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écrivain-sur-écrivain

(…) les personnages de Simenon, eux, serrent le cœur : ce sont des petites gens, des humbles, des solitaires, des rebelles, des marginaux, des "humiliés et offensés", des ratés, des déracinés, des victimes, des vaincus. Voyez même Maigret : "Quand Maigret doit pénétrer dans un milieu cossu, il se sent difficilement admis ; il a un sentiment de gêne, de faire tache, il n'est pas à sa place…" "Maigret n'est pas à son aise avec les grands de ce monde qui tantôt l'épatent, tantôt le choquent."

Fils de l'intendant d'un aristocrate, il reste marqué par ses origines serviles : "Il y a des relations humaines, des habitudes sociales dont on ne guérit pas. On peut guérir de beaucoup de choses, mais pas de ça, d'une certaine humilité devant certaines gens... "

Au fond, Simenon a raconté cent fois la même histoire, ses grands romans n'ont qu'un seul thème : la chute d'un homme. Le destin, un incident extérieur, une fatalité intérieure viennent déclencher un implacable processus de destruction. Un homme s'éveille et se découvre soudain étranger aux siens et à lui-même, il essaie de briser les chaînes de sa vie quotidienne - et il sombre.

Auteur: Leys Simon Pierre Ryckmans

Info: L'Ange et le Cachalot

 

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art d'écrire

Je ne médirai jamais de la critique littéraire. Car rien n'est pire pour un écrivain que de se heurter à son absence. Je parle de la critique littéraire en tant que méditation, en tant qu'analyse ; de la critique littéraire qui sait lire plusieurs fois le livre dont elle veut parler (comme une grande musique qu'on peut réécouter sans fin, les grands romans aussi sont faites pour des lectures répétées) ; de la critique littéraire qui, sourde à l'implacable horloge de l'actualité, est prête à discuter les oeuvres nées il y a un an, trente ans, trois cents ans ; de la critique littéraire qui essaie de saisir la nouveauté d'une oeuvre pour l'inscrire ainsi dans la mémoire historique. Si une telle méditation n'accompagnait pas l'histoire du roman, nous ne saurions rien aujourd'hui ni de Dostoïevski, ni de Joyce, ni de Proust. Sans elle toute oeuvre est livrée aux jugements arbitraires et à l'oubli rapide. Or, le cas de Rushdie a montré (s'il fallait encore une preuve) qu'une telle méditation ne se pratique plus. La critique littéraire, imperceptiblement, innocemment, par la force des choses, par l'évolution de la société, de la presse, s'est transformée en une simple (souvent intelligente, toujours hâtive) information sur l'actualité littéraire.

Auteur: Kundera Milan

Info: Les Testaments trahis

[ appréciation ] [ opinion ] [ recensions ] [ diachronie ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

vacherie

Patrick Poivre naît en 1947, à Reims, dans la Marne, ce qui déclenche en lui une passion immédiate et immodérée pour la Bretagne. Précoce dans tous les domaines, il devient bachelier à quinze ans, giscardien à seize, dégarni à dix-sept... puis, en vrac, diplômé de Sciences Po, journaliste, don Juan. A vingt-deux ans, un après-midi qu'il s'ennuie, il rajoute "d'Arvor" à son nom. Nommé présentateur du journal de 20h de 1975 à 2008, il trouve néanmoins le temps de rapporter un bébé d'Irak sans le déclarer à la douane, d'interviewer Fidel Castro sans qu'il ne s'en rende compte, de participer à quelques retentissants procès médiatiques sans tous les perdre et d'écrire une cinquantaine d'ouvrages (anthologies, essais, romans, etc.) ainsi qu'une dizaine d'autobiographies à lui tout seul sans mettre toutes les citations entre guillemets. Son hyperactivité effraie l'Académie française, qui préfère ne pas l'élire en son sein.
Bibliographie : impossible de citer tous les ouvrages auxquels Patrick a participé de près ou de loin. Retenons qu'en littérature, PPDA est surtout connu pour ses romans émouvants et ses portraits ressemblants, tellement bien documentés que certains esprits chagrins lui reprochent de les avoir recopiés dans des ouvrages existants (comme si Patrick avait le temps de lire les livres des autres).

Auteur: Fioretto Pascal

Info: Concentré de best-sellers - Pastiches, p. 30

[ humour ] [ biographie ]

 

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écrivain-sur-écrivain

... j'essaie - et je ne pense pas l'avoir fait, car sinon les critiques l'auraient découvert - j'essaie de faire avec la prose, avec le roman, ce qu'on fait généralement avec la poésie. Je veux dire que j'essaie d'aller au-delà du réel, et des idées explicables, et d'explorer l'homme - sans le faire par le son des mots comme les romans poétiques du début du siècle ont essayé de le faire. Je ne peux pas expliquer techniquement mais - j'essaie de mettre dans mes romans des choses que l'on ne peut expliquer. De donner un message qui n'existe pas dans la pratique. Vous comprenez ce que je veux dire ? J'ai lu il y a quelques jours que T. S. Eliot, que j'admire beaucoup, pensait que la poésie est nécessaire dans les pièces ayant un certain type d'histoire et pas dans celles qui en ont un autre, que cela dépend du sujet que vous traitez. Je ne le pense pas. Je pense que vous pouvez avoir le même message secret à donner avec n'importe quel type de sujet. Si votre vision du monde est d'un certain type, vous mettrez de la poésie dans tout, nécessairement.

Mais je suis probablement le seul à penser qu'il y a quelque chose de ce genre dans mes livres. 

Auteur: Simenon Georges

Info: interviewé par Carvel Collins en 1955

[ auto-évaluation ] [ indicible ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

vacherie

Bernard-Henri Lévy naît en Algérie, en 1948, puis s'installe à Neuilly, qui a l'avantage d'être plus proche du Flore. A Paris, il fait de brillantes études en philosophie et marketing et réalise que, comme l'écrit Deleuze, "plus le contenu de pensée est faible, plus le penseur prend d'importance". Fort de cette Weltanschauung révolutionnaire, il invente la "nouvelle philosophie", dépose le concept, déboutonne sa chemise, se fait une permanente et passe à la télé. Le succès est immédiat et pas que chez les coiffeurs. Touche-à-tout de génie, il écrit aussi bien (ou aussi mal selon les anciens philosophes aigris) des pièces de théâtre, des essais, des romans, des articles et des cartes postales de partout. Visionnaire, il aide François Mitterrand à se faire élire, en 1981, en cessant de le conseiller dès 1976. Tout comme ses fameux décolletés, son sens du contact humain est vertigineux : une rencontre de quelques heures avec le chef afghan Massoud lui suffit pour devenir aussitôt son ami de vingt ans. Critiqué, démenti, entarté, jamais Bernard-Henri ne se décourage. Toujours il reprend sa plume et la route des pays ravagés par la guerre, et chacun de ses livres est un événement salué comme il se doit par une critique nullement intimidée ni par son bras, qu'il peut avoir long, ni par ses idées, qui savent rester courtes.

Auteur: Fioretto Pascal

Info: Concentré de best-sellers - Pastiches, p. 56

[ humour ] [ parisianisme ] [ BHL ]

 

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personnalité

Ce qui fait d'une bibliothèque un reflet de son propriétaire, c'est non seulement le choix des titres, mais aussi le réseau d'associations qu'implique ce choix. Notre expérience se construit sur l'expérience, nos souvenirs sur d'autres souvenirs. Nos livres se construisent sur d'autres livres qui les modifient ou les enrichissent, qui leur confèrent une chronologie différente de celle des dictionnaires de littérature. Je suis aujourd'hui, après tout ce temps, incapable de trouver seul la trace de ces connexions. J'oublie, ou je ne sais même pas, quelles sont les relations entre beaucoup de ces livres. Si je pars dans une direction - les récits africains de Margaret Laurence me remettent en mémoire La Ferme Africaine d'Isaac Dinesen, qui me fait à son tour penser à ses Sept contes gothiques, lesquels me ramènent à Edgardo Cozarinsky (qui m'a fait découvrir l'oeuvre de Dinesen) et à son livre et son film sur Borges et, plus loin encore, aux romans de Rose Macaulay, dont nous avons discuté un après-midi déjà lointain à Buenos Aires, surpris l'un et l'autre que quelqu'un d'autre les connût -, je perds alors les autres fils de cette toile complexe et je me demande comment, à la façon d'une araignée, j'ai réussi à en lancer un à travers la distance apparemment incommensurable qui sépare, par exemple, les Tristes d'Ovide des poèmes d'Abd Al-Rahman, exilé de son Espagne natale en Afrique du nord.

Auteur: Manguel Alberto

Info: La Bibliothèque, la nuit

[ littérature ] [ classification ] [ citation s'appliquant à ce logiciel ]

 

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abandon

Heureux celui qui ne demande pas plus à la vie qu'elle ne lui offre spontanément, et qui suit l'instinct des chats, qui recherchent le soleil quand il fait soleil et, en son absence, la chaleur, où qu'elle se trouve. Heureux celui qui renonce à sa personnalité pour son imagination, et qui fait ses délices du spectacle de la vie des autres, en vivant, non pas toutes les impressions, mais la représentation, tout extérieure, des impressions des autres; Heureux, enfin, celui qui renonce à tout, et auquel, puisqu'il a renoncé à tout, on ne peut plus rien enlever ni retrancher.

Le paysan, le lecteur de romans, le pur ascète -ces trois-là connaissent le bonheur, car ils renoncent tous trois à leur personnalité: l'un parce qu'il vit selon l'instinct, qui est impersonnel, le deuxième parce qu'il vit par l'imagination, qui est oubli, le dernier parce qu'il ne vit pas et que, sans être mort, il dort.

Rien ne me satisfait, rien ne me réconforte, et je suis saturé de tout -que cela ait existé ou non. Je ne veux pas avoir d'âme, et je ne veux pas y renoncer. Je désire ce que je ne désire pas, et renonce à ce que je ne possède pas. Je ne peux être ni rien, ni tout: je suis la passerelle jetée entre ce que je ne peux ni avoir ni vouloir.

Auteur: Pessoa Fernando (Alv. de Campos)

Info:

[ désêtre ] [ plénitude ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

écriture

L'homme ne récrée-t-il pas les mondes qui lui sont inaccessibles dans un univers de rêve, et selon son désir ? Ne récrée-t-il pas la peur et l'amour, afin de vivre dans le paradis ou l'enfer qu'il vient de créer ? L'imaginaire a ce sens-là dans mes romans.

J'ai rencontré beaucoup de gens dans ma vie, et beaucoup d'entre eux m'ont servi de modèles pour mes personnages. Mais tous mes personnages, c'est moi qui les ai créés dans mon travail d'écrivain. Bien sûr, je désire aller vers le réel, mais ce n'est pas la quête centrale dans mon travail. Je veux créer un monde d'imaginaire et de narration, faire quelque chose de différent : réaliser ce royaume de l'imaginaire par la parole. Cela dit, je sais que je ne suis ni le premier ni le dernier parmi ceux qui créent des univers de parole. C'est avant tout une démarche professionnelle, pour moi, comme elle l'a toujours été. Les "sages familiers" qui m'entouraient étaient aussi des hommes de métier. Homère était un vrai professionnel ; les "Homère" turcs et kurdes de mon époque sont aussi des professionnels. Leur art consiste à créer des mondes, en racontant des histoires. Ce ne sont ni des mystiques ni des charlatans ni des mendiants vagabonds, mais les maîtres d'un art que nous avons en partage. Ce sont des hommes d'honneur gagnant leur pain avec la parole. Ils étaient des personnes presque sacrées, dans le milieu où ils évoluaient.

Auteur: Yachar Kemal

Info: Entretiens avec Alain Bosquet. trad Altan Gokalp, Gallimard, collection "Blanche", 1992. pp 43-44

[ artisanat ] [ tradition ] [ racines ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

femmes-entre-elles

Mon père gueule "je te cause ! t'as donc pas marre de tes romans !", elle se défend "laisse-moi finir mon histoire !". Vivement que je sache lire, puis vivement que je comprenne ces longues histoires sans images qui la passionnent. Un jour vient où les mots de ses livres à elle perdent leur lourdeur ânonnante. Et le miracle a lieu, je ne lis plus des mots, je suis en Amérique, j'ai dix-huit ans, des serviteurs noirs, et je m'appelle Scarlett, les phrases se mettent à courir vers une fin que je voudrais retarder. Ça s'appelle "Autant en emporte le vent". Elle s'exclamait devant les clientes, "pensez qu'elle a seulement neuf ans et demi" et à moi elle disait "c'est bien hein ?". Je répondais "oui" Rien d'autre. Elle n'a jamais su s'expliquer merveilleusement. Mais on se comprenait. A partir de ce moment il y a eu entre nous ces existences imaginaires que mon père ignore ou méprise suivant les jours "perdre son temps à des menteries, tout de même". Elle rétorquait qu'il était jaloux. Je lui prête ma Bibliothèque verte, Jane Eyre et Le Petit Chose, elle me file La Veillée des chaumières et je lui vole dans l'armoire ceux qu'elle m'interdit, Une vie ou Les dieux ont soif. On regardait ensemble la devanture du libraire de la place des Belges, parfois elle proposait "veux-tu que je t'en achète un ?". Pareil qu'à la pâtisserie, devant les meringues et les nougatines, le même appétit, la même impression aussi que c'était pas très raisonnable. "Dis, ça te ferait plaisir ?"

Auteur: Ernaux Annie

Info: La femme gelée, pp 24-25, Folio, 2018

[ lectrices ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

révolution sexuelle

Maintenant, pour en revenir à cette solitude sexuelle d’Homo festivus [...], elle ne peut être comprise que comme l’aboutissement de la prétendue libération sexuelle d’il y a trente ans, laquelle n’a servi qu’à faire monter en puissance le pouvoir féminin et à révéler ce que personne au fond n’ignorait (notamment grâce aux romans du passé), à savoir que la plupart des femmes ne voulaient pas du sexuel, n’en avaient jamais voulu, mais qu’elles en voulaient dès lors que le sexuel devenait objet d’exhibition, donc de social, donc d’anti-sexuel. Nous en sommes à ce stade. Dans une société maternifiée à mort (et où, pour être bien vu, il faut toujours continuer à radoter que le féminin n’a pas sa place, est persécuté, écrasé, etc.), l’exhibitionnisme où triomphent les jouissances prégénitales, devient l’arme fatale employée contre le sexuel, je veux dire le sexuel en tant que division ou différence des sexes (qualifiée de source d’inégalités ou d’asymétries), et en tant que vie privée. [...]

C’est pour cela que je peux diagnostiquer, à partir des avalanches de parties de jambes en l’air qu’on nous montre ou qu’on nous raconte dans des livres, à la fois un désir forcé d’intégration sociale [...] et une volonté plus forcenée encore de mort du sexuel adulte. Il n’y a aucune contradiction entre la pornographie de caserne qui s’étale partout et l’étranglement des dernières libertés par des "lois antisexistes" ou réprimant l’ "homophobie" comme il nous en pend au nez et qui seront, lorsqu’elles seront promulguées, de brillantes victoires de la Police moderne de la Pensée.

Auteur: Muray Philippe

Info: Dans "Exorcismes spirituels, tome 4", Les Belles Lettres, Paris, 2010, page 1647

[ hommes-femmes ] [ désexualisation ] [ conséquences ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson