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aqua simplex

La pluie est un crachat de la mer, une rose dans un œil clair. Son velours aime tordre, dévêtir puis étrangler le chemin qui titube dans ses ornières. Quand elle s’absente, elle sait se faire attendre. On la sent partout dans la lumière : sur les arbres, l’herbe, le creux des briques. Elle pose un tissu léger sur l’instant, une fraîcheur. L’air nous arrive à travers ses jupes. Les rosiers frissonnent à sa venue, ils s’impatientent. Les moineaux se roulent dans la poussière. Ils voudraient que les flaques se remplissent. La terre soupire.

Auteur: Sampiero Dominique

Info: L’Odalisque. Relevé dans l'Imprécis de la pluie de Yvette Rodalec

[ eau ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

langage

Sans choisir les mots figurent. Petits projectiles qui remuent dans les plis de la tête, qui échappent à la mort du dire, colliers de sons sans protection qui volent à la limite du vide. Les hommes les regardent et leur parlent des sources, des plantes, des fruits, des animaux, des doigts qui attrapent la robe, d'une main douce sur les jambes, des lèvres qui se caressent, des enfants qui poussent comme les ramures, des cailloux à surmonter et qui s'amoncellent sur le palier, de la force des rats qui trônent, des veilles devant les petits qui roulent la tête, le front ceint de lances, des efforts pour tenir debout.

Auteur: Sbrissa Isabelle

Info:

[ interprétation ]

 

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être humain

Que l'homme contemple donc la nature entière dans sa haute et pleine majesté ; qu'il éloigne sa vue des objets bas qui l'environnent. Qu'il regarde cette éclatante lumière, mise comme une lampe éternelle pour éclairer l'univers ; que la terre lui paraisse comme un point au prix du vaste tour que cet astre décrit et qu'il s'étonne de ce que ce vaste tour lui-même n'est qu'une pointe très délicate à l'égard de celui que les astres qui roulent dans le firmament embrassent. Car enfin, qu'est ce que l'homme dans la nature ? Un néant à l'égard de l'infini, un tout à l'égard du néant, un milieu entre rien et tout.

Auteur: Pascal Blaise

Info: Pensées

[ central ] [ anthropocentrique ] [ dérisoire ] [ extrémités ]

 
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dérisoire

A côté de moi ça va serpiller, enfilmer, transpaletter, déballer, étudier et sans doute se faire chier jusqu'au soir. Personne ne parle sauf deux jeunes trentenaires au niveau médian de la déprime hivernale, bien emballés dans des trois-quarts aux cols avachis, et comme j'ai rien d'autre à faire je les écoute. Ils ont fait la même fac d'économie et je comprends rapidement que ça leur a pas servi à grand-chose de suer pendant cinq ans, puisqu'ils roulent vers une formation de gestion des énergies avec laquelle ils ont l'air d'espérer trouver un travail qui corresponde un peu à ce pour quoi ils ont effrité leur jeunesse. Ils ont même pas l'air d'y croire vraiment.

Auteur: Johannin Simon

Info: Nino dans la nuit, Pages 142-143, Allia, 2019

[ jeu social ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

déclaration d'amour

Ange aimé, quelle douce soirée que celle d'hier ! Que de richesse dans ton cher coeur ! Ton amour est donc inépuisable, tout comme le mien ! Chaque mot m'a apporté de nouvelles joies, et chacun de tes regards en étendait la profondeur. L'expression calme de ta physionomie donnait un horizon sans bornes à nos pensées ! Oui, tout était alors infini comme le ciel, et doux comme son azur. La délicatesse de tes traits adorés se reproduisait, je ne sais par quelle magie, dans tes jolis mouvements. Je savais que tu étais tout amour, mais j'ignorais encore combien tu étais si gracieuse. Tes mots vibrent toujours dans mon oreille, ils s'y roulent et s'y jouent encore. Ange du ciel, je t'envoie un doux baiser.

Auteur: Balzac Honoré de

Info: Louis Lambert 1832

 

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alcool

Tu rentres saoul tous les soirs mais la police ne t’a jamais interpellé parce que ta voiture, une Ford LTD de 1971, est magique. Tu as vingt minutes de trajet depuis le bar jusque chez toi à travers des rues et des autoroutes désertes et normalement tu aurais dû être arrêté des centaines de fois, mais les pouvoirs de la voiture sont tels que même lorsque des flics roulent derrière toi ils demeurent aveugles et sourds à ta conduite hasardeuse et au crissement de tes pneus. Parfois tu ne te souviens même pas d’être rentré en voiture et tu t’aperçois ensuite que les ailes avant et arrière sont cabossées et rayées, pourtant tous les matins tu te réveilles dans ton lit, pas dans une cellule, et tu te demandes si la voiture est devenue magique après que tu en as fait l’acquisition ou si elle l’était déjà en sortant de l’usine.

Auteur: deWitt Patrick

Info: Ablutions

[ automobile ] [ ivresse ]

 

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univers

Que l'homme contemple ... la nature entière dans sa haute et pleine majesté ; qu'il éloigne sa vue des objets bas qui l'environnent. Qu'il regarde cette éclatante lumière, mise comme une lampe éternelle pour éclairer l'univers ; que la terre lui paraisse comme un point au prix du vaste tour que cet astre décrit, et qu'il s'étonne de ce que ce vaste tour lui-même n'est qu'une pointe très délicate à l'égard de celui que les astres qui roulent dans le firmament embrassent. Mais si notre vue s'arrête là, que l'imagination passe outre ; elle se lassera plutôt de concevoir, que la nature de fournir. Tout ce monde visible n'est qu'un trait imperceptible dans l'ample sein de la nature. Nulle idée n'en approche. Nous avons beau enfler nos conceptions au-delà des espaces imaginables, nous n'enfantons que des atomes, au prix de la réalité des choses. C'est une sphère infinie dont le centre est partout, la circonférence nulle part*.

Auteur: Pascal Blaise

Info: Pensées, la Pléiade, nrf 1954, Première partie, chapitre I, Disproportion de l'homme. p.1105 * Contrairement aux citations qu'on lit parfois, pour Pascal, ce n'est pas Dieu, mais la nature qui est une sphère infinie dont le centre est partout, la circonférence nulle part

[ absolu ]

 

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dictature technologique

Grenopolis, mère de toutes les technopoles, devient une smart city à vitesse accélérée sous la direction des Verts, au nom d’une gestion rationnelle des ressources résiduelles : c’est l’écocitoyenneté assistée par ordinateur. Les Smartiens grenoblois paient le bus avec leur smartphone, jettent leurs déchets dans des poubelles pucées et emprunteront bientôt des livres pucés à la bibliothèque ; ils sont filmés et "captés" sur la voie de covoiturage pour s’assurer qu’ils ne roulent pas seuls dans leur voiture. Leur domicile est équipé de compteurs de fluides connectés (pas le banal Linky, mais les mouchards "encore plus intelligents" (sic) des distributeurs locaux). Mère-Machine capte, analyse et anticipe leurs habitudes et leurs besoins ; elle s’occupe de tout. Seule la machinerie cybernétique peut piloter efficacement les flux et les stocks toujours plus nombreux de marchandises, de populations, de véhicules, en éliminant l’erreur humaine. Destruction de la nature et de la liberté. Ce n’est pas le futur, mais notre présent ici, à Grenopolis.

Auteur: PMO Pièces et main-d'oeuvre

Info: Grenoble, le laboratoire vert http://www.piecesetmaindoeuvre.com/IMG/pdf/grenoble_laboratoire_vert_entretien_avec_limite_.pdf

[ écologie marchande ] [ société de contrainte ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

adultes résignés

Il y a aussi deux ou trois jeunes dans la boîte, des jeunes un peu moins jeunes que moi. On se ressemble pas. Ils ont pas l'air en forme non plus. Trop de cul posé, de docilité intégrée depuis la première école. Sur les rails de la vie ils roulent le chemin tracé, et laissent poliment les flaques de paternalisme des bides en surplomb leur mouiller les oreilles de ce qu'il faudrait savoir du monde. Et tout ça tombe de bouches pleines du lard rance des années passées à attendre d'être assez vieux pour justifier leur dégaine de gros sac et se dire que ça y est, à leur âge on va la fermer en face d'eux et les écouter parler, parce que c'est comme ça qu'ici tout fonctionne. Trente ans de carrière pour parader devant un résidu de jeunesse, des puits de science creusés dans l'eau, rien sous la couche, juste le vent qui fait siffler les bords du trou et clapoter mes oreilles.

Auteur: Johannin Simon

Info: Nino dans la nuit, pp 89-90, Allia, 2019

[ conservateurs fatalistes ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

largué

les chevaux galopent
et elle est à des miles de là
riant avec un
taré

Bach et la bombe à hydrogène
et elle est à des miles de là
riant avec un taré

le système bancaire
va à vau-l’eau
sur des gondoles à Venise
et elle est à des miles de là
riant avec un
taré

auparavant c’était comme si vous
n’aviez jamais tout à fait vu un escalier
(chaque marche vous
dévisageant)
et dehors
le vendeur de journaux semble
immortel
tandis que les voitures roulent
sous le soleil
qui brille comme un ennemi
et vous vous étonnez
qu’il soit aussi difficile
de devenir cinglé –
si vous ne l’êtes pas
déjà

jusqu’à cet instant
vous n’aviez jamais vu un
escalier qui ressemble
à un escalier
une poignée de porte qui ressemble
à une poignée de porte
et jamais entendu des bruits pareils à ceux-là

et quand l’araignée apparaît
et vous regarde
en définitive
vous ne la détestez pas
et elle est à des miles de là
riant avec
un taré.

Auteur: Bukowski Charles

Info: Dans "L'amour est un chien de l'enfer", pages 76-77, "communion"

[ séparation ] [ acuité du réel ] [ inquiétante étrangeté ] [ perdu ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson