de les satisfaire. Aussi, que, sur un point quelconque, cette barrière vienne à faiblir, et aussitôt, par la brèche ouverte, les forces humaines jusque-là contenues se précipitent tumultueusement ; mais, une fois lâchées, elles ne peuvent plus trouver de terme où elles s'arrêtent ; elles ne peuvent que se tendre douloureusement dans la poursuite d'un but qui leur échappe toujours. Que, par exemple, les règles de la morale conjugale perdent de leur autorité, que les devoirs auxquels les époux sont tenus l'un envers l'autre soient moins respectés, et les passions, les appétits que cette partie de la morale contient et réglemente se déchaîneront, se dérégleront, s'exaspéreront par ce dérèglement même ; et, impuissantes à s'apaiser parce qu'elles se seront affranchies de toutes limites, elles détermineront un désenchantement Emile, qui se traduira d'une manière visible dans la statistique des suicides.

Auteur: Durkheim

Info: L'éducation morale, 1903, Quadrige, PUF 1963 <p.36>

 

Commentaires: 0

culture

L'appauvrissement du vocabulaire et de la pensée qui a démarré il y a une cinquantaine d'années, et ne reviendra sans doute pas en arrière avant des lustres, est entériné par la simplification quand ce n'est pas la vulgarité des médias naguère les plus respectés. L'absence d'humour et de distance faisant partie de la règle éditoriale un peu partout, de même que cette légèreté intellectuelle que procurait une bibliothèque mentale bien garnie, un François Mauriac aurait aujourd'hui un mal fou à placer son "Bloc-Notes", pour ne prendre qu'un exemple en France, oecuménique de surcroît. La vraie vie va-t-elle se réfugier dans les revues académiques ? Il y a dans l'air comme une organisation mondiale de l'insignifiance, à laquelle chacun est ravi d'apporter chaque matin sa petite collaboration en travaillant à se montrer le moins profond, le moins subtil et le moins savant possible. Tout à l'heure on avait Donald, voici maintenant Simplet. Cette orchestration de l'existence par l'importance donnée à la marchandise idiote et au relationnel basique ne pouvait évidemment que faciliter l'entrée en scène de ce qui a toujours été en coulisses prêt à remplir le vide des esprits : la religion, elle aussi gadgétisée en ses signes extérieurs et rebaptisée "spiritualités" par le marketing...

Auteur: Polastron Lucien Xavier

Info: Livres en feu : Histoire de la destruction sans fin des bibliothèques, p. 321, Les nouveaux biblioclastes

[ décadence ]

 

Commentaires: 0

conservatismes

Mais, désolé Ulysse, c'est une idée foncièrement tordue. C'est croire que ce qui auparavant a été considéré comme amour, à savoir, pour le dire gentiment, le "partenariat domestique", était un amour pur. C'est comme parler du bon vieux temps des colonies, et c'est s'imaginer que le monde de jadis était préservé de la violence par l'existence de hiérarchies tangibles qui conservaient les hommes à leur place. Rien que le fait d'attribuer ces propos à Ulysse ou à Achille ridiculise déjà cette idée, et montre des hommes d'un passé mythique eux-mêmes regretter le passé, et les individus d'une société réglée vivre celle-ci comme un chaos et déplorer la disparition d'une époque encore antérieure où les règles auraient été mieux respectées. En réalité, on arrive à l'ultime piège de ce monde, qui est d'attribuer à l'absence de règles l'incurie que les règles elles-mêmes ont produites. On retrouve cette tentation à chaque époque et chaque époque, présentant une incurie qui lui est propre, elle produit son opposition qui regrette l'incurie de l'époque précédente sans comprendre que la sienne n'est que la conséquence, sinon la perpétuation, de la précédente. La confusion vécue par l'amoureux peut expliquer cette nostalgie, mais celle-ci ne doit pas nous faire illusion et exige qu'on la perçoive comme une confusion seconde.

Auteur: Thiellement Pacôme

Info: Sycomore, Sickamour, p. 91 Puf

[ trans-époques ] [ anarchie immanente ] [ paradis perdu ]

 
Commentaires: 3
Ajouté à la BD par miguel

néologisme

Le Whuffie redéfinissait l'essence véritable  de l'argent : autrefois, si vous étiez pauvre mais respecté, vous ne mourriez pas de faim ; à l'inverse, si vous étiez riche et méprisé, aucune somme ne pouvait vous procurer paix et sécurité. En mesurant ce que l'argent représentait réellement - votre capital personnel auprès de vos amis et voisins - vous mesuriez plus précisément votre réussite.

(...)

Quand je suis arrivé sur le parking du Complexe, mon véhicule n'était plus là. Une vérification rapide avec l'ordinateur de poche révéla la catastrophe : mon Whuffie était suffisamment bas pour que quelqu'un y soit monté et soit parti avec, constatant qu'il pouvait en faire un usage plus utile que le mien.  Envahi par un sentiment de découragement, je suis monté dans ma chambre et ai glissé ma clé dans la serrure. Elle a émis un doux _bzzz_ réprobateur et un voyant s'est allumé, indiquant, "Veuillez vous adresser à la réception". Ma chambre avait été réassignée, aussi. Le Wuffie me tirait vers le bas. Au moins, il n'y avait pas de contrôle obligatoire de Whuffie sur le quai du monorail, mais les autres personnes du wagon se montrèrent inamicales à mon endroit, et personne ne me proposa le moindre iota d'espace personnel au-delà du nécessaire. J'avais touché le fond. 

Auteur: Doctorow Cory

Info: Down and Out in the Magic Kingdom, Tor publication, 2003

[ invention imaginaire ] [ science-fiction ] [ états-unis ] [ réputation monétisée ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par Le sous-projectionniste

personnalité

Avoir du caractère n'est point le même qu'avoir un caractère. Mais le double sens du mot doit nous avertir. Avoir du caractère, c'est accepter sa propre apparence et s'en faire une arme. Comme de bégayer, ou d'avoir la vue basse, ou d'un grand nez faire commandement ; aussi bien d'un petit. On fait autorité d'une voix forte, mais d'une voix faible aussi, d'un nasillement. Un boiteux peut être péremptoire ; on attend qu'il le soit. Le ridicule n'est que l'absence d'une pensée derrière ces signes impérieux. Toutefois si l'on se trouvait pourvu d'équilibre, et de bel aspect, sans aucun ridicule, il ne faudrait pas encore désespérer. Socrate usait indiscrètement de ce nez camus ; le beau Platon dut chercher d'autres moyens. Un orateur ne cache point ses défauts ; il les jette devant lui. J'ai souvenir d'un avocat sifflotant, et tout à fait ridicule ; mais il était redouté. Ses adversaires se moquaient de lui, et, par cela même, l'admiraient. On ne cite guère d'hommes puissants et libres qui n'aient conservé et composé ces mouvements de nature, de façon à s'ouvrir d'abord un chemin parmi les sots. Il n'y a qu'affectation au monde ; et cela est ridicule si l'on imite ; puissant au contraire, et respecté, et redouté, celui qui affecte selon sa nature. "Il t'est naturel d'être simple, disait quelqu'un, et tu affectes d'être simple. C'est très fort."

Auteur: Alain

Info: Les idées et les âges/Les Passions et la Sagesse/la Pléiade/Gallimard 1960<p.269>

 

Commentaires: 0

littérature

Les neurosciences brossent un nouveau portrait du lecteur, études à l'appui
La toute-puissante industrie pharmaceutique n'aurait qu'à bien se tenir. Tremblez fluoxétine, venlafaxine et autres supposées " molécules du bonheur ". Voilà que l'on viendrait de mettre scientifiquement en évidence les vertus dynamisantes et bienfaisantes d'un très vieux " produit " au principe actif on ne peut plus simple et sain, sans effets secondaires ni indésirables - du moins lorsque les indications et la posologie sont scrupuleusement respectées. Un composé d'encre, de papier, de mots, de lettres, de virgules, de points d'interrogation ou d'exclamation, bref de signifiant, de signifié, que l'on appelle communément... un livre...
Ils semblent montrer, chiffres à l'appui, que le groupe de lecteurs est " plus optimiste, moins agressif et plus prédisposé à la positivité " que son pendant de non-lecteurs.
... Aucune de ces études n'examine en détail la façon dont les effets de la lecture diffèrent selon que le lecteur est plongé dans un conte pour enfants, un roman noir ou les écrits désespérés de Cioran... Néanmoins, de la recherche -italienne, l'éditeur Stefano Mauri, du groupe GeMS, retient qu'elle " rompt avec le portrait habituel et stéréotypé que l'on fait du lecteur ". Non pas un individu solitaire, associal ou simplement replié sur lui-même, mais quelqu'un qui, grâce au livre, se montrerait plus ouvert, positif et en empathie que ses concitoyens non lecteurs. Réfléchissant aux correspondances entre lecture et bien-être, Stefano Mauri remarque aussi que, pour les scientifiques, ce qu'on appelle communément " le bonheur de lecture " semble être tout sauf une expression toute faite.

Auteur: Internet

Info: Le Monde, Ce que lire fait au cerveau

[ thérapie ] [ bénéfique ]

 

Commentaires: 0

guerre civile

Après l’indépendance, tous les Tutsis qui fuient le pays pour l’Ouganda, le Congo ou le Burundi n’ont qu’une envie, revenir au Rwanda. C’est d’ailleurs assez inédit, en Afrique, qu’un peuple veuille à ce point revenir dans son pays. Un parti politique se crée en Ouganda, le Front patriotique rwandais (FRP), qui revendique une place dans la société rwandaise avant 1994. Des accords internationaux obligent le gouvernement rwandais à partager le pouvoir avec le FRP, mais ils ne sont pas respectés. Donc, le FRP envisage d’entrer militairement au Rwanda. Comme ses hommes ne connaissent pas le terrain, ils sont stoppés dans le nord du pays, où ils s’installent, mais ils deviennent une menace pour le pouvoir de l’époque. Et ceux qui symbolisent cette menace, ce sont les Tutsis. Ces amalgames vont aboutir à quelque chose d’inédit, le génocide de proximité. Tout était pensé depuis un moment, parce qu’on ne met pas en place un génocide comme ça. Il y a une stratégie. On commence à mettre des checkpoints dans tous les quartiers pour arrêter les Tutsis et les tuer sur-le-champ. On entend souvent que les gens se sont entre-tués au Rwanda, mais c’est faux. Il y avait une cible, les Tutsis, et une partie des Hutus qui n’adhéraient pas à la doctrine du pouvoir de l’époque. Le FRP est devenu le symbole de la libération, parce que personne n’a aidé le Rwanda durant le génocide. Au contraire, on a permis l’évacuation vers le Congo ou vers l’Europe de beaucoup de génocidaires. Nombre de pays se sont dédouanés alors qu’ils avaient participé à ce chaos.

Auteur: Rolland Sonia

Info: Entretien avec Lauren Bastide pour "La Poudre", 21.09.2019

[ résumé ] [ géopolitique ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par Coli Masson

science-fiction

Les sociétés tribales, s'agrandissant et se liant entre elles, sont devenues les civilisations. Grandes entités structurées et pilotées en bonne partie grâce à des écrits dogmatiques utilisé comme manuels du pouvoir par les petits malins d'en haut. Ainsi les chefs de village se sont retrouvèrent métamorphosés en gardiens d'"écrits sacrés"* souvent interminables, de surcroit interprétables à loisir.
Partons du principe que ces textes guides ont fait plus de bien que de mal - ce que je pense, tempérés qu'ils furent par les actions des femmes - et essayons d'imaginer le texte fondateur, qui tiendrait le même rôle pour une nouvelle ère. Texte qui pourra en autres éviter les errements de "la déclaration des droits de l'homme" onusienne, cette bêtise anthropomorphique qui, au-delà du fait qu'elle n'aura pas empêché grand-chose en terme d'atrocités entre les hommes, aura entériné cette considérable ânerie que les être humains sont l'"espèce centrale" de la planète.
Ce nouveau texte fondateur, à l'échelle d'une planète unifiée par Internet, rassemblerait simplement les bases d'un bon sens commun, laissant les responsables locaux en adapter le sens dans leurs "situations locales", avec bien sûr transparence et possibilité de contrôle du reste de la population. Un texte qui saurait aussi conserver une part mystique que les écrits juridiques, enfants d'un cartésianisme convaincu, sont incapable d'intégrer. Part mystique qui aurait pour but premier de ramener l'humain vers plus d'humilité, par exemple en transférant le concept de divinité vers un inconnu respecté, qu'on pourrait imaginer, par exemple, comme une sorte de "force cosmique organisée", que l'humanité serait éventuellement appelée à rejoindre après avoir fait preuve d'un peu plus de sagesse et d'intelligence sur une certaine durée.

Auteur: Mg

Info: 29 avril 2016, *entre autres, Bhagavad Gita, Bible, Coran, Sutta Pitaka des bouddhistes, textes confucianistes et taoïste, etc...

[ avenir ] [ prospective ] [ extraterrestre ] [ religion ]

 

Commentaires: 0

portrait

Je n'ai jamais connu homme plus sensible aux contraintes que Gide. Il a vécu son enfance et sa jeunesse dans un milieu protestant où la contention tient lieu de vertu. Et cette première expérience de l'hypocrisie vertueuse semble l'avoir meurtri à un tel point que, toute sa vie, il rechercha la sincérité comme un prisonnier peut désirer l'air pur. Cette sincérité, ce libre épanouissement du moi, il la chercha sur les sables du Sahara, dans les aventures du désir ; à l'art il demanda de le libérer, à la chair parfois, à l'amour... Son désir de sincérité rencontrait partout duplicité, mensonges, contraintes. Gide repartait sur d'autres routes pour retrouver la pureté... Et si Gide retrouva jamais cette sincérité, c'est dans l'art. Les contraintes en art lui furent légères : en art seulement la liberté de l'homme est inconditionnée, sa sincérité respectée. Qu'on l'appelle dérivatif ou consolation, l'art fut pour Gide l'expérience la plus complète de la sincérité et de la liberté ( " ... cette doctrine de l'art pour l'art, en dehors de quoi je ne sais point trouver raison de vivre ").



[...] Il faut déblayer l'oeuvre de Gide pour n'y voir qu'un appel de la sincérité, dira-t-on. D'autres ont pu résumer Gide à son immoralisme, à sa disponibilité, à son marivaudage spirituel ... ; moi, je retiens, du contact avec son oeuvre, ce drame central de la sincérité ; et parmi ses nombreuses soifs, celle qui m'a le plus frappé, le plus travaillé, c'est sa soif d'authenticité. Il écrit dans son Journal : " Le seul drame qui vraiment m'intéresse et que je voudrais toujours relater, c'est le débat de tout être avec ce qui l'empêche d'être authentique, avec ce qui s'oppose à son intégrité, à son intégration. L'obstacle est le plus souvent en lui-même. Et tout le reste n'est qu'accident. " (3 juillet 1930)

Auteur: Aquin Hubert

Info: Mélanges Littéraires I, profession écrivain, p. 65

[ éléments biographiques ] [ quêteur ] [ vie-oeuvre ]

 
Commentaires: 1
Ajouté à la BD par Bandini

société

LA LOYAUTÉ, JE SAIS, C'ÉTAIT IL Y A LONGTEMPS, MAIS VOUS EN SOUVENEZ-VOUS ?
L'article de Der Spiegel révélant l'espionnage à grande échelle par les États-Unis des organes de décision des puissances européennes, leurs alliés les plus proches et les plus fidèles, rappelle étrangement l'attitude qui avait été celle de la banque d'investissement Goldman Sachs en 2008, tirant parti de la confiance que lui accordaient ses meilleurs clients pour leur vendre les produits financiers les plus avariés dont elle cherchait à se débarrasser.
La parole donnée, et la parole respectée, l'identification d'une personne - ou en l'occurrence, d'une nation - à ses engagements, la loyauté vis-à-vis de ses amis, et dans la mesure du possible vis-à-vis de chacun, sont indispensables à la vie en société : sans elles, c'est bien simple : le tissu social s'effrite, puis s'effondre sans espoir de retour.
Il est bien tard sans doute, mais il existe encore une chance ténue de restaurer la confiance trahie : interrompre immédiatement les pratiques condamnables, punir les responsables, et présenter des excuses sincères.
Lorsque Bradley Manning révéla le contenu des câbles du Département d'État expliquant aux diplomates américains que l'espionnage de la nation hôte faisait désormais partie de leurs attributions et de leurs devoirs, la traduction du soldat devant une cour martiale était loin de constituer la réponse appropriée. S'époumoner avec une véhémence allant toujours crescendo contre la traîtrise supposée du lanceur d'alerte Edward Snowden, constituerait une fois de plus une réponse parfaitement inappropriée et ferait, cette fois, désespérer de la capacité-même de cette nation à s'amender. Les pays européens trahis dans leur confiance devraient en tirer toutes les conséquences. Les justifications avancées seraient bien entendu qu'il existe des ennemis pires encore que de tels amis, mais la capacité-même à vivre en société, dont la parole donnée et la loyauté sont les piliers, constitue le dernier bastion : celui qui ne peut à aucun prix tomber.

Auteur: Jorion Paul

Info: 29 Juin 2013

[ guerre ] [ égoïsme ]

 

Commentaires: 0