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matérialisme

Paradoxe de Berkeley : L'évêque de Cloyne, Berkeley, est le dernier qui, par cent sophismes captieux, a prétendu prouver que les corps n'existent pas. Ils n'ont, dit-il, ni couleurs, ni odeurs, ni chaleur ; ces modalités sont dans vos sensations, et non dans les objets. Il pouvait s'épargner la peine de prouver cette vérité ; elle est assez connue. Mais de là il passe à l'étendue, à la solidité, qui sont des essences du corps, et il croit prouver qu'il n'y a pas d'étendue dans une pièce de drap vert, parce que ce drap n'est pas vert en effet ; cette sensation du vert n'est qu'en vous : donc cette sensation de l'étendue n'est qu'en vous. Et, après avoir ainsi détruit l'étendue, il conclut que la solidité qui y est attachée tombe d'elle-même, et qu'ainsi, il n'y a rien au monde que nos idées. De sorte que, selon ce docteur, dix mille hommes tués par dix mille coups de canon ne sont dans le fond que dix mille appréhensions de notre entendement ; et quand un homme fait un enfant à sa femme, ce n'est qu'une idée qui se loge dans une autre idée, dont il naîtra une troisième idée.

Auteur: Voltaire

Info: Dictionnaire philosophique <p.149-150>

 

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tue l'amour

Je ne sais plus par quel détour la conversation en vint à l’attentat contre les Twin Towers, mais quand j’entendis la jeune femme qui m’accompagnait au Café Romand soutenir que le Président Bush en était l’initiateur, je fus surpris. Quand elle tenta de nous prouver l’implication de la CIA et du Mossad dans ce complot, je pressentis que le pire allait venir et que cette soirée serait notre dernière soirée. […] Cette jeune femme, universitaire de surcroît, était d’ordinaire réservée. Je ne sais pas quel vent mauvais l’emportait, mais il me fut difficile de ne pas réagir, l’invitant à ne pas entrer dans un délire antisémite, ce qu’elle récusa aussitôt, prétendant que des experts australiens – rien n’est plus farfelu que l’arrivée d’experts australiens dans un débat – avaient établi les faits. Son visage s’empourprait et elle perdait tout charme à mes yeux. Je ne parvenais plus à comprendre la séduction que cette ravissante helléniste avait exercée sur moi.

Face aux objections qui fusaient, elle se réfugia derrière les films de Michael Moore. L’erreur dans le jugement s’accompagnait d’une faute esthétique. J’étais consterné. Jamais je n’aurais soupçonné que cette sylphide se gavait de la démagogie infecte de ce bateleur obèse.

Auteur: Jaccard Roland

Info: Dans "Ma vie et autres trahisons", éd. Grasset & Fasquelle, 2013, pages 175-176

[ femme-par-homme ] [ collapsus ] [ débandage ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

triade philosophique

La métaphore des trois états

Le chameau se leste des fardeaux de la vie, de la morale, de la culpabilité, du faux, il adopte la posture de la servitude et courbe le dos. Il porte la charge longtemps, dans l'aridité du désert de la multitude, il fait partie de la caravane humaine.

Le lion est la figure du roi et de la révolte, de la puissance et de la force. Mais il est encore dépendant de ce qu'il combat, de ses faux amis et de ses vrais ennemis, il n'est pas libre de son combat et dépend du regard de ceux qui le font lion.

L'enfant est celui qui commence et s'émerveille, il sait qu'il représente l'homme neuf qui n'est plus englué dans son passé et dans ses vieux affrontements stériles. Il n'a rien à prouver, il se fiche du regard des autres qui n'ont pas de prise sur lui car l'enfant vit dans un monde qui n'est pas le leur. Il choisit véritablement ses amis sans en dépendre et ne s'invente pas d'ennemis inutiles.

L'enfant est porteur d'un autre langage, qu'il est capable d'inventer. Il n'est ni solitaire ni à la solde de la multitude. Il naît, et le monde naît avec lui. Il a la capacité de régénérer le monde, de lui prêter ses yeux, tel l'artiste pour Schopenhauer.

Auteur: Rivella Frédéric pseudo

Info: Commentaire des trois métamorphoses de l'esprit - Zarathoustra

[ Nietzsche ] [ métamorphoses de l'esprit ]

 

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Ajouté à la BD par Kadubol

extraterrestres

Je voudrais souligner ici un point fondamental : l’observation par des images radar n’apporte d’une manière générale rien de plus que l’observation visuelle directe pour prouver l’objectivité des Ovnis "vus" par des gens – elle est même d’une moins grande utilité car les images radar présentent presque toujours à côté des objets recherchés tout un tas d’objets "virtuels", par exemple des réflexions indésirables ou encore le niveau du bruit de fond provenant de la résistance du système, si bien qu’il est aisé de projeter quelque chose dans les images en question. L’interprétation d’images radar est donc souvent très peu fiable quand il s’agit d’objets se situant à la limite de ce qui est mesurable, et elle ressemble à un test de Rorschach dans lequel la structure de l’image est seulement le fruit du "hasard". […]

Lorsque nous nous sommes vus au début de l’année, Jung nous a également raconté que les radars avaient "prouvé" l’existence des Ovnis. Je lui ai aussitôt présenté les arguments que je viens de vous exposer. Il les a écoutés avec beaucoup d’attention à l’époque, mais les a visiblement déjà oubliés. Le 15 juin de cette même année, il est revenu sur le problème des Ovnis lorsque nous lui avons rendu visite, mais seulement par rapport à leur signification psychologique pour le processus d’individuation, ce en quoi je suis (tout comme vous) d’accord avec lui.

Auteur: Knoll Max

Info: Lettre à Wolfgang Pauli, 9 décembre 1957

[ preuves technologiques ] [ précautions de lecture ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

impuissance rhétorique

Comme le racontaient déjà les proverbes sumériens aux premiers temps de l'écrit il y a plus de cinq mille ans, et comme l'a rapporté Ésope au VIe siècle avant J.-C. avec sa fable Le loup et l'agneau, les défenses argumentaires les plus justes ne peuvent rien contre les gens décidés à faire le mal.

L'histoire du loup accusant un agneau de l'empêcher de boire à la rivière car il trouble son eau date de la nuit des temps et nous rappelle à quel point celui qui a une idée fixe ne changera pas d'avis, quand bien même on lui assénerait les plus éclatantes démonstrations lui prouvant sa méprise.

Dans la fable d’Ésope - comme dans celle reprise par La Fontaine - l'agneau aura beau démontrer avec logique au loup qu'il ne pourrait lui nuire, prouver qu'il n'aurait pu être celui qui a insulté son père un an auparavant car il n'était à cette époque pas encore né, tout ce discours logique et rationnel ne lui sera en définitive d'aucune utilité.

La fable, cruelle et sans morale, se termine invariablement de la même façon, c'est-à-dire par la décision du loup de dévorer l'agneau.

Ainsi, depuis les temps les plus reculés, l'homme sait que face aux gens décidés à avoir foi en quelque chose, la plus juste des défenses peut rester sans effet.

Auteur: Bronner Gérald

Info: Crédulité et rumeurs

[ historique ] [ immoralité ] [ injustice ]

 
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Ajouté à la BD par miguel

nantis

Ce soir-là, sans y être préparé, je venais de pénétrer dans un territoire jusqu'alors inconnu qui me hanterait des années durant : celui des grands bourgeois. Ce maigre adjectif fait toute la différence, croyez-moi. Ce n'est pas une question d'argent. C'est une ques tion d'attitude. Ici, l'argent ne comptait pas : il n'était pas un moyen, encore moins un but. C'était presque un gros mot. Ils étaient riches, mais ils s'en fichaient complètement. D'ailleurs ils se fichaient d'à peu près tout. Ce n'était pas un principe réfléchi – ce qui aurait fait d'eux des snobs –, mais un état naturel. Tout ce qui jusqu'ici avait pour moi représenté l'ordre, l'apparence, le respect des conventions, volait subitement en éclats. Les petits-bourgeois – et mes parents en étaient, c'est certain – obéissaient à des règles. Les grands bourgeois n'en avaient aucune. Ils faisaient tout simplement ce qui leur plaisait au moment où cela leur plaisait. Ils n'avaient pas peur de déranger, cette idée ne les effleurait même pas. Comment auraient-ils pu déranger ? Ils étaient chez eux partout, en toutes circonstances. Ils ne voulaient rien puisqu'ils avaient déjà tout, Ils n'avaient rien à prouver, rien à gagner. Il leur suffisait simplement de laisser s'écouler le long fleuve de leur vie de la façon la plus paisible qui soit, en observant d'un air vague et détaché le peuple primitif qui s'agitait le long des rives qu'ils traversaient. Ils possédaient le monde.

Auteur: Roux François

Info: Le Bonheur National Brut

[ fortunés ] [ privilégiés ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

crépuscule des idoles

Ce serait une erreur de surestimer l'influence des théories freudiennes sur l'idée que l'amour résulte de l'attirance sexuelle, ou plutôt qu'il n'est rien d'autre que la satisfaction sexuelle, réfléchie en un sentiment conscient. La chaîne causale procède essentiellement en sens inverse. Les théories de Freud furent en partie influencées par l'esprit du XIXème siècle ; en partie aussi , elles durent leur popularité à la mentalité qui s'imposa après la Première Guerre mondiale. Parmi les facteurs qui influencèrent à la fois les conceptions populaires et les conceptions freudiennes, relevons, tout d'abord, la réaction contre la moralité stricte de l'époque victorienne. Un second facteur qui a marqué les théories freudiennes, c'est l'image dominante de l'homme, fondée sur la structure du capitalisme. Pour prouver que le capitalisme correspondait aux besoins naturels de l'homme, il fallait montrer que l'homme était par nature compétitif et rempli d'hostilité envers autrui. Les économistes le "prouvèrent" en invoquant un insatiable désir de gain, et les darwiniens en énonçant la loi biologique de la survie du plus adapté. Pour sa part, Freud aboutit au même résultat en avançant l'hypothèse que l'homme est poussé par un désir sans limites, le désir de conquérir sexuellement toutes les femmes, et que seule la pression de la société l'en empêche. Il en résulte que les hommes sont fatalement jaloux les uns des autres : jalousie et rivalité qui persisteraient même en supposant que disparaissent leurs raisons sociales et économiques. En fin de compte, la pensée de Freud a hérité du matérialisme scientiste qui régnait au XIXème siècle.

Auteur: Fromm Erich

Info: "L'art d'aimer"

[ psychanalyse ] [ positivisme ] [ justification consumériste ] [ avidité disculpée ]

 

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Ajouté à la BD par Neshouma

système philosophique

Et c’est ainsi que, dans la construction de sa physique, Descartes accepte toujours de jouer toute sa philosophie sur n’importe laquelle de ses conclusions : car si l’on prétend attribuer au maillon le plus faible la même force qu’au maillon le plus solide, réciproquement la chaîne entière n’a jamais que la force de son maillon le plus faible. Pari gagné sur le mouvement de la Terre : "Je confesse que, s’il est faux, tous les fondements de ma philosophie le sont aussi." (A Mersenne, fin novembre 1633). Pari perdu sur l’instantanéité de la lumière : "Si on m’en pouvait prouver la fausseté, je serais prêt à confesser que je ne sais rien en philosophie." (A Beeckman, 22 août 1634.) L’important est sans doute que le dogmatisme cartésien devait nécessairement jouer ce jeu fou, puisqu’il voulait l’unité de la chaîne sans rien sacrifier de la spécificité des maillons.

Le jeu a été joué, il a été perdu, et – selon toute vraisemblance – il ne pouvait pas être gagné : il nous a laissés devant l’opposition entre une raison individuelle, puissance de critique, et une pluralité de disciplines sans unité. De ce coup de dés, il reste la tentation d’un jeu qui ne peut pas, selon toute vraisemblance, être gagné : la philosophie, qui consiste à jouer justement contre la vraisemblance. Il en reste aussi un ouvrage, le Discours de la méthode : curieusement, on ne le lit plus guère et il a la réputation d’énoncer des banalités depuis que nul ne se risque sur les chemins qu’il proposait.

Auteur: Beyssade Jean-Marie

Info: Commentaire au Discours de la méthode de René Descartes, Librairie générale française, 1973, page 101

[ épreuve ] [ erreur ] [ critique ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

médias

La contribution des nouveaux langages de la représentation à l'extermination douce du sens
"Les nouveaux langages de la représentation : ceux de l'information en direct, de l'actualité c'est à dire du flash et du gros plan - un attentat terroriste + une inondation + un viol + une exposition de peinture, tout se vaut - ceux de la publicité ou culte de la nouveauté, c'est à dire de ce qui est immédiatement identifiable, ceux de la performance sportive ou commerciale (ou au contraire du malheur) font trop de bruit et vendent trop de camelote pour être considérés comme "la réalité". Car "la réalité", exhibe et illuminée au néon, scotchée avec une étiquette indiquant le prix, enveloppée dans un emballage choc comme pour mieux nous prouver (mais surtout vous faire acheter) que ce que vous avez sous les yeux existe totalement, sans faille, sans "ombre", cette "réalité" là n'est pas la réalité. La lumière attire toujours ceux qui se réclament du dogme de la représentation, lequel est aussi celui de l'identité. Il ne leur vient jamais à l'esprit que le fait de clairement identifier, révéler à la lumière ou souligner au Stabilo tout ce qui évoque dans l'ombre, le clair-obscur, se dissimule et se dérobe dans le flou et l'incertitude de la présence - absence pourrait non pas éclairer, mais à dissiper le sens. Ce qu'il convient d'attaquer aujourd'hui - oui d'attaquer, nous y reviendrons - n'est rien moins que l'idéologie ambiante contemporaine sous toutes ses formes (économique, politique, esthétique) qui a le culot inouï de se faire passer pour réelle - et y parvient - alors qu'elle n'est que la redondance de l'univers déréalisant dans lequel nous évoluons : celui de l'hyperpositivité, de l'hyperprotection, de l'hyperexclusion, de l'hyperréalisme, l'univers de l'accomplissement même du sens dans un éternel présent au sein duquel plus rien ne peut advenir. Le monde est si plein qu'on y étouffe... Nous pouvons seulement imiter un geste antérieur, déclare Sherry Levine qui, afin de faire saisir cet arrêt du sens dans lequel il n'y a plus que des images d'images infiniment recyclées, procède à la reprographie de reproductions d'oeuvres d'art.

Auteur: Laplantine François

Info: Je, nous et les autres, Être humain au-delà des appartenances, Editions Le Pommier, 1999, pp. 129-130

[ vingtième siècle ] [ insignifiant ]

 

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déresponsabilisation politique

(IT) - Certaines des technologies que vous qualifiez de "solutionnistes" sont utiles à de nombreuses personnes. Par exemple, des gadgets d'autosurveillance qui encouragent les gens à faire de l'exercice, à surveiller leur tension artérielle ou à les prévenir de leurs habitudes de conduite pour réduire leurs primes d'assurance.

(EM) - Les gens qui commencent à s'auto-surveiller ont du succès et n'ont rien à perdre. Si vous pouvez vous auto-suivre et prouver que vous êtes meilleur que la moyenne des gens - que vous êtes en meilleure santé ou que vous conduisez plus prudemment - vous pouvez obtenir une meilleure offre et réclamer certains avantages. Et là nous finirons par arriver au point où les gens qui décident de ne pas s'auto-suivre seront vus comme des gens qui ont quelque chose à cacher. Alors ils n'auront d'autre choix que de commencer à le faire. Très souvent, les gens de la Silicon Valley qui font la promotion de ces technologies disent que nous avons le choix, que nous avons une autonomie complète, et je dis que c'est un mythe.

(IT) - Mais ça peut quand même résoudre des problèmes ?

(EM) - Très souvent, les solutions d’auto-suivi sont commercialisées comme moyens de résoudre un problème. Vous pouvez surveiller combien de calories vous consommez, combien d'électricité vous utilisez. Ce qui semble bien en théorie, mais je crains que beaucoup de décideurs politiques préfèrent utiliser l'option de l’auto-suivi comme alternative à la réglementation de l'industrie alimentaire plutôt qu'engager des réformes plus structurelles, pour le changement climatique par exemple.

Toutes les solutions ont un coût. Le transfert d'une grande partie de la responsabilité à l'individu est une approche très conservatrice qui vise à préserver le système actuel au lieu de le réformer. Avec l’auto-suivi, nous finissons par optimiser notre comportement dans le cadre des contraintes existantes plutôt que de modifier les contraintes au départ. Tout ceci nous met dans une position de consommateurs plutôt que citoyens. Je crains que les décideurs politiques ne trouvent qu'il est beaucoup plus facile, moins cher et plus sexy d'inviter des gens comme Google à s'engager dans la résolution de certains de ces problèmes plutôt que de faire quelque chose de beaucoup plus ambitieux et radical.

Auteur: Morozov Evgeny

Info: "Auteur : Réfléchissez à deux fois à " l'Internet ". Entretien avec Ian Tucker, www.theguardian.com, 9 mars 2013

[ sociologie ] [ conformité assurantielle ] [ big brother assuranciel ]

 

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Ajouté à la BD par miguel