Citation
Catégorie
Tag – étiquette
Auteur
Info



nb max de mots
nb min de mots
trier par
Dictionnaire analogique intriqué pour extraits. Recherche mots ou phrases tous azimuts. Aussi outil de précision sémantique et de réflexion communautaire. Voir la rubrique mode d'emploi. Jetez un oeil à la colonne "chaînes". ATTENTION, faire une REINITIALISATION après  une recherche complexe. Et utilisez le nuage de corrélats !!!!..... Lire la suite >>
Résultat(s): 12
Temps de recherche: 0.0307s

vision romantique

Mais cette haine de la parole s’exprime finalement dans un dernier courant : non seulement il faut démolir le langage construit et signifiant, mais encore, le mieux, c’est non pas ce travail qui est œuvre d’individus raisonnants, au contraire, il faut prendre la vraie référence chez celui qui spontanément parle ce langage sans raison, sans contenu, sans enchaînement, sans clarté, mais avec une signification latente autre, totalement autre que celle des mots prononcés, à savoir le "fou". [...] Et l’on assiste alors à une étrange magie : le fou détruit la communication, le sens, la continuité et l’on admire, l’on s’extasie sur une si grande originalité ! Mais qu’est-ce que cela a encore à faire avec le langage ? On a beau l’intituler glorieusement le langage de la rupture, c’est précisément dire qu’il n’y a plus de langage ! [...] Le fou a bien entendu un langage. Mais peut-il être modèle ? Peut-il être une libération d’un sens plus authentique au-delà des affreux rationalismes et de la rationalité ? Il y a magie, fascination de l’inframonde, le fou a toujours exercé cette fascination sur ceux qui cherchaient une autre vérité que celle simplement humaine, le fou "chevauché" par un dieu, "possédé" par un démon, en communication avec un au-delà, porteur d’une illumination, d’une connaissance directe, ne passant pas par le cerveau conscient... Recherche d’un supra-langage dans sa déstructuration par le fou... [...] il faudrait peut-être se demander : pour qui cette folie a-t-elle un sens ? Et comment s’exprime la signification d’une si profonde déstructuration ? Eh bien uniquement pour celui qui a une profonde habileté herméneutique, donc un très habile herméneute, et uniquement par la grâce du langage le plus rigoureux et le plus expressif ! [...] C’est donc par le meilleur langage porteur de sens et de communication que ces explosions verbales inaudibles prennent une quelconque valeur ! [...] Quand on prétend que le fou parlant exprime son refus des conventions sociales, je veux bien que ce soit l’interprétation que l’herméneute m’en donne mais simplement je me demande : s’il n’y a pas de sens dans ce qu’ils disent, pourquoi en chercher un ? Si les mots et les structures langagières sont totalement dévalués, comment y trouver un message ? Je suis tout à fait d’accord pour considérer d’une part que ces discours du fou doivent être étudiés comme moyen de diagnostic de qui est celui qui parle ainsi, d’autre part que ces textes peuvent avoir dans leur non-sens une grande puissance d’évocation poétique, et que l’on peut y trouver des poèmes authentiques [...], mais encore une fois c’est seulement le sujet parlant le langage cohérent de la « raison » qui comprend, qui éprouve et qui traduit... ! Quant à s’enchanter de ce que ces écrits ridiculisent le "discours institué" et qu’ils nous "font sortir du langage", cette joie repose sur la conviction simpliste qu’il y a un discours institué, et que c’est un progrès de "sortir du langage" mais s’il en est ainsi, on se demande pourquoi ces auteurs continuent à écrire des phrases parfaitement compréhensibles dans un souci de communication ! Ridiculiser la parole, ce dont on se gargarise tant, c’est contribuer à la victoire de la puissance des foules, des ombres, des meurtres et les délires sociaux ne sont jamais innocents !

Auteur: Ellul Jacques

Info: Dans "La parole humiliée", éditions de la Table Ronde, Paris, 2014, pages 279 à 282

[ instrumentalisation politique ] [ déconstruction ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par Coli Masson

rupture

Ma tendre mademoiselle Beadnell,
Vos sentiments vous permettront sans doute mieux d'imaginer, bien mieux que n'importe quelle tentative de ma part, le déchirement qu'a été d'emprunter le chemin que j'ai désormais choisi de prendre. Cette direction que je prends ne pourrait pas être plus contraire à celle de mes désirs et de mes sentiments. Malgré tout, elle se dévoile être un peu plus chaque jour la seule et l'unique voie qui s'offre à moi.
Nos rencontres n'ont récemment été guère plus que des manifestations de cruelle indifférence d'un côté et de l'autre, elles n'ont conduit qu'à nourrir le chagrin d'une relation qui depuis longtemps est devenue plus que désespérée. Conscient que je m'étais embarqué dans une quête qui depuis longtemps était désespérée - et persévérer dans cette voie n'aurait pu que me ridiculiser - j'ai pris la décision de vous rendre ce cadeau que j'ai reçu de vous il y a peu (et que j'ai toujours eu, voire que j'ai, en haute estime en comparaison à tout ce que je peux posséder) ainsi que d'autres souvenirs dans lesquels j'inclus nos dernières lettres. Je suis certain que vous apprécierez de les recevoir puisque, tenant compte de nos situations respectives, tout cela ne pourrait être mieux qu'entre vos mains.
Dois-je dire que rien n'est plus éloigné de mon intention que de vous blesser avec ces quelques lignes qui accompagnent ce petit paquet ? Je suis certainement la dernière personne au monde qui pourrait se comporter ainsi. Il me semble que ce n'est pas le moment pour ce type de jeu frivole, délibéré et calculé. [...] Ce serait mesquin et malvenu de ma part que de conserver un de vos cadeaux ou bien de garder même une seule ligne de votre souvenir ou une quelconque marque de votre affection.
J'ai une seule chose à ajouter, et je le dis à ma décharge. Pour moi, le fruit de notre passion a sans nul doute été la mélancolie. J'ai vu apparaître au fil de notre correspondance les marques d'une totale désolation et de malheur apparaître. Grâce à Dieu je parle en mon nom et peux m'enorgueillir du mérite d'avoir toujours agi avec vous de manière juste, claire et honorable, et ce tout au long de nos échanges.
Sous une couche d'amabilité ou bien au travers d'un comportement totalement distinct d'un jour à l'autre, j'ai toujours été le même. J'ai toujours agi sans réserve et sans jamais prétendre atteindre ce que je ne pouvais accomplir. Je ne vous ai jamais laissé espérer ce que je ne pouvais combler. Jamais je n'ai pris le rôle d'une oreille attentive dans le seul but d'arriver à mes fins et je crois que jamais je ne le pourrai (bien que Dieu sache que c'est peu probable que l'occasion se présente à moi). [...]
Je n'ai rien fait qui eut été susceptible de vous blesser. Et si j'ai dit (bien que je ne le crois pas possible) quelque chose qui ait pu avoir cet effet la, la seule chose que je puisse faire et de vous demander de vous mettre à ma place et une explication s'offrira à vous, une explication bien plus claire que celle que je pourrais vous offrir.
Acceptez ce qui suit avec toute la valeur que cela comporte, et je crois que rien au monde ne pourrait me rendre plus content, ni plus vrai, que de vous savoir, vous l'objet de mon premier et dernier amour, heureuse. Si vous arrivez à le devenir comme je pense que vous pouvez l'être, alors vous serez en possession de toutes les bénédictions que ce monde puisse vous donner. C.D.

Auteur: Dickens Charles

Info: Lettre du 18 mars 1833 à son premier amour, lui ne plait pas à la famille bourgeoise de sa fiancée. Echec qui donna à Twain la rage de vaincre les obstacles et devenir le grand auteur qu'on connait

 

Commentaires: 0