Citation
Catégorie
Tag – étiquette
Auteur
Info



nb max de mots
nb min de mots
trier par
Dictionnaire analogique intriqué pour extraits. Recherche mots ou phrases tous azimuts. Aussi outil de précision sémantique et de réflexion communautaire. Voir la rubrique mode d'emploi. Jetez un oeil à la colonne "chaînes". ATTENTION, faire une REINITIALISATION après  une recherche complexe. Et utilisez le nuage de corrélats !!!!..... Lire la suite >>
Résultat(s): 43
Temps de recherche: 0.0464s

passion

Alexandre entra dans ma vie comme une boule de feu par la fenêtre d'un couvent. Il portait une veste framboise, un noeud papillon noir et des bretelles brodées d'oiseaux. Je marchais rue de Crussol quand sa beauté m'empêcha de passer. La nuit tombait mais nos sourires étaient si jeunes que nous nous reconnûmes comme si nous avions couché ensemble au paradis. Chacun ayant flairé en l'autre la part divine qui lui manquait, nous détonâmes comme la poudre. La première fois, dans le couloir à l'odeur d'ammoniaque de la ménagerie, le gitan me roula un baiser de tigre royal. Sa veste rouge avait la divine puanteur des bêtes.
Au second rendez-vous, il ôta de sa main pensive aux ongles rongés le diamant multicolore qu'il portait et me le donna.

Auteur: Dattas Lydie

Info: La foudre

[ coup de foudre ]

 

Commentaires: 0

expert

Ce n'était pas quelque tableau de l'école flamande, un David Téniers, un Breughel d'Enfer, enfumé à ne pas voir le diable.
C'était un manuscrit rongé des rats par les bords, d'une écriture toute enchevêtrée et d'une encre bleue et rouge.
"Je soupçonne l'auteur, dit le bibliophile, d'avoir vécu vers la fin du règne de Louis XII, ce roi de paternelle et plantureuse mémoire.
Oui, continua-t-il d'un air grave et méditatif, oui, il aura été clerc dans la maison des sires de Chateauvieux."
Ici il feuilleta un énorme in-folio ayant pour titre : "Le nobiliaire de France", dans lequel il ne trouva mentionnés que les sires de Chateauneuf.
"N'importe, dit-il un peu confus, Chateauneuf et Chateauvieux ne sont qu'un même château. Aussi bien il est temps de débaptiser le Pont-Neuf."

Auteur: Bertrand Aloysius

Info: In "Gaspard de la nuit", éd. Mille et une Nuits, p. 46

[ passager ] [ histoire de France ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par Benslama

mère-fille

Mireille est en proie à des sentiments contradictoires, des sentiments de mère, qui s’étonne de voir son bébé devenu une grande bringue avec des fesses de femme et des réactions de gamine, cette chevelure de Madeleine et les ongles rongés, qui trainaille au lit et veut faire les grandes écoles, cite des écrivains et ne sait toujours pas mettre son linge sale au panier, prononce des mots méconnus et renifle son tee-shirt pour savoir si elle pourra le mettre un jour de plus, mange encore ses nouilles avec les doigts, distraitement, et s’étire comme un chat à la fin du repas après avoir saucé son assiette avec du pain, une gamine qui veut des talons et la pilule. Elle la regarde, prise dans ce chassé-croisé des espérances et de la peur.

Auteur: Nicolas Mathieu

Info: Connemara, p 231

[ adolescente ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par miguel

servitude

Sans grand risque de me tromper, je puis affirmer que la directrice des ressources humaines — DRH — est, avant même le prêtre et le policier, l’être le plus méprisable. La raison pour laquelle elle suscite pareille répugnance tient au fait qu’elle incarne LA bonne femme par excellence, soit une femme rongée par la frustration, ayant borné sa vie amoureuse à la procréation, sa vie sentimentale à la famille et qui se revanche de son déficit érotique dans le travail. Rien n’est plus terrifiant que la bonne femme au travail. Car la bonne femme ne travaille pas: elle s’investit dans son travail persuadée que le devenir de l’humanité en dépend. Comme elle représente une forme parfaite de soumission désirée, l’objectif du capitalisme moderne est de faire en sorte que tous les salariés soient mentalement des bonnes femmes.

Auteur: Schiffter Frédéric

Info: http://lephilosophesansqualits.blogspot.com/

[ vacherie ] [ ambition ] [ petit chef ] [ femmes-par-hommes ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par Coli Masson

perdu

Il se déshabilla, s'allongea, éteignit la lumière. Il murmura deux noms dans son oreiller, les quelques chastes syllabes nordiques qui signifiaient pour lui sa façon véritable et native d'aimer, de désirer et d'être heureux ; qui signifiaient pour lui la vie et le foyer, qui impliquaient des sentiments simples et sincères. Il se remémora les années écoulées. Il pensa aux aventures merveilleuses des sens, des nerfs et de l'esprit dans lesquelles il avait été impliqué ; il se vit rongé par l'intellect et l'introspection, ravagé et paralysé par la perspicacité, à moitié épuisé par les fièvres et les frimas de la création, impuissant et dans l'angoisse d'un conscience entre deux extrêmes, ballotté entre rigueur et volupté ; raffiné, appauvri, épuisé par des extases glaciales et artificiellement renforcée ; égaré, abandonné, martyrisé, malade -- sanglotant de nostalgie et de remords.

Auteur: Mann Thomas

Info: Tonio Kröger

[ solitude ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par miguel

agonie

Chère Madame,
Votre fils Francis est mort au bois de Belleau pour rien. Vous serez contente d'apprendre qu'au moment de sa mort, il grouillait de vermine et était affaibli par la diarrhée. Ses pieds étaient enflés et pourris, ils puaient. Il vivait comme un animal qui a peur, rongé par le froid et la faim. Puis, le 6 juin, une bille de shrapnel l'a frappé et il est mort lentement dans d'atroces souffrances. Vous ne croirez jamais qu'il a pu vivre encore trois heures, mais c'est pourtant ce qu'il a fait. Il a vécu trois heures entières à hurler et à jurer tour à tour. Vous comprenez, il n'avait rien à quoi se raccrocher : depuis longtemps, il avait compris que toutes ces choses auxquelles, vous, sa mère, lui aviez appris à croire, sous les mots honneur, courage et patriotisme, n'étaient que des mensonges...

Auteur: March William

Info: Compagnie K

[ noirceur ] [ guerre ]

 

Commentaires: 0

enceinte

Une larme coule le long de sa joue. Elle la fait disparaître d’un revers de main. Pas question de s’apitoyer sur son sort. De jouer les victimes. Elle doit rester forte, garder les idées claires. Ne pas se laisser submerger par des angoisses idiotes. Seulement se laisser le temps de digérer la nouvelle. De se faire à l’idée qu’une masse grossit en elle. Une tumeur, planquée dans son sein, qui a déjà commencé à la dévorer. C’est ça le pire. Cette sensation qui n’en est pas forcément qu’une, d’être rongée de l’intérieur par un corps étranger et vivant. Un parasite doté de sa propre intelligence et ne visant qu’un objectif : vous déloger pour occuper de plus en plus de terrain, peu importe les dégâts. Elle qui a toujours pris soin de se forger un corps sain... Et pourtant, il est là. Abrasant. Enragé.

C’est une guerre qu’Alice va devoir mener, même si aujourd’hui elle se sent complètement désarmée.

Auteur: Cédric Cham

Info: Le fruit de mes entrailles

[ parasitée ] [ gravide ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par miguel

plage

Gwenn, pilleuse d'épaves, allait à la marée glaner sur le sable jaune des vieux morceaux de bois blanchis et rongés par le sel, mille fois poncés par le ressac, en ramassait un, examinait sa forme à la lumière hivernale. On se foutait d'elle, qui vidait ses poches pleines de cailloux bizarres et de débris de verre tintinnabulant dans ses mains. Elle encombrait la table de la cuisine de pieuvres de bois mort alors qu'on prenait l'apéro au retour de la plage. Imaginez le tableau, des os de goélands, c'était cradingue, elle nous les mettait sous le nez, et les plumes avec, ça schlinguait la marée et c'était Bysance
Oh, petite fille de la mer, ma sirène aux cheveux d'or, aux yeux trempés dans le ciel défiant le Grand Astre, obstinée, espiègle, ma soeur des après-midi d'été, quand je te vois arpenter la grève blanche à marée basse, penchée sur le sable, ma complice des tapages nocturnes et des danses barbares, je viens te dire adieu.

Auteur: Bellec Hervé

Info: La nuit blanche

[ enfance ] [ eulogie ]

 

Commentaires: 0

nostalgie

Gwenn, pilleuse d'épaves, allait à la marée glaner sur le sable jaune des vieux morceaux de bois blanchis et rongés par le sel, mille fois poncés par le ressac, en ramassait un, examinait sa forme à la lumière hivernale. On se foutait d'elle, qui vidait ses poches pleines de cailloux bizarres et de débris de verre tintinnabulant dans ses mains. Elle encombrait la table de la cuisine de pieuvres de bois mort alors qu'on prenait l'apéro au retour de la plage. Imaginez le tableau, des os de goélands, c'était cradingue, elle nous les mettait sous le nez, et les plumes avec, ça schlinguait la marée et c'était Bysance

Oh, petite fille de la mer, ma sirène aux cheveux d'or, aux yeux trempés dans le ciel défiant le Grand Astre, obstinée, espiègle, ma sœur des après-midi d'été, quand je te vois arpenter la grève blanche à marée basse, penchée sur le sable, ma complice des tapages nocturnes et des danses barbares, je viens te dire adieu.

Auteur: Bellec Hervé

Info: La nuit blanche

[ enfance ] [ deuil ] [ copine ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par miguel

campagne française

Des prés bas, rongés de carex, des chemins creux qui exigent le chariot à roues géantes, d'innombrables haies vives qui font de la campagne un épineux damier, des pommiers à cidre encombrés de gui, quelques landes à genêts et, surtout, mille et une mares, asiles de légendes mouillées, de couleuvres d'eau et d'incessantes grenouilles. Un paradis terrestre pour la bécassine, le lapin et la chouette.

Mais pas pour les hommes. De race chétive, très "Gaulois dégénérés", cagneux, souvent tuberculeux, décimés par le cancer, les indigènes conservent la moustache tombante, la coiffe à ruban bleu, le goût des soupes épaisses comme un mortier, une grande soumission envers la cure et le château, une méfiance de corbeaux, une ténacité de chiendent, quelque faiblesse pour l'eau-de-vie de prunelle et surtout pour le poiré. Presque tous sont métayers, sur la même terre, de père en fils. Serfs dans l'âme, ils envoient à la Chambre une demi-douzaine de vicomtes républicains et, aux écoles chrétiennes, cette autre demi-douzaine d'enfants, qui deviennent, en grandissant, des "bicards" et des valets qui ne se paient point.

Auteur: Bazin Hervé

Info: Vipère au poing

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par miguel