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vocabulaire

J'écris le mot tilleul et je suis tout de suite sous un tilleul, le mot lessive et je revois ma mère étendre des draps dans la lumière du jardin et la joie de sa jeunesse. Rien n'est plus magique que l'écriture, elle va chercher des débris de vie dans des replis secrets de nous-mêmes qui n'existaient pas cinq minutes plus tôt. On croit avoir tout oublié, on allume une lampe, on se penche sur un cahier et la vie entière traverse votre ventre, coule de votre bras, de votre poignet dans ce petit rond de lumière, un soir d'automne, dans n'importe quel coin perdu de l'univers.

Auteur: Frégni René

Info: Dernier arrêt avant l'automne

[ remémoration ] [ termes déclencheurs ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

euthanasie

"Nous nous retrouverons en rêve": tels furent les derniers mots que je chuchotai à l'oreille de Brenin pendant que le vétérinaire le piquait dans une veine de la patte droite- je revois la patte, la veine- pour lui injecter une dose mortelle d'anesthésique. Il partait alors que je finissais ma phrase. J'aime à penser qu'il n'était de toute façon plus là: il était en Alabama, à enfouir son museau dans la fourrure de sa mère; il était à Knockduff avec Nina et Tess, à bondir dans des océans d'orge, tandis que le timide soleil irlandais se levait sur une scène d'une splendeur dorée, nimbée de brume; il courrait dans Wimbledon Common, filant dans les bois à la poursuite des écureuils et de ces coquins lapins; il jouait avec elles dans les vagues clémentes de la Méditerranée.

Auteur: Rowlands Mark

Info: Le philosophe et le loup : Liberté, fraternité, leçons du monde sauvage

[ loup ] [ homme-animal ] [ séparation ]

 

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réminiscence

Voici quinze ans, je suis venu ici avec Lily, pensait-il. Nous étions assis quelque part là-bas, au bord du lac, et tout le long de cette chaude après-midi, je la suppliais de m'épouser. Inlassablement, une libellule tournait autour de nous, je revois clairement cette libellule et la boucle d'argent carrée de son soulier. Tout le temps que je lui parlais, je voyais son soulier et lorsqu'il y avait un mouvement d'impatience, je savais, sans lever les yeux, ce qu'elle allait me dire : elle semblait tout entière contenue dans son soulier. Et mon amour, mon désir étaient contenus dans la libellule ; si elle se pose là, sur cette feuille scandée au centre d'une fleur rouge, pensais-je pour une quelconque raison, si la libellule se pose sur la feuille, elle dira oui tout de suite. Mais la libellule tournoyait sans cesse : elle ne se posait jamais - naturellement, et c'est heureux, car autrement je ne serais pas en train de me promener ici avec Eléonore et les enfants.

Auteur: Woolf Virginia

Info: La Mort de la phalène

[ superstition ] [ monologue intérieur ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

générations

mon grand-père était allemand et plutôt bien balancé
mais avec une drôle d’haleine.
il se tenait tout raide
sous la véranda de sa petite maison
et sa femme le haïssait
et ses enfants pensaient qu’il était dérangé.
j’avais six ans la première fois que je l’ai rencontré
et il m’a donné toutes ses décorations militaires.
la deuxième fois
il m’a donné sa montre de gousset qui était en or.
elle pesait son poids et je la ramenai chez moi
mais elle s’arrêta de marcher
car je l’avais trop remontée,
ce qui me désespéra.
je ne l’ai jamais revu
et mes parents ne parlaient jamais de lui
ni ma grand-mère d’ailleurs
qui avait cessé depuis longtemps
de vivre avec lui.

une fois pourtant je leur ai demandé de me
parler de lui
et ils m’ont tous dit
qu’il buvait trop.
n’empêche, c’est lui que j’aimais le plus.
je le revois
se tenant tout raide
sous la véranda de sa petite maison
et me disant : "hello, Henry, toi
et moi, on se connaît bien,
n’est-ce pas ?"

Auteur: Bukowski Charles

Info: Dans "L'amour est un chien de l'enfer", pages 350-351, "une montre de gousset en or"

[ fidélité ] [ transmission ] [ aura ] [ souvenir d'enfance ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

mystérieux

Je vous conterai une autre de mes aventures et, sans doute, la plus fatale.
En ce temps-là, c'était en 1943, je séjournais dans l'ex-Pologne et dans l'ex-Varsovie, tout au fond du fait accompli. En silence. Le groupe ravagé de mes vieux compagnons et amis des ex-cafés Le Zodiaque, Ziemianska, Ips, se donnait rendez-vous tous les mardis dans un petit appartement de la rue Krucza et là, tout en buvant sec, nous essayions de continuer d’être des artistes, des écrivains, des penseurs... en reprenant nos anciennes conversations, nos ex-débats sur l'art... Je les revois encore assis ou bien étendus sur les divans dans la fumée épaisse, celui-ci un rien squelettique, cet autre un peu abîmé, mais tous criant et braillant. L'un criait : Dieu, un autre : l'art, un troisième : le peuple, un quatrième : le prolétariat, et nous discutions à perdre haleine et cela durait, durait - Dieu, l'art, le peuple, le prolétariat - mais un jour arriva un homme de trente à quarante ans, noir, sec, au nez aquilin, et il se présenta à chacun selon toutes les formalités d'usage. Après quoi, il n'ouvrit presque plus la bouche.

Auteur: Gombrowicz Witold

Info: Dans "La pornographie", éd. Kultura, traduit par René Julliard, page 17

[ convictions ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

thérapie

La lecture c'est l'oxygène de mes jours et de mes nuits, l'échappatoire de ma vie, la liberté, c'est vital - "Il fait oublier le vide, l'isolement". Une relation passionné et passionnante.
C'est retrouver parfois l'image de mon imaginaire, de mes pensées, de mes rêves. Et puis, elle me donne d'autres rêves, d'autres pensées, de voir des personnes, des paysages, de réflexions. Le livre est toujours là, il suffit de tendre la main, il y en a toujours un. Lire, relire, une histoire sans fin. C'est la mémoire du temps. C'est aussi faire connaissance avec les auteurs.
Je ne peux pas passer devant un libraire sans y rentrer et en sortir avec un livre à la main. Toujours à la recherche du prochain, récent ou ancien qui ira rejoindre une étagère de la bibliothèque.
Pour certains Internet me permet de relire des anciens livres de mon enfance, de ma jeunesse qui ont disparu des rayons des libraires et des bibliothèques; pourtant il y en a de merveilleux.
Je tiens à mes livres, même s'ils sont en format de poche et usés. J'aime les voir. Je lis les titres sur la tranche et les sensations de la lecture me reviennent, je revois ce qu'ils ont changé en moi. Cela m'aide à vivre. J'en ai besoin. Point.

Auteur: Lachaud Denis

Info: Comme personne

[ refuge ] [ passion ]

 

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Asie

Parmi mes souvenirs de Ceylan, je revois une grande chasse à l'éléphant.
Les éléphants étaient devenus trop nombreux dans un certain secteur et au cours de leurs incursions endommageaient maisons et cultures. Durant plus d'un mois, au long d'un fleuve, les paysans, avec du feu, des brasiers et des gongs, obligèrent peu à peu les troupeaux sauvages à reculer vers un coin de la forêt et à s'y rassembler.
Nuit et jour, les flammes et le bruit des instruments inquiétaient les grands animaux qui se déplaçaient comme un fleuve lent vers le nord-ouest de l'île.
Puis arriva le jour du kraal. Les palissades obstruaient une partie de la forêt. Par un étroit couloir je vis entrer le premier éléphant qui se sentit aussitôt pris au piège. Il était trop tard. Des centaines d'autres s'avançaient dans le corridor sans issue. L'immense troupeau de près de cinq cents éléphants était dans l'impossibilité d'avancer ou de reculer.
Les mâles les plus puissants se dirigèrent vers les palissades en essayant de les briser, mais derrière celles-ci surgirent d'innombrables lances qui les arrêtèrent. Alors ils se replièrent au centre de l'enclos, décidés à protéger les femelles et leurs petits. Leur défense et leur organisation étaient émouvantes. Ils lançaient un appel angoissé, une sorte de hennissement ou un coup de trompette, et dans leur désespoir déracinaient les arbres les plus faibles.

Auteur: Neruda Pablo

Info: La solitude lumineuse

[ littérature ]

 

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lecture

Ceux qui ne connaissent pas ce penchant doivent trouver bizarre qu'on ait sans cesse le nez plongé dans un bouquin, qu'on ne voit pas passer la vie avec toutes ses merveilles, qu'on gaspille ses années de jeunesse insouciante sans profiter de ses joies et de la dépense physique. Ils y discernent sans doute quelque chose de triste, voire de tragique, ils se demandent ce qui peut bien pousser un gamin à se comporter ainsi. Mais on ne voit les merveilles de la vie que quand on est heureux; l'insouciance ne va de pair qu'avec le bonheur; et les joies de la pensée, de l'imagination, sont bien supérieures à celles des muscles et de l'effort. Laissez-moi vous dire, si vous ne le savez pas par expérience, que certaines personnes (moi, par exemple) trouvent dans un bon livre, dans l'immersion dans les mots et les idées, un bonheur d'une intensité insoupçonnée. Quand je veux invoquer des souvenirs de paix, de sérénité, de plaisir, je repense à ces paresseux après-midi d'été, je me revois en équilibre sur ma chaise, un livre sur les genoux; j'entends encore le bruissement des pages tournées tout doucement. Peut-être ai-je connu, à d'autres époques de ma vie, de plus hauts sommets d'extase, de grands moments de soulagement ou de triomphe, mais sur le chapitre du bonheur tranquille, paisible, je n'ai jamais rien vécu de comparable.

Auteur: Asimov Isaac

Info: Moi, Asimov

[ nostalgie ] [ volupté ]

 

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dernières paroles

Mon petit Microbe, mon fils, Quand tu seras grand, tu liras cette lettre de ton papa. Il l'a écrite 3 heures avant de tomber sous les balles du peloton d'exécution.
Je t'aime tellement, mon petit garçon, tellement, tellement.
Je te laisse seul avec ta petite maman chérie. Aime-la par-dessus tout. Rends-la heureuse, si heureuse. Remplace ton "papa-car" auprès d'elle. Elle est si bonne ta maman, et ton papa l'aime tellement. Console-la, mon petit garçon chéri, soutiens-la. Tu es tout maintenant pour elle. Donne-lui toute la joie. Sois hon et courageux.
Je tomberai courageusement, mon petit Microbe chéri, pour ton bonheur [et celui] de tous les enfants et de toutes les mamans.
Garde-moi un tout petit coin dans ton coeur. Un tout petit coin, mais rien qu'à moi. N'oublie pas ton "papa-car".
Mon petit fils chéri, je revois ta petite figure souriante, j'entends ta voix si gaie. Je te vois de tous mes yeux. Tu es tout notre bonheur, le mien et celui de ta maman chérie.
Obéis à ta maman, aime-la par-dessus tout, ne lui cause jamais de chagrin. Elle a déjà tellement souffert. Donne-lui tellement de bonheur et de joie.
Mes derniers instants, je ne pense qu'à toi, mon petit garçon chéri et à ta maman bien-aimée.
Soyez heureux, soyez heureux dans un monde meilleur, plus humain.
Vous dis encore une fois tout mon amour.
Sois courageuse, ma petite Paula chérie.
Aime ta maman par-dessus tout, mon petit garçon chéri, mon petit Microbe chéri.
Sois bon et courageux, n'oubliez pas votre "papa-car".
Vous serre tous les deux dans mes bras.
Vous embrasse de toutes mes forces, de tout mon coeur.
Votre "papa-car".
Mes amitiés à tous nos amis.

Auteur: Epstein Joseph

Info: 11 avril, à son fils

[ exécution ]

 

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mort

Je revois donc cette chambre dont je parlais. La liste, allongée chaque jour, des médicaments inscrits sur un panneau au pied du lit. Je me souviens de la potion de Brampton en particulier. On m’avait expliqué qu’il fallait en augmenter les doses quotidiennement et qu’on ne pourrait plus revenir en arrière. Je réentends des mots, des expressions, des bribes de phrases. Radiographies, scintigraphies, vitesse de sédimentation, carcinome rénal, tumeurs. Radiothérapie, scanner, biopsie, chimiothérapie.

Et les noms des médicaments : Depoprodazone, Fortal, Solupred, Glifanan. Je revois le "matelas alternand" destiné à éviter les escarres. Et, sous le lit, ce petit sac en plastique, relié à la vessie, en train de se remplir lentement. Je revois les visiteurs et les visiteuses. Apitoyés, ennuyés, attentifs, pressés, tendres, impatients, rassurants. Pendant ce temps, les métastases, aussi imperturbables qu’invisibles, poursuivaient leur danse dévorante.

Cet engourdissement a duré jusqu’au réveil de la malade, je veux dire jusqu’à son entrée dans un délire terminal d’une éblouissante lucidité. Avec d’autant plus de violence qu’elle avait été longuement refoulée, la vérité s’est déchaînée alors, torrentielle, ravageant d’un seul coup le théâtre de semblant sous lequel on avait essayé de l’étouffer. Il y a eu des cris, des appels au secours, je les réentendrai toute ma vie. Comme j’aurai toujours dans l’oreille ses accusations : ceux qui l’approchaient portaient des "masques", on avait conspiré contre elle, le terme de "scénario" revenait tout le temps pour désigner ses quatre mois de torture : "Le scénario n’est vraiment pas fameux, je ne vous félicite pas ! … " (le visage hideux du Spectateur se révélait enfin).

C’était clair. Depuis le début, elle savait. Jamais un seul instant elle n’avait cru à ce qu’on lui racontait. Elle avait fait semblant, par politesse, c’est tout. Après cette bouffée de désenvoûtement radical, l’agonie est venue très vite.

Auteur: Muray Philippe

Info: Dans "Exorcismes spirituels I - Rejet de greffe", pages 287-288

[ hôpital ] [ acharnement thérapeutique ] [ cancer ] [ fin de vie ]

 

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