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éphémère

Notre travail est comme celui du boulanger - les gâteaux roulés sont savoureux quand ils sont frais ; après deux jours ils sont éventés, et après une semaine ils sont couverts de moisi et juste bons à être jetés.

Auteur: Kapuscinski Ryszard

Info:

 

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oeil

C'est le regard qui me frappa surtout. Il avait des yeux d'un vert pâle, luminescent, dont l'aspect irréel avait de quoi laisser bouche bée. Un peu comme ces cailloux d'une merveilleuse beauté que l'on ramasse sur une plage et dont on s'aperçoit, en y regardant d'un peu plus près, qu'ils ne sont que des tessons de bouteille longtemps roulés par les flots.

Auteur: Maupin Armistead

Info: Une voix dans la nuit

[ prunelle ]

 

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personnalité

Il y a des voix qui sont comme des corps. Troublantes, affolantes, ou au contraire apaisantes, consolatrices. Celle de ma maman, basse et sombre, avec ses r roulés un peu italiens. Celle de papa, émouvante, rude, timide, hésitante par moments, s'arrêtant sur un mot dont il n'était pas sûr. Quant à celle de Raphaël, il me suffisait de fermer les yeux pour l'entendre. Certaines inflexions aussi chaudes que des caresses. Certaines paroles dont je ne pouvais me souvenir qu'en frissonnant. On ne peut pas se coucher les oreilles quand les voix viennent de l'intérieur.

Auteur: Greggio Simonetta

Info: Les mains nues

[ intonation ]

 

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décor transalpin

Paysage toscan, agréable et noble. Les blés en herbe sont éblouissants de fraîcheur ; au-dessus d'eux s'ordonnent des files d'ormeaux chargés de vignes, bordant la rigole qui les arrose. La campagne est un verger que les eaux aménagées viennent fertiliser. On voit ces eaux venir abondamment des montagnes et se tordre bleues et limpides sur leur lit trop large de cailloux roulés. Partout des traces de prospérité. Le versant des montagnes est piqué de mille petits points blancs ; ce sont des maisons de campagne et de plaisance ; elles sont là chacune dans son bouquet de châtaigniers, d'oliviers et de pins. On voit des marques de goût, de bien-être dans celles qu'on aperçoit en passant ; les fermes elles-mêmes ont un portique au rez-de-chaussée ou au premier étage pour prendre le frais du soir.

Auteur: Taine Hippolyte

Info: Voyage en Italie

[ terres cultivées ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

lombrics

Les vers de terre sont des pharaons aveugles. Ils prennent le temps de vive, souverains d’eux-mêmes et maîtres de leur horloge biologique. Fuyant la lumière, ils sillonnent lentement leur royaume, se rétractant et s’allongeant comme des accordéons. Ils ne risquent pas de s’étouffer : ils respirent par la peau. Pour ne manquer de rien, ils entreposent leurs propres déjections et les réingèrent après fermentation. L’hiver, ils hibernent, roulés en boule dans une léthargie profonde. L’été, ils fuient la chaleur et se regroupent dans des chambres au frais, descendant plus profond à mesure que la température du sol augmente. Ils discutaillent en laissant passer la sécheresse. À leur mort au bout de deux ou trois ans, lorsqu’ils comparaissent devant Osiris qui pèse les cœurs, ils sont les champions : ils en possèdent cinq.

Auteur: Koenig Gaspard

Info: Humus

 

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Ajouté à la BD par miguel

paysage

Paysage toscan, agréable et noble. Les blés en herbe sont éblouissants de fraîcheur ; au-dessus d'eux s'ordonnent des files d'ormeaux chargés de vignes, bordant la rigole qui les arrose. La campagne est un verger que les eaux aménagées viennent fertiliser. On voit ces eaux venir abondamment des montagnes et se tordre bleues et limpides sur leur lit trop large de cailloux roulés. Partout des traces de prospérité. Le versant des montagnes est piqué de mille petits points blancs ; ce sont des maisons de campagne et de plaisance ; elles sont là chacune dans son bouquet de châtaigniers, d'oliviers et de pins. On voit des marques de goût, de bien-être dans celles qu'on aperçoit en passant ; les fermes elles-mêmes ont un portique au rez-de-chaussée ou au premier étage pour prendre le frais du soir.

Auteur: Taine Hippolyte

Info: Voyage en Italie

[ décor ]

 

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personnage

De fait, le jour où elle se mêle à nous sous le rouge intermittent des lettres lumineuses, on ne voit pas quoi lui reprocher. Elle a des dispositions, Jeanne. Le short qu'elle porte, c'est du jean sobre, sans rien qui brille, ni fil ni clou aux lisières des coutures. Le débardeur blanc libère l'arrondi des épaules et les Converse vont discrètement à ses pieds. Au fond de la poche arrière de son short, elle a fourré les deux clés, du portail et de sa chambre, poussées sous des billets roulés. Ça lui fait un petit bourrelet sur la fesse, cerise sur le gâteau, comme une estampille qu'on a toutes. Elle ne fume pas, sûrement faudrait-il, se dit-elle, mais elle n'est pas sûre de savoir. Ses mains sont libres, pas de sac non plus. Elle peut crocheter les pouces aux passants de sa ceinture pour se donner une contenance.

Auteur: Esteban Isabel Ascencio

Info: Délit de gosse, p. 37, Rouergue, 2019

[ adolescente ]

 
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Ajouté à la BD par miguel

folie prométhéenne

Lacan : Il semble que vienne pour les savants le moment de l'angoisse. Dans leurs laboratoires aseptiques, roulés dans leurs blouses empesées, ces vieux bambins qui jouent avec des choses inconnues, en fabriquant des appareils toujours plus compliqués et en inventant des formules toujours plus obscures, commencent à se demander ce qui pourra advenir demain, ce que ces recherches toujours nouvelles finiront par amener. Enfin ! dis-je. Et s'il était trop tard? Les biologistes se le demandent maintenant, ou les physiciens, les chimistes. Pour moi, ils sont fous. Alors qu'ils sont déjà en train de changer la face de l'univers, il leur vient à l'esprit seulement à présent de se demander si par hasard ça ne peut pas être dangereux. Et si tout sautait? Si les bactéries élevées si amoureusement dans les blancs laboratoires se transformaient en ennemis mortels? Si le monde était balayé par une horde de ces bactéries avec toute la merde qui l'habite à commencer par ces savants des laboratoires? Aux trois positions impossibles de Freud, gouvernement, éducation, psychanalyse, j'en ajouterai une quatrième, la science. A ceci près, que les savants ne savent pas que leur position est insoutenable.

Question : C’est une vision assez pessimiste de ce qui communément se définit comme le progrès.

 Lacan : Pas du tout, je ne suis pas pessimiste. Il n’arrivera rien. Pour la simple raison que l’homme est un bon à rien, même pas capable de se détruire. Une calamité totale promue par l’homme, personnellement je trouverais ça merveilleux. La preuve qu’il aurait finalement réussi à fabriquer quelque chose avec ses mains, avec sa tête, sans intervention divine ou naturelle ou autre.

Toutes ces belles bactéries bien nourries se baladant dans le monde, comme les sauterelles bibliques, signifieraient le triomphe de l’homme. Mais ça n’arrivera pas. La science a sa bonne crise de responsabilité. Tout rentrera dans l’ordre des choses, comme on dit. Je l’ai dit, le réel aura le dessus comme toujours, et nous serons foutus comme toujours.


Auteur: Lacan Jacques

Info: Entretien accordé en 1974 au magazine italien Panorama, traduit de l'italien par Paul Lemoine

[ ignorance ] [ conséquences ] [ apprentis sorciers ] [ impuissance ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

architecture

Si la civilisation française fut durable, c'est à la pierre qu'elle le dut : le bois d'Europe nordique, le stuc italien, la brique anglaise ou flamande, le béton soviétique sont des matériaux fragiles dont la vieillesse sans patine est précoce et dont les ruines informes auront depuis longtemps disparu que nos édifices seront encore debout. Issus des carrières molles ou dures, roches, marbres, monolithes ou agglomérés forment de surprenantes variétés. Lorsqu'il est question d'une de nos villes, lorsqu'on nous parle d'une de nos provinces, nous pensons d'abord à leur visage de pierre. Truffeau des villages troglodytes de la Loire, murs tendres où la renaissance sculpta ses motifs italiens, murs de l'Anjou et de Touraine, verdâtres comme le teint des héroïnes Balzaciennes. Craies ponctuées de noirs silex, riverains de la Seine, plongeant sous la Manche pour reparaître à Douvres. Doux calcaires du Valois et du Soissonnais. Enfin les produits des vieux massifs cristallins, sombres villages de l'Armorique, noirs étables du Massif central, couleur de pierre à aiguiser. Plaques de schiste des toits d'Auvergne. Mica des entablements alpins scintillants au soleil, gâlets roulés des maisons du Rhône, orgues et tables de lave de la Limagne débités en murs d'enceinte, en donjons incurvés, en abbayes verticales. 

L'histoire de notre art ne s'explique que par là, depuis les maladroits alignements d'Armor jusqu'aux pierres de belle hache, débitées à la scie lisse, de cette île de France qui exportait sa chair pour bâtir les cathédrales anglaises ou les résidences américaines. (Les carrières Buttes Chaumont où les voyous d'Eugène Sue ne se nomment-elles pas les carrières d'Amérique ?) Les noms de leurs pierres sont bien de chez nous : le vergelet, la lamarde, le saint-leu, le conflans.

La France, coin de l'Europe. Pierre d'encoignure, pierre d'attente, pierre de touche. La France, ossature et squelette de l'extrême occident. C'est pourquoi notre fonds national est rude, avare, de grain serré, d'un génie enclin à la résistance et à la pétrification. Matériau résistant au feuilletage superficiel des gelées, pierre éprouvée qui a fait son unité, qui a jeté son eau, comme disent les carriers. Chair bien jointoyée et équarrie.

Profitons de la disette actuelle de ciment, de l'absence de cette hideuse boue durcie, de cette substance plastique sans forme, couleur ni nationalité qu'est le béton.

Auteur: Morand Paul

Info: Chroniques 1931-1954 (2001, 651 p., Grasset, p.371)

[ géographie hexagonale ] [ beauté ] [ type de construction ]

 
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