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rapports humains

"Tu me le paieras !" disait une fille à son père qui l'avait empêchée de se marier à un soupirant trop bien peigné. Et elle se tua. Mais le père n'a rien payé du tout. Il adorait la pêche au lancer. Trois dimanches après, il retournait à la rivière, pour oublier, disait-il. Le calcul était juste, il oublia. A vrai dire, c'est le contraire qui eût surpris. On croit mourir pour punir sa femme, et on lui rend la liberté. Autant ne pas voir ça. Sans compter qu'on risquerait d'entendre les raisons qu'ils donnent de votre geste. Pour ce qui me concerne, je les entends déjà : "Il s'est tué parce qu'il n'a pu supporter de..." Ah ! cher ami, que les hommes sont pauvres en invention. Ils croient toujours qu'on se suicide pour une raison. Mais on peut très bien se suicider pour deux raisons. Non, ça ne leur entre pas dans la tête. Alors, à quoi bon mourir volontairement, se sacrifier à l'idée qu'on veut donner de soi ? Vous mort, ils en profiteront pour donner à votre geste des motifs idiots, ou vulgaires. Les martyrs, cher ami, doivent choisir d'être oubliés, raillés ou utilisés. Quant à être compris, jamais.

Auteur: Camus Albert

Info: La Chute

[ relatifs ] [ projections ] [ autodestruction ] [ malentendus ] [ méprises ] [ idées fausses ]

 

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ufo

Ovni ou pas ?

En juin 1974 en début de nuit ; Je m’étais arrêté au bord d’une route et marchais vers une petite clairière d’un bois tout proche afin d’écouter si les chouettes hulottes se signalaient par leurs cris caractéristiques, (je suis ornithologue amateur).
Après quelques minutes mon attention fut attirée par une "lumière" bleutée dans le ciel et une sorte de sifflement très faible qui provenait de cet "objet".
J’oubliais les rapaces et j’observais ce disque qui restait totalement immobile, à une distance d’une centaine de mètres, mais difficile à évaluer. Une variation de couleurs, accompagnée du sifflement se produisait par intervalles.
Je ressentais un malaise indéfinissable, comme face à une menace ! ( je ne peux réellement pas définir cette peur, une sorte d’alerte accompagnée de frissons )
Après quelques minutes je retournais vers la voiture et aussitôt le disque s’est déplacé avec une accélération étonnante, et a disparu...
Je ne peux en dire plus sauf que l’angoisse a perduré pendant une dizaine de minutes et puis plus rien !
Je ne sais pas ce que j’ai vu et je n’essaye pas de convaincre... J'y suis retourné évidemment de nombreuse fois, pour les chouettes et autres nocturnes, mais le fameux disque n'a plus montré le bout de son nez. ;-)

Auteur: Jipi pseudo

Info: Compte-rendu exclusif pour FLP, 44 ans après l’événement. Merci à son auteur.

[ témoignage ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

guerre

Le front est une cage dans laquelle il faut attendre nerveusement les événements. Nous sommes étendus sous la grille formée par la trajectoire des obus et nous vivons dans la tension de l'inconnu. Sur nous plane le hasard. Lorsqu'un projectile arrive, je puis me baisser, et c'est tout ; je ne puis ni savoir exactement où il va tomber, ni influencer son point de chute.
C'est ce hasard qui nous rend indifférents. Il y a quelques mois, j'étais assis dans un abri et je jouais aux cartes ; au bout d'un instant, je me lève et je vais voir des connaissances dans un autre abri. Lorsque je revins, il ne restait plus une miette du premier ; il avait été écrabouillé par une marmite. Je retournai vers le second abri et j'arrivai juste à temps pour aider à le dégager, car il venait d'être détruit à son tour.
C'est par hasard que je reste en vie, comme c'est par hasard que je puis être touché. Dans l'abri "à l'épreuve des bombes", je puis être mis en pièces, tandis que, à découvert, sous dix heures du bombardement le plus violent, je peux ne pas recevoir une blessure. Ce n'est que parmi les hasards que chaque soldat survit. Et chaque soldat a foi et confiance dans le hasard.

Auteur: Remarque Erich Maria

Info: A l'Ouest rien de nouveau, Chapitre VI

[ chance ]

 

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enfance

Le quatrième enfant de Paul et d’Émilie fut tout de suite plein de santé : c’était un garçon aux cheveux blonds, à la charpente robuste, tout le portrait de son père. Assez curieusement, une fois certains que le petit Carl [Jung] allait vivre, les parents se sentirent si soulagés qu’ils le traitèrent avec indifférence et retournèrent à l’apathie qu’ils manifestaient en présence l’un de l’autre. Émilie paraissait faire de temps à autre quelques tentatives pour être ce que dans le milieu rural on appelait une bonne mère. Tout passait après l’ordre et la discipline, à commencer par les démonstrations d’affection. Pendant les premières années de Carl, tantôt elle s’efforçait d’assumer les tâches quotidiennes, tantôt elle retournait à sa solitude, s’enfermant toujours plus longtemps dans sa chambre. elle ne semblait véritablement heureuse que lorsqu’elle racontait à quelques-unes des paroissiennes comment, la nuit, les esprits et les fantômes venaient hanter les couloirs du presbytère, ou encore lorsqu’elle écoutait leurs histoires de revenants croisés sur le chemin qui menait au lac. Pendant ce temps, Paul s’occupait de l’enfant avec la gentillesse et l’attention qu’il accordait à ses paroissiens. Il était d’une grande douceur, mais dérouté par ce solide petit gaillard qui trottait dans tout le presbytère, il le laissait souvent seul ou sous la surveillance inquiète de leur unique domestique, et courait se réfugier dans le calme de son bureau.

Auteur: Bair Deirdre

Info: Dans "Jung", trad. de l’anglais par Martine Devillers-Argouarc’h, éd. Flammarion, Paris, 2007, page 39

[ cadre de vie ]

 

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insomnie

Je retournai dans ma chambre, refermai les portes et me couchai en sermonnant : "Il faut que je dorme. Il faut tout oublier jusqu’à demain. Il faut que je dorme." J’éteignis la lumière. Je fermai les yeux et, m’appliquant à ne penser à rien, m’efforçai de m’endormir. La lutte pour le sommeil est déjà quelque chose d’effrayant. On n’a pas de prises. La seule volonté de dormir vous tient éveillé. Je ne pensais à rien, mais il y avait pourtant en moi la volonté de dormir qui à mon insu me tenait éveillé. Je me retournais sans cesse. De temps en temps, à travers l’obscurité, venait à moi de très loin le tintement d’une horloge. Tout était noir. Je n’avais déjà plus de volonté. Pourtant, je ne dormais pas. Combien de temps s’écoula ainsi ? Je ne le sais pas. J’avais complètement perdu la notion du temps. J’étais absolument comme si je dormais, pourtant une conscience suffisante faisait que je savais que j’étais éveillé. A la longue, après m’être retourné je ne sais combien de fois, mon engourdissement se fit plus grand. Une joie minuscule m’envahit. J’allais perdre toute notion des choses lorsque, insensiblement, j’eus la sensation que mon cerveau grossissait, grossissait, que mon corps était de plomb, que tout mon être se gonflait et que, à mesure qu’il gonflait, je pouvais de moins en moins remuer afin de reprendre mon aspect habituel.

Auteur: Bove Emmanuel Bobovnikoff Dugast Vallois

Info: Journal écrit en hiver, Flammarion, 1983, pages 106-107

[ sensations ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

guerre

A mesure qu'augmentaient les détonations des obus et les déflagrations des fusées, ils rentraient la tête dans les épaules, psalmodiant et implorant la grâce du ciel. Puis ils distribuaient quelques claques aux enfants qui reprenaient leurs jeux dès qu'une plage de silence si brève fût-elle, parvenait à s'installer entre deux embrasements. Le sentiment d'écrasement, face à la menace extérieur, se retournait contre les enfants. Les parents ne supportaient plus leur neutralité, leurs cabrioles primesautières en marge de la peur omniprésente, leur indifférence à la toute-puissance de la mort. Les enfants ignorent tout ce qui n'est pas la vie et sa célébration. Entre deux diarrhées provoquées par la peur, il leur suffisait de croiser le regard d'autres enfants pour que s'établisse une sorte de fête que rien ne pouvait empêcher. Ils s'agrippaient un instant à leur mère, et, aussitôt la liste de leurs réclamations se dévidait, il leur fallait constamment manger ou boire quelque chose. A croire qu'ils le faisaient exprès pour éviter à leurs parents de se dissoudre dans la peur. Ils les interpellaient pour leur redonner une apparence sécurisante et les protéger de la démence vers la quelle dérapait, brusquement, le regard des adultes. Pour ramener leur mère à celle qui, à la maison, leur servait à manger et les enveloppait de son regard souriant en les mettant au lit. Pour détourner leur père de ses sorties nocturnes et lui défendre de rejoindre les autres hommes.

Auteur: Barakat Hudá

Info: La pierre du rire

[ familles ] [ équilibre ]

 

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anarchie

L'évolution doit précéder la révolution, laquelle est sa conséquence logique, sa sanction. Des révolutions que nous avons vu se perpétrer aucune n'a eu de résultat réellement émancipateur ; elles consommées, les hommes qui les avaient faites et leurs descendants retournaient aux mêmes errements, l'esclavage changeait seulement de forme. Les révolutions étaient stériles parce que l'évolution n'était pas accomplie chez les individus. L'homme veut toujours conquérir ce qu'il pense être le mieux, le meilleur. Son égoïsme, qui n'est en somme que l'expression individuelle de l'instinct de conservation de l'espèce, le conduit à cela. Mais que peut-il faire, sinon stagner, s'il ne connaît ce mieux et ce meilleur ? C'est précisément parce que son égoïsme a été élevé dans un mauvais sens qu'actuellement il ne se dirige pas d'une façon plus rapide vers la Liberté, source féconde de bonheur. Il ne voit pas ce que, en tant qu'organisation sociale, il peut y avoir de préférable à l'actuelle pour son bien-être. Il souffre, mais il ne connaît pas le remède guérisseur de son, mal. Eduquez-le sérieusement, largement, ouvrez ses yeux à toutes les vérités, à toutes les lumières, son activité aiguillera vers la Liberté. Mais, ne cessons de le répéter, il est indispensable que cette éducation soit commencée dès l'enfance, afin de ne laisser aucune prise à l'esprit autoritaire. C'est par l'éducation libertaire que l'on parviendra à former des individus - hommes et femmes - intelligents, bons, forts et justes, des hommes libres, aptes à faire vivre la Société de libre Justice.

Auteur: Devaldès Manuel

Info: L'Éducation et La Liberté

[ pédagogie ]

 

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anecdote

Il est temps de ramener, une fois de plus, Guy Roux dans la vie d'Éric.
"La mère de Canto m'a téléphoné le jour de son procès en appel. En trente ans, personne n'avait jamais interrompu une de mes séances d'entraînement. Mais elle était morte d'inquiétude. Éric lui avait dit que, si le juge confirmait le verdict initial, il lui casserait la gueule ! Oh, là, là... Je lui ai répondu : je ne suis pas Dieu le père. Mais... Je connaissais Béatrice Main, ancien sous-préfet de Château-Chinon et chef de cabinet du président Mitterrand à l'époque. Quatorze avant, j'avais accepté de faire une photo de l'équipe aux côtés de Mitterrand pendant qu'il faisait campagne pour la présidentielle. Il avait toujours eu un faible pour Auxerre et m'avait même dit, une fois : "Si un jour vous avez un problème, appelez Béatrice et on verra ce qu'on peut faire." Je lui ai donc expliqué que je n'avais encore jamais dérangé le président - je n'allais quand même pas demander son aide pour un PV ! - mais qu'on était confrontés à une situation grave : Cantona faisait face aux juges. Sa réaction a été prévisible : "On ne va pas donner de leçons aux Anglais, eux qui ont inventé l'indépendance de la justice !" Bien sûr, lui ai-je répondu, mais j'ai pensé à une solution. Si le président envoyait un télégramme à la reine pour dire : "Si Cantona va en prison, cela va ternir sérieusement les relations entre la jeunesse française et la jeunesse anglaise", peut-être que ça pourrait être utile... Elle m'a répondu : "Vous êtes complètement dingue. Je le savais.
- Vous pourriez lui transmettre quand même ?"
C'était un mercredi, jour du Conseil des ministres à l'Élysée. Elle m'a dit qu'elle me rappellerait dans l'après-midi. Et elle m'a rappelé à 15 heures : "Il n'y a que les fous qui réussissent en ce bas monde. Le président a demandé à un haut fonctionnaire d'envoyer un télégramme au Home Office." À 15 heures, Cantona voyait sa peine commuée et retournait chez lui.

Auteur: Auclair Philippe

Info: Cantona, le rebelle qui voulut être roi

[ football ] [ pouvoir ] [ influence ]

 

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coup d'oeil

Installé au premier rang, je me retournai pour observer en douce les gens. Je notai toutes les nuances de couleur. Toutes les teintes que j'avais pu voir auparavant étaient quelque part dans cette pièce. Les visages derrière moi offraient une palette de dégradés, des coloris fragmentés se reflétant telles les incrustations d'une mosaïque éclaboussée de lumière. Chacune insistant sur sa propre spécificité. Des éclats de chair en tous sens, acajou par ici, noix ou pin par là. Des bouquets de bronze et de cuivre, des étendues de pêche, ivoire et nacre. De temps en temps, des extrêmes : la pâte décolorée des pâtisseries danoises, ou bien la cendre nuit noire de la salle des machines d'un paquebot de l'histoire. Mais dans le milieu du spectre, majoritaire, toutes les traces et les nuances imaginables de marron s'entassaient sur les chaises pliantes. Ils se révélaient mutuellement, par contraste. Le brun-gris taupe révélant l'ambre, l'ocre révélant le fauve, les roses, les roux et les teks faisant mentir tous les noms dont on les avait toujours affublés. Toutes les proportions de miel, de thé, de café, de crème – fauve, renard, ivoire, chamois, beige, baie : j'étais incapable de distinguer un marron d'un autre. Marron comme les épines de pin. Marron comme le tabac séché. Des tons qu'il aurait sans douté été impossible de distinguer à la lumière du jour – châtaigne, roux, rouan – devenaient perceptibles grâce à ceux à côté desquels ils se trouvaient sous les lampes basses.

L'Afrique, l'Asie, l'Europe et l'Amérique se percutaient et ces nuances éclatées constituaient les incrustations de cet impact. Jadis, il y avait eu autant de couleurs de peau qu'il y avait de coins isolés sur terre. À présent, les combinaisons s'étaient multipliées. Combien de gradations un être humain pouvait-il percevoir ? Ce morceau polytonal et polyharmonique joué pour un public sourd comme un pot, qui n'entendait que les toniques et les dominantes, et tremblait même à l'idée de distinguer entre les deux. Il n'empêche, pour ma mère, toutes les notes de la gamme chromatique étaient présentes, et bon nombre de microtons intermédiaires.

Voilà pour le regard furtif que je lançai à la dérobade.

Auteur: Powers Richard

Info: Le temps où nous chantions

[ temps dilaté ] [ littérature ]

 
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Ajouté à la BD par miguel

femmes-par-hommes

Maintenant, réfléchissant dans le noir à leur passé, il s'apercevait qu'il ne pouvait y avoir qu'une raison à la façon acrobatique et distante que Nora avait de faire l'amour : comme les prostituées qui vendent leur corps, mais non leur plaisir, Nora, simplement, ne l'aimait pas. Toutefois cette explication ne lui sembla pas satisfaisante : Nora répétait constamment qu'elle l'aimait dans les occasions les plus intimes et les plus désintéressées et il n'avait pas de raison d'en douter. Mais alors ? Il se dit que son manque de participation à l'amour ne pouvait s'expliquer que s'il l'entendait au-delà des limites du rapport sexuel. En réalité, pensa-t-il, la manière qu'avait Nora de faire l'amour sous-entendait une attitude psychologique analogue : aux démonstrations amoureuses de Lorenzo elle répondait, en fait, par l'immobilité, l'indifférence, carrément par l'agacement et la répulsion. Maintenant, à y bien repenser, il se rappela que Nora n'aimait pas être caressée sur le visage, alors que c'est une des caresses les plus affectueuses ; dès qu'il ébauchait ce geste, elle ne pouvait s'empêcher de détourner la tête. Qu'est-ce que cela signifiait ? Comment cela pouvait-il être compatible avec l'affirmation obstinée et sincère de Nora qui prétendait l'aimer ? Lorenzo se souvint du comportement analogue d'un de ses chats, chez ses parents, sauvage et méfiant, habitué à vivre à la maison le jour et sur les toits la nuit, il se dérobait à la caresse ou se retournait et faisait mine de le griffer. Lorenzo avait demandé à sa mère pourquoi l'animal ne voulait pas être caressé. Elle avait répondu :
- Parce que tu ne lui plais pas.
- Mais nous lui donnons une maison, de la nourriture, il devrait au moins se laisser caresser.
- Il est égoïste, il veut recevoir et non pas donner. Ou plutôt, si tu réfléchis un peu, il y a quelque chose qu'il nous donne.
- Quoi ?
- Sa beauté. Il est beau. Il se laisse contempler, il ne veut pas donner davantage.
Maintenant, en repensant aux mots de sa mère, il crut pouvoir expliquer l'attitude de Nora dans l'amour. Comme le chat de sa mère, Nora était simplement égoïste : tout en acceptant son amour, elle ne ressentait pas le besoin d'y répondre, elle se contentait de vivre sous ses yeux, de se laisser regarder.

Auteur: Moravia Alberto

Info: La femme léopard

[ distantes ] [ froides ]

 

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