Citation
Catégorie
Tag – étiquette
Auteur
Info



nb max de mots
nb min de mots
trier par
Dictionnaire analogique intriqué pour extraits. Recherche mots ou phrases tous azimuts. Aussi outil de précision sémantique et de réflexion communautaire. Voir la rubrique mode d'emploi. Jetez un oeil à la colonne "chaînes". ATTENTION, faire une REINITIALISATION après  une recherche complexe. Et utilisez le nuage de corrélats !!!!..... Lire la suite >>
Résultat(s): 12
Temps de recherche: 0.0352s

apiculture

Les abeilles... Par quelque prévoyance géométrique... savent que l'hexagone est plus grand que le carré ou le triangle, et qu'il retiendra plus de miel avec la même dépense de matière.

Auteur: Pappus d'Alexandrie

Info: In Sanderson Smith. Agnesi to Zeno: Over 100 Vignettes from the History of Math. Bees as Mathematicians (p. 173) Key Curriculum Press. Emeryville, California, USA. 1996

[ alvéoles ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par miguel

publicité

La crédibilité des hommes politiques n'a jamais été aussi petite qu'aujourd'hui. Cela vient finalement d'une société qui regarde la télé. Les hommes politiques sont superficiels dans les talk-shows parce qu'ils pensent que ce qui sera l'essentiel qu'on retiendra est leur visage.

Auteur: Schmidt Helmut

Info:

[ politique ] [ apparence ] [ fourbe ] [ talk-show ]

 

Commentaires: 0

ésotérisme

Chez les alchimistes chaque planète est bien sûr associée à un métal noble ou nom ainsi qu'à une divinité. On retiendra que les Astrologues initiés retenaient 7 planètes majeures comparable aux 7 Chakras du Tantra-Yoga:
1. La lune est associé à l' Argent. Diane.
2. Le Mercure facile au Mercure.
3. Vénus au Cuivre ( le faux Or ).
4. Le Soleil bien entendu à l' Or. Apollon
5. Mars au Fer.
6. Jupiter à l' Etain.
7. Saturne au Plomb.

Auteur: Dico des symboles

Info:

[ septénaire ]

 

Commentaires: 0

désaccoutumer

Nous remarquerons que la façon de penser de Julie augmente considérablement le risque de boulimie et de vomissement. Quand elle se dit "Je me retiendrai, ce soir", elle se donne un interdit. S'interdire quelque chose augmente l'envie de le faire ! Quand elle se dit "Il faut que je mange", elle augmente son besoin urgent d'avaler de la nourriture, sous peine d'une frustration difficile à accepter.
Ces deux types de pensées contradictoires, "Je ne dois pas" et "Il faut que je consomme", maintiennent l'addiction. Il s'agit de ce qu'A.T. Beck nomme la série de pensées contradictoires : chaque pensée, de type "Je ne dois pas" ou "Il faut que je le fasse", augmente le risque de consommer.

Auteur: Cungi Charly

Info: Faire face aux dépendances : Alcool, tabac, drogues, jeux, internet

[ sevrage ] [ introspection ]

 
Mis dans la chaine

Commentaires: 0

science

Tout au contraire [d’Aristote], renonçant à saisir le sens du mouvement, Galilée le considère comme un état (il n’a donc plus besoin d’explication) et le déploie dans un système abstrait de coordonnées spatio-temporelles dépourvues de toute organisation hiérarchique. Le biais par lequel s’opère la fermeture épistémique du concept de corps (qui se trouve réduit à son centre de gravité et défini désormais par la notion de "point matériel") n’est donc pas tant un processus d’abstraction qui ne retiendrait que certains caractères de l’objet empirique et en rejetterait d’autres, qu’un processus de construction, par lequel Galilée définit un "corps idéel". Il y a ainsi identité de nature entre le concept et son objet puisque celui-ci est aussi un concept, alors que dans la connaissance philosophique le concept n’est que le moyen par lequel l’objet est connu : essentiellement transitif, il demeure ainsi ontologiquement ouvert. L’univers galiléen est donc un univers d’objets-concepts qui se meuvent eux-mêmes dans un espace-temps conçu. La géométrisation de l’espace entraîne la déchéance de toute distinction qualitative.

Auteur: Borella Jean

Info: Dans "Histoire et théorie du symbole", éd. L'Harmattan, Paris, 2015, pages 103-104

[ réalisme-idéalisme ] [ méthode ] [ résumé ] [ mathématisation ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par Coli Masson

communication

LPH : Vous avez choisi l’humour comme méthode, peut-on dire. Pourquoi ?

Rav Y.B. : J’ai beaucoup d’humour mais en fait je ne rigole jamais. L’humour va agir un peu comme le lubrifiant qui permet aux pièces de métal de ne pas se bloquer dans le mécanisme. Si j’ai choisi cette méthode c’est parce qu’au départ je m’adressais surtout à des jeunes. Ce public a une durée d’attention assez limitée… Il fallait donc que je réussisse à l’accrocher sur une heure ou une heure et demie. Quand on attend la prochaine blague, on reste plus facilement attentif. Je préfèrerais parler pendant deux heures à un niveau élevé mais la plaisanterie permet d’ouvrir le cœur et les oreilles. Si vous analysez bien vous verrez que dans chacune des plaisanteries se trouve le message de ma conférence. Je le fais passer de différentes façons, par le message classique de Torah mais aussi par une approche psychologique, philosophique et humoristique. Chacun captera et retiendra celle qui lui correspond, qui lui aura permis de comprendre. La Guemara évoque un Rav qui commençait toujours son cours par une blague. Car le niveau de pénétration de l’enseignement est conditionné par l’ouverture du cœur qui le précède. Cet humour est donc loin d’être superficiel : il permet aussi de faire techouva et le résultat est le même que celui qui y sera parvenu par des approches plus psychologiques ou thoraïques.

Auteur: Benchetrit Rav Yehia

Info:

[ zélateur ] [ judaïsme ] [ kirouv ] [ efficacité ] [ apostolat juif ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par miguel

insaisissable

Athlète de l'esprit, il renvoie chaque question qu'on lui pose. Il la décortique, la déconstruit, en redéfinit les termes et finit par répondre à côté. Une pointe d'ironie, pas plus: on n'est pas là pour rigoler. La conclusion d'un raisonnement est couronnée par un café, une cigarette ou une gorgée de bière. De cet étrange échange, on retiendra quatre mises au point.
1. Il s'étonne qu'on s'étonne. Il refuse de considérer l'expérience de vie menée à Tarnac comme "différente" puisque cela reviendrait à reconnaître comme "normale" une société où règnent les rapports salariaux, l'institution du mariage, la consommation à tout-va, l'absence d'entraide au quotidien... Il assure que de nombreuses autres zones rurales sont le théâtre d'expériences comparables.
2. Il récuse l'image post-hippie ou néo-baba cool qu'une "certaine élite parisienne" (entendre: les grands médias) a, selon lui, plaquée sur les jeunes gens du Goutailloux. Ni nostalgie d'une utopie soixante-huitarde, ni retour à la terre romantique dans leur démarche.
3. Il juge l'idée de communauté fausse et réductrice. Ses amis et lui ont certes un "horizon du monde" en commun mais ne se sentent pas appartenir à une entité très définie qui, craignent-ils, fonctionnerait comme un surmoi. Des discussions, des textes, des manifestations doivent permettre de ne pas perdre de vue cet "horizon du monde".
4. L'enjeu du moment - et c'était déjà le cas en prison - est de ne pas se radicaliser. Selon lui, les politiques antiterroristes menées par les Etats occidentaux essaient d'acculer les tenants d'opinions dissidentes à la paranoïa, au durcissement et à la clandestinité. Céder, martèle-t-il, serait une bêtise. Et il écrase sa cigarette.

Auteur: Deslandes Mathieu

Info: sur Julien Coupat

[ contre-pouvoir ] [ subversion ] [ révolution ]

 

Commentaires: 0

dialectique

Bienheureuse incertitude du discours, c’est cela qui en fait toute la richesse. Je ne sais pas exactement ce que l’autre entend de ce que je dis. Ce qu’il interprète, ce qu’il retiendra. Je sais que le courant passe, que mon discours pénètre en lui, que j’ai le sentiment d’une relation positive, ou d’un rejet, que je puis interpréter, ce qui fera rebondir la relation dans un ensemble somptueux d’harmoniques. Il ne comprend pas. Je le vois. Alors je reprends mon discours. Je tisse à nouveau une toile avec un autre dessin. J’invente ce qui me semble-t-il pourra l’atteindre, être perçu de lui. L’incertitude du sens, l’ambiguïté de la parole font la création. […] Le discours exige un recommencement de cette relation toujours incertaine et je dois la nier à nouveau, par l’interpellation, l’explication, l’échange de paroles. Discours ambigu, jamais clair. Issu d’un ensemble inconscient d’expériences, de désirs, de maîtrise, de connaissances, et tombant dans un autre ensemble qui produira un autre sens. Grâce à ces constants malentendus, il y a rebondissement de la vie. Il faut sans cesse recommencer, et la relation devient un paysage complexe et riche, aux défilés inattendus et aux pics inaccessibles. Surtout ne rendons pas le langage mathématique, ne traduisons pas en formules identifiables la somptueuse complexité des relations humaines. Incertitude du sens, mais pour cela je dois toujours à nouveau affiner le discours que je tiens, je dois travailler à l’interprétation renouvelée du discours que j’entends. Je tente d’entendre ce que me dit l’autre. Toute parole est plus ou moins énigme à déchiffrer, un texte à interpréter, à interprétations multiples. Et dans mon effort de compréhension, d’herméneutique, j’institue des significations, et finalement un sens.

Auteur: Ellul Jacques

Info: Dans "La parole humiliée", éditions de la Table Ronde, Paris, 2014, pages 32-33

[ éclaircissement ] [ parler ] [ préciser ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par Coli Masson

astronomie

Très superstitieux, Kepler dressait de nombreux horoscopes tant pour les autres que pour lui-même ; c’est ainsi qu’il nous apprend qu’il fut conçu le 16 mai à 4 heures 47 du matin et que sa mère le mit au monde après une grossesse de 224 jours 9 heures et 53 minutes. Kepler se décrit lui-même comme "sans cesse en mouvement, furetant dans les sciences, la politique et les affaires privées, y compris les plus viles" ; il nous confie qu’il a horreur des bains, des parfums et des lotions et qu’il a "en toutes choses une nature canine" car son apparence est celle d’un petit chien : il aime ronger les os et les croûtons de pain et se donne pour si glouton qu’il prétend attraper tout ce qu’il voit.

On pourrait se demander, non sans motif, s’il ne faut pas chercher dans le goût de Kepler pour les sciences célestes une démarche de compensation visant à le consoler de sa myopie doublée d’un défaut de vision qui le condamnait à voir double ou même quadruple. Quoi qu’il en soit, il n’est nullement aberrant de penser que les études de Kepler ne sont que la projection existentielle d’un désir de se rapprocher des planètes et des étoiles, de voyager et de fuir ainsi le monde où il vivait, voire la nature qui était la sienne, en parcourant du regard et de la pensée les immenses espaces nocturnes, dont la contemplation pouvait lui donner l’illusion de triompher de lui-même et d’être transporté ailleurs. [...]

Fort significativement, Kepler compare lui-même le travail entrepris à un voyage animé de motifs métaphysiques et tout au long duquel il tient à faire le point : "Si non seulement nous pardonnons à Christophe Collomb, à Magellan, aux Portugais qui nous racontent leurs erreurs grâce auxquelles ils découvrirent celui-là l’Amérique, celui-ci la mer de Chine, cet autre la circumnavigation autour de l’Afrique et si nous ne voulons pas qu’ils en omettent puisque nous serions privés du grand plaisir de leur lecture, - par conséquent on ne me blâmera pas si, poussé à mon tour par la même bienveillance à l’égard du lecteur, je fais le récit de l’itinéraire que j’ai suivi" [Astronomia nova].

Kepler tient bien à préciser qu’il n’a pas entrepris un tel voyage par amour des mathématiques ou de la physique : "Je vous en supplie, mes amis, ne me condamnez pas entièrement à la meule des calculs mathématiques et laissez-moi du temps pour les spéculations philosophiques qui sont mes seules délices" [Lettre à Bianchi]. Ce que l’on trouve partout présent dans son œuvre, c’est une inspiration pythagoricienne et chrétienne à partir de laquelle il cherche à découvrir ces lois qu’il appelle "archétypales" selon lesquelles Dieu a créé le monde. Si une telle tâche n’est pas impossible, c’est justement parce que Dieu a fait l’homme à sa propre image ; savoir revient donc à retrouver le plan divin de la Création.

Celui dont on ne retiendra que les fameuses lois qui portent son nom, pense que le Soleil correspond au Père, la sphère des étoiles fixes au Fils et l’entre-deux, c’est-à-dire l’espace rempli de l’aura céleste, à l’Esprit Saint [...].

Auteur: Brun Jean

Info: "Les vagabonds de l'occident", Desclée, Paris, 1976, pages 43-44

[ biographie ] [ historique ] [ motivations ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par Coli Masson

psychosomatique

Le jumeau maléfique de l'effet placebo fait des ravages, selon l'essayiste états-unien Stewart Justman, pourfendeur du diagnostic qui rend malade Comme les héros des feuilletons télévisés, l’effet placebo a un jumeau maléfique: il s’appelle "nocebo". Le placebo, rappelons-le, est ce phénomène troublant qui veut qu’un bonbon lambda avalé en croyant prendre un médicament authentique peut apporter les mêmes bienfaits que le vrai remède, grâce à la suggestion. Le nocebo fonctionne sur le même mécanisme, mais avec l’effet inverse: il fait du mal. Dites-moi que j’ai ingurgité une denrée avariée, mes boyaux se tordront. Magique? Pas vraiment: le cerveau ayant pour tâche de gérer les fonctions du corps, il n’est pas étonnant que l’information qu’il absorbe infléchisse le processus. Dans The Nocebo Effect*, Stewart Justman, essayiste états-unien partageant son œuvre entre l’histoire de la littérature et la médecine (avec des passerelles fréquentes entre les deux), évoque les ravages du nocebo dans des territoires médicaux aussi différents que l’anorexie, le syndrome de fatigue chronique, la dépression, le trouble dissociatif de l’identité, l’hyperactivité, les cancers du sein et de la prostate. Parfois, le mal est un effet direct de l’imagination, aiguillée par la propagande pharmaceutique ou par les campagnes de prévention: "Une fois mises sur le marché, des idées sur telle ou telle maladie sont en mesure de susciter la maladie elle-même", constate Justman: un diagnostic peut déployer son potentiel nocif en "semant des suggestions dans l’esprit du patient". Est-ce fréquent? La question est apparemment très peu étudiée, en partie car il est éthiquement difficile de mener des expériences consistant à créer des problèmes chez les sujets. Des indications sur le "jumeau maléfique" se nichent toutefois dans les études sur l’effet placebo. Dans une étude troublante, publiée dans l’International Journal of Clinical Practice en 1998, l’Anglais A. F. Cooper découvrait par exemple, avec un groupe de patients souffrant de polyarthrite rhumatoïde, que ceux à qui l’on administrait une brève leçon de choses sur la maladie se portaient moins bien que ceux qu’on se bornait à soigner, sans rien leur dire. Il apparaît que, aussi longtemps que les habitants de Hong Kong n’étaient pas au courant de l’existence de l’anorexie en Occident, ce trouble ne se manifestait pas parmi eux, mais une fois que la notion a atteint la presse et la conscience du public dans les années 1990, le phénomène a explosé Dans d’autres cas, c’est le dépistage à grande échelle qui fait des dégâts, débouchant sur des traitements qui se révèlent plus nuisibles – voire plus meurtriers – que le mal qu’ils sont censés soigner. Les mises en garde viennent du champ médical lui-même, qui s’inquiète des effets pervers de la traque systématique aux cancers du sein et de la prostate: on y revient plus loin. Qu’il agisse directement sur l’individu via la suggestion ou qu’il déploie ses conséquences à travers une prise en charge médico-sociale, l’effet nocebo résulte d’un phénomène de "surdiagnostic": Overdiagnosis and Its Costs ("Le surdiagnostic et ses coûts") est le sous-titre du livre de Stewart Justman. Morphine et neurasthénie Comment ça marche? Le rapport de cause à effet semble s’afficher parfois de manière évidente. "Il apparaît que, aussi longtemps que les habitants de Hong Kong n’étaient pas au courant de l’existence de l’anorexie en Occident, ce trouble ne se manifestait pas parmi eux, mais une fois que la notion a atteint la presse et la conscience du public dans les années 1990, le phénomène a explosé", comme si "les personnes atteintes façonnaient inconsciemment leurs symptômes selon le modèle fourni par les médias". Il en va d’une manière semblable pour la neurasthénie, syndrome à la mode au cours de la Belle Epoque, "qui s’épanouit auprès des couches aisées, jusqu’à sa disparition au début du vingtième siècle". Identifié par le neurologue états-unien George Beard en 1869, le trouble était défini comme "une maladie englobante, dont le symptôme clé était une fatigue mentale et musculaire", mais dont les manifestations possibles remplissaient une liste de 70 entrées. "L’existence brève et spectaculaire de la neurasthénie témoigne de la manière dont une appellation a le pouvoir d’organiser et de mobiliser des symptômes", relève Justman. Certains maux paraissent ainsi atteindre les corps par une contagion socio-culturelle. Placebo et nocebo montrent que l’acte médical, loin d’être une simple interaction physique, est en réalité une "procédure sociale" à part entière: "Des expériences montrent que même un médicament aussi puissant que la morphine produit un effet plus important lorsqu’il est administré ouvertement, dans le cadre d’un rituel médical, que lorsqu’on le donne aux patients à leur insu." Exemple saisissant de la production d’un syndrome via le cérémoniel thérapeutique: le trouble dit "de la personnalité multiple", qui n’émerge le plus souvent qu’au moment où le soignant demande au patient de nommer ses alters egos. Sommeil et désarroi Faut-il parler de maladies imaginaires, de troubles socialement manufaturés à partir de néant? Dans le cas des symptômes de dépression, Justman suggère plutôt qu’il s’agit souvent d’états inhérents à la normalité de l’existence, qui se retrouvent médicalisés, c’est-à-dire transformés en pathologies. C’est "le désarroi commun et passager, produit par la vie elle-même, qui se résoudrait spontanément si on ne faisait rien"; ce sont "des constantes de la condition humaine", ou en tout cas "des difficultés qui se rattachent à la nature même de la civilisation". Le DSM-5, dernière édition du catalogue états-unien (et international) des troubles psychiques et de leurs symptômes, "intègre, à contrecœur, l’argument selon lequel ce qu’on appelle dépression peut être en fait une réponse justifiée à la vie elle-même". On pourrait, bien sûr, retourner la question: faut-il accepter le désarroi ordinaire en tant que composante inévitable de la normalité, ou peut-on aspirer à s’en débarrasser? Comme les sociologues Allan V. Horwitz et Jerome C. Wakefield Stewart, auteurs de Tristesse ou dépression? Comment la psychiatrie a médicalisé nos tristesses (2007), Justman défend l’existence de la mélancolie dans l’expérience humaine. D’autres cultivent le rêve utopiste de l’éradication de tout chagrin. Le problème, c’est que la médicalisation du malheur ordinaire aurait plutôt tendance à accroître la portée de ce dernier. "Ironiquement, un des effets du surdiagnostic de la dépression est que les antidépresseurs en vogue perturbent le sommeil", note Justman. Or, "un des facteurs de guérison les plus importants dans nos vies réside dans notre capacité de sombrer chaque soir dans l’endormissement réparateur"… La conscience est surestimée Y a-t-il donc un équilibre, un "bon" seuil de médicalisation à ne pas dépasser? La question est particulièrement lancinante dans le cas des cancers du sein et de la prostate. Dans les deux cas, le dépistage massif conduit à détecter et à traiter une quantité de cancers "dormants" ou "indolents" qui seraient inoffensifs et avec lesquels on vivrait sans problème. Le sein: selon une étude publiée en 2013 dans le British Medical Journal par le chirurgien Michael Baum, pour chaque décès évité par la mammographie on peut s’attendre à un chiffre de un à trois décès supplémentaires liés aux soins donnés aux femmes dépistées pour des cancers inoffensifs. La prostate: selon une étude européenne de 2009-2012, le dépistage réduit la mortalité engendrée par ce cancer, mais on compte 33 hommes rendus impuissants ou incontinents par une intervention non nécessaire pour chaque homme sauvé… Que faire? Eliminer les dépistages, plus nuisibles que bénéfiques comme le suggèrent plusieurs chercheurs? Brûler le DSM, véritable machine à surdiagnostiquer (et dénoncé en tant que tel par Robert Spitzer et Allen Frances, deux responsables successifs de la task force qui en coordonne la rédaction)? Arrêter net les campagnes d’information, sources majeures d’effets nocebo? Dans son élan, Justman jette peut-être quelques bébés avec l’eau du bain (notamment dans le domaine du traumatisme psychique). On retiendra néanmoins son éloge paradoxal de l’inconscience: nous vivons sous l’emprise d’un "culte de la conscientisation", mais "la conscience est surestimée". Notre cerveau fait son travail de gestion de la vie dans le silence des processus inconscients, où il n’est sans doute pas anodin de trop le déranger. Il travaille à notre insu, par habitude. Il est vrai que l’habitude a mauvaise presse. Et pourtant – la philosophie confucéenne et taoïste en avait l’intuition, les neurosciences le savent aujourd’hui –, "l’habitude est hautement opérationnelle, même dans des faits d’excellence".

Auteur: Ulmi Nic

Info: in le temps online du 15.9.2015 sous Effet nocebo: le patient qui en savait trop, *The Nocebo Effect. Overdiagnosis and Its Cost, par Stewart Justman, Palgrave Macmillan, 272 p

[ grégaire ] [ influençabilité ] [ corps-esprit ]

 

Commentaires: 0